Avis sur les séries
Avis sur les saisons
C’est un petit fiasco et de loin la pire saison que j’ai vue des classics, ce qui lui vaut mon premier avis neutre. Yay !
En même temps, contrairement au miracle saison 23, le chaos productif a ses limites pour donner quelque chose de bien. Preuve que ce qui change tout pour la série, ce n’est pas l’argent ou la stabilité, mais la motivation. La différence avec Trial of the Time Lord en termes d’ambition et de réussite est gargantuesque car après le hiatus post-saison 22, toute l’équipe était surmotivée pour revenir en force. Ici, Baker n’avait pas envie de partir, JNT ne mourrait pas d'envie de rester, et on se retrouve avec l’exact opposé. Être fauché ou se battre avec la BBC est une chose, mais quand tout ce qu’il y a derrière les coulisses est la frustration au sein même de l'équipe et juste un gagne-pain, ça donne… la saison 24.
Dès le début avec la transition Six -> Seven, tu sens que c’est la merde. Le problème de taille, c’est que la team TARDIS est entièrement inefficace, et ça n’était jamais arrivé. A ce stade, je n’aime pas Seven. Même quand Five était un peu mollasson dans sa première saison, il avait un gang de compagnons et d’idées pour l’accompagner. Et quand il était un peu effacé face au lore gargantuesque de sa seconde saison anniversaire, il y avait… toujours Tegan déjà, et ausi le lore gargantuesque, justement. Alors que Seven n’est pas écrit, très peu caractérisé, et le peu qu’on a de lui ne me botte pas et ne colle pas à ma vision du perso. On dirait une sorte de Two adouci (petit, un peu pitre, joue d’un instrument…) sans les pointes imposantes qui vont avec. Son Docteur est malheureusement sans saveur.
Quant à la pauvre Mel, elle avait eu un démarrage original et ambitieux issu d’un problème de production, mais on lui a coupé l’herbe sous le pied lors du départ de Six, rendant caduque toute possibilité de jouer avec la timeline et d’explorer une River Song avant l’heure. Tant d’éléments avant-gardistes qui n’ont pas pu voir le jour, c’est si frustrant. En termes d'acting, McCoy n’a pas un jeu fantastique non plus, mais difficile de dire avec certitude si c’est lui le problème, l’écriture ou la direction. Il reste un peu attachant à sa manière, mais n'a rien de mémorable pour le moment. Langford fait ce qu’elle peut, mais on décèle quasiment son envie de partir.
Ramener la Rani et Glitz donne une forme de familiarité à la série, et la volonté très forte de faire comme si de rien n’était transparaît dans les épisodes… et ça a peut-être marché pour les spectateurs de l’époque (encore que…), mais ça apparaît au mieux fainéant, au pire hypocrite aujourd’hui. Le fait d’assumer aussi peu le non-changement est étrange, probablement le fruit de la transition de script editor entre Saward et Cartmel, ce dernier étant encore trop dans la précipitation ou hésitant ? Ou peut-être que les gens s'en battaient un peu les reins de la série à ce stade. Toujours est-il que ça manque de vision.
L’avantage de la saison, c’est qu’elle ne fait que s’améliorer dans la médiocrité : de l’abyssal fin de Time and the Rani, on arrive sur un Paradise Towers bien pensé mais qui s’essouffle vite. On enchaîne sur Delta qui a le mérite d’apporter des couleurs et du fun, et on respire enfin avec Dragonfire, sans non plus être subjugué. L’entrée d’Ace est bien la chose la plus libératrice de cette saison. Elle est le prototype de la compagne moderne du New Who, et déjà assez marquante. C’est probablement le seul serial de la saison qui vaut vraiment le coup... tout en confirmant les défauts de toute la saison, de l’inexistante Mel aux bouffonneries McCoyiennes, sans parler du budget.
La saison n’est pas non plus une purge : c’est du Doctor Who et je trouve des choses attachantes dans chaque histoire. J’ai du mal à détester tant que ça Time and the Rani rien que pour la Rani ; j’aime beaucoup les premières idées et l’humour de Paradise Towers (les mamies cannibales <3 Pex <3) ; je suis fan du rythme et de l’ambiance de la plupart des histoires de la saison et cela se ressent dans Delta and the Bannermen plus que tout ; et Dragonfire est objectivement la plus aboutie et constante. Les deux histoires en trois parties sont un nouveau format pour la série (le dernier remontait à la saison 2 !), et sont les plus réussies.
Preuve que la team actuelle prend un peu ses marques, et qu’avec l’entrée en matière de leur compagne et une vraie liberté pour la suite, on risque d’avoir de meilleurs résultats ? Ce sera difficile de faire plus médiocre en tout cas.
