Très cool de réutiliser une réplique anodine de Fred en saison 1, “une tante s’est échappée au Canada”, pour en faire un véritable personnage connecté à Emily et au centre du travail psychologique que font les rescapées de Gilead. Travail que June veut transformer en bataille idéologique et politique, là où Moira est plutôt dans l’apaisement et le fait de tourner la page.

June peut avoir raison sous certains aspects, mais pourtant, ça reste contre-productif même dans ses propres objectifs, puisque si elle n’avait pas poussé Irene au suicide, Emily aurait pu la convaincre de témoigner et de se servir d’elle pour faire tomber Gilead, ce qui est censé être le but ultime de June (quoiqu’elle prend les choses sans doute trop personnellement pour vraiment avoir ça à cœur).

En tout cas, sa transformation la rend très intéressante et plus complexe qu’une simple “victime survivante”. La série multiplie les parallèles assez malin entre le Canada et Gilead (le cercle des rescapées qui positionnent la tante à “shamer” qui évoque ce que Lydia faisait subir aux servantes du centre rouge…). Lydia de son côté, retrouve Janine (je pensais vraiment qu’elle était morte perso, et ça aurait peut-être été plus logique ainsi), dans des scènes toujours glaçantes mais où on ne peut s’empêcher de déceler un amour sincère pour Janine.

Évidemment, moralement on reste quand même du côté de June pour la majorité de ses actes, notamment face aux Waterfords. Son témoignage était un long monologue puissant sans montage où Elizabeth Moss prouve encore une fois qu’elle peut tout jouer et qui résume toute la perversité de la série avec une objectivité forte.

La vraie vision d’horreur, ce n’est finalement ni la colère de June (qui n’est pas excusable mais qui est justifiable), ni les événements de Gilead (presque banalisés par rapport à ce qu’on connaît), mais elle vient plutôt de cette scène finale glaçante et inattendue où de nombreux citoyens canadiens soutiennent les Waterfords et la politique natale de Gilead… Une image réaliste à laquelle je ne m’attendais pourtant pas.

On retrouve un peu la force dramatique d'antan, avec toute l'horreur que l'on revit une seconde fois au travers du témoignage de June mais aussi au travers du comportement des Waterford et des quelques soutiens qu'ils ont réussi à attirer, même au Canada. J'ai plus de mal avec la dureté glaçante de June qui impose sa rage aux autres, mêmes si les autres évitent un peu trop leur colère. Alors que depuis le début de la série, on était avec elle, dans sa tête, dans son cœur, je la sens s'éloigner de nous et c'est plus difficile de vraiment la comprendre. Et les scènes d'Aunt Lydia nous rappellent que Gilead est toujours là, toujours aussi abject et terrifiant.