Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Une saison anniversaire qui n'a plus du tout l'attrait de la nouveauté de la saison 19 et qui compense par une bonne dose de fanservice et de créativité, deux concepts loin d'être antagonistes quand bien même le premier est diabolisé.
C'est une saison en trois temps : d'abord, on t'annonce la couleur avec deux retours inattendus d'anciens ennemis tout en recentrant les événements sur Tegan qui avait quitté le TARDIS bizarrement en fin de saison 19. Ark of Infinity est ainsi très ambivalent, autant j'aime toujours beaucoup le contexte de Gallifrey et je trouve le retour d'Omega intéressant sur certains points, autant malgré les paysages d'Amsterdam très jolis le retour de Tegan est complètement con et les courses poursuites trop longuettes. Cela reste un bon premier épisode qui annonce très bien les thèmes de la saison (les retours, l'immortalité), et l'un des meilleurs de Nyssa. Snakedance fait ensuite suite à Kinda et ce que l'épisode perd en originalité vis à vis du concept et de l'ambiance, il gagne en clareté et en rythme, même s'il ne fait pas mieux que son prédécesseur sur beaucoup d'aspects.
La saison entre enfin dans le vif du sujet avec la Black Guardian Trilogy, nom franchement mensonger et peu adapté pour une série d'épisodes avec presque aucun rapport et qui fait le grand écart qualitatif. Si Mawdryn Undead continue le festival de référence et ramène le Brigadier dans une histoire originale et terriblement efficace, avec un compagnon super original en prime, Terminus marque le départ de Nyssa avec une histoire totalement balek, sans aucune réf, complètement aléatoire et n'ayant rien à faire dans la saison. Ce petit épisode gênant passé, on entame avec la meilleure histoire de la saison, de Five et l'une des meilleures tout court : Enlightenment, un petit OVNI bijou magnifique et bien écrit, qui démontre que la série sait toujours impressionner et qui illustre bien le fait que l'ère de Five tente des choses assez poétiques avec brio.
La saison se conclut ensuite par le final le plus balek de l'histoire si on le compte comme tel. Un petit quasi pseudo-historical avec le Maître qui introduit un compagnon à nouveau assez original, qui est globalement inoffensif et sympathique même si après nous avoir habitué à autant de grands retours, on aurait aimé le Time Meddler à la place. Le vrai final étant bien évidemment The Five Doctors, que j'aime énorément malgré ses défauts et qui est vraiment massif dans la série encore aujourd'hui.
Peter Davison peine à me convaincre cette saison par rapport à la précédente, pour la majeure partie en tout cas, mais il se révèle dans The Five Doctors qui aide à lui donner beaucoup plus d'ampleur. Suite à une discussion avec Patrick Troughton sur le tournage de ce dernier, Peter Davison choisit de s'arrêter à trois saisons et va donc bientôt entamer sa dernière année. Je suis curieux de voir son évolution sachant que Tegan devrait en toute logique bientôt partir dans la prochaine.
Une saison anniversaire très plaisante, qui rivalise avec la plupart des saisons de Tom Baker notamment, avec un thème transversal assez maîtrisé tant dans la forme (une célébration de références et de retours) que dans le fond (l'accès à l'immortalité et le vieillissement des persos), qui tranche très bien avec Five. Bien qu'un peu irrégulière, surtout dans le traitement de ses personnages, l'ère de Five continue d'être solide, avec ici notamment trois excellentes histoires et aucune véritablement à jeter.
- Enlightenment - 15.75
- The Five Doctors - 15
- Mawdryn Undead - 14.75
- Arc of Infinity - 13
- The King’s Demons - 13
- Snakedance - 12
- Terminus - 10.5
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 13.43 / 13.52 (The Five Doctors considéré comme un sérial en 5 parties).
On conclut l’ère du Cinquième Docteur par une ultime troisième saison sacrément inégale. La moins bonne de Five et par extension une des moins bonnes de toutes, même si elle reste tout de même décente et possède plein de bonnes choses.
