Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Le Quatrième Docteur et Sarah Jane Smith reviennent dans une saison qui surpasse la précédente en tout point, pourtant déjà très réussie. Après Terror of the Zygons, dernier épisode commandé par la précédente team de production, et pourtant un superbe épisode d'ouverture, Robert Holmes et Philip Hinchcliffe ont enfin eu carte blanche et ont pu créer le Doctor Who de leur rêve : horrifique, violent et inspiré par d'autres oeuvres avec la touche magique Doctor Who, qui s'exprime souvent à travers Tom Baker et Elisabeth Sladen. De Frankestein à The Thing en passant par les cyborgs ou The Forbidden Planet, rarement une saison n'aura autant plagié et pourtant été aussi inventive à la fois.
Et il faut souligner à quel point Tom Baker est encore incroyable dans absolument CHAQUE épisode et donne à son Docteur une épaisseur rare. Elisabeth Sladen, pas franchement toujours servie dans la précédente saison, a ici beaucoup plus d'épisodes et de passages mémorables où elle peut faire ses preuves. Le duo est tout bonnement légendaire et élève chaque épisode, que ce dernier soit moyen, sympa ou déjà très bon.
C'est probablement l'une des saisons avec le niveau le plus constant, ce qui tranche avec l'irrégularité de la saison 12. La saison s'ouvre donc avec Terror of the Zygons, déjà en soi le final que la saison 12 aurait dû avoir. Une réussite totale, qui explique à lui seul en quoi les Zygons ont été les ennemis les plus cultes en aussi peu de temps d'écran dans la série classique, et un parfait contrepoids à Robot. On enchaîne avec Planet of Evil, première histoire commandée par la team H&H et déjà tous les éléments sont là : inspiration d'une oeuvre SF, des idées à la pelle, un visuel particulièrement saisissant, malgré ses défauts je trouve ce sérial assez sous-estimé. La saison tente alors un retour à la formule historique avec une approche très différente de ce qui était fait avec les premiers Docteurs avec Pyramids of Mars, le deuxième des trois chefs d'oeuvre classiques de la saison (avec Terror of the Zygons et The Seeds of Doom). Ennemi légendaire, ambiance gothique et scénario ambitieux, tout y est.
Le ventre mou est indéniablement The Android Invasion, écrit par Terry Nation, un scénariste de la vieille. L'épisode fait un peu tâche et trop "old school" dans ses monstres en carton, dans une saison radicalement moderne et léchée, mais ne démérite pas malgré tout et est loin d'être mauvais. J'aime particulièrement la façon dont UNIT est utilisée et détournée dans cette ère avec cet épisode.
Retour à l'ambiance horreur-gothique plus présente que jamais dans The Brain of Morbius, une tentative de pastiche à la Frankestein et un épisode plus léger et comique que le reste, et pourtant d'une importance fondamentale dans le lore de la série, ce qu'on pourrait autrement reprocher à la saison qui ne fait "que" introduire les Zygons. C'est également le deuxième sérial presque entièrement réécrit par Robert Holmes, avec Pyramids of Mars, et on voit vraiment tout le talent du monsieur à chapeauter la saison. Reste alors The Seeds of Doom, final sur Terre en six parties qui parvient à briser tous les problèmes de ce genre d'histoires avec un découpage de l'intrigue réussi, rythmé et toujours une violence gothique et une imagerie saisissante.
C'est l'âge d'or de la série, et à raison. C'est tout simplement solide de A à Z : difficile d'apprécier la série classique et de bouder son plaisir sur cette floppée d'épisodes qui aligne les classiques. Pas de Dalek, pas de Cybermen, pas de UNIT : et pourtant, ça n'a jamais été autant Doctor Who. Le projet de Robert Holmes est ambitieux et maîtrisé, la série est amenée vers un ton plus mature, avec plus d'envergure, un retour à l'alien et à un Docteur plus complexe tout en étant profondément attachant grâce à son rappot avec Sarah Jane entre autre : c'est tout ce que la saison 12 avait entamé qui est ici décuplé. Robert Holmes & co auraient-ils trouver LA formule magique pour faire du Doctor Who ? Possible... et pourtant ils se surpasseront encore en saison 14 !
