Dans une indifférence un peu générale, The IT Crowd vient de débarquer sur Netflix. Sitcom culte pour certains, elle raconte le quotidien d’un service informatique d’une entreprise anglaise, dont les bureaux sont situés au sous-sol et qui est composée de Jen, la chef opportuniste catapultée à la tête du service, mais qui n’a aucune connaissance informatique, de Troy le geek aux tee-shirts cultes, et de Maurice Moss. C’est Maurice Moss qui nous intéresse dans cette introduction et qui va permettre de lancer le dossier. Mais c’est qui, Maurice Moss ? C’est lui.
Ce n’est pas bien de juger rien qu’à l’apparence, mais force est de reconnaître que le personnage a l’air assez particulier pour le moins (loufoque pour le plus). En effet, « Maurice Moss, que tout le monde appelle Moss, est un trentenaire vivant chez sa mère, socialement inadapté. Il a une apparence caricaturale de nerd, avec une chemise à manches courtes rentrée dans un pantalon trop court et des lunettes à grosses montures. Il passe son temps à inventer des choses inutiles comme une échelle pour aider les papillons à sortir de la baignoire. Doué en sciences et en technologie, il est cependant incapable d’éteindre une petite flamme ou d'écraser une araignée. » (citation Wikipedia).
Maurice Moss est donc le prototype du personnage bigger than life !
Mais qu’est-ce qu’un personnage bigger than life, vous demandez-vous. J’y venais, bande de grands impatients. Le personnage bigger than life n’est jamais le personnage principal d’une série ou d’une sitcom, il en est le secondaire, voire tertiaire. Mais de par son look ou sa personnalité, c’est de lui que vient le grain de folie bénéfique : il est celui qui sort les dialogues les plus décalés, qui a les comportements les plus extrêmes, inattendus, improbables, gênants ou drôles. Bref, c’est notre chouchou et il arrive même parfois à voler la vedette au personnage principal.
Et comme des exemples valent mieux qu’un long discours, notre équipe de rédaction s’est réunie pour vous livrer leurs personnages bigger than life préférés.
Youplaboum, c’est parti.
La liste de :
La liste à Galax
Mr. PoopyButtHole (Rick and Morty)
Dans une série définie par l'overdose d'intrigues, de personnages, de mondes et même d'univers, trouver un personnage bigger than life relèverait de l'impossible... et pourtant... Pourtant en y réfléchissant, Mr. PoopyButtHole tombait tout bonnement sous le sens. La première fois que nous avons vu la petite créature, on semblait déjà la connaître depuis le début de la série. Le générique a été photoshopé pour l'inclure. L'épisode a tellement marqué les esprits pour son personnage excentrique hilarant (pas tant le personnage en lui-même mais plutôt la tragédie qui lui arrive) qu'en choisissant de ne pas le faire apparaître dans la troisième saison, les créateurs n'ont eu d'autre choix que de lui consacrer la scène post-générique du season finale, qui sert de message de conclusion direct au fan. Encore heureux, sans ça, on aurait tous râlé. Pas mal, Mr. PoopyButtHole !
Olenna Tyrell (Game of Thrones)
On ne rigole pas souvent dans Game of Thrones, ou alors seulement quand un truc ultra mauvais se passe – ce qui arrive parfois, mais qui est tout de même rare et quoiqu'il en soit un mauvais signe... Mais il y a une exception : la Reine des Épines en personne, Lady Olenna Tyrell. Toujours la première pour placer son venin, elle a rythmé les saisons 2 à 7 de Game of Thrones par ses répliques inégalées, piquantes à souhait et prononçant tout haut ce que les maisons derrière leurs courbettes et leurs insignes ne souhaitaient jamais dire. Si elle a pris un petit recul lors des récentes saisons et était toujours la première impliquée dans le jeu des trônes, ayant fomenté moult conspirations, elle a toujours gardé sa fougue et sa langue bien pendue, y compris dans sa fameuse dernière scène en date, déjà culte !
