Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Doctor Who X Douglas Adams. Une combinaison assez controversée parmi les fans, souvent citée comme l'une des pires de Tom. Mais globalement plus que gagnante selon moi. Graham Williams, après des débuts parfois hasardeux, ne démérite pas en tant que producteur même si la grève de fin qui a fait échouer le tournage de Shada donne vraiment du plomb dans l'aile à la saison, que je ne considère qu'avec Shada, sinon ça n'aurait aucun sens. Mais c'est surtout le départ de Anthony Read (franchement, bon vent) et l'arrivée de Douglas Adams qui rafraîchit considérablement la série.
Libre de faire clairement ce qu'il veut, et surtout de laisser Tom Baker faire ce qu'il veut puisque c'était clairement un peu le roi, Douglas Adams aboutit à des histoires avec des concepts toujours intéressants, même dans les épisodes plus faibles. Ses deux épisodes, à savoir Shada donc, et surtout City of Death, sont sans aucun doute les hautes notes de la saison, bien que Destiny of the Daleks et le retour de Davros dans une guerre sans fin est tout à fait à la hauteur, et que les bonnes idées politiques de Nightmare of Eden sont également très convaincantes. Ne reste alors plus qu'un timide Creature from the Pit, où le budget est au ras des paquerettes suite aux deux premiers sérials du début de saison et à la volonté de garder de l'argent pour Shada, même si quelques idées parsèment tout de même le lot. Et puis, le terrible The Horns of Nimon qu'on préférera oublier tant il réunit tout ce qui est mauvais dans Who.
En bref, il y a trois moments dans la saison : l'ouverture très convaincante avec Destiny et City of Death, puis trois épisodes futuristes qui "calment le jeu" et économisent le budget, avec une très bonne histoire (Eden), une moyenne (Creature from the Pit) et une horrible (Nimon). Et je dirais que Shada constitue à lui tout seul la troisième "partie" de la saison, tant il a dicté toute cette dernière. Pensée comme une vraie tournée d'adieux pour le producteur et la team en place, il est triste de voir qu'elle n'a jamais été finie, mais également beau de voir qu'elle a finalement pu être complétée en 2017.
Une saison inégale donc, qui rappelle la saison 12 (qui obtient même une moyenne très similaire à celle-ci), mais globalement très réussie. Il faut surtout souligner à quel point City of Death est brillant, probablement mon épisode classique préféré.
Une saison également marquée par l'humour omniprésent de Douglas Adams, qui embrasse le côté fun et absurde des aventures de Doctor Who. Un ton qui fonctionne admirablement bien ce qui me concerne : au mieux cela fait totalement une histoire (City of Death) car les bonnes idées derrière sont là pour soutenir les blagues, au pire cela permet au moins de ne pas trop s'ennuyer (dans Creature from the Pit notamment et Nightmare of Eden). Cela aurait été peut-être soulant à la longue, mais une saison de Douglas Adams était pile ce qu'il faut. C'est aussi une saison où, je trouve, Tom Baker brille plus que jamais. Son Docteur est populaire et attachant par nature, mais il est ici à son apogée depuis l'époque Sarah Jane Smith.
Une autre qui ne brille pas tant que ça, c'est Romana II. De loin la pire compagne que Tom Baker ait eu jusqu'à présent (sans compter Harry ou K9), pas à cause du personnage, plutôt convenable et stylée, paradoxalement moins "demoiselle en détresse" que ne l'était Romana I. Elle est souvent l'égale du Docteur dans des scénarios qui la mettent plus à l'honneur que sa prédécesseure. Le problème : l'actrice fait ce qu'elle peut mais ne réussit pas tout ce qu'on lui donne. Malgré une certaine prestance naturelle, dès qu'elle ouvre la bouche, c'est parfois assez cringe. Les fans semblent surtout s'exciter pour sa garde-robe, preuve que le personnage n'est pas des plus palpitants si je veux faire ma mauvaise langue...