- Terror of the Zygons - 15.25
- The Seeds of Doom - 15.17
- Pyramids of Mars - 15
- The Brain of Morbius - 14.5
- Planet of Evil - 14.25
- The Android Invasion - 11.75
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 14.32/14.38, l'une des meilleures !
Une sublime saison. Pour moi l'apogée de l'ère de Holmes et Hinchcliffe, et donc celle de Tom Baker, et donc celle de la série classique.
C'est bien simple : pas une histoire n'est faible. Toutes sont au moins impressionnantes sur un ou plusieurs aspects, et elles ont forgé l'image de la série idéale.
La saison se divise grosso modo en trois parties.
Il y a tout d'abord la partie la plus faible, et pourtant d'un bon niveau dans la continuité de la saison 13 : le départ de Sarah Jane Smith. The Masque of Mandragora est un épisode historique extrêmement beau et intéressant, au pitch saisissant, aux personnages secondaires travaillés et au contexte parfaitement exploité, malgré quelques longueurs dommageables. C'est l'histoire qui sur le papier a donné envie à Elisabeth Sladen de rester dans la série plus longtemps, et on ne peut que la comprendre. Vient ensuite sa véritable histoire finale : The Hand of Fear. Si les premières parties sont les plus lentes et les épisodes les moins bons de la saison, le sérial nous subjugue avec l'un des aliens les mieux réussis des classiques dans une troisième partie saisissante, et une dernière partie qui vaut le détour rien que pour le départ émouvant et emblématique de Sarah Jane Smith, toujours la compagne la plus pure, la plus naturelle et la plus emblématique de la série toute entière. J'en ai toujours un énorme pincement au coeur.
La deuxième partie de la saison n'est constituée que d'un épisode : mais quel épisode ! The Deadly Assassin est probablement le sérial le plus ambitieux réalisé sous l'ère H&H. C'est un épisode déconcertant, qui prend des risques inouïs dans la série et même au sein de son récit, ce qui donne certes certaines séquences plus faibles que le reste, mais c'est un épisode qui est bien plus que la somme de ses parties. Il définit la grande majorité de tout le lore le plus fondamental de Doctor Who aujourd'hui, et l'a fait avec tout un propos méta sur la fabrication de légendes autour du canon que je trouve personnellement être un véritable coup de génie. Un outrage à l'époque, mais probablement le meilleur héritage qu'a laissé Robert Holmes derrière lui aujourd'hui. Le dernier épisode en date où je poste cet avis se fonde entièrement sur cet épisode. C'est absolument dingue la portée que revêt l'histoire et cela illustre la beauté d'une série à la mythologie à la fois flexible et généreuse de Doctor Who.
La dernière partie de la saison consiste à introduire une nouvelle compagne et parvenir à démarrer une sorte de nouvelle ère tout en en clôturant une autre, le producteur Hinchcliffe quittant la série en fin d'année. Nous retrouvons donc deux épisodes permettant d'introduire la nouvelle compagne, Leela, sans aucun doute la plus originale à ce stade et probablement ma préférée à ce stade également. En très peu de temps, elle s'impose comme l'une des meilleures idées que la série ait eu. En dépit d'une relation épineuse avec Tom Baker en coulisse, la dynamique entre Leela et Four est à la fois unique, attachante et intéressante, tant les acteurs et l'écriture sont solides. Ces deux histoires sont de très bonnes factures ; écrites par le même scénariste, elles permettent à donner un début remarquablement convaincant à Leela qui est écrite uniformément sur les deux épisodes, qui partagent également un thème commun autour de la robotique, avec des prismes très différents : dérives de la technologie elle-même d'une part, dans The Face of Evil, une histoire très sous-estimée qui prend des tournants inattendus, et étude sur l'uncanny valley dans le second épisode du scénariste, The Robots of Death, un classique au contraire très sur-estimé qui bafoue toute règle de cohérence dans un Whodunnit, et pourtant totalement saisissant, avec des antagonistes à nouveau marquants.