Mrs. Hudson <3 (Sherlock)
Sherlock est déjà beaucoup plus une série comique sous ses airs sérieux – là encore parfois à cause de son ridicule, là encore plus dans ses récentes saisons, mais si on y regarde bien, dès le début de la série. Gravitant tant bien que mal autour des deux mastodontes que sont le Sherlock de Benedict Cumberbatch et le Watson de Martin Freeman, de nombreux personnages secondaires tantôt mis en valeur, tantôt exploités seulement pour mettre en valeur Sherlock, tantôt carrément laissés de côté (coucou Lestrade), essayent tant bien que mal d'exister. Pas facile quand on doit également prendre en compte les nombreux antagonistes charismatiques ou en tout cas très présents du show, du surexcité Moriarty à la magnétique Irene Adler en passant par Mary, Magnussen, Smith ou Euron.
Pourtant, il y a Mrs. Hudson. Je ne l'ai réalisé qu'après revisionnage, mais c'est dingue le nombre de répliques hilarantes qu'elle possède dans quasiment chaque épisode. De ses fausses larmes trompant Watson et le spectateur à sa "relation" avec Sherlock, du fait complètement improbable qu'elle était impliquée dans un cartel de drogues "non c'était que mon mari... je ne faisais que la compta !", en passant par son kidnapping de Sherlock à bord de son Aston Martin... Je ne compte plus les fois où Mrs. Hudson m'a fait rire aux éclats en une ligne ou deux (rappelez-vous aussi des menottes secrètes ou de ses vidéos cochonnes sur YouTube). Et le truc c'est que je ne pourrais resituer quasiment aucun de ces moments dans un épisode, quand bien même je m'en rappelle très clairement ! Certes le format du show s'y prête bien, mais c'est tout de même la preuve que Mrs. Hudson a son propre univers. Sans parler de tout le show qui exagère des choses en arrière-plan à son propos (lisez un jour ce que révèle le "fichier virtuel" de Magnussen sur elle...). Ultra attendrissante, elle vole la vedette aux stars de la série et est sans aucun doute mon personnage secondaire préféré de Sherlock. À quand le spin-off ? Je suis plus que chaud pour les "Aventures Secrètes de Mrs. Hudson" (et avouez que vous aussi, votre imagination s'enflamme à la simple lecture de cette phrase !
Hans Moleman (Les Simpson)
D'une façon similaire à Rick and Morty, il est difficile d'imaginer, parmi les centaines de personnages des Simpson existant, UN personnage secondaire se détachant du lot au point parfois de représenter l'apogée comique d'un épisode au détour d'une scène de vingt secondes, alors que la série est déjà généralement surblindée en gags. Et pourtant, j'ai trouvé un nom : Hans Moleman. Peut-être n'aurons-nous pas le même personnage bigger than life des Simpson, mais il s'agit sans doute du mien. Hans Moleman c'est le souffre-douleur, le personnage Monthy Python qui a le même accident de voiture en boucle et qui parvient toujours à faire rire après trente ans. Presque sous-exploité, je suis ravi de voir que les scénaristes n'ont jamais trop osé le toucher (jamais de centric, jamais d'origin-story majeure, jamais de répliques très complexes ou d'intrigues dédiées, pas même en épisode flashback ou flashforward...). Contrairement à d'autres de son genre (Crazy Cat Lady, Ralph...) il apparaît moins souvent, fait plus mouche et lasse moins. Hans Moleman est l'un des derniers vieux personnages secondaires des Simpson restés à l'état de machine à gags brute, et c'est probablement pour cela qu'il fonctionne tellement. On aime Hans Moleman !
Nardole (Doctor Who)
Comment finir ma contribution sans évoquer notre cher Nardolito. Le héros de Doctor Who. Le sauveur de la dixième saison. L'acteur le plus brillant de sa génération (laquelle, on ne sait pas trop). Le meilleur compagnon de l'histoire (derrière Kylie Minogue, faut pas abuser tout de même) remplit absolument tous les critères : utilisé avec parcimonie, hilarant à chaque réplique sérieuse ou vanne (la frontière est floue chez les génies de son genre) même lorsque celle-ci est à base de trompe d'éléphant ou de toilettes, Nardole vole absolument la vedette au Seigneur du Temps millénaire et à l'humaine ordinaire découvrant les étoiles, ses compagnons d'infortune. Car oui, Nardole n'est pas le compagnon, il A des compagnons.