K9 aussi est horrible cette saison, parce que le nouvel acteur choisi est vraiment à côté de ses pompes et insupportable à mes oreilles. Très subjectif je pense.
Heureusement quoiqu'on en dise, il y a toujours Tom Baker et Tom Baker, c'est toujours un acteur de fou qui est né pour le rôle. Cette saison le sublime encore plus que les autres je pense, même s'il flirte parfois avec la limite du "bouffon" dans certaines histoires, il est toujours là pour sauver les épisodes les moins bons, ou élever les meilleurs.
Pas d'arc de saison cette fois, mais je dirais presque que c'est l'humour qui transparaît à tout moment qui remplace l'arc. Une saison un peu à part, comme la saison 16, mais la meilleure pour moi depuis la sublime saison 14. C'est pour moi la meilleure de l'ère Williams (saisons 15 à 17) de loin, et elle se situe confortablement au milieu de mon classement des saisons de Tom Baker.
- City of Death - 16.5
- Shada - 15.33
- The Nightmare of Eden - 14.75
- Destiny of the Daleks - 14.25
- The Creature from the Pit - 11.75
- The Horns of Nimon - 8.75
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 13.56/13.69
Après le relatif fiasco saison 15, même si la saison avait ses qualités, elle restait une transition très mal gérée entre la team Hinchliffe/Holmes et la team Williams/Baker. Ces derniers se devaient de se renouveler. Leur solution : cette saison 16 avec une intrigue feuilleton sur la Clé du Temps qui donne un thème commun et un but à toutes les six histoires de la saison, retrouver les fragments de la fameuse Clé du Temps. Exit la compagne humaine, place à Romanadvoratrelundar, Romana (ou Fred ^^) pour faire plus court, une Time Lady qui sait aussi bien se débrouiller que le Docteur et qui est recrutée et non pas invitée dans le TARDIS.
Ce coup de frais fait un bien fou au show. Pour tous ses défauts, cette saison 16 restera en effet très charmante et je l'aime pas mal.
Premièrement, Romana I est une superbe compagne à mes yeux, qui challenge plutôt bien le Docteur, de façon plus ou moins variable selon son rôle dans les épisodes (certains ne lui faisant pas toujours honneur). L'actrice Mary Tamm est top et son animosité avec Baker et la série ne se ressent à l'écran qu'à travers des piques et des remarques cyniques qui, en fait, donnent beaucoup de charme et d'originalité au personnage et à leur relation. ENFIN ! Une compagne qui ne prend pas le Docteur pour Dieu dès qu'elle le voit ! Ce qui restait un peu le cas avec Leela. Romana ne se place pas en apprentie du Docteur, même si elle apprend beaucoup sur le côté "pratique" du voyage dans le temps, elle qui est la première élève assez agaçante et terriblement attachante. Sarah Jane avait déjà bousculé les choses à son niveau par rapport à une Jo Grant, Leela avait été un gros pied dans l'originalité, et Romana vient enfin finir l'entrée dans la "modernité" pour la série... enfin, du point de vue du personnage plus que des scénarios, comme je l'ai déjà dit. Mais il y a clairement eu un avant et un après Romana.
Ensuite, l'idée de la Clé du Temps qui donne toujours un but à chaque arrivée dans un contexte, dynamise le récit. Il a fallu sans doute un sacré boulot de showrunning pour Williams de faire marcher tout ça, et il s'en sort plutôt très bien. Il faut dire que c'est sur la base d'un pitch de saison feuilleton que Graham Williams a eu le post de producteur, un an auparavant pour la saison 15. Il peut donc enfin faire "ce qu'il veut" et ça marche plutôt bien.
Aucune histoire n'est véritablement à jeter et les ambiances sont suffisament variés pour que, même si toute la saison sans exception se compose d'épisodes avec des éléments futuristes (logique, la Clé du Temps ne va pas aller se cacher à Londres tout le temps...), l'ensemble forme un tableau assez charmant, avec des histoires "pseudo-historiques-futuristes" sur des planètes aux civilisations peu avancées (moyen-âgeuse pour The Ribbos Operation, chevaleresque pour The Androids of Tara).