C'est d'ailleurs une constante dans cette saison voire cette ère : la volonté de rendre les antagonistes du décor plus complexes, fouillés, ou déjà moins "bricolage" et "alien vert". Ces deux épisodes ont également la particularité d'être de véritables mash-up de genres, d'ambiances et de tons, ce qui donne une identité si particulière à la série et qui a ravivé la définition de Doctor Who à mon sens.
La saison s'achève enfin par The Talons of Weng-Chiang, un épisode historique qui en apparence paraît anodin et qui est en réalité un festival de tout ce qui fait la réussite de la série à son époque. C'est mon histoire classique préférée à ce stade, constituée par mon épisode préféré (la quatrième partie), et contenant lui-même mon passage préféré de la série, où le scénariste et la réalisation livre selon moi la plus belle prestation de ce qu'est Doctor Who dans une scène simple et pourtant, si riche. J'ai déjà écrit des tartines sur la plupart des épisodes de ce sérial, qui reste tout à fait imparfait, mais tellement jouissif et tellement important. Pas dans la mythologie (il y a déjà The Deadly Assassin pour cela), pas dans l'émotion (il y a déjà The Hand of Fear) ou dans l'ambition, mais un épisode tellement important dans tout ce que peut être Doctor Who et qui en reprend toute sa magie, avec une mise en abyme explicite à ce sujet.
Une grande saison qui inspirera probablement toute la suite de la série sur ce qu'il faut faire, sur ce qu'il ne faut pas reproduire également car elle est loin d'être sans défauts. Une saison qui offre tout de même deux compagnes, un Docteur, des scénaristes nouveaux comme anciens à leurs paroxysmes respectifs. Une saison qui mélange tous les tons d'une main de Maître et qui reste ambitieuse à chaque instant, sur pourtant tant de niveaux différents.
Certes, cela reste 1977. Les effets visuels ne sont pas du niveau spectaculaire moderne, les personnages sont bien souvent plus caractérisés par la performance des acteurs et actrices ou par le scénario, et non par des speechs grandiloquents, et les histoires sont globalement indépendantes et ne se répondent pas toujours forcément entre elles.
Pourtant à peu de choses près, c'est la saison de Doctor Who parfaite, où chaque épisode apporte quelque chose de distinct et de nécessaire.
Tout, depuis Robot, The Ark in Space et la saison 12, conduit vers ces moments, où un peu moins de la moitié du run de Tom Baker vient de s'écouler et où la série a progressivement gagné en qualité jusqu'à atteindre des sommets. Et comme bien souvent avec les Docteurs ou la série, pour citer River : atteindre aussi haut le sommet signifie qu'on chutera également plus bas que jamais très bientôt. C'est peut-être au fond un dommage irréparable à court terme, qui a pu à terme enterrer toute la série : la violence, la maturité, l'originalité et les décisions prises dans cette saison ont conduit à un effet inverse violent qui a infantilisé la série, créé un effet de lassitude et un trop grand culte autour d'une nostalgie d'une ère "dont la grandeur n'est plus jamais atteinte". C'est ce qui a causé l'existence du Cinquième Docteur, puis du Sixième, puis de l'arrêt de mort de la série... avant que celle-ci ne revienne toujours plus forte que jamais, et puise finalement beaucoup de son inspiration dans cette saison.
LA saison de Doctor Who, avec un grand "la".
Mon classement :
- The Talons of Weng-Chiang - 16.33
- The Deadly Assassin - 15.75
- The Face of Evil - 15
- The Masque of Mandragora - 14.25
- The Robots of Death - 14.25
- The Hand of Fear - 14
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 14.93 / 15.04
Une saison très compliquée pour Doctor Who et pour l'ère de Tom Baker. Une saison qui succès à une période universellement reconnue comme la meilleure (à raison, je trouve) et qui ne pouvait que chuter. Mais à quel point ?
