Pour moi la saison 2 était la moins équilibrée. Je te rejoins sur certaines scènes extremement fortes en saison 2 (souvent liées à Théon, d'ailleurs), mais à la fin il y avait des morceaux d'intrigue incompréhensibles (Winterfell...), des storylines vraiment gachées par rapport au bouquin (Robb, Jon, Stannis...), bref, plein de trucs frustrants. La saison 3 manque peut-être un peu d'émotion en effet. Mais j'ai trouvé qu'elle gérait mieux le côté éclaté du récit, la réparticition des cgis (et des scènes de cul :) ).

Je me range du côté d’Altaïr et Taoby et ne reprendrais donc pas leurs arguments. Niveau télévisuels, je pense qu’à l’instar de Breaking bad, GOT est désormais hors concours. Il y a d’autres séries dans cette catégorie mais ma culture audiovisuelle ne me permet pas d’en juger. Désormais, mon seul point de repère pour juger de la qualité de la série est la trilogie du seigneur des anneaux que j’essaie de juger avec le recul que m’apporte GOT. Je m’explique : Fan de Tolkien, je suis profondément attaché à la terre du milieu depuis petit. Je me retrouve complètement dans les hobbits et leur manière de vivre. Dans la symbolique du fardeau générationnel à porter chaque jour de sa vie, dans celle du pouvoir de l’égo représenté par un anneau, dans celle de la complémentarité entre Sam et Frodon, dans celle des nazguls qui ont abandonné leur âme à leur ego justement, dans la représentation du Dieu invisible, Sauron, qui ne fait qu’observer et influencer. Tout cela me laisse penser qu’au-delà du blockbuster, le film devient générationnel parce qu’il suit justement le bouquin. Je n’ai pas lu la saga GOT. Je la lirais après la série pour éviter tout spoil. Je passerais sur l’aspect technique et le traitement de l’intrigue qui ont été parfaitement défendus – comme dit plus haut - par Altaïr et Taoby . Je parlerais donc de la symbolique de la série qui me parle, cet aspect qui ne laisse aucune chance au manichéisme, même celui, démagogique, qui fait toujours croire que le méchant en fait est gentil mais il est quand même puni de mort à la fin parce que ce n’est pas bien d’avoir été méchant. Je vois dans GOT la même chose que je vois aux actualités. Une lutte perpétuelle, sans merci entre le pouvoir de l’argent (Lannister) et celui de la religion (Sorcière rouge) tout en gardant présent à l’esprit qu’au bout du compte, le véritable ennemi de chacun, au-delà du pouvoir, du jeu, de l’honneur et de tous les principes, c’est la mort qui progresse inéluctablement. Dans cette histoire, les héros qui n’ont d’autres armes que leur courage et leur honneur meurent, parfois de manière glorieuse, parfois de manière choquante, mais ce n’est jamais gratuit. Seuls les puissants restent. Cette série me donne l’impression que M. Martin capte chaque élément constitutif de l’humanité et de son égo (un peu comme Tolkien avec l’anneau) et le met en exergue. Le sexe, la violence, l’ambivalence de la « justice », la fourberie, l’intelligence, la pitié etc.. Il n’est jamais question de juger un personnage sur ses bonnes ou mauvaises actions, mais sur sa faculté à utiliser le pouvoir ou à prendre le train en marche au bon moment (Littlefinger et Varys). Chaque personnage qui défend une valeur différente (Ned : la justice, Robb : l’honneur, Theon : les liens du sang) disparaissent et sont oubliés. Les vainqueurs sont ceux qui en plus de défendre des valeurs, jouent le jeu du pouvoir. En plus de tout cela, le traitement de chacun des trois camps (Dieu/l’argent et donc la puissance (représentée par des dragons)/ la mort) offre des trésors philosophiques à qui s’intéresse de près à ces « menteurs » ( et la référence à Kipling n’est pas innocente dans mon commentaire). Je ne prends donc jamais le sexe, la violence gratuite et la tragédie de GOT pour ce qu’ils sont en apparence, de la démagogie. Ils représentent juste le rappel que ce monde est profondément humain et qu’il suppose donc les nombreuses faiblesses de l’humain. Toutes ces faiblesses qui nous font grandir au final quand elles sont canalisées. Arya deviendra ce qu’elle voulait devenir par la force de la tragédie, Sansa aussi, de la même manière Thyrion se voit placer devant un dilemme Cornélien, lui qui a toujours préféré les femmes au pouvoir, doit choisir entre sa femme et la lutte pour la paix du royaume. Il n’y a pas une ligne de scénario qui suit un déroulement inspiré de la poétique d’Aristote comme le fait trop souvent le cinéma, il y a une vraie frise chronologique ou chaque élément tient sa place, peu importe le rythme. Et malgré tout, j’estime le rythme parfaitement tenu pour une intrigue qui occupe autant d’espace. Chaque dialogue est conçu pour flatter l’oreille, je me régale des silences de Tywin autant que des discours prolixes de Thyrion. J’ai été touché par l’histoire d’amour de Jon, et par le symbolique de sa rupture, je comprends que Sansa se cache pour pleurer après avoir déjà vécu le pire qu’elle pouvait vivre, je conçois que Daenerys soit prise comme une prophétesse car elle représente le pouvoir physique, autant que Tywin. De la même manière, je trouve légitime le pouvoir de la sorcière rouge et son statut de prophétesse elle aussi, car elle dispose du pouvoir spirituel. J’accepte que Samwell s’en sorte, son épée étant en verdragon, et les deux seules choses qui peuvent détruire la mort, ou du moins la contourner sont le feu (les dragons) et vraisemblablement la représentante du Dieu de lumière. Même dans ce jeu de pouvoir la lecture est multiple. Combats personnels, batailles familiales, bataille dans le royaume, bataille entre les royaumes et guerre entre la lumière et l’obscurité pour englober tout cela. Alors effectivement, si on n’en a rien à faire de tout ça, la série perd de son interet. Et encore ! la photographie, la réalisation et la musique sont extrêmement soignées. Le casting frise pour moi la perfection et on ne s’ennuie que très rarement. Donc : non, ni dans le monde télévisuel, ni dans le monde cinématographique, Game of throne n’est absolument pas surcoté, encore qu’il faudrait connaitre la côte justement. Je suppose que de la même manière que Starwars, Matrix, Le seigneur des anneaux ou Harry potter sont devenus des œuvres générationnelles parce qu’elles offraient un divertissement sur plusieurs niveaux, je pense que GOT atteindra ce stade un jour, voir même, l’a déjà atteint. Et selon ma subjectivité, devenir une œuvre générationnelle, c’est entrer au panthéon du 7eme art. Voilà pour ce que j’en pense. Je serais ravi de lire de vrais bons arguments développés sur les faiblesses de la série, parce que bon… Soap… je n’ai pas l’impression que l’information soit prémâchée avant qu’on me la serve. Question de point de vue surement.