Mon classement de la saison :
- Dragonfire - 13
- Delta and the Bannermen - 12.67
- Paradise Towers - 10.5
- Time and the Rani - 9
Moyennes de la saison (par histoires / par épisodes) : 11.29 / 11.07, gros déséquilibre car les deux histoires plus longues sont nettement les deux pires. Ce qui rend le temps de la saison assez long quand on regarde...
Pour l’instant, la saison 24 est la plus mauvaise. Difficile d’imaginer que la série pourra encore atteindre des sommets après cela, et en même temps, c’est aussi en partie pour ça que c’est le début de la fin : drôle de saison dans la série, finalement, à la fois un renouveau et le début d'une chute...
Après la pire saison de la série, on enchaîne avec une des meilleures. Voilà ce que j’appelle un rattrapage réussi ! Et la preuve qu’avec un peu de préparation, d’ambition et de confiance, une équipe aux commandes de Doctor Who peut toujours se surpasser la seconde fois et montrer vraiment quelle est leur vision (c’est en général toujours le cas, de toute façon, une progression entre une saison et la suivante dans les mêmes conditions).
Presque tous les épisodes sont bourrés d’idées et de fun, ce qui fait un bien fou. Le niveau des scripts et de la réal’ a augmenté exponentiellement depuis les deux-trois précédentes saisons. Et surtout : on retrouve enfin une team TARDIS fonctionnelle et régulière sur toute une saison, une première depuis la saison 17.
Ace est juste géniale et de loin ma compagne préférée depuis Tegan, celle qui est la plus naturelle et le mieux employée dans tous les cas. Quant à Seven, quelle transformation ! Sa version du Docteur en saison 24 est probablement celle que j’aimais le moins de toute la série, mais on sentait évidemment que c’était lié aux scripts. Ici, il est très réussi et surtout, on met les bouchée doubles pour rattraper le retard accumulé. Daleks, Davros, Cybermen, plein de scènes fusionnelles avec sa compagne et plein de dialogues de haute volée avec des ennemis puissants : Seven est au top de sa forme dans une saison qui veille à lui dessiner une aura imposante plus grande que sa (petite) personne. Le contraste entre le pingouin surexcité de la saison 24, pâle copie de Patrick Troughton, et l’habile maître d’échecs de la saison 25, sans doute plus malin que tous les autres Docteurs réunis (c’est en tout cas l’impression qu’il dégage), est une réussite totale.
Les histoires ont toutes au moins l’ensemble des critères suivants, à une exception maximum près à chaque fois : un script de qualité, une réalisation au-dessus du lot, une vision du Docteur au-dessus des autres qui réinvente le perso, et un propos supplémentaire meta, creusé et original.
Remembrance of the Daleks est la meilleure histoire de la saison, probablement parce qu’elle coche toutes les cases que j’ai citées. C’est le retour tonitruant et l’entrée de la série dans la modernité, avec une auto-réflexion géniale sur le parcours que la série a eu jusque là. Quelle plus belle façon de célébrer les 25 ans (à part avec Silver Nemesis) ? Des personnages au top de la forme et le Docteur qui met les points sur les i avec l’audience sur qui il est, et un set-up tout trouvé à la fois pour la nouvelle série de RTD et la Guerre du Temps, ou la série 2.0 de Chibnall avec le Docteur spécial.
The Happiness Patrol réduit un peu la cadence sur la posture divine du Docteur, mais elle met les bouchées doubles sur tout le reste, avec une morale vraiment intéressante sur la coexistence du bonheur et de la mélancolie, un scénario mature accompagné d’une imagerie marquante. C’est sans aucun doute l’histoire la plus classique et la plus simple de la saison, mais elle n’est pas moins dense que les autres au contraire, boostée par le nouveau format des trois épisodes qui aide vachement les deux histoires du milieu de saison à ne pas couler l’ensemble comme habituellement.
Silver Nemesis justement bénéficie à fond du coup de fouet du format dans l’histoire. Par contraste, c'est le plus décalé que la série ait fait, mais c'est aussi l’une des plus hilarantes. La cohérence est un peu au placard, mais elle réussit presque plus que Remembrance à replacer le Docteur comme figure mystérieuse d’exception - et elle le fait vraiment de nulle part. De loin l’histoire la plus sous-évaluée de la saison, qui a probablement eu un impact énorme sur l’ère de Matt Smith 25 ans plus tard et a forgé une partie de la nouvelle série telle qu’on la connaît, ce qui complète à la perfection Remembrance of the Daleks sur tous les points.