Ce n'est pas catastrophique, mais clairement, cette saison est : un bordel.
C'est probablement la saison avec la pire production derrière, pour la simple raison que tout était en période de transition, mais que rien n'était réuni pour que ça fonctionne.
Contexte : Philipp Hinchcliffe a tiré sa révérence avec The Talons of Weng-Chiang en dilapidant une trop grosse partie du budget du show. Endetté, le nouveau producteur Graham Williams a dû gérer plein de trucs.
- Une inflation quasi jamais vue cette année qui a relativement rendu le budget "constant" de la série, beaucoup moins imposant
- Un Tom Baker qui rechignait encore à travailler avec Louise Jameson (quelle tête de mule je vous jure), considérant que le personnage de Leela est "trop violent" -- à mon avis, une piètre excuse sachant que son Docteur est aussi méga violent et emploie très souvent la force même dans les saisons passées. Ce comportement de Baker a probablement une origine double : son égo surdimensionné qui prend un peu trop la confiance suite à son succès inattendu, et un certain deuil de son amie Elisabeth Sladen qui n'est plus là avec lui.
- Un Robert Holmes qui a tellement mis du temps à livrer The Talons of Weng-Chiang (un épisode si génial qui a causé tant de problèmes après lui, c'est vraiment un retour de baton fort), que beaucoup de scripts ont été retardés et bâclés
- Un passage de flambeau du rôle de script editor (showrunner) de Robert Holmes à Anthony Read au milieu de saison ; mais pas vraiment au milieu de saison car en fait Holmes a dirigé les deux premiers scripts mais en a écrit un lui-même encore, mais l'ordre a été inversé avec le suivant faisant de son script le quatrième... (tu sens le bordel ?)
- Le tout avec moult problèmes budgétaires s'accumulant au fur et à mesure du sérial qui doit conduire notamment à la réutilisation obligée de K9 pour rentabiliser l'accessoire (donc réécriture, donc bâclage en plus). Et d'autres coupures de budget de plus belle, font même hésiter le producteur à annuler le final en six parties (et se retrouver avec Underworld en fin de saison, brr quelle horreur, un scénario qui s'est finalement réalisé pour la saison 17 avec l'annulation de Shada)
- Et enfin le fait de devoir gérer des plaintes comme quoi le show était trop sombre... donc adoucir l'ensemble et insérer plein de blagues décalées... pour se retrouver en fin de saison avec des directives de la BBC disant cette fois que le show était devenu trop comique ! Non mais vraiment, c'était un sketch, cette année-là.
- ... probablement d'autres trucs que nous ne saurons jamais ? (nul doute que si nous avons la confirmation que 3 histoires de la saison ont été réécrites au dernier moment suite à des problèmes de production, on peut supposer que c'est le cas pour quasi toutes...).
Cette saison est donc, sur bien des aspects, une farce chaotique. Il ne pouvait en être autrement.
Je lis beaucoup de reviews anglaises et le mot qui revenait tout le temps avec cette saison était : "patchwork". Cette saison est en effet décousue comme pas possible et c'est probablement en cela qu'elle laisse une si mauvaise image souvenir, quoique ce n'est pas non plus un cas désespéré. C'est juste une saison composite qui est au croisement de plusieurs ères et est trop tirée dans tous les sens.
On a, tout d'abord, deux Ersatz de l'ère horrifique précédent : Horror of Fang Rock, l'ouverture de la saison. Encore dirigé par Robert Holmes, ce sérial offre une très belle lettre d'adieu à ce genre qui a donné à la série ses lettres de noblesse, non sans tomber dans quelques clichés de "gros blob vert" final. Cela reste atmosphérique, bas-budget mais bien réalisé, drôle, inquiétant, bien mené. Un gagnant, sans aucun doute.
