L'évolution d'Elena cette saison est remarquablement bien mise en scène. Elle reste celle que l'on a toujours connue, mais on la voit aussi devenir femme et s'affirmer. 

Plus on chérit Lila, plus elle est cruelle.

Cet épisode prouve qu'elle connait son amie par cœur. Elles sont toujours ensemble, comme des sœurs, mais Elena voit qui elle est. La tournure des évènements n'est pas celle que j'avais imaginée, et faire de Nino l'amour passionnel pour l'une et l'amour impossible pour l'autre complexifie toute la narration d'une façon totalement justifiée.

De son côté, alors qu'il nous semblait désormais facile de moins aimer Lila et de vouloir qu'Elena s'éloigne d'elle, son personnage est montré sous un jour à l'opposé du manichéisme, ce qui complique la situation. Pour une fois, elle est sincère (avec Nino, en tout cas) et reste une victime de son propre mari. Ça n'excuse pas son comportement, mais la série parvient à entrer dans cette zone grise qui humanise complètement Lila, avec ses qualités et ses défauts, sa condition et ses choix.

La scène sur la plage est l'instant clé de l'épisode, et je dirais même de la vie d'Elena. Dans un état émotionnel différent de d'habitude, perdue dans ses réflexions, son choix de passer à l'acte avec le père de Nino ne relève pas tant du désespoir que de la manipulation. Et c'est là toute la force du personnage et de l'histoire : Elena représente la Femme, celle qui est discrète et appréciée, qui n'ouvrira jamais vraiment sa bouche et qui fera en sorte de faire plaisir à tout le monde. Mais dans son coin, en secret, elle observe et elle apprend à connaître. Et ensuite, elle s'en sert pour avancer coûte que coûte, nageant entre les bouts de bois, les algues et les méduses.