J’ai beaucoup aimé ce premier épisode. Par rapport au précédent et à de nombreux classiques, c’est une bouffée d’air frais pour une raison simple : le rythme. Tu te poses des questions H24 sur le lieu des tours, les personnages et l’univers, et il n’y a pas une minute qui t’ennuie. Même lorsqu’il ne reste qu’une poignée de scènes, ils relancent l’intrigue.

Je ne sais pas si tout cela est construit et sera satisfaisant (spoilers ajouté par le Galax du futur : non), ou encore pire si ça tiendra au revisionnage, mais pour le moment c’est surtout très intrigant et efficace.

Dès le début, j’aime beaucoup le concept entre le trailer piscine attractif, et le montage d’un couloir froid et pouilleux. Le budget est certes faiblard comme souvent, mais le propos de l’histoire s’y prête bien, ce n’est donc pas rédhibitoire. C’est même presque attachant. Comme le dit le Docteur dans une phrase qui invite son audience à suspendre son incrédulité sur les décors :

DOCTOR: Nothing's just rubbish if you have an enquiring mind.

La rencontre avec les Red Kangs est super cool aussi je trouve. J’aime bien l’ambiance punk avec des graffitis, les coiffures et les checks spéciaux. C’est relativement moderne. Idem, c’est courant dans l’ère New Who mais assez rare dans les classiques d’avoir une vraie barrière culturelle avec les autochtones du coin (rien qu’à voir les lézards de l’épisode précédent…). On voit qu’ils ont une vie régie par des castes, pas de conscience de genre, du vocabulaire intriguant (“non-alive”, donc pas de concept de la mort ?). C’est pas toujours subtil : une actrice surjoue parfois, des gestes sont toujours exagérés comme au théâtre (CALMEZ-VOUS, on vous voit bien), et certains dialogues sont peu subtils - on nous fait comprendre 3 fois qu’il y a une autre “caste” qu’on nous cache. Sûrement les responsables de toute la situation.

Mais justement, quelle situation ? J’aime beaucoup à quel point tout est emprunt de mystère sur le lieu, l’historique, le contexte. J’aime que le Doc puis Mel posent les bonnes questions justement pour en apprendre plus, comme le spectateur. La rigidité des quelques scènes avec le militaire sont aussi un plus pour l’ambiance glauque. Il y a des répétitions (dans le côté “plein de listing de numéros de série” par exemple), mais qui ajoutent à la fois du réalisme à l’histoire, et des pointes d’humour aussi.

Et puis l’intrigue B de Mel qui se fait séparée du Docteur, je me suis dit “oulala elle va rester prisonnière des Kangs pendant que le Doc est prisonnier des chefs, ça va être nul”. Au final elle quitte ce groupe pour tomber sur des habitantes des tours dans des scènes totalement over the top et glaçantes, à base de mémés qui donnent des cookies pour l’endoctriner dans on-ne-sait-pas-quoi. Et le moment où Pex, un preux chevalier arrive en défonçant la porte pour sauver… personne, mais en insistant tout de même sur le fait qu’il est un preux chevalier dans l’âme, c’est super marrant. Tout est over the top, et Mel toute guillerette va bien dans ce contexte. Sa relation avec Seven est toujours assez naze cela dit.

Et quand on pensait avoir un vieux cliff bateau à base des aspirateurs tueurs ou autre, on rencontre déjà l’homme derrière les ordres de la milice, qui rencontre le Docteur, le reconnaît comme l’architecte des lieux (une super idée, en plus je ne pensais pas que l'insistance sur l'architecture des lieux aurait un sens)... avant de vouloir le tuer ?!

En tant que cliff de type “Docteur mis à mort”, difficile de faire mieux !

Le postulat de départ est plutôt séduisant, mais la production est vraiment au rabais. L'idée de ces tours-mondes qui nivellent socialement ses habitants est plutôt bonne, mais l'épisode (et les suivants) ne joue jamais de cette verticalité. McCoy a quelques bonnes répliques sur la curiosité, la soif d'aventures et son rapport aux civilisations, tandis que Mel reste totalement transparente (et un peu agaçante avec son désir de piscine). La fin est plutôt intriguante, entre l'évocation de l'architecte, le cliff cliché mais efficace, même si la série force un peu trop le trait avec son pseudo-nazi (moustache et costume compris).

L'ensemble est pas déplaisant, il y a un mélange d'imageries qui ancre vraiment le récit dans son temps (le peuple punk coloré très Hélène et les garçons) et j'aime bien les mémés canibales.