Mais tout bien réfléchi, Nardole ne devrait même pas être sur cette liste. Ce n'est pas un personnage bigger than life, c'est un personnage bigger than universe.
C'est tout.
La liste à Gizmo
Mr. Peanutbutter (BoJack Horseman)
C’est adorable, les chiens. En particulier les labradors. Non ? Certes, les chats ont cette "noble attitude des grands sphinx", mais qu’est-ce face à la tendre innocence d’un chien fidèle ? Si BoJack Horseman est sans doute l'une des séries les plus tragiques actuellement à l’écran, sa grande qualité demeure tout de même sa capacité à faire des blagues sur les animaux. Des tas de blagues mettant en exergue les aspects les plus hilarants de nos amis les bêtes. Et dans ce domaine, Mister PeanutButter a su cerner tout ce qui fait le charme du labrador. Oreilles dressées, truffe humide, langue pendouillante, regard alerte, Mister Peanutbutter incarne la noblesse d’une amitié pure, à défaut d’être des plus futées. Incarnation des starlettes sans cervelles (ni talent) qui peuplent nos écrans de télévision, Peanutbutter représente, aux côtés de Todd, la petite parcelle d'innocence relative dans le monde sans espoir de BoJack Horseman. Malheureusement, la vie est loin d'être aussi simple que dans la tête de ce brave toutou. À part, peut-être, au Canada...
Craig "The Dean" Pelton (Community)
La frontière entre le creepy et l'adorable n'est jamais facile à tenir. C'est pourtant l'improbable pari qu'a fait Dan Harmon avec le doyen de Greendale, magistralement incarné par un Jim Rash qui a su éviter tous les pièges que proposait un tel personnage. Plutôt discret à ses débuts, caractérisé par sa passion dévorante pour les dalmatiens et son idylle (à sens unique) naissante avec le fringant Jeff Winger, le doyen de Greendale a peu à peu gagné le cœur du Study Group (et des fans, car tout est toujours méta chez ce bon vieux Dan) en multipliant les déguisements et les jeux de mots rideancules. Quelques moments de génie nous ont même permis de mieux cerner la psychologie plus complexe qu'elle n'y paraît de cet incapable au grand cœur, désespérément en quête de la reconnaissance et de l'amour de ses étudiants. Dean with it, bitches !
La liste en plus :
- The Janitor / Dr Kelso dans Scrubs
- Creed dans The Office US (et les trois-quarts du casting secondaire en fait)
- Janice dans Friends
- Dr Castafolte dans le Visiteur du Futur
La liste à Jo_
Cody Lambert (Notre belle famille)
C'était il y'a plus de vingt ans. Nous n'avions que six chaînes de télé. Quand mon père était en déplacement, ma mère nous autorisait à regarder M6 plutôt que le JT de PPDA. À cette heure-ci passait Notre belle famille (Step by step en VO), qui est la première série que j'ai regardée du début à la fin. Enfin... Quand le temps était clément, sinon, nous ne captions pas la chaîne (snif).
Pitch simple : l'histoire d'une famille recomposée dont les enfants vont essayer de cohabiter durant plus de sept ans. Dès la saison 2 apparaît un des meilleurs personnages de la série pour moi : Cody Lambert joué par Sasha Mitchell (aka un de mes amoureux quand j'étais petite), le neveu de Franck. Plutôt simplet en apparence, il vit dans un van sur la pelouse de la maison familiale. Dans un premier temps, il fait rire par ses apparitions décalées, par sa passion pour chanter du blues de manière complètement décomplexée, et par sa manie de manger des crèmes glacées très froides pour se faire vriller le cerveau. Au fur et à mesure des épisodes, on se rend compte qu'il a également le cœur sur la main et que certains de ses avis sont criant de maturité.
Ce personnage, initialement censé être invité, a su gagner l'amour du public jusqu'à devenir récurrent pendant quatre saisons. Après son départ de la série (son licenciement plus précisément), les scénaristes ont essayé de réintroduire quelqu'un d'aussi original dans le show avec le coiffeur excentrique Jean-Luc Rieupeyroux, mais sans grand succès.