La saison a cependant eu beaucoup de mal à se conclure, et cela se ressent. C'est une constante dans les trois saisons de Graham Williams pour la série. Il y a un assez gros fossé entre la qualité des trois premières histoires et les trois suivantes. Je dirais donc que la saison se joue en deux temps.
D'abord, un superbe opener The Ribos Operation, où le génie Robert Holmes se permet quelque chose à petite échelle et pourtant très drôle et mémorable. Ensuite, le chef d'oeuvre de la saison, The Pirate Planet, le premier script de Douglas Adams pour la série, un épisode extrêmement ingénieux et de loin mon préféré de la saison. Enfin, The Stones of Blood, pour un épisode qui se recentre sur des enjeux terrestres et qui démarre assez mollement pour finalement nous bluffer avec des changements de ton bien vus et des personnages mémorables.
Ensuite, s'il n'y a pas beaucoup d'épisodes à jeter non plus, la qualité baisse. The Androids of Tara est LE gros coupable qui a replacé Romana dans sa situation de demoiselle en détresse, une très mauvaise idée. Qui a pensé que parodier une histoire chevaleresque classique était une bonne idée avec une compagne pareille, qui était forcément destinée à remplir le rôle cliché ? Bien que joli, le sérial est beaucoup trop déjà-vu pour plaire. Enfin, les deux dernières histoires sont d'un cheap absolu. The Power of Kroll est vraiment horrible et a éloigné Mary Tamm et Robert Holmes de la série. Quand un épisode est tellement mauvais qu'il a causé des problèmes de production en plus de ceux qu'il induisait, c'est le signe que c'est vraiment un gros cas. Quant au final de saison, The Armaggedon Factor, il montre à nouveau la limite des "fins de saisons en six parties" popularisées par l'ère Hinchcliffe, avec beaucoup de creux au milieu, mais aligne tout de même quelques bonnes idées notamment dans sa dernière partie, qui conclut la saison de façon satisfaisante.
C'est donc une saison parfois inégale mais méritante. Je dirais que c'est l'une des saisons les plus normales, tout en restant assez innovante. Clairement, on retiendra deux éléments de la saison 16 : la superbe Romana, et le concept d'un fil rouge et des "Gardiens du Temps" qui enclenche une mythologie assez fascinante et qui s'éloigne un peu de Gallifrey comme on a beaucoup eu ces dernières saisons.
Ces éléments ont tout de même marqué la série durablement, puisqu'elle y reviendra par la suite, que ce soit sur des figures Gallifreyiennes innovantes, des compagnons rebels ou des histoires liées.
Un cap important !
- The Pirate Planet - 15.5
- The Ribbos Operation - 14.25
- The Stones of Blood - 13.5
- The Armaggedon Factor - 12.83
- The Androids of Tara - 11.25
- The Power of Kroll - 10
Moyenne de la saison (par histoire/par épisodes) : 12.89 / 12.88, très proches puisque la seule histoire au nombre de parties différente est pile dans la moyenne de la saison.
Difficile, de conclure l'ère de Tom Baker qui aura été la plus longue de l'histoire du show à ce jour - et probablement à jamais. Pour sa septième saison en plus, les circonstances ont fait qu'une nouvelle team totale est entrée dans les coulisses : John-Nathan Turner remplace Graham Williams à la production, Christopher H. Birmead remplace Douglas Adams sur le poste de "script editor"/showrunner, le compositeur change, les compagnons partent et trois autres débarquent, etc. Et les années 1980 sont là. Beaucoup de changement pour une saison censée offrir un dernier tour de piste au Docteur le plus chouchouté, une tâche difficile. Est-ce réussi ?
