Mr Robot a beau se complaire parfois dans les effets de style, on peut reconnaître à Sam Esmail un talent fou pour révolutionner les formats de la série télévisée. Mr Robot ose tout, en prenant toujours soin de combiner avec talent le fond et la forme, et c'est pour cela qu'elle est aussi fascinante et attachante. La proposition d'un épisode muet n'est pas nouvelle (Buffy en a fait un je crois), mais c'est la pureté de la proposition et la cohérence du concept qui impressionne, ainsi que son exécution absolument parfaite. Bon, Rami Malek et Carly Chaikin sont aussi absolument parfaits (comme toujours), ce qui ne fait que rendre l'ensemble encore plus savoureux.

Seule petite ombre au tableau, les séquences hors Elliot/Darlene qui brisent un tout petit peu l'immersion, même si on ressent aussi l'angoisse de voir l'étau se resserrer autour de Dom...

It's cool dude.

I don't have to talk.

Manoune said it all.

♪  Silent night  ♪
♪  Holy night  ♪
♪  All is calm  ♪
♪  All is bright... ♪

Dude, that's fine. We don't have to talk.

C'est ce que Darlene dit à Elliot au tout début de l'épisode.

I think we need to talk.

C'est ce que Vera dit à Krysta à la toute fin de l'épisode.

Entre les deux, il n'y a rien. Les seuls sons que l'on entend sont les bruits de la rue, un sifflement et des claquements de doigts. Et la musique de Mac Quayle. Les personnages ne parlent pas. Elliot et Darlene communiquent en silence, Dom communique par SMS, Krysta passe sa journée en solitaire. Tout est dans les regards, les mouvements. L'inquiétude, la peur, l'adrénaline, la curiosité, la lassitude.

Cet épisode muet est encore une fois la preuve que la série est douée. Douée dans sa réalisation, dans son montage et particulièrement ses transitions. Douée dans ses scènes de hack, douée pour l'intrusion et l'opération chez Virtual Reality, douée dans cette putain de scène de course-poursuite fabuleuse qui n'en finit plus. Douée pour nous laisser les yeux écarquillés et le cœur battant, nous demandant ce qui va bien pouvoir se passer, sachant que les personnages ne crieront pas, ne parlerons pas, ne chuchoteront pas.

Donc non, il n'y avait pas besoin de parler. L'image suffit.