Vidéo en VF, histoire de rester dans les 90's.
Marcy et Jefferson D'Arcy (Married with children)
Outre la série de 20h, M6 passait également le dimanche midi une sitcom à l'humour très peu conventionnel : Married With Children. L'histoire d'une famille américaine moyenne ultra beauf et stéréotypée.
On retrouve le père qui bosse dans un magasin de chaussures et dont la famille lui pompe tout le fric, la mère qui ne fout rien de ses journées, le fils toujours puceau qui ne pense qu'au sexe et la fille complètement stupide mais magnifique. Ne manque au tableau que les voisins consternés par ces énergumènes, qui tolèrent la famille mais dont les relations sont souvent très piquantes. Ce rôle est extrêmement bien tenu par les D'Arcy : Marcy et Jefferson.
D'un côté, on a la femme stricte, à la limite de la psychorigidité et de l'autre, le mari plus cool qui se laisse complètement vivre. Sous l'air moralisateur et très directif de Marcy, on se rend finalement compte que ce couple est assez ressemblant aux Bundy ; Jefferson profitant allègrement de l'argent de sa femme sans travailler. Leur présence donne souvent lieu à des scènes très drôles, Marcy et Al ne pouvant se supporter et le faisant bien sentir, sous l’œil moqueur et complice de Jefferson.
Cette sitcom était clairement un OVNI au moment de sa diffusion, ne répondant pas du tout aux codes télévisuels habituels plutôt bon enfant. Naïvement, on pouvait penser que la présence des D'Arcy allait un peu lisser le show et le rendre plus conventionnel, mais c'était se tromper complètement sur leur rôle !
Red Forman (That '70s Show)
Une sitcom que j'ai découvert sur le tard, racontant l'adolescence d'américains du Wisconsin à la fin des années 70.
Si les ados sont les stars du show, les autres protagonistes ont aussi leur importance : qu'il s'agisse de la sœur d'Eric, des parents de Donna, mais surtout des parents d'Eric, et plus précisément de son père : Red. Joué par Kurtwood Smith, connu préalablement pour avoir été le grand méchant de Robocop, il impose historiquement le respect.
Red correspond au stéréotype du père strict des années 70-80 : vétéran de guerre, il est casanier, n'aime rien ni personne, et semble prendre un malin plaisir à détruire son fils et ses amis. Son gimmick : traiter de manière assez compulsive les gens de "asshole" ou bien les menacer de leur mettre "that foot in your ass".
Il est l'exact opposé de sa femme, et ce décalage rend ce couple très attachant. Quand ce personnage arrive quelque part, on sait d'ores et déjà que quelqu'un va prendre cher. Et notre petit côté sadique aime plutôt ça ! Cependant, sous ses airs de gros dur, on verra au fur et à mesure des épisodes que Red est quelqu'un de parfois très humain, avec le cœur sur la main. Ces deux versants de sa personnalité apportent un réel plus à la série, qui fait partie des meilleures sitcoms comiques des années 2000 pour moi.
La liste en plus :
La liste à MarieLouise
(qui a été trop feignante pour écrire quoi que ce soit elle-même)
C.C. Babcock et Niles (Une nounou d'enfer)
(paragraphe écrit par Jo_)
Lorsque M6 avait fini la diffusion de Notre belle famille, la chaîne enchaînait sur celle d'Une nounou d'enfer (The Nanny en VO).
Comme son titre l'indique, on suit les tribulations d'une nourrice qui initialement, n'en a pas du tout la stature. Personnage très haut en couleur (littéralement), on pourrait penser que Fran Fine tire en permanence la couverture à elle. Mais c'était sans compter sur deux personnages secondaires, désormais cultes : C.C. Babcock et Niles. D'un côté, la collaboratrice amoureuse folle de Maxwell Sheffield, célèbre producteur de Brodway qui s'en contrefout et ne voit en elle qu'une bonne amie et de l'autre, le majordome anglais flegmatique jamais avare de bons mots. Tous deux se vouent une haine pas du tout cordiale et leurs échanges sont en permanence source de pics bien pensés, qui font rire les enfants par l'aspect toonesque de leur relation, et leurs parents (car oui, pour avoir revu la série il y'a quelques mois, il y a une vraie double lecture dans Une Nounou d'Enfer).
