Doctor Who
Les aventures du Docteur, un extraterrestre, un Seigneur du Temps originaire de la planète Gallifrey, qui voyage à bord d'un TARDIS (Temps À Relativité Dimensionnelle Inter-Spatiale), une machine pouvant voyager dans l'espace et dans le temps. Le TARDIS a l'apparence d'une cabine de police (construction typiquement ...
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Terminée | Anglaise, GB | 25 minutes |
Science-Fiction, Fantastique, Historique, Action, Adventure, Action & Adventure, Drame, Science-Fiction & Fantastique | BBC One, Youtube, BBC, Global, ABC (AU) | 1963 |
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Avis sur l'épisode 26.07
Avis favorable | Déposé le 31 décembre 2020 à 16:09 |
J'adore quand la série emprunte au gothique, j'étais donc impatient de découvrir cet épisode, qui proposait en plus une exploration du passé d'Ace. Bon, clairement, l'épisode ne m'a pas totalement comblé. Ghostlight a la réputation d'être un épisode assez confus, et je ne peux qu'approuver. L'intrigue est finalement assez simple, mais j'ai parfois eu du mal à comprendre comment se positionnaient les personnages par rapport aux événements fantastiques. L'intrigue embrouille inutilement les pistes à tel point que j'ai été un peu saoûlé sur la fin (et pourtant, ce n'est qu'un arc en 3 épisodes). Mais Ghostlight se rattrape malgré tout sur d'autres points. McCoy est toujours excellent, et j'aime beaucoup la place qu'occupe l'ésotérisme dans son run. Dans la nouvelle série, il est rare que des éléments soient laissés sans réponse, que des éléments surnaturels ne trouvent pas d'explication au-delà de la présence alien. De mémoire, je ne vois que le Diable dans la saison 2 comme exemple. Silver Nemesis, Battlefield ou Ghostlight réintroduisent du mystique dans la série, des forces magiques qui dépassent le Docteur. Ghostlight joue un peu dans cette cour, malgré une présence alien le Docteur peine à démêler la situation, comme le spectateur. Ce sentiment de flou constant est bien entretenu, et perpétue un certain malaise au fil du récit, bien soutenu par l'atmosphère très Cluedo. La grande force de l'épisode - et de la série évidemment - réside dans sa capacité à sublimer son budget restreint pour restituer une ambiance et un récit qui dépasse tous les possibles. En ce sens, Ghostlight est une petite réussite, et un épisode marquant. Un peu déçu par l'exploration du background d'Ace, le premier épisode promettait beaucoup, mais l'ensemble est finalement plutôt anecdotique, même s'il participe tout de même de cette volonté de la série de définitivement ancrer la compagnon comme le référent du spectateur et comme vecteur d'évolution au fil des aventures. La caractérisation d'un Docteur qui agirait "pour le bien" de ses compagnons contre leur gré est aussi assez fascinante, j'ai vraiment du mal avec l'attitude du Docteur qui confronte Ace à ses peurs/traumas (les clowns précédemment, ici un trauma d'enfance) sans la prévenir, mais cela rend le personnage d'autant plus complexe, et prouve que le Docteur manque parfois d'humanité dans sa conception des choses (ce qui était - il me semble - le but de cette ère : réintroduire du mystère et des nuances dans la représentation du Docteur). |
Le serial part en full allégorie et dévoile ultimement au compte-gouttes son scénario dans une ultime partie perfectible, un peu trop rapide, mais assez fascinante…
J’avoue qu’en finissant l’épisode je ne savais pas trop quoi penser, si c’était une réussite, un joyeux bordel, si j’avais compris plutôt 20% ou 30% du plot… j’étais presque parti pour mettre un avis neutre. Sauf qu’indéniablement, l’épisode est assez marquant. En réfléchissant petit à petit aux éléments de l’histoire et en lisant les interprétations, on enchaîne les “ahhhh” et les “ooooh” jusqu’à se dire qu’en vrai, c’était sacrément créatif et original.
Et aussi méga capillotracté et sur-compliqué comme façon de raconter quelque chose. Et assez mal monté car probablement très charcuté au script et au montage. Mais créatif, original et marquant, on ne peut le nier. Je suis un peu conquis par l’idée, en vrai.
L’allégorie géante sur Lumière et Contrôle donne vraiment tout le sens du serial, qui verse quand même vachement dans le mystique et ne confirme pas explicitement des éléments explicatifs sci-fi classiques pour l’histoire. Celle-ci reste fondamentalement assez simple à résumer : Lumière, Contrôle et Smith sont des aliens venus d’avant le temps pour catégoriser la vie dans l’Univers, Smith est l’être le plus “mortel” qui s’est attaché à vouloir vivre parmi les humains et les gouverner, il s’est rebellé contre ses potes et a tâché de les maintenir emprisonné. En prenant des spécimens à travers l’évolution humaine, il a survécu à travers les âges (sous bien des formes, dont des carcasses d’animaux ?), a hypnotisé certains humains jusqu’à ce que le Docteur intervienne et qu’on découvre l’histoire telle qu’on l’a vue, permettant à Lumière et Contrôle de s’échapper, prendre leur revanche, et autoriser cette dernière à poursuivre sa quête.
Le fait qu’on raconte cela en montrant un humain victorien avoir plusieurs corps, ne pas pouvoir vivre le jour (car il a tourné le dos à Lumière) et en gardant une entité sous “contrôle” (car il a aussi trahi Contrôle), c’est quand même assez brillant et osé comme storytelling. Tout fonctionne par l’image et le sous-entendu. Cela colle parfaitement à l’idée d’une maison où rien ne fait sens, où s’entremêlent pléthore de mystères et d’intrigues sans forcément tous les lier explicitement.