Le second reste de l'ère H&H est Image of the Fendhal, un script qui n'est pourtant plus dirigé par Holmes, mais encore écrit par Chris Boucher, un vétéran de la saison 14. La première partie de ce sérial est probablement l'une des plus belles pièces de réalisation que Doctor Who ait proposé, et le scénario ô combien intrigant et ses personnages (notamment féminins ! une bonne avancée par rapport à l'ère somme toute très masculine de H&H) étaient prometteurs. Malheureusement le scénario se complique beaucoup trop, devient une des pires soupes de la série et se conclut en eau de boudin à nouveau avec quelques monstres en carton dont on se serait passé.
Image of the Fendhal est typiquement un défaut de relecture de script qui fait effet boule de neige sur le reste. Et ce n'est pas le seul épisode inégal de la saison : on retrouve également le vilain petit canard The Invisible Enemy, une histoire complètement dingue, complètement cheap et pourtant délicieusement absurde et créative, un plaisir coupable assumé de ma part où le Doc voyage au centre de son propre cerveau et combat une crevette géante. Un épisode déroutant, je n'aimerais pas que Doctor Who ressemble à ça tous les jours mais pour un temps, cela a fait son effet et cela avait le mérite d'être très novateur et, en effet, plutôt comique.
Je préfère ne pas trop parler pendant cette petite rétrospective d'épisode, du sérial Underworld, dont les trois dernières parties sont probablement la pire chose que j'ai pu voir pour le moment concernant la série, un véritable échec embarrassant qui plombe toute la saison. Une tentative de réécriture d'un mythe grecque ultra sérieuse et ennuyante, qui possède la pire réalisation que j'ai jamais vue.
Deux autres épisodes sont plutôt grotesques mais cette fois dans le bon sens, maîtrisé du terme : The Invasion of Time et The Sun Makers, ce dernier étant mon chouchou de la saison, avec Horror of Fang Rock, pour des raisons totalement opposées à ce dernier : c'est globalement plus moche et plus cheap, on passe d'un historical en huis-clos à un véritable univers futuriste vaste et bien construit, on passe d'idées d'horreur et un scénario très premier degré où les rires viennent alléger l'atmosphère, à un pitch satirique ultra politique où les dialogues sérieux viennent apporter de l'enjeu derrière cette farce. Cela reste un exemple en matière de world-building et on sent que Robert Holmes se fait plaisir avec les contraintes qu'on lui a imposé. The Invasion of Time est déjà beaucoup plus inégal lui aussi, son parti-pris comique ne fonctionnant pas toujours, avec un changement de ton trop déroutant au cours du sérial. Il est cependant très triste de voir à quel point Leela, une compagne aussi cool, ait eu un départ aussi risible.
Ou une saison aussi inégale, d'ailleurs, car forcément cela joue sur le rôle de la compagne.
Et pourtant, il y a bien une lueur dans toute cette saison, ce qui fait que mon avis reste positif, que le tiers des sérials est une franche réussite (et que le deuxième tiers est plutôt honorable), que j'en garde un bon souvenir.
Et cette lueur s'appelle Leela.
Leela est sans exception un point fort des bons épisodes, et toujours une des rares choses à aprécier pour les pires. Là où Sarah Jane était extrêmement basique mais souvent servie par de très bons scénarios, ne la mettant pourtant pas toujours à l'honneur, Leela est extrêmement originale et souvent employée comme telle, dans des histoires intrinsèquement moins bonnes. Mais j'ai vraiment un faible pour Leela qui sauve vraiment la saison à mes yeux. L'actrice est incroyable, elle a toujours l'air ravie d'être là (même quand Tom Baker lui hurle dessus), ravie des retours positifs de son personnage de sauvageonne attachante, décalée et en constante évolution.
Il faut tout de même mentionner le fait qu'on a désormais passé la moitié du run de Tom Baker, et ce dernier est toujours aussi saisissant. Je dirais qu'il est un poil moins bon que dans les saisons 12 à 14, probablement parce qu'il est servi par des scripts un peu moins intelligents, mais il reste malgré tout excellent dans tous les cas.