Il y a un gros problème de direction et de cohérence globale. Entre le premier épisode et le dernier, absolument tout change, de la direction aux acteurs. C’est un peu inévitable dans une saison qui choisit, pour la première fois depuis la transition One -> Two, de faire figurer deux Docteurs : Colin Baker démarre en effet par le final de cette saison et non pas par le premier épisode d’une nouvelle saison. Et oula quel final…
Mais même sans considérer ce changement, en se limitant à la “saison 21 Davison” (les cinq premiers serials, donc) : les épisodes sont déstructurés et la direction floue. On a tantôt des épisodes qui ont été, comme d’hab, une galère à produire et qui aurait dû être dans la précédente saison anniversaire vu la dose de fanservice (Warriors of the Deep). Tantôt des choses totalement nouvelles qui auraient mérité plus d’épisodes (The Awakening). En termes de gestion des personnages c’est aussi assez mal branlé. On a souvent un rappel aux origines de Turlough, qu’on n’explore vraiment qu’à la toute fin de la saison, tandis que Kamelion, idée avortée de compagnon robotique, est absent toute la saison ou presque.
Malgré cela comme toujours, la team derrière la série s’assure au max de faire une saison lisse et de compenser pour toutes les irrégularités des coulisses, et cet exercice est souvent plaisant à voir. Il y a en dépit de tous les problèmes des épisodes, une direction claire : cette saison a été vachement noire. Et le personnage de Five brille ici plus qu’il n’a jamais brillé depuis ses débuts à mes yeux puisqu'il perd toute sa zone de confort.
Ce Docteur “vanilla” ultra basique et un peu chiant se retrouve complètement malmené dans beaucoup de ses dernières histoires et c’est un véritable plaisir de suivre sa chute. Sans ça, et s’ils avaient opté pour une approche “mollassonne” dans sa dernière saison (à la Matt Smith), son Docteur aurait été sans problème dans le bas du panier incontestable de la série pour moi. Mais ici, il peut se défendre face aux autres. Entre les massacres de Warriors of the Deep ou Resurrection of the Daleks, les morts abondantes et le double-départ de compagnons Tegan + Turlough, la mort du Maître, sans parler de la tragédie Androzani, Five n’est pas épargné et c’est vraiment cool de voir un ton global à la saison, qui éclaire son Docteur sous une lumière différente et permet à Davison d'avoir de quoi jouer.
C’est à peu près les seules choses que j’ai à dire de façon “globale” sur la saison. Le reste est classique : une production chaotique sur certains épisodes, un manque de budget évident sur d’autres mais des épisodes super beaux à côté (Planet of Fire grâce à la superbe réal Fionna Cumming), une construction pas très futée (un seul épisode dans le passé qui est un double-épisode, tous les autres sont des décors cartons dans le futur). Le niveau médian des épisodes est plus faiblard que la moyenne mais c’est finalement une saison assez conventionnelle qui nous livre tout de même deux bons épisodes, dont un chef-d'œuvre.
La saison est, comme la précédente, en trois temps en termes de sérial. D’abord une première moitié de la “saison Davison” assez horrible, constituée de trois histoires qui ont du mal à aller quelque part. Warriors of the Deep est un sérial dont on retient uniquement l’idée du premier épisode (crossover entre deux monstres de la série) et le dernier (ce massacre et cette fin ultra morose) mais ultimement une belle catastrophe au milieu. The Awakening a le mérite d’être un two-parter aussi rempli qu’un four-parter chez les classiques, ce qui lui donne un rythme “normal” d’un point de vue du standard moderne, et l’ambiance y est plaisante même si tout semble précipité. Frontios est une déception de taille pour le scénariste Bidmead qui a toujours fait des trucs qui me parlent, mais il sent trop le réchauffé et perd en puissance à chaque épisode. C'est cela dit, l'histoire sur laquelle j'ai le plus d'espoir en termes de revisionnage un jour. Qui sait.