Bon, ya eu plein de réponse pendant que j'écrivais, il faut que je lise du coup...

Je suppose, après avoir lu ton commentaire Raphyju, que tu ne t'attaches pas aux personnages parce que tu ne t'y reconnais pas. Forcément donc, les scènes choc perdent de leur intérêt. Il n'y en a pas un auquel je m'attache plus que les autres et ta comparaison avec Boromir me semble très judicieuse. LOTR surf sur le thème du héros et sur sa lourde charge, forcément, nous nous y reconnaissons plus parce que chacun met en perspective les qualités et les défauts de l'égo. Boromir est un personnage faible qui meurt en héros parce qu'en fait, il a pris la bonne décision à la fin. Malgré tout le respect que j'ai pour Tolkien, LOTR et Boromir, je pense que cette scène est faite pour être démagogique et non réaliste. Dans la "réalité de la chair" Boromir serait mort lamentablement, sans instant de gloire, parce que criblé de flèche, je suppose que ce que l'on pense tout de suite c'est : "j'ai mal". Game of Throne joue sur l'inverse: sur la faiblesse de l'égo et sur la faculté des personnages à s'adapter. Ceux qui veulent à tout prix crever pour leurs idées ben... crèvent pour leurs idées. La notion de justice est flouée et cette ambiguïté est remarquable selon mon point de vue. Je suis, du coup, désolé de constater que cet aspect là soit obscurci par notre besoin irrépressible de nous identifier à un héros au détriment de la lecture reculée de la condition humaine.

Difficile d'enchainer derrière le très bon paragraphe de Scarch. Et pourtant.... Et pourtant, je ne suis pas trop d'accord. Tu décris la saison 1 là, qui contient effectivement les thèmes que tu annonces. Pas la saison 3. Les thèmes ne sont vraiment qu'effleurés et on se retrouve très souvent à une opposition de symboles et d'idées. Il n'y a jamais de développement derrière. Ou alors de façon très ponctuelle et courte. En vérité, si la série est surcoté, elle l'est profondément par ceux qui lisent les bouquins (coucou à vous !). Je continue de penser que la vision de ceux-ci est biaisé (elle l'est forcement) car ils sont attachés au personnages. Car la série est infiniment plaisante à un visionnage brut et fun, mais elle perd très vite de la force dans sa réflexion. Un divertissement oui. Une œuvre philosophico-politique non.