Coup dur pour le Quatrième Docteur, qui traverse sa pire période, en ressort indemne, de justesse tout de même. Mais Doctor Who c'est aussi un show qu'on regarde justement pour ses aspects inégaux, et parce qu'on sait que même si l'euphorie ne dure pas éternellement, et que la déception viendra toujours, elle sera elle-aussi temporaire, et en général toujours de plus courte durée. Maintenant que la production de Graham Williams est en place et que cette année crash-test a été passée tant bien que mal, les choses peuvent enfin reprendre leur cours créatif !
- The Sun Makers - 14.75
- Horror of Fang Rock - 14.5
- The Invasion of Time - 13.67
- The Invisible Enemy - 12.75
- Image of the Fendahl - 11.5
- Underworld - 6.5
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 12.28/12.38. La pire saison de Baker sans trop de mal, malgré deux très bons épisodes qui sauvent la saison, le reste est simplement trop inégal et trop faible. Une saison douloureuse derrière les coulisses qui ne résulte pas par un résultat catastrophique à l'écran : c'est dire à quel point le potentiel aurait pu être là, avec un Tom Baker et une Louise Jameson au top de leur niveau, regrettant je pense autant que nous la fadeur de certains épisodes, préférant ne garder que le positif.
Une première saison résolument différente pour le Cinquième Docteur et ma foi assez convenable, presque ennuyante tant elle est typique... à l'image de son Docteur, en somme.
La diversité des histoires et des lieux est assez appréciable et le ton général de la saison plutôt bien choisi. Nyssa, Tegan et Adric sont individuellement trois compagnons intéressants : Tegan n'a pas grand-chose à accomplir durant ses épisodes mais son charisme et son fort caractère est crucial pour la dynamique de l'équipe. Nyssa est beaucoup plus réservée et s'occupe souvent des problèmes techniques avec le Docteur, ce qui ne lui donne pas un superbe rôle... mais elle est peut-être encore plus charismatique que Tegan, à sa manière, sans hausser le ton, ses meilleurs moments sont sobres et ressortent bien plus. Adric est clairement le moins appréciable des trois et Matthew Waterhouse ne fait pas de merveilles, mais il a de loin l'un des meilleurs arcs et l'une des meilleures fins de compagnon que j'ai pu voir dans la série classique. Le Cinquième Docteur quant à lui, se cherche encore j'ai l'impression. Mais c'est peut-être tout le but. Dans l'ensemble cela dit, on sent qu'on a affaire à un Docteur bien plus passif et spectateur que ses prédecesseurs, ce qui donnera parfois des scénarios originaux entre les mains de bons scénaristes. Et tout comme Nyssa, cela fait ressortir ses meilleurs moments. Le challenge de créer un Docteur aux antipodes de Tom Baker, qui a marqué la série à vie, a tout de même été bien relevé par Peter Davison.
Cette saison 19 est donc à l'image de ses protagonistes : pleine de contrastes, et capable du meilleur comme du pire. Quand les astres s'alignent et que toute la dynamique fonctionne bien, qu'aucun souci de production, réécriture de dernière minute ou trop-plein de personnages ne vient entraver les épisodes, la saison 19 est capable du meilleur. On peut citer notamment Four to Doomsday, mon coup de coeur sous-côté de cette saison, première véritable aventure à 4 où chaque personnage brille au milieu d'un scénario astucieux ; Black Orchid, petit OVNI envoûtant dont la courte durée permet de ne pas laisser le temps de constater le remplissage typique d'un classique ou de remarquer que certans personnages sont moins utilisés que d'autres... ; ou encore, bien évidemment, le superbe Earthshock, clairement la meilleure histoire de la saison, où la passivité du Docteur, la fougue de Tegan, la sagesse de Nyssa et l'égo d'Adric sont formidablement bien mixés au service d'une histoire créative et à la tragédie terriblement marquante.