Au fur et à mesure des saisons, on espère que Niles et C.C. terminent leur vie ensemble, ce qui est très loin d'être gagné (et donne lieu à une scène vraiment émouvante où après avoir refusé les avances de Niles, ce dernier balance à C.C. ses quatre vérités de manière extrêmement brutale). Pourtant, la magie opère et à la fin de la série, on nous annonce un mariage et un bébé. Un bel happy end pour un duo qui s'est toujours situé à la frontière entre amour et haine, en nous faisant franchement bien marrer.
Lois (Malcolm)
(paragraphe écrit Par Nick)
Être maman, c’est du boulot. Être maman de quatre garçons incontrôlables et toujours les premiers à faire les pires bêtises, c’est une sacrée mission. Lois, la mère de Malcolm de la série éponyme, y arrive à sa manière, c’est-à-dire de façon totalement hystérique et extrême. Peu aidée par un mari aimant mais resté un grand enfant, Lois dirige sa marmaille d’une main de fer, incarnant la forme ultime de l’autorité. Elle n’est jamais à court d’idées perverses, sadiques ou humiliantes pour punir ou faire avouer ses enfants. Ayant une relation hyper-conflictuelle avec Francis, l’aîné qui la voit comme une marâtre responsable de toutes ses névroses, cette maman elle-même élevée à la dure ne fait, au final, que reproduire le seul schéma d’éducation qu’elle connaît. Et surtout, dans le fond, c’est une vraie louve, prête à tous les sacrifices et combats pour garder l’unité de sa famille et protéger ses fils.
Carlton (Le Prince de Bel Air)
Kitty Forman (That '70s Show)
Berta (Mon oncle Charlie)
Karen et Jack (Will & Grace)
Kimmy (La fête à la maison)
Endora (Ma sorcière bien aimée)
La liste à Nicknackpadiwak
Le Duc d'Aquitaine (Kaamelott)
Alors oui, Kaamelott n’est quasiment peuplée que de personnages bigger than life, le choix est vaste : Perceval, Léodagan, Karadoc, Merlin, Kadoc, Séli, Yvain & Gauvin, Loth, Angharad et j’en passe et des meilleurs. Mais je vais parler du Duc d’Aquitaine, bien qu’uniquement présent sur le livre V. Pourquoi ce personnage ? Parce qu’il est joué par Alain Chabat et que Chabat il a trop la classe. Alain Chabat, c’est le mec méga-hyper-super drôle, il a un CV quasi parfait (les Nuls notamment), il fait trop bien le chien et il a réalisé l’un des films les plus marrants du monde. Et aussi, parce que son personnage est excellent : ce baron un peu lunaire, incapable de répondre aux ambitions de sa jeune épouse. Toutes les scènes où il intervient (la description du meurtre de sa première femme, son duo avec Bohort, et lorsqu’il récite à sa femme un texte écrit par Arthur) sont un tel délice que je rêve d’un spin-off qui lui serait consacré. Chabat, ch’est bon !
George Costanza (Seinfeld)
Y a-t-il pire que George Costanza ? Monstre égoïste, roi des menteurs, râleur, radin, lâche, bavard patenté, névrosé, complexé par sa calvitie, il n’y a qu’une chose qui l’intéresse : lui, lui et lui-même. Personnage inspiré de Larry David (scénariste sur les premières saisons, puis qui tournera Curb Your Enthousiasm), George n’a pas son pareil pour se mettre dans les pires des situations et s’enfoncer dans le mensonge et la mauvaise foi, sans jamais apprendre de ses erreurs. La honte et les remords, George ne connaît pas. Même lorsque (ÉNORME SPOILER) il fait involontairement empoisonner sa fiancée en achetant les enveloppes les moins chères, échappant de justesse à un mariage qu’il voyait comme une prison, et qu’il attend à peine l’après-midi de l’enterrement pour inviter une autre femme à sortir (FIN DU SPOILER). Oui, George Costanza est sans limite, sans fond, sans profondeur et totalement amoral. Et c’est pour toutes ces raisons que j’aime George, qu’il me fait rire comme personne.
