L'une des plus belles nouveautés de la saison. Euphoria oscille entre superficialité grandiose et authenticité touchante. Elle porte un regard dur et amer sur le monde d'aujourd'hui et en particulier sur sa jeunesse post-9/11 : des adolescents désœuvrés, élevés dans la consommation de masse où tout est accessible partout et tout le temps, qui essaient de vivre de grandes vies et de ressentir de grandes choses à l'aide de drogues et d'alcools, qui essaient de vivre l'amour dans une société hyper-sexualisée où il faut faire comme à la télé, comme telle personne, ou parce qu'on m'a élevé(e) comme ça. Ce qui rend cette série charismatique et surtout très touchante, c'est cet équilibre qu'elle parvient dès le début à préserver : certes, la situation est assez dramatique vue de loin et c'est un portrait sombre, parfois malsain, qui est peint, mais la façon dont les personnages sont écrits fait ressortir leur douleur et leur innocence, et ils sont finalement vraiment attachants (pas forcément appréciables, mais attachants). Le ton doux-amer bascule de scènes d'euphorie à des scènes très sombres : c'est tout simplement le portrait d'un monde complètement maniaco-dépressif.

Les acteurs et actrices (Zendaya en tête) sont excellents, parfaitement choisis et talentueux. La série est aussi une petite claque visuelle avec une super photographie mais surtout un montage (visuel et audio) hyper travaillé et efficace. La façon dont la réalisation s'associe à la musique est géniale et nous fait ressentir tout à la seconde près, ce qui dans mon cas est assez rare (on se sent un petit maniaco-dépressif à la fin, d'ailleurs). Il y a un vrai effort artistique, qui heureusement se mélange parfaitement avec le fond et le concept de la série. 

Le danger reste qu'il est très facile de regarder Euphoria au premier degré/niveau. Il est facile de se reconnaître dans cette jeunesse désabusée, et il est facile de faire comme elle (ce qui est assez ironique, du coup). Ce n'est pas une série très optimiste, mais elle n'est pas forcément pessimiste pour autant. Elle essaie juste de raconter différentes histoires d'adolescents essayant de devenir adultes en étant plus ou moins seuls au monde. Et pour tout ça, elle est vraiment réservée à un public averti, au risque de perdre de sa profondeur.

Mais c'est une vraie belle nouveauté.