Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Avis sur les épisodes
Le Vatican s'écroule et Jean-Paul III perd face au monde la chose qui lui tient le plus à cœur : son apparence.
Le mystère entourant la boîte est en ce sen très malin, la série nous a tellement habitué à flirter avec le mystique et l'inexplicable que je n'avais jamais envisagé une réponse aussi simple. Mais voici donc ce qui précipite la chute du Pape : le prosaïque, la laideur du monde qu'il refuse d'affronter. Lui qui prétendait ne vivre que pour réinjecter de la poésie dans le réel et réintroduire du "juste milieu" dans la religion, c'est par son absence totale de sens du réel et d'engagement qu'il engage le Vatican dans les pires impasses.
C'est encore une fois Voiello qui incarne une certaine sagesse, mais qui paye ici le prix de ses décisions et de son orgueil. Ses "dernières décisions" étaient touchantes, le spectateur en vient à regretter le départ de celui qui incarnait un "mal nécessaire" au Vatican. Voiello a conscience que le monde est trop complexe pour la religion, et en ce sens il fait un meilleur pape que Jean-Paul III. Car cest justement par son incapacité à définir le Mal que Jean-Paul III s'écroule...
Jude Law quand même <3
La reprise du générique de la saison 1 <3
Cette intro, ce personnage, c'est incroyable à quel point la série a progressivement désespéré les croyants et les spectateurs pour ne rendre que plus cathartique le retour de Pie XIII. Le focus sur le docteur et sa femme était très joli, presque dommage que l'épisode n'opte pas pour le huis-clos total, l'attentat contre le Vatican tombant un peu à plat, ne nous donnant qu'une vision très parcellaire de ce "nouveau Vatican".
La série semble défintivement avoir construit Malkovich comme un anti-héros, le roi fou s'enfermant dans son palais et se coupant du monde face au chevalier blanc, le "Old Pope" venant réclamer ses terres. C'est une très alléchante perspective.
Des Deus ex machina dans The New Pope, c'est méta ?
La question ne se pose même plus quand le responsable de tous les deus ex machina se définit lui-même comme étant Dieu. La série joue sur l'opacité qui entoure Bauer et ses pouvoirs pour régler la majorité de ses intrigues. C'est un peu simpliste, mais encore une fois très cohérent dans un épisode qui présente Girolamo comme la figure ultime de ce vers quoi devrait aspirer l'Eglise. L'idée est belle, mais un peu naïve malheureusement, surtout dans une saison qui nous a rappelé plus d'une fois que le monde était bien plus complexe que ne voulait bien l'avouer Jean-Paul III.
Les meilleures scènes de l'épisode viennent évidemment du retour de Pie XIII au Vatican et les différentes réactions suscitées (très jolies scènes avec Gutierrez et Voiello). La partie "chute de Brannox" est plus inégale, les antagonismes ayant manqué un peu de force sur les derniers épisodes. Je pense qu'il a vraiment manqué un épisode pour représenter leVatican "désespéré" après l'interview ratée du Pape.
Jusqu'au bout la série aura réussi à me surprendre et à se renouveler.
Après un épisode féerique qui affirmait le statut divin de Pie XIII, je m'attendais à voir la série partir dans tous les sens pour son final et refuser de nous livrer les clés de son récit. C'est le cas... en partie. Je m'attendais à une confrontation Jean Paul III/Pie XIII, la série propose une toute autre voie en désignant l'ennemi à l'extérieur (les terrorismes) pour finalement retourner nos attentes avecun twist très efficace.
L'énorme qualité de The Young Pope/The New Pope, c'est de traiter la religion dans tout ce qu'elle recèle de plus beau et de plus laid à travers le personnage de Pie XIII. Et ce final réitère cet exploit, notamment à travers la tirade de Jean-Paul III à l'ancien Pape : "êtes-vous Dieu ? Le Messie ? Un escroc ? Le Diable ?" C'est beau car, en fonction de notre rapport à la religion, toutes les réponses sont acceptables. Pie XIII est-il un Dieu vengeur prêt à déchaîner sa colère sur la Terre, comme lors de cette incroyable scène de déclaration de guerre ? Est-il le Messie, revenu pour délivrer un ultime message d'amour, comme lors de ce bain de foule au Vatican ? Est-il un escroc, et doit-on interpréter sa "mort" comme une mise en scène afin de se retirer loin du monde après avoir accompli sa mission ? Est-il le Diable, encourageant le fanatisme par ses miracles et provoquant le déchirement de l'eglise catholique ?
La série ne tranche pas et laisse à chacun la faculté de choisir en fonction de son envie de croire.
Très belle conclusion donc, qui apporte un point de chute logique avec la nomination de Voeillo à la tête du Vatican. Pie XIII était trop extrême pour notre monde, Jean-Paul III trop fragile pour affronter le réel. Voeillo est un homme de foi mais aussi un politicien, il est donc le plus à même d'incarner la religion dans notre monde.