L’épisode avait d'excellentes bases, comme tous les épisodes du scénariste Mark Gatiss.

Un retour d’un Ice Warrior, race guerrière d'ennemis peu connus tirés de la série classique, dans un contexte de Guerre Froide, au sein d'un sous-marin en perdition, c'est très inspiré. Les nombreux parallèles qui en découlent sont intelligents, notamment la fin : chaque clan a les moyens de détruire l’autre mais aucun d’entre eux n’appuiera sur le bouton. La tension qui se met en place au départ, et qui revient à la fin, est très réussie. Skaldak est un ennemi assez fascinant, l'épisode introduit bien son background. Je pense d’ailleurs que l’épisode gagnera à être revu quand nous aurons plus d’histoires avec ces ennemis. (EDIT: bah en fait, pas vraiment, ahem...)

Malheureusement, le rythme retombe trop vite une fois que Skaldak sort de son armure. Pourtant, j’ai beaucoup aimé l’idée, mais il y a quelques incohérences de comportements et de déplacements chez Skaldak. J’aurais en effet beaucoup plus aimé voir une course-poursuite dans le sous-marin entre Skaldak et l’équipe du Docteur, avec de l’action, de la tension, les membres de l’équipage se faisant tuer sous nos yeux. Un peu comme l’épisode Dalek de la saison 1 (après tout, ils ont de nombreuses similitudes). C’est classique mais ça aurait été plus efficace à mon avis - la formule du huis-clos a fait ses preuves, ce n'est pas pour rien. De plus, le sous-marin n’a pas été très bien exploité, ni les autres Russes comme le capitaine qui est trop caricatural.

C'est vraiment bête d'avoir un trou aussi chiant dans un épisode qui aurait sans doute durer 30 minutes pour être efficace. Le rythme retombe complètement et annule toute tension, et on n'a qu'une hâte : en finir. La confrontation finale remonte effectivement largement le niveau, grâce à cette superbe réinterprétation de la guerre froide, et même la résolution à base de deus-ex-machina est plutôt belle.

Un autre problème de l'épisode, c'est la faible présence du fil rouge. Clara et le Docteur ont en effet peu d'intéractions. Cependant, celle-ci fait ses preuves en allant seule face à Skaldak, et sa seule intéraction notable de la fin d'épisode (quand elle cherche l'approbation du Docteur pour avoir été brave), est assez bien écrite.

En revanche, il faut saluer à quel point l'esthétisme de l'épisode est incroyable. J'adore la réalisation de cet épisode, avec un sous-marin crédidble et à proprement claustrophobique et étroit, les effets spéciaux très convaincants, le jeu de lumière et les plans sur l'eau magnifiques. Même le concept de faire sortir l'Ice Warrior de sa carapace est superbement bien mise en scène. Cela permet de créer (sur le papier) une tension plus dynamique et imprévisible, et renouvelle cet ennemi trop "vieux" dans ses déplacements lourdauds (un peu à la manière des Cybermen). Cela élève totalement l'épisode, qui est donc au moins très joli à admirer même lorsqu'il y a un moment de... flottement (pardonnez-moi le jeu de mot).

Mark Gatiss a donc raté une occasion de faire un très bon épisode, une fois de plus… Je pense qu’il est très bon pour poser les bases mais peine à dépasser son postulat pour tenir le rythme. La force du contexte historique, le guest cast assez relevé (deux acteurs de Game of Thrones, le professeur russe assez attachant...), l'inventivité autour de l'ennemi et la réalisation sublime, suffisent amplement à rendre cette histoire divertissante et honorable, même si elle ne sera jamais très haut dans ma liste d'épisodes préférés, disons.

SKALDAK: Mutually assured destruction.

Cold War, en dépit de ses nombreux ratés, donne enfin l'occasion de comprendre l'objectif final de Moffat sur cette saison 7 : faire un hommage à la série classique. Et en attendant, pour une vraie saison de Docteur Who, il nous faudra patienter jusqu’en 2014...

Cf Critique.