Koss, la saison 3 me semble être le juste enchaînement des thèmes soulevés par la première saison. Et dans mes exemples, j'essaie justement de m'attarder sur la troisième saison. Peut-être tout simplement que ceux qui "surcotent" se laissent avant tout porter par l'intrigue, le développement des thèmes dans la longueur et n'attendent pas que la série passe une vitesse supérieur qu'elle n'envisage même pas de passer. Peut-être aussi que c'est parce qu'avant de regarder la troisième saison, je me suis refait les deux premières sur deux semaines. Du coup, le liant de l'intrigue m’apparaît comme bien plus évident, tout comme à ceux qui ont lu le bouquin.

le truc qui m'hallucine avec ces avis c'est qu'on a vraiment l'impression que si on est quelque peu déçu c'est forcement qu'on est passé à coté ou qu'on n'a pas la "sensibilité" requise pour apprécier à juste titre ce show. moi ça me fait rêver scratch quand je te lis, mais hélas je ne retrouve pas du tout ça dans GOT. j'avais plus l'impression que tu étais en train de parler de boss ou d'unue série de ce niveau. oui de la lutte interne il y en a, mais pour quasi toutes les séries on pourrait faire un copié/collé de ce que tu as dit et ça marcherait. Alors c'est bien pour tout ceux qui prennent leur pied tous les dimanche soirs (ou lundi), on aurait adoré que ca fonctionne à ce point pour nous mais pour cela, il faudrait vraiment faire un effort sur la structure c'est juste pas possible.

Mais c'est pareil pour nous Raphyju, on a l'impression que la barrière de "la structure de l'épisode" est juste insurmontable et que quoi qu'elle fasse, la série est condamné à ne pas fonctionner à cause de ça. (Tu a peut être raison) D’où peut être cette impression quand tu nous lis que tu passe à côté de quelque chose. D’ailleurs la texture de l’huitre t’empêche aussi apprécier le gout de l'huitre ? Pfff prend ça Confucius. Sans déconner je suis une bête pour les analogies, d'ailleurs je vais me retirer sur ça. Je crois que ça vaut mieux.

"Je suis, du coup, désolé de constater que cet aspect là soit obscurci par notre besoin irrépressible de nous identifier à un héros au détriment de la lecture reculée de la condition humaine." Je comprends tout à fait ce que tu essaye de faire passer, là où ça me dérange c'est que dans les faits, les stark ont à peut près tout des héros, ils n'ont pas grand chose à se reprocher et on a bien senti en saison 1 que tout était fait pour que le public s'attache à eux et vibre de leurs echecs nombreux et répétés.... et pourtant, même la mort de ned/boromir (ah ah) ne m'aura pas retourné comme cela aurait du être le cas. Alors oui, le fait que tout personnage soit ambivalent et ne soit ni blanc, ni noir est toujours bon à prendre, mais je ne crois pas que sur ce point GOT soit la série majeure qui aborde ce genre d'ambiguïté, d'autres l'ont déjà fait avec beaucoup pus de brio et sans utiliser de "héro"(je pense par exemple à oz qui a toujours très bien su brosser des personnages tellement riches, alambiqués, profond, affreux et pourtant presque tous attachants)

Non, Raphyju, mon pseudo est Scarch, sans t. Et non, Raphyju, le fait de dire que quelqu'un qui n'aime pas est passé à côté de quelque chose n'est pas péjoratif et heureusement, sinon, il serait impossible de se faire une place dans l'art tant les références seraient castratrices. Il y a quelque temps, les débats tournaient autour des films d'Aronofsky. je suis touché en plein cœur par les thématiques de Black swann et The fountain et j'ai parfois l'impression, en discutant avec mes collègues de travail, que je suis un extra terrestre. Dans GOT, je suis touché par ces aspects là et si il est question d'en parler, c'est qu'ils existent. Après, sont-ils bien traités? selon moi oui, complètement, selon toi peut mieux faire. je veux juste dire que la qualité du show me semble indéniable. Il serait d'avantage question de parler de sensibilité aux thématiques et à leur traitement que de se demander si GOT est surcoté. Pardon d'utiliser une comparaison un peu bancale, mais j'en ai besoin pour me représenter l'ensemble : si je juge un tableau de maître, je ne me risquerais pas à dire qu'il ne sait pas peindre. Par contre, je parlerais, selon ma sensibilité de ce que ça m'évoque et si la manière de représenter est équivoque ou non. Je ne dis pas que tu n'as aucune fibre artistique simplement parce que tu n'as pas le même avis que moi, je dis juste que ce ne sont pas les même cordes qui vibrent chez les pros et les antis..