Globalement oui. Le début de la saison m'a beaucoup inquiété justement parce que tout est trop nouveau, que la team prend ses marques de façon beaucoup trop faiblarde. The Leisure Hive et son design épilleptique reste assez mémorable mais le scénario est une légère catastrophe. Méglos est encore pire et retourne dans la cheapness habituelle de la série. Ces deux histoires, de loin les pires de la saison, ne laissent clairement pas de place à Tom Baker de s'exprimer. Tout au long de la saison, l'acteur est dépossédé de sa vie, parfois malade en tournage, il a clairement vieilli moralement et physiquement et cela se voit sur son visage. Dénuée d'humour et de second degré pour faire passer ses idées loufoques, voulant aller à l'encontre de l'approche Douglas Adams de la saison 17, la série en prend un coup.
Fort heureusement, l'arrivée de la trilogie E-space avec Full Circle, est une véritable bouffée d'air frais. Les décors respirent, du vrai sang neuf a été choisi comme scénariste (un jeune fan de même pas 18 ans), on introduit enfin un nouveau compagnon après deux saisons et demi en la personne d'Adric, personnage certes pas ouf et à l'acteur amateur, mais à mon sens sur-haï sans raison par les fans, le tout dans une histoire classique mais ingénieuse où la série semble retrouver de ses couleurs. State of Decay poursuit les histoires dans l'univers E-space, avec un script de Terrance Dick très gothique à souhait qui n'est pas sans rappeler les classiques de Baker, Horror of Fang Rock ou Brain of Morbius. Avec cette histoire très second degré, fun et plutôt joli dans son macabre, la saison semble vraiment vouloir rendre un peu hommage à la période d'âge d'or de Tom Baker, où les histoires se suivaient toujours les unes sur les autres (en saison 12 avec l'arche de l'espace) et où l'inspiration gothique donnait lieu à de superbes trouvailles. Warrior's Gate enfin, conclut la trilogie sur une bonne note, bien que le scénario alambiqué le retienne un peu trop. Il reste un bel exemple d'innovation de la saison, visuellement hybride entre le macabre et le futuriste, et bien plus réussi que The Leisure Hive sur ce point.
C'est aussi l'occasion pour Romana II de tirer sa révérence, ainsi que celle de K9, dans un départ aussi expéditif que les autres de la série mais pourtant très joli pour cette compagne marquante, qui reste malgré tout celle que j'aime le moins de toutes les compagnes principales de Tom Baker, Lalla Ward en faisant souvent beaucoup trop. Le personnage aura eu cependant ses bons moments dans la saison, et la complicité avec Tom Baker, moins originale et amusante que la rivalité avec Romana I, reste une note forte pour une compagne globalement bad-ass et novatrice.
Enfin, The Keeper of Traken ouvre la "troisième" partie dans la saison avec une histoire franchement molassonne et pourtant incontournable puisqu'elle ramène le Maître. C'est en fait un simple avant-goût avec Logopolis, clairement le gros morceau de la saison, où les scénaristes deviennent fous, entre destruction de l'univers, révélation sur le TARDIS, les Time Lords et le fil rouge de l'E-space de la saison, alliance Maître-Docteur, introduction de deux nouvelles compagnes (dont Tegan qui semble juste géniale) et apparition prématurée fantômatique de Peter Davison, c'est sans aucun doute l'un des meilleurs finaux que la série ait sorti et il élève complètement la saison en donnant un sens au personnage du Docteur avec une sortie incroyable et très émouvante avec peu de choses.
Une saison en montagnes russes et assez inégale, mais riche en changement que ce soit dans le ton ou l'univers de la série, et qui vaut le détour notamment pour son sublime final et la régénération vraiment réussie de Tom Baker. La transition est globalement assurée, que ce soit dans le ton (même si c'était un peu violent au début de la saison), l'humour ou les compagnons/antagonistes, avec une "trilogie du Maître" qui se poursuivra immédiatement lors de la prochaine saison. Peter Davison a beaucoup de pression sur ses épaules pour réussir à égaler Tom Baker, mais d'un autre côté, cette saison démontra aussi les limites et la fatigue de ce dernier. Elle fut un relatif fiasco d'audience et je pense qu'il était temps de changer d'air. Pour citer les derniers mots du quatrième Docteur :
It's the end. But the moment has been prepared for.