Le problème, c'est que quand il manque un rouage dans l'équation, tout coince. Castrovalva a beau avoir de beaux visuels et de beaux concepts qui enrichissent le lore, je n'ai jamais trop été fan de l'approche "crise post-régénératoire" qu'on nous sert à CHAQUE Docteur, et malheureusement cet épisode en fait son postulat. Kinda offre une expérience onirique assez originale avec beaucoup de charme, mais ses faiblesses d'écriture et séquences de remplissage rendent insupportables presque une scène sur deux. The Visitation est lui aussi étonamment cheap et décousu pour un scénario à potentiel mais très déséquilibré. Et je ne parle pas du final...
Idem, la saison souffle le chaud et le froid concernant sa directive fanservice/axé continuité. Si le retour des Cybermen est un franc succès et que, personnellement, j'apprécie les multiples références aux anciennes ères (rappel des origines d'Adric, références aux précédents Docteurs dans Castrovalva et Earthshock, etc.), d'autres éléments sont clairement de trop, ou plutôt un élément : le Maître. Vouloir le ramener "deux fois par an" est un suicide créatif que s'est lancé comme défi John-Nathan Turner. Le final Time-Flight est tout simplement douloureux : faible continuité sur Adric, compagnes inutiles, Docteur au sommet de sa passivité et un retour complètement superflus du Maître. Un des pires épisodes de la série à ce stade, sans aucun doute.
Tout le paradoxe de la saison est bien résumé dans le tandem de fin, Earthshock/Time-Flight, l'un démontrant comment réussir un épisode avec la team TARDIS et les intentions de showrunning actuelles, l'autre comment se planter en beauté.
Il y a donc eu des innovations, des tentatives d'histoires différentes (Black Orchid, Kinda...) ou classiques (Four to Doomsday, The Visitation...) plus ou moins réussies. Il y a eu aussi un côté feuilletonnant qui est une étonnante réussite pour la saison, qu'on aimerait voir encore plus poussé par la suite. Et il y a eu des ratés. C'est vraiment une saison symptomatique de Doctor Who et de la série classique, avec ses moments de remplissages, ses monstres parfois ratés, parfois surprenants et intéressants, toujours kitsch.
On ne pourra ainsi pas reprocher à la saison de ne pas tenter des choses, ce qui est toujours louable puisque ça finit bien par payer. Chaque épisode apporte son quelque chose à l'ensemble, ou mérite d'être retenu pour quelque chose, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Le côté feuilleton y est pour beaucoup, mais la volonté d'injecter du neuf et de prendre des risques aussi (même dans le sérial le plus "oubliable" à mes yeux, The Visitation, la fin qui explique les origines du grand incendie de Londres est totalement inattendue).
Le souvenir général que me laisse la saison reste largement positif. En fait, sur le papier, elle est très ambivalente. On peut tout aussi bien se souvenir de cette saison comme "le Docteur qui passa après Tom Baker et fit ce qu'il peut", "les deux apparitions ratées du Maître", "Adric toujours à se rallier aux ennemis du Docteur et tellement malaimé qu'il a fallu le tuer pour le rendre intéressant" ou encore "Nyssa a passé la moitié des épisodes dans le TARDIS" (littéralement).
Mais on peut aussi s'en souvenir comme d'une saison assez optimiste, créative, parfois osée, qui n'hésite pas à donner des défauts à ses personnages pour en faire quelque chose, ce qui est toujours louable. Je suis curieux de voir ce que le Cinquième Docteur me réserve ensuite.
Classement de la saison :
- Earthshock - 15
- Four to Doomsday - 14.75
- Black Orchid - 14
- Castrovalva - 12.75
- Kinda - 12
- The Visitation - 11.5
- Time Flight - 9.5
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 12.79 / 12.69, Black Orchid étant un petit sérial bien au-dessus de la moyenne, la moyenne des histoires est légèrement gonflée par rapport à la moyenne brute des épisodes, mais le duo Earthshock/Four to Doomsday suffit largement à faire passer le tout et à faire oublier le final.