On arrive ensuite dans la seconde moitié de Davison beaucoup plus réussie, avec d’abord Resurrection of the Daleks. Ce sérial sauve clairement la saison avec une identité visuelle et thématique marquante et un départ de Tegan sensationnel et ultra sensé. Il donne le ton sur l’ambiance sombre de la saison. Planet of Fire ensuite, est une histoire un peu alambiquée mais dépaysante et avec deux ou trois bonnes idées éparpillées (le Maître miniature et sa fin sérieuse, les origines de Turlough qui donnent un intérêt à ce personnage...), et une Peri qui redynamise la série comme aucun compagnon ne l’avait fait depuis Romana. Et enfin the Caves of Androzani, sérial immensément surestimé aux yeux des fans à mon sens mais qui a le mérite d’être écrit par Robert Holmes, donc bien écrit, en mixant politique et tragédie. Et qui offre une régénération sombre et pleine de sens, ce qui colle parfaitement à l’arc final de ce Cinquième Docteur. Et puis c’est sans doute une des meilleures performances de Davison, notamment le fameux troisième cliffhanger.
Et puis le dernier tiers de la saison pourrait presque être composé uniquement de The Twin Dilemma tant il y a des choses à dire sur cet affreux épisode. Mais comme pour Androzani, je serai plus mesuré : les deux premières parties sont décentes et Colin Baker est génial de A à Z : Six est parfois un peu dans l’excès de son Docteur antipathique mais moi qui ait peu accroché à Davison finalement, c’est un véritable second souffle d’être scotché à l’écran par un acteur charismatique. On ne peut pas en dire autant de l’histoire, qui s’effondre totalement sur les deux dernières parties, mais avec un tel retour du personnage, difficile pour moi de placer ce sérial ne serait-ce que comme pire de la saison.
Classement de la saison :
- Resurrection of the Daleks - 15.5
- The Caves of Androzani - 14
- Planet of Fire - 13
- The Awakening - 12.5
- Frontios - 11
- The Twin Dilemma - 10
- Warriors of the Deep - 9.75
Moyenne de saison (par histoires / par épisodes) : 12.25 / 12.23
Et vu que c’est aussi la fin de Five, je me permets de ressortir mon côté Statistax avec un classement de ses saisons et de ses épisodes (ce que je ne m’étais pas permis pour Tom Baker car yen avait juste TROP) :
Classement des saisons de Five avec une moyenne très arrondie pour voir les écarts :
Saison 20 - 13.5/20
Saison 19 - 12.5/20
Saison 21 - 12/20
Classement des épisodes de Five :
- Enlightenment - 15.75
- Resurrection of the Daleks - 15.5
- Earthshock - 15.25
- The Five Doctors - 15
- Four to Doomsday - 14.75
- Mawdryn Undead - 14.75
- The Caves of Androzani - 14
- Black Orchid - 14
- Arc of Infinity - 13
- Planet of Fire - 13
- The King’s Demons - 13
- Castrovalva - 12.75
- The Awakening - 12.5
- Kinda - 12
- Snakedance - 12
- The Visitation - 11.5
- Frontios - 11
- Terminus - 10.5
- The Twin Dilemma - 10
- Warriors of the Deep - 9.75
- Time Flight - 9.5
Une saison compliquée pour entamer ce run de Colin Baker (et quasiment tout voir au passage, triste injustice).
Une chose est sûre avant tout : Colin Baker est super. J’adore son charisme, son jeu détaché et tendre à la fois. C’est le premier acteur à être déjà fan de la série et quelque part, cela se sent. J’adore la personnalité de Six et, sa dynamique avec Peri est presque la seule bonne chose de cette compagne, mais c'est vraiment une superbe dynamique. Je crois que sur les 13 épisodes de la saison il n’y en a pas un seul où je ne vante pas ce Docteur dans mes avis, comme Tom Baker en son temps. Five a beau avoir largement glow-up dans son ultime saison, ça m’a beaucoup manqué de retrouver un portrait du personnage du Docteur qui me parle, que je trouve intéressant et qui colle vraiment à l’image que j’ai de ce "héros". Presque tous les épisodes de cette saison le mettent en valeur, il est particulièrement déroutant au début, et de plus en plus attachant à la fin. Bref, top.
Même si le costume est horrible ! Bordel, JNT, pourquoi ?
