Un retour pas des plus convaincants, même s’il a le mérite de ne pas nous faire miroiter le même statu quo que le reste de la série. June a trop changé pour cela, et tant mieux.

La découverte de la ferme avec une Epouse qui est issue de la dictature de Gilead, son vieux mari sénile qui la forçait à coucher avec des hommes, et toute la discussion qui s’en suit avec June où elle réalise que toutes les femmes sont quelque part victimes du système, est plutôt cool. Idem, j’aime bien le passage où June réalise qu’un peu de liberté dans ce monde (comme voir Jeanine qui danse avec ses amies ou deux gardiens s’embrasser brièvement), c’est quelque chose dont il faut profiter. Mais d’un autre côté, c’est rageant de devoir s’en contenter, et on la comprend. C’est suffisamment rageant au point de continuer à raviver sa flamme révolutionnaire.

Le rythme est tout de même très lent. Ce n’est pas trop dérangeant pour une reprise, mais ce qui est moins excusable, c’est le temps passé à des péripéties inutiles au lieu de développer des choses plus thématiquement importantes.

Par exemple toute l’introduction où les servantes arrivent à soigner June et à s’enfuir : c’est turbo-débile. Il faut vraiment arrêter, en fiction, de faire prendre des balles à des personnages secondaires, pour les voir sur pied 10 jours plus tard, en ayant bravé une armée au passage.

Ce temps précieux dans une saison de 10 épisodes seulement, aurait pu être mieux alloué. Par exemple, ça aurait pu servir pour étoffer la rapidité express avec laquelle June et Esther se rapprochent. La scène finale où June l’appelle “banana” (solidifiant ainsi qu’elle est comme sa fille adoptive) m’a semblé très forcée, alors que je les imaginais bien s’étriper quinze minutes plus tôt.

Enfin, l’intrigue de Nick et Lawrence n’a ni queue ni tête. A quelle heure Gilead peut-elle encore faire confiance à Joseph ? Je n’y crois pas. Bon, maintenant que c’est fait, on peut passer à autre chose et admettre que la suite aura plus de sens, mais pour cet épisode, ça fait tâche.

Même chose avec le fait que Serena et Fred soient laissés seuls dans une même pièce, par exemple. Tout semble assez artificiel, même si voir Fred souhaiter la mort à June tandis que Serena lui souhaite de trouver le “pardon de Dieu”, avec un sourire supérieur comme si elle le dit avant tout pour montrer à Fred que c’est une meilleure croyante que lui, c’est plutôt sympa.

Finalement, même s’il y a de bonnes séquences à la ferme, ce retour me laisse surtout dubitatif sur le reste de l’univers et les scènes annexes.

Seule exception, j’ai tout de même beaucoup aimé la scène retour de Tante Lydia qui a l’air vraiment d’en avoir bavé (l’actrice ayant perdu du poids et vieilli, ça renforce involontairement bien cet angle), et qui tient tête face au conseil de Gilead en défendant toutes ses servantes mais en blâmant tout sur June. Très in-character, finalement.

Cet épisode permet parfaitement de se remettre dans l'histoire et l'univers de la série, et au bout de ces cinquante minutes, on se rappelle qu'effectivement, June n'est plus la même qu'aux tous débuts. Comme à leur habitude, le scénario et la réalisation offrent un ensemble parfois dérangeant (souvent même) empreint d'élans de révolution et de politique. J'ai trouvé le tout fluide, prenant et intéressant, reprenant là où le dernier final s'était arrêté, mettant l'accent sur la volonté de June de se battre.

C'est d'ailleurs à ce niveau-là que l'épisode est le plus intéressant. Chacun son point de vue sur la question, mais June n'a plus aucun remord à punir les coupables de la même manière que ces derniers, devenant une source d'espoir mais aussi d'autorité sur la révolution, parlant au nom des États-Unis mais à la manière de Gilead. On ressent sa haine et sa rage, et elle ne fait aucun effort moral. Serait-ce le début de la fin pour June, qui va finir certes en héroïne résistante, mais aussi complètement ravagée (voire morte, comme cela est probable).

Un bon premier épisode qui me donne envie de voir la suite, surtout après deux ans sans nouvelles !