Classement de la saison :
- Logopolis - 15.75
- Full Circle - 14.5
- State of Decay - 13.75
- Warrior's Gate - 12.75
- The Keeper of Traken - 11.5
- The Leisure Hive - 10.5
- Meglos - 9.75
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 12.64/12.64 - fun fact, il s'agit de la seule saison de l'histoire de la série qui ne possède qu'un seul type de format d'épisodes (ici, en quatre parties), ce qui explique qu'absolument aucune différence ne puisse être faite entre juger la saison par histoires ou en prenant en compte "l'importance" de ces histoires par nombre d'épisodes !
Je profite de cet avis sur la dernière saison d'un Docteur, pour livrer quelques tops généraux, car les tops c'est cool, et oui, je suis beaucoup trop "Statistax" :
Classement des saisons de Tom Baker (avec une moyenne grossière pour représenter les écarts) :
- Saison 14 - 15.0/20
- Saison 13 - 14.4/20
- Saison 12 - 14.0/20
- Saison 17 - 13.7/20
- Saison 16 - 12.9/20
- Saison 18 - 12.6/20
- Saison 15 - 12.4/20
Classement des compagnes de Tom Baker (entre parenthèses les compagnons "pas terminés", notés sur leur potentiel) :
- Sarah Jane
- Leela
- Romana I
- (Tegan)(oui, même avec seulement un épisode)
- Romana II
- K9
- (Adric)
- (Nyssa)
- Harry
La première saison de Tom Baker occupe une place très spéciale dans la série. C'est un peu l'équivalent "saison 5" pour la nouvelle série : le début d'une ère populaire, qui fait pourtant suite à une ère très populaire et le Docteur préféré du public jusqu'alors. C'est un pas dans la modernité et un très bon point d'entrée pour les curieux de la série classique. C'est par cette saison que j'ai en effet commencé, Robot étant mon premier classique ! Et c'est pourtant encore une structure limitée, qui ne représente pas tout à fait la grandeur de l'ère qui viendra.
On sent toutes les prémisses de ce qui fera l'ère qui va venir une des meilleures de la série. Premièrement, Tom Baker y est absolument fabuleux. Il habite le rôle du Docteur sous ses aspects, du plus cocasse et décalé au plus dramatique. Il s'adapte aux scripts, à leurs qualités ou leurs défauts, et transmet tous ses dialogues avec une main de Maître. Sa dynamique avec Sarah Jane est l'une des meilleures de la série classique, même si Elisabeth Sladen n'est pas toujours servie, principalement car l'introduction d'Harry Sullivan et le besoin de lui donner des scènes d'action, pousse Sarah parfois au second plan, avec les restes de ce que doit faire un compagnon : être en danger. Les personnages n'en restent pas moins toujours réussis, sauvant certains épisodes qui dans une autre ère, auraient été bien plus ennuyants sans un sourire de Tom Baker ou une réplique de Liz Sladen.
Et c'est aussi une saison très différente de ce qui viendra par la suite. Principalement car dans la période classique, la série était produite à l'année, et il fallait toujours anticiper d'une saison à l'avance les scénarios. Ainsi, l'ancienne team de production avait déjà commandé les 4 scripts à venir : une arche spatiale, un épisode Sontarien, un épisode Dalek et un épisode Cybermen. Et ils ont carrément été totalement en charge du premier sérial de Tom Baker, Robot ! Pas facile pour les nouveaux arrivants Robert Holmes au script, Philipp Hinchcliffe à la production, d'imposer leur marque... surtout quand Holmes détestaient les ennemis récurrents de la série et n'en a ensuite plus jamais ramené, et qu'on lui imposait ici de faire un truc avec les trois plus grands.