Autrement, c’est une saison qui manque juste d’une chose : une qualité de scripts à la hauteur. Niveau construction je n’ai en soi rien à dire : j’aime l’idée d’ouvrir avec les Cybermen et de conclure avec les Daleks, et que ce soit full continuité. J’aime le fait de ramener le Maître seulement avec l’introduction de la Rani, j’aime le fait de ramener un Docteur et un ancien compagnon dans un épisode “random”. C’est à la fois une saison qui innove et qui reprend aussi la formule classique, en revenant à la dynamique Docteur + une seule compagne terrienne.
Le gros problème est surtout le ton si bizarre de beaucoup d’histoires. La série se perd un peu dans un “humour” dramatique parfois gênant qui se mêle à des histoires violentes, mais finalement beaucoup moins percutantes que celles de Five. C’est inégal entre les histoires mais on peut tout de même en faire une certaine généralité. Je regrette aussi, c’est très personnel mais bon, un nombre d’épisodes dans le passé trop faible (juste un seul, et un mini-caméo dans Timelash).
Il faut aussi parler de Peri. Entre les mains de scénaristes/producteurs qui la respectent, elle aurait probablement été une des meilleures compagnes. Je la trouve malgré tout attachante et pas si mal, j’aime beaucoup ses chamailleries avec le Docteur et la tendresse entre les deux qui se cache derrière. Le souci est vraiment que certains scripts, surtout en deuxième moitié de saison, ne lui donnent JA-MAIS (mais genre, pas UNE SEULE fois) une chose à faire. Potiche, demoiselle à sauver, plante verte : elle passe par tous les stades mais sa fougue des débuts où elle tenait tête face au Maître (ce qu’elle refait dans The Mark of the Rani tout de même) disparaît parfois totalement dans des histoires comme Timelash ou Revelation of the Daleks. C’est dommage de ne pas exploiter proprement cette compagne, qui me fait souvent rire et que je trouve assez touchante dans son rapport avec un Docteur si imprévisible. Je reste convaincu qu’elle forme un super duo avec Six, et même s’il ne lui reste plus longtemps à bord du TARDIS, j’espère qu’elle aura droit à quelques derniers bons moments.
Bref, en tout cas dans l’ensemble, cette saison est à peu près dans la même veine que la précédente à mes yeux, et n’a rien à envier à d’autres saisons de la série, certes un peu “bas du panier”.
Les deux premières histoires sont de loin les meilleures. Le format 45 minutes est rafraîchissant pour le rythme et la narration et j’aurais aimé qu’il soit conservé par la suite, avec des histoires vraiment créées pour. La dynamique Doc/Peri est super fun et globalement c’est bien écrit : Attack of the Cybermen et sa violence “Sawardienne” très réussie, et Vengeance of Varos et sa satire méta sur le monde télévisuel qui est pertinente encore 30 ans plus tard, sont de loin les deux meilleurs de la saison. The Mark of the Rani est dans la même veine mais se rabougrit un peu dans sa deuxième partie : Kate O’Mara suffit à peine à masquer un script assez médiocre et typique de l’ère 80’s, mais dans l’ensemble ça marche, toujours porté par Colin Baker.
Le patatra débute avec la deuxième moitié de saison qui contient aussi les trois pires histoires. C’est aussi là que je commence à être en désaccord avec 99% de la fanbase, yay ! The Two Doctors est probablement la plus grosse chute qualitative d’un sérial dans sa dernière partie et n’est vraiment pas à la hauteur de Robert Holmes, même si les deux premiers tiers sont sympathiques. Timelash a l’effet inverse : après un début abyssal, l’histoire ne fait que me surprendre pour me bluffer vraiment avec juste deux idées dans sa dernière partie. Tout sent le rafistolé, du script à l’intrigue, mais je ne peux me résoudre à détester cette histoire considérée par la moitié de la fanbase comme la pire de l’histoire, alors qu’il existe des Time-Flight, Horns of Nimon ou Underworld quelques saisons plus tôt.
Et puis il y a Revelation of the Daleks, clairement l’histoire la plus représentative de la saison. Une première partie avec des qualités sublimes, notamment l’impact visuel de certaines scènes violentes, le Docteur ou encore le world-building. Et une deuxième partie qui s’écroule et révèle l’absence totale d’idées et de direction. J’ai dit que The Two Doctors était la pire chute d’un sérial des classiques, mais Revelation mérite peut-être plus ce titre. Quel dommage car avec juste une bonne seconde partie, ça changerait vraiment, vraiment tout pour la saison.