Gob Bluth (Arrested Development)
J’ai longtemps hésité avec Tobias Fünke, autre personnage inoubliable d’Arrested Development, mais je vais mettre en lumière Gob, premier fils de la fratrie Bluth et peut-être le pire de tous. Menteur, dragueur, jaloux de la réussite de son frère cadet, il n’y a qu’une chose qui compte pour lui : se faire de l’argent, quitte à rouler son frère ou sa famille. Il est aussi et surtout un magicien professionnel, le genre narcissique et incompétent qui ne recule devant rien pour réussir un tour (faire disparaître un yacht… en le coulant).
Campé par l’excellent Will Arnett (la voix de Bojack Horseman), roi de la danse de la poule, champion du « Come On ! » et de la « huge mistake », ennemi juré de Toni Wonder, un autre magicien campé par Ben Stiller dont les confrontations procurent de grands moments de drôlerie, Gob est l’archétype du vantard ridicule et est l'un des rouages majeurs de cette excellente machine à gags qu’est Arrested Development.
Stig Helmer (The Kingdom)
Amis de la bizarrerie, bienvenus dans l’hôpital (et ses fantômes) danois du Rigshopitalet où se déroule The Kingdom, la série frappée, écrite et réalisée par Lars von Trier en 1994. Couleur sépia, caméra à l’épaule, montage brutal, la série est une vraie expérience, un mix réussi de frayeur et de fous rires. Et parmi les personnages majoritairement barrés qui y travaillent ou en sont patients, se distingue haut la main le Docteur Stig Helmer. Neurochirurgien suédois fraîchement débarqué à Copenhague, il exècre le Danemark et ses habitants, passant ses soirées sur le toit de l’immeuble de l’hôpital à regarder aux jumelles son doux pays, quand il ne philosophe pas, la tête au dessus de la cuvette des toilettes (si, si). Oui, Stig Helmer est un personnage impayable, un être imbu de sa personne, méprisant, insultant, raciste, lâche, faillible (il a commis une erreur médicale qui a laissé une gamine dans un état végétatif). Et incroyablement drôle. À chacune de ses apparitions, on se retrouve suspendu à ses lèvres, impatient de connaître quelle horreur va en sortir et de voir dans quelle situation à la limite du cartoonesque il va se mettre à cause de sa lâcheté ou de son égoïsme (comme se cacher des heures sous un drap pour échapper à un contrôle judiciaire). Quiconque arrive à entrer dans l’univers déstabilisant de The Kingdom réalise très vite à quel point Stig Helmer est énormissime.
La liste en plus :
- Abed dans Commnity
- Andy Botwin dans Weeds
- April Ludgate et Ron Swanson dans Parks and Recreation
- Christine Baskets dans Baskets
- Darius dans Atlanta
- Darren Lamb dans Extras
- John Cage dans Ally McBeal
- Kevin dans The Office (US)
- Kramer dans Seinfeld
- Monsieur/Madame Garrison dans South Park
- Mike Watt dans Spaced
- Pippa dans Dead Set
- Ralph Wiggum dans The Simpsons
- Le Commandant Van der Weyden dans P'tit Quinquin
- Christine Angot dans On n'est pas couché
La liste à RasAlGhul
Winston (New Girl)
Winston, c'était à la base un personage qui ne devait pas exister. Lors du pilote en effet, c'est Coach qui est le quatrième membre du loft dans lequel Jess va désormais vivre. Mais Daymon Wayans III étant pris par la deuxième saison d'Happy Endings, c'est donc Lamorne Morris qui va prendre sa place. Winston est néanmoins devenu bigger than life quand il a commencé à avoir deux/trois intrigues personnelles plus développées. Alors qu'il avait été cantonné jusqu'alors dans un rôle de "victime", le personnage dont on se moque constamment, il est devenu le meilleur personnage de la série. De par son excentricité et son énorme empathie, même dans des épisodes où il n'a presque rien à faire, Winston vole souvent la vedette aux autres.