Il y a quand même une idée explicite appréciable au premier degré de l’épisode, c’est le fait que Lumière soit une entité supérieure (un “Ange” selon Ace) qui représente la vie, mais une vie statique et finale, qui n’évolue pas. Les thèmes évolutionnistes sont présents dès le début de l’épisode (avec des mentions de Darwin, la scène du singe et autres). J’aime beaucoup cette idée d’entités supérieures qui veulent créer un bestiaire de l’univers (et c’est d’ailleurs la conclusion des personnages encore en vie à la fin). Et j’aime beaucoup que cet antagoniste soit surpris et se sente submergé par la vitesse d’évolution des espèces de la planète, jusqu’à vouloir la détruire. C’est une motivation vachement maligne pour un grand méchant, ça change de la grande majorité des épisodes. Et la réponse du Docteur, qui lui montre que l’évolution fait partie de toute chose et que même Lumière lui-même a évolué au cours de leurs échanges, est une idée assez belle comme résolution de l’ensemble, malgré des échanges de coups de poing peu convaincants dans le lot.
Cela aurait été la cerise sur le gâteau si l’épisode en avait profité pour révéler (ou rien qu’insinuer brièvement…) un peu de lore sur le passé du Docteur pré-William Hartnell, comme il était prévu de base de le faire. Ghostlight est en effet l’histoire précurseure du fameux “Lungbarrow”, la maison de tous les secrets, qui devait se dérouler sur Gallifrey et révéler des tas de choses sur le Doc, dans l’idée du grand Cartmell Master Plan que Chris Chibnall a revisité 30 ans plus tard.
Mais non. Au lieu de ça, JNT sent qu’il n’est pas encore l’heure de balancer la sauce. L’épisode est réécrit deux, trois, quatre fois. Un peu charcuté aussi. On se déplace de Gallifrey à la Terre, on donne une couche victorienne, on fait rentrer l’épisode dans quelques cases mieux connues. Mais impossible de calmer ce que le scénariste veut naturellement, instinctivement raconter. Résultat : l’épisode est un peu une tempête d’idées.
Ironie du sort, c’était le dernier épisode filmé de la série classique. C’est à la fois triste et amusant de se dire que l’épisode qui aurait pu faire avancer la série à un stade vraiment supérieur, et qui se débine, est finalement celui qui enterre la série. L’ultime scène filmée, celle de la mère et de sa fille figée dans le temps à jamais par Lumière pour “ne pas qu’elle change”, est d’ailleurs très involontairement meta et cynique là-dessus : la série n’a pas voulu changer assez vite, et elle en est morte, préférant rester figée dans une image du passé non-chamboulée, mais froide et fixe pour toujours.
Bref, je suis assez scotché par l’ensemble, mais ce n’était pas une aventure particulièrement plaisante à regarder, surtout après la première partie. C’est plus fascinant et intéressant que divertissant, et si quelqu’un déteste l’épisode en clamant que tout est de la branlette intellectuelle mal faite, je ne pourrais vraiment arguer le contraire… Et objectivement, je trouve quand même l’épisode un peu trop blindé et charcuté. Le script était trop ambitieux pour trois épisodes, et cela se ressent. Des éléments dans le scénario ne sont expliqués que par la version roman ou des analyses poussées de l’épisode, et presque impossible à comprendre soi-même, laissant une impression de trou dans le scénario et d’assemblage de scènes aléatoires. Le rôle des servantes, le fait qu’il y a des employés de jours, le fait que la créature emprisonnée au début de la partie 1 était “Contrôle”, etc. sont d’autant d’éléments qui sont presque incompréhensibles seul-e.
Le tout fait plus que la somme de ses parties en y réfléchissant, mais pas en le vivant. Même le réalisateur, confus, demanda souvent des explications au scénariste sur ce qu’il devait mettre en scène.
De tout ça ressort quand même du positif, avec un Seven qui capte encore une fois tout avant tout le monde et fait même toute la résolution du plot en hors-champ (pendant qu’Ace dort), ce qui aide à rendre ce Docteur vachement éclairé. Si j’étais le scénariste, j’aurais quand même un peu diminué la dose de réfs à la culture et à la mythologie humaine, pour rendre le tout encore plus mystique et réduire un peu le risque de confusion.
En tout cas, c’est un sérial sur lequel j’ai presque déjà envie de revenir, sachant que je n’ai l’impression d’avoir compris que le premier degré de l’épisode. Même une fois qu’on a résolu “jeu” du puzzle pour comprendre ce qu’il se passe, on peut encore se demander quel était la morale de l’histoire : on a notamment cette drôle d’idée de voir le “riche victorien” comme une forme d’évolution à part entière de la race humaine, idem avec Contrôle qui évolue vers une “lady” d’époque, dans un épisode qui pourtant rappelle à juste titre (avec Ace en première partie) le ridicule des moeurs liées aux femmes à l’époque. Était-ce pour être décalé ? Était-ce juste nécessaire pour rendre l’épisode un poil plus digeste en personnifiant les allégories ? Y a-t-il un autre propos derrière ?
Au final ce n’est pas un serial pour tout le monde, mais il a fonctionné sur moi de façon inattendue. J'étais partie pour un truc atmosphérique sur la backstory d'Ace, je termine par m'interroger sur le sens de la personnification de l'idée du contrôle. C'est quand même inattendu. Même si ce n’est sans doute pas représentatif de mon appréciation de chaque partie, je laisse une très bonne note sur cette ultime partie et une note plus faiblarde sur la seconde, pour “punir” l’épisode sur son montage assez mal dosé, mais le récompenser sur ses parti-pris complètement uniques.
Note moyenne : 14/20