Bref, une saison dans l'ensemble sous-côtée qui permet au moins à un Docteur de faire ses preuves et qui n’est pas à écarter totalement. Elle tente des choses et parvient je trouve à donner un certain second souffle à la série, même si jamais les scripts n’ont été aussi imprévisibles d’un épisode sur l’autre, ce qui l’empêche clairement d’impressionner. C’est parfois nul à chier, parfois super, souvent entre les deux : c’est clairement pas une bonne saison pour le standard de la série, mais c’est Doctor Who et je l’aime quand même.
Et surtout : le Docteur est de retour <3
Classement des histoires :
- Vengeance on Varos - 15
- Attack of the Cybermen - 14
- The Mark of the Rani - 12.5
- Timelash - 11.5
- Revelation of the Daleks - 11
- The Two Doctors - 10.67
Moyenne de saison (par histoires/par épisodes) : 12.45 / 12.31
Je n’ai pas pour habitude de prendre une longue pause entre mes avis sur les épisodes d’une saison et mon bilan. J’ai dû ainsi relire tous mes (longs…) avis pour me replonger dans le bain, allant jusqu’à redécouvrir les histoires liées de cette saison atypique. Et à ça je n’ai qu’une chose à dire :
Sah quel plaisir !
C’est clairement la saison la plus sous-côtée, de tout Doctor Who peut-être. C’est en tout cas clairement celle avec le fil rouge abouti la plus avant-guardiste, l’idée d’un procès étant méta sur tellement de niveaux que je ne savais plus où donner de la tête. Chaque épisode vient renouveler la dynamique du procès par des détails saisissants qui montrent que les scénaristes aussi s’approprient petit à petit leur idée. Et inversement, et la dynamique de chaque épisode est grandement aidée naturellement par les enjeux thématiques forts qu’on n’oublie jamais et qui ajoute des degrés de lecture jamais vus.
C’est une saison exemplaire car tu sens la volonté de revenir après un hiatus avec des bombes tout en masquant le chaos productif derrière. Cette saison est peut-être la plus belle de Doctor Who à mes yeux sur ce point, car c’est une chose de briller quand la série est déjà à son apogée, mais c’en est une autre de sortir quelque chose d’aussi ambitieux au pire moment. Doctor Who c’est aussi l’art d’aimer ces “pires moments” et d’en faire quelque chose d’incroyable, et c’est un défi brillamment relevé par la team de l’époque.
Je suis ultra fan des deux premières histoires, qui sont complémentaires l’une à l’autre. The Mysterious Planet est une mise à niveau en termes d’écriture, qui enterre tout ce que la saison 22 tentait de faire, qui remet à niveau ce Docteur génial qu’est Six et cette compagne méritante qu’est Peri. Totalement portée par le début du fil rouge, cette histoire a surtout la charge de nous familiariser avec le concept et nous intriguer, tandis que Mindwarp vient reprendre le flambeau avec une histoire inégale, mais au bout du compte surtout détonnante. Il y a de tout dans cette histoire : les pires couloirs depuis Underworld, mais aussi le plus beau plan alien des classiques toutes saisons confondues. Mais il y a surtout un jeu avec le spectateur et des twists entre Six et Peri qui sont incroyables et culminent dans un départ de compagne, que je n’aurais pas de mal à soutenir comme étant le plus glauque même devant celui d’Adric. Le montage de cette saison est probablement à son apogée dans la série, capitalisant sur les libertés du format mise en abyme, et c'est probablement Mindwarp qui l'exploite à sa plus juste valeur. Probablement une histoire qui ne cessera de monter dans mon estime, et que en tout cas déjà envie de revoir.
