À chaque fois que Lila raconte son histoire, le ton est empreint d'un triste déterminisme qui contraste pourtant avec sa grande force : on a l'impression qu'elle pourrait faire ce qu'elle veut, mais elle ne le fait pas. La délicate scène, presque sensuelle, du stylo qui passe des mains d'Enzo aux siennes et inversement, est très représentatif du luxe que représente l'éducation. Comme toujours, cependant, l'histoire de Lila est celle de millions d'autres ; c'est d'une banalité affligeante et cette banalité est pourtant tragique à souhait. La série excelle à raconter ces histoires là. Des travailleurs et travailleuses, des familles, de ceux et celles qui voudraient changer le monde, et surtout, surtout : l'histoire des femmes. L'histoire du silence, l'histoire de la domination, l'histoire des préjugés. Et toutes les deux, que ce soit Elena ou Lila, racontent l'histoire de (presque) toutes. Lenù qui se sent prise au piège par son futur mariage (explicitement mis en scène, par ailleurs), et Lila qui se bat tous les jours pour juste ne pas se faire agresser.

À chaque fois, la série tape où il faut, pile dans le cœur, et questionne toute une histoire, toute une société, au travers de deux personnages si différents et pourtant liés à jamais par la misère qu'elles ont connue et par leurs talents qui ont pris une route différente.