Bilan 2019-2020 de Nicknackpadiwak

Le 06 septembre 2020 à 08:37  |  ~ 19 minutes de lecture
Les séries sont nos amies.

Bilan 2019-2020 de Nicknackpadiwak

~ 19 minutes de lecture
Les séries sont nos amies.
Par nicknackpadiwak

 

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais il y a une pandémie actuellement. Si, si. Il y a, sur toute la planète, un virus, le Covid-19, qui se transmet d'humain à humain, tuant même des gens. Bon, moi, j'avoue que, sans être complotiste ou conspirationniste, je n'y crois pas à cette histoire de petites bêtes invisibles et méchantes qu'on retrouverait dans l'air et qui s'attaqueraient à nos poumons. Franchement, je pense que cela n'existe pas, que c'est une fabulation au même titre que les fantômes, les fées, l'âme d’Éric Zemmour ou l'oxygène