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Avis sur les épisodes
Rolala, quel délice cette reprise.
La réalisation est toujours aussi tapageuse, mais très cohérente avec le propos de l'épisode. Nietzsche avait déjà proclamé la mort de Dieu, mais que devient la religion dans un monde privé de son Pape ?
Le Vatican est traité comme un monde post-apocalyptique où les rituels du passé sont désormais de ridicules artefacts vidés de tout sens. On croirait presque voir un spin-off de Doctor Who sur la société décadente des Time Lords, engoncés dans leurs costumes de carnaval, chacun invoquant le Pape de ses rêves comme on demande ses cadeaux au Père Noël. Les cardinaux s'entredévorent, le Vatican vire au cirque total, Voiello affronte son reflet pour accepter sa condition de second couteau et l'intégralité de la série bascule dans la comédie totale lors d'un second acte magistral où François II passe de l'oie blanche au messie.
Magistral car il révèle tout le paradoxe de la religion et de la série : nous sommes du mauvais côté de la barrière. François II incarne le Pape tel qu'il devrait l'être dans un monde parfait, mais son idéalisme devient dangereux dans notre réalité, et en fait une figure à abattre. D'ailleurs, les parallèles avec la mort très suspecte de Jean-Paul 1er au début du XXeme siècle est fascinante et prouve que la série n'a finalement que peu de choses à inventer, juste bouger un peu les lignes pour se permettre quelques excentricités.
Un vrai délice d'humour et de cynisme, toujours aussi grotesque et décadent. Malkovich Malkovich !
The New Pope troque le soleil de l'Italie pour la brumeuse Angleterre avec toujours autant de délice dans la réalisation et la photographie, même si le maniérisme est parfois poussé un peu trop loin (ceci dit, 5/6 personnages qui respectent une distance de sécurité de 2 mètres pour avoir une conversation, c'est amusant dans le contexte actuel).
Le gros challenge de l'épisode, c'était surtout de ne pas rater l'introduction du nouveau Pape qui a la dure tâche de supplanter un Jude Law mémorable. D'où cette très bonne idée de profiter du cadre austère du manoir anglais pour élaborer une histoire de fantôme, chaque protagoniste étant visité par Pie XIII durant la nuit précédant la rencontre avec Branox. Tandis que toute la planète fait ses choux gras de la mort de François II, c'est en réalité le deuil de Pie XIII que doivent enfin faire les personnages à l'aube de l'arrivée du réel nouveau Pape.
L'introduction de John Malkovich, au détour d'un couloir et en clair-obscur, est parfaite. Il n'y a pas de volonté de supplanter Pie XIII, mais au contrairement d'apporter un contrepoint qui est bénéfique aux personnages, aux spectateurs et aux croyants. Un Pape de la mesure et du juste-milieu après un Pie XIII messie et un François II radical. Tout l'épisode baigne donc dans un délicieux climat de moiteur, à la lumière tamisée, comme une longue renaissance de l'univers de la série qui a perdu ses repères depuis le final de la saison précédente.
L'angle psychanalytique, déjà très fort la saison passée, semble se répéter bien que nous ayons cette fois-ci plus de cartes en main (même si Brannox semble cacher un secret au vu des discussions dans les alcôves du Vatican). La série semble aussi affronter plus frontalement des sujets d'actualité (le Brexit, la montée des populismes, le terrorisme), les graines sont plantées et je suis très très curieux de voir quel angle la série va apporter sur ces questions. Du tout bon, une fois de plus.
Moins raffiné et abouti que les 2 précédents, cet épisode a pour mérite de nous donner une idée plus claire de la personnalité de Jean-Paul III. La série privilégie encore une approche très psychanalytique (les Papes sont tous de grands enfants qui essaient de combler leurs frustrations par leur élection), la scène avec les parents est très réussie et souligne toute l'ironie du premier discours du Pape en public qui prône l'importance de la famille et de la tendresse. Deux choses qu'il ignore. Son second discours face aux évêques étaient par contre un poil ronflant, très prechi-precha. L'episode prouve une fois encore les limites du Vatican, qui ne reste que dans le théorique et le symbolique mais n'applique finalement que très peu ses propres principes, comme semble l'augurer l'intrigue des bonnes.
Là où je trouve la série un peu en eaux troublés, c'est sur l'intrigue d'Esther. Bon, je ne suis déjà pas un grand fan dr Ludivine Sagnier et de son jeu, mais je ne comprends pas pourquoi on passe autant de temps autour de ce personnage, surtout pour une intrigue aussi scabreuse et moralement douteuse (pas la première fois que Sorrentino explore son fantasme des difformités physiques, mais je ne suis pas très à l'aise avec ce qu'il en fait pourle moment, mêmesi cela prouve que l'intrigue fonctionne en un sens...)
Un épisode plus inégal, donc, qui manquait notamment un peu d'humour (passée l'excellente blague de Cécile de France sur John Malkovich).