L’histoire suivante est la moins impressionante car maladroite et peu subtile dans son propos de fin, et est pourtant bourrée d’idées. On retrouve Mel, une nouvelle compagne qui déborde autant d’énergie que le club d’aérobic à bord du croiseur stellaire dans lequel elle séjourne, où un meurtre à la Agatha Christie a lieu pour masquer à la fois un soulèvement syndicaliste et un trafic de plantes conscientes... Relisez cette phrase et dites-moi qu'y a-t-il de plus Whovian que ce pitch ? C'est complètement over-the-top et trop bordélique d'ailleurs, mais si charmant. D’ailleurs en termes d’ambiance, la saison a ce je-ne-sais-quoi sur chaque épisode qui donne une atmosphère ultra Whovienne et intemporelle où qu’on regarde, ce qui est très spécial. Et puis pour revenir sur ce procès fil rouge, la structure en trois actes temporels justement, avec une césure avant la partie future où s’intercale la nouvelle compagne, et l’épilogue épique qui s’en suit - que c’est génialement construit !
C’est sûrement la chose la plus frustrante de se dire que c’est finalement la maladie et la mort du génie Robert Holmes qui enterra définitivement toute chance de la saison de se dérouler sans encombres en apparences. Elle avait si bien gardé la face ! La conclusion, The Ultimate Foe, est donc comme cet élève qui fait une prestation sensationnelle et nous subjugue en première partie, avant de conclure timidement par un “euh… voilà j’ai fini.” peu confiant. C'est d'ailleurs le même cas pour JNT et son virage de dernière minute sur le sort de Peri. Un move que je peux tout de même amplement pardonner, vu la réussite de tout le casting cette saison. On retrouve en effet un Maître Ainley à son "meilleur"...
mais surtout, tout au long de la saison, un Colin Baker impérial, au jeu à la fois remarquable et subtil. Son Docteur est en évolution et est ici à son meilleur, sublimé dans le procès comme dans les aventures du jour, et même s'il est très frustrant de se dire qu'il n'aura jamais droit à une conclusion digne de ce nom, je suis tout de même ravi de savoir qu'il a pu partir sur une si haute note avec des enjeux forts parmi son peuple.
Bref, pour quiconque connaît un peu le contexte de cette fin, difficile de juger trop durement ce qui reste une conclusion presque à la hauteur des attentes.
Mais tout de même, de se dire que malgré le climat incroyablement anxiogène et toxique de l’époque (suite d’un hiatus forcé, Michael Grade qui veut plomber à vie la série, un Docteur viré une semaine après, une compagne qui demande à partir par la grande porte, une nouvelle à introduire, deux fois moins de temps d’épisodes que la norme, ou enfin des fans mesquins mécontents sur la série, dont certains deviendront showrunners par la suite pour rendre une copie pathétique en comparaison…)...
De se dire que de toute cette ANGOISSE, on ne retrouve ni plus ni moins de la part de toute l’équipe, qu’une volonté d’innover, de divertir, de faire réfléchir et de faire avancer la série, bref, de se faire plaisir et de faire plaisir… C’est sacrément beau.
Mon classement de la saison :
- Mindwarp - 15
- The Mysterious Planet - 14.75
- The Ultimate Foe - 14.5
- Terror of the Vervoids - 13.25
Moyennes de la saison (par histoires / par épisodes) : 14.38 / 14.36
Par rapport à tout mon visionnage depuis l’ère Tom Baker, cette saison est non seulement la plus constante dans son renouvellement d’idées et donc la plus homogène dans l’ensemble, mais elle est aussi tout simplement top 3.
Petite aparté finale sur un autre truc cool qui me touche moins mais qui alimente mon propos : c’est que de ce chaos en coulisses, est née non seulement l’idée qui fait tout le sel de la saison (un procès qui dissèque la série et démontre l’hypocrisie des détracteurs du Docteur), mais est aussi née… des petites pièces “audiophoniques”. Une sorte de cale-faim suite au hiatus précédent la saison (ultra injustifié d’ailleurs, les audiences avec Colin étant tout à fait respectables par rapport à la dernière saison de Five). Des aventures bonus reprenant le canon de la série, mais pas que. Plus tard, c’est sur cette idée qui a bien marché dans sa cible de public hardcore qui donnera naissance à Big Finish, qui aujourd’hui écope à peu près du même rôle et est limite en train de porter la série à bout de bras. (oui, j’écris cet avis milieu 2021, et c’est fucking sad en ce moment).