Barney (How I Met Your Mother)
Je ne pense pas qu'on puisse faire beaucoup plus bigger than life que Barney Stinson. Véritable génie du mal, dragueur invétéré et ami fidèle, Barney a fait le sel d'How I Met Your Mother pendant de longues saisons. Il apportait de la vie, du rire et de nouveaux mots aux aventures du groupe, et réussissait même à faire passer Ted pour un personnage dynamique. Les scénaristes ont malheureusement voulu trop en faire avec leur idée de Barney, qui deviendra – en même temps que la série – une ombre de lui-même. Et malgré le fait que le voir aujourd'hui performer ses techniques de drague n'a plus la même résonance qu'alors, Barney reste un personnage qui sortait clairement du lot, et qui a fait d'How I Met Your Mother une série à suivre.
Lauren (Faking It)
Faking It était un de mes gros coups de cœur, lorsque la série était diffusée sur MTV. Elle touchait plein de thèmes touchants et sensibles sur l'adolescence, et souvent avec un ton plus malin que l'on ne pourrait le penser au premier abord. Dans cette série, c'est Lauren qui se révèle vite comme le meilleur personnage : demi-sœur d'Amy, le personnage principal, elle va se démarquer non seulement par son côté impertinent, mais également – et surtout – parce qu'elle est intersexuée. Les scénaristes vont alors développer le personnage avec énormément de bienveillance et de finesse, Lauren étant désormais bien plus que la jeune femme qui sait mieux que tout le monde ce qui se passe. Lorsque la série a été annulée, j'étais triste de ne plus revoir Faking It sur mon écran. Je l'étais encore davantage lorsque je me suis dit que je ne reverrais plus Lauren.
Les trois rappeurs (You're the Worst)
You're the Worst a toujours été une série irrégulière. Elle peut être poignante, dure. Elle peut être aussi immature, pas drôle. Le seul élément à peu près cohérent dans tout ce capharnaüm scénaristique est donc les trois rappeurs. Sam, HoneyNutz et Shitstain voient leur carrière gérée par Gretchen. Et ils sont toujours drôles. Toujours décalés, en marge de l'action principale. Ensemble ou avec les personnages majeurs, ils réussissent parfaitement à remplir leur rôle de comic relief. Ni trop, ni pas assez, les scénaristes réussissent à garder une continuité dans la qualité des trois personnages. La quintessence humoristique que peut attendre la série. Un vrai bonheur.
Raymond Holt (Brooklyn Nine-Nine)
Ce personnage est un de mes préférés all-time. Brooklyn Nine-Nine est une bonne série, mais elle n'a jamais réellement dépassé un certain plateau de qualité. Ce qui la distingue de plusieurs autres comédies, ce sont ses personnages, et notamment Raymond Holt. Incarné par le super Andre Braugher, Holt est le capitaine du commissariat dans lequel travaille tout le beau monde de la 9-9. Gay, noir, précieux, sérieux, formidablement compétiteur, de mauvaise foi avérée, Holt est un formidable personnage, dont toutes les caractéristiques pilotent des arcs narratifs, souvent drôles, parfois importants. Il devient le principal pourvoyeur d'humour de la série, avec son air impassible, même lorsqu'il sort les choses les plus drôles de l'univers. Si vous voulez voir cela de vos propres yeux, regardez la série, ou alors allez ici. Vous ne serez pas déçus.
Rogelio de la Vega (Jane the Virgin)
Juste au-dessus, j'écrivais que Raymond Holt était dans le panthéon de mes meilleurs personnages de séries. En voilà un autre : Rogelio de la Vega est un vrai trésor, que l'on découvre encore chaque semaine avec Jane the Virgin. Père de l'héroïne, il est l'incarnation parfaite du monde de la série : acteur de telenovela, il est excentrique, fier, excessif, réellement bigger than life. Néanmoins, il aurait été tellement facile de le cantonner à un seul rôle comique ; tout ce que ressent Rogelio est ancré dans des faits très réels. Et Jamie Camil est l'un des meilleurs acteurs d'un casting ultra talentueux. Tout ce mélange fait de Rogelio un superbe personnage, comique et touchant.
Alors, on en a oublié ?
Et rappelez-vous : dans chaque groupe, il y a un personnage bigger than life et si dans votre groupe, vous ne l'avez pas identifié, cela signifie que c'est vous-même.