The Greatest Show in the Galaxy résume plus ou moins toutes les qualités de la saison initialement, ce qui en fait un bilan méta intéressant (dès le titre) : visuels aguicheurs, script aiguisé prometteur, du meta à ne plus savoir quoi en faire et des tas de thématiques qui se battent pour savoir laquelle sera prédominante (horreur, robotique, second degré, lore mystique…)... avant de s’écrouler un peu sur la dernière partie, en ne poussant pas assez son Docteur-Dieu, justement. C’est le serial le plus difficile à aborder pour ma part, puisqu’un peu à l’instar d’un numéro de cirque, le tout est moins que la somme de ses parties : au début ça partait en Mad Max un peu loufoque, ça a continué avec des personnages super et plein d’idées, et ça a enchaîné avec du meta de dingue, mais au fond la dernière partie t’a fait comprendre que toute la substance de l’épisode était un peu vide, et je n’avais juste plus envie d’y revenir.
Mais c’est aussitôt oublié pour cette saison 25 qui s’est attachée à être la si bon élève redoublant et brillant partout cette fois. Elle est, à juste titre, bien réputée chez les fans. Même si je note qu’à part sur Remembrance, je n’ai jamais vu la fanbase aussi larguée sur une saison à mes yeux. Sur les trois autres serials, je trouve les gens complètement à côté de la plaque dans ce qu’il faut retenir ^^ A part citer à fond Thatcher, personne (toute proportion gardée) ne capte vraiment de quoi The Happiness Patrol veut parler ; pour Silver Nemesis ça s’arrête à du “copié-collé de Remembrance !” en inventant des incohérences sans tenir compte de toutes les spécificités de l’épisode. Et je ne parle même pas de Greatest Show, où je suis abasourdi d’entendre des avis premier degré sur tout l’épisode, sans voir le lien méta avec la série ou en encensant la dernière partie par rapport aux “ennuyantes” premières parties. What ?
Parenthèse refermée, accordons-nous sur le regain de qualité de la série avec cette saison, qui ne peut que faire plaisir à tout fan. Il est triste de réaliser que la série, à ce stade, est déjà condamnée, mais j’ai hâte de voir à quel point la série classique nous laisse sur une haute note et jusqu’où a pu être poussée la vision d’Andrew Cartmell sur le show.
Classement de la saison :
- Remembrance of the Daleks - 15.75
- Silver Nemesis - 15
- The Happiness Patrol - 14
- The Greatest Show in the Galaxy - 12.5
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 14.31 / 14.29, l’opener et le final se contrebalançant très bien. La saison titille ainsi de très près mon top 3 pour la série, un bel exploit !
Clap de fin pour la série classique, pas au moment espéré, mais qu’à cela ne tienne : comme toujours, Doctor Who fonctionne avec ce qu'elle a !
La production a dû ainsi composer avec l’idée de donner suite aux aventures d’Ace et de Seven, suite qui ne verra jamais le jour, nous laissant heureusement plus que des miettes et du teasing en guise de dernière proposition, mais pas vraiment de conclusion digne de ce nom non plus. Cette 26ème saison reste toutefois, non seulement très intéressante et riche, mais aussi très réussie et l’une des meilleures des classics.
Sans atteindre le niveau inouï de la saison 25 à mes yeux, car la saison 26 est peut-être un peu plus inégale et évidemment frustrante sur certains point, elle est forte d’une superbe cohérence entre ses épisodes et ses arcs. Plus que jamais, le Docteur de Sylvester McCoy est caractérisé de façon unique comme étant un joueur aussi bien stratège que rieur, qui comprend tout mieux que tout le monde et fait face à de vrais concepts et entités impressionnantes en guise d’antagoniste. Que ce soit la magie d’une autre dimension, les notions abstraites d’une autre époque ou le Mal personnifié qui a rongé la série : cette saison est vraiment originale sur ce point et se détache des habituels monstres en carton. Même s’il y en a, avec Anthony Ainley et des canines en plastique ou des chats en costume, aussi.
Si le superbe développement de Seven n’est pas nouveau et n’est que la prolongation de ce que la saison 25 avait entamé, celui d’Ace est déjà plus inattendu. Ace est en effet le dénominateur commun à trois histoires sur quatre de la saison, avec une trajectoire vraiment intéressante sur son passé, son présent et son futur, représentées respectivement par la trilogie Ghostlight (qui explore ses peurs d’enfance), Curse of Fenric (qui appuie son évolution depuis ses débuts et l’aident à traverser ses peurs pour de bon) et Survival (qui souligne physiquement le changement et tease sur ce à quoi elle pourrait ressembler par la suite, plus forte que jamais). C’est excellent, surtout porté par l’incroyable épisode final de Fenric qui est la pierre angulaire de la saison, de l’ère McCoy et peut-être même de la série, vu comment ses twists ont pu inspirer les futurs showrunners de la série de 2005 dans leurs compagnes, que ce soit les voyages extraordinaires des compagnes de RTD ou les explications interconnectées de Moffat.