Et pourtant, quoi de mieux pour permettre à un Docteur et une team de se distinguer, qu'en jouant exactement sur le même terrain que les saisons précédentes et en prenant un autre angle d'attaque ? Robot est ainsi un premier épisode qui certes, est totalement résiduel de l'ère de Jon Pertwee, mais la performance des acteurs, l'intelligence derrière la simplicité du scénario et le ton de renouveau de l'ensemble suffit à en faire une très bonne introduction à la saison et au Docteur, en plus de simplifier la transition. On y voit clairement un Docteur plus détaché, plus alien et plus rieur que celui de Jon Pertwee, ce qui nous fait des vacances.
The Ark in Space impressionne ensuite immédiatement et témoigne de l'approche très mature, SF et avant-guardiste de Robert Holmes, qui a presque entièrement réécrit le script de base. Un des meilleurs sérials de la série, ni plus ni moins. Et cet épisode a aussi le mérite de lancer une intrigue fil rouge sur la saison, puisque toutes les histoires seront centrées autour de cette arche. Une idée assez cool qui renouvelle les enjeux de chaque épisode (le TARDIS n'apparaît pas du reste de la saison, ce qui est du jamais vu).
Ce concept élève The Sontaran Experiment, un épisode un peu médiocre, qui aurait été bien pire dans une autre saison. Ici, ce petit "two-parter" qui vient compléter The Ark in Space est la note faible de la saison, mais parvient à s'enchaîner sans trop de dégâts. Cela avant qu'on bascule sur le fameux Genesis of the Daleks, chef d'oeuvre incontesté de la série classique et à juste titre, puisqu'il nous saisit dès sa première scène pour ne plus nous lâcher avant la fin.
Il est un peu dommage qu'une saison qui a réalisé un quasi sans-faute s'écroule un peu sur la fin, avec un Revenge of the Cybermen en soi pas hideux mais assez plat, long et peu imaginatif, qui échoue à ramener les Cybermen après 6 ans de hiatus, et qui causera même à nouveau 7 ans de hiatus ! Dans la longue traversée du désert pour les fans des Cybermen, entre la saison 6 et la saison 19, il n'y a donc que ce Revenge of the Cybermen à se mettre sous la dent, et c'est un peu difficile à digérer. D'autant qu'ils ne sont pas la pire partie de l'épisode, et que c'est la réécriture de Robert Holmes qui a clairement tout niqué.
La dernière partie du final est d'autant plus étrange qu'elle donne la sensation de ne pas boucler la saison. Et en effet, c'est le premier sérial de la saison 13, Terror of the Zygons, qui était censé la conclure, ce qui a beaucoup plus de sens. Toujours est-il que si l'épisode sontarien est un peu limité, et que l'épisode Cybermen nous laisse sur notre faim, ils ont le mérite d'être assez courts et de passer vite. Ils n'empêchent pas cette saison 12 de briller, surtout grâce à son casting, et grâce aux sommets atteints par The Ark in Space et Genesis of the Daleks.
Cette saison 12 a donc encore ses limites, parce que la créativité de Holmes n'a pas encore pu être totalement libérée, il n'empêche qu'on comprend tout de suite où Doctor Who veut nous amener : vers une série plus alien, plus centrée sur des enjeux sérieux notamment autour de la science - un thème commun aux quatres premières histoires, tout en étant bien plus décalée. A l'image de son Docteur, en fait. C'est certes un brouillon d'ère, qui tâtonne encore un peu et se cherche encore, mais si c'est un brouillon, on a qu'une hâte : voir le résultat final. Et autant dire que les deux prochaines saisons ne déçoivent pas...
- Genesis of the Daleks - 16.17
- The Ark in Space - 15.5
- Robot - 13.25
- Revenge of the Cybermen - 11.25
- The Sontaran Experiment - 11
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 13.43/13.95. Il est logique de constater une si grande différence (la plus grande de tous les classics je pense) entre la note des parties et la note des sérials, puisque le pire sérial ne contient que 2 épisodes et le meilleur de très loin en contient 6. Leur donner le même poids a peu de sens ici et se dire "deux histoires sur cinq sont décevantes" fait peu honneur à la saison et au souvenir très positif qu'elle nous laisse.