Pour faire un bref tour d’horizon des épisodes : Survival est une introduction parfois peu représentative de la saison, non seulement par son humour et sa légèreté, mais aussi par son focus presque entièrement dédié à une histoire du jour assez simple. D’un autre côté, les traits de McCoy, le scénario fantaisiste entièrement basé sur du hors-champ, le cheap côtoyant l’atmosphérique, sont d’autant d’éléments qui intègrent très bien le reste de la saison. Et puis, le retour du Brigadier assure une certaine continuité et forme de conclusion nostalgique, encore un hasard bienheureux.
Il reste un petit peu à part précédent ce que les fans appellent parfois la trilogie d’Ace. Ghostlight est probablement l’épisode le plus space de la série toute entière depuis Warrior’s Gate, à mi-chemin entre le génial et le funambulesque, difficile à cerner tout d’abord, avant d’être presque désagréable, pour finalement m’avoir saisi avant son générique de fin. Je pense tout de même que les contraintes liées à l’emploi du temps/le format, et l’influence du radin JNT sur le lore (à savoir ici, l'absence de lore) concernant le Docteur alors qu’il affrontait des ennemis intemporels, endommagent l’épisode. Episode qui aurait autrement pu gratter le rang du chef d’oeuvre sans problème. Reste tout de même une histoire extrêmement originale et un centrage inattendu sur Ace…
… que The Curse of Fenric poursuit, et sublime. Si les débuts sont classiques et apportent leur lot de bons ou mauvais présages, la fin est possiblement la meilleure partie d’épisode de toute la série à ce jour. J’ai été absolument ébouriffé par ce que la série pouvait faire en 1989, que ce soit sur le plan narratif, politique ou meta, avec un climax plus ou moins parfait. De quoi solidifier définitivement Ace et son ère comme une des meilleures périodes de la série.
Survival ne démérite pas en guise de finish, mais c’est possiblement l’histoire qui bénéficie le plus de l’effet “fin de série involontaire", représentant la série sous tous ses aspects (y compris les mauvais), et laissant entrevoir ce qu’elle pourrait devenir si elle survivait… ce qu’elle fera sans trop de mal au final.
Les épisodes partagent aussi malheureusement quelques problèmes : je trouve le rythme plus chancelant que les précédentes saisons, avec un montage en général totalement à la rue. Battlefield est sans doute bien trop long, Ghostlight bien trop court. Mais ce sont des défauts qu’on peut aisément oublier face à la cohérence du reste. Rappelons aussi tout de même que les scripts sont dans l'ensemble d'une qualité assez raffinée, et que Sylvester McCoy et Sophie Aldred sont fabuleux et aussi bons dans le conflit que dans la complicité.
Une saison innovante, expérimentale dans tous ses épisodes, parfois avec quelques loupés, mais parfois atteignant de véritables sommets. Et surtout, une saison importante dans l’histoire de la série, car elle est à la fois la fin de quelque chose, et le début de plusieurs idées qui seront reprises à différents stades dans le futur canon de la série, que ce soit dans un premier temps par les audios, puis par le film, en passant par la nouvelle série sur la place de la compagne, sans oublier la bombe mythologique presque sous-entendue par la saison que Chris Chibnall a tout récemment fait exploser en 2020 - l'ère de Chibnall qui, ironiquement, se conclura en 2022 par un hommage évident à l’ère d’Ace...
La boucle est ainsi bouclée pour une saison qui semble intemporelle, aussi bien dans ses histoires, ses ennemis et ses personnages, que dans sa place pour la série !
Classement de la saison :
- The Curse of Fenric - 15.5
- Ghost Light - 14
- Survival - 13.67
- Battlefield - 12.25
Moyenne de saison (par histoires / par épisodes) : 13.85 / 13.86 - moyennes très proches comme les deux histoires les plus longues sont aux deux extrêmités et se compensent parfaitement, ou pour reformuler : The Curse of Fenric est tellement bon qu'il porte encore une fois tout le reste !
Et pour la dernière fois, je fais également mon bilan de Docteur :
Classement des saisons de Seven (avec une moyenne très arrondie juste pour se donner une idée du gap ahurissant entre la première et les deux autres) :
- Saison 25 - 14.5/20
- Saison 26 - 14/20
- Saison 24 - 11/20
Et enfin, un rapide classement des épisodes de Seven à la louche :
- Remembrance of the Daleks - 15.75
- The Curse of Fenric - 15.5
- Silver Nemesis - 15
- The Happiness Patrol - 14
- Ghost Light - 14
- Survival - 13.67
- Dragonfire - 13
- Delta and the Bannermen - 12.67
- The Greatest Show in the Galaxy - 12.5
- Battlefield - 12.25
- Paradise Towers - 10.5
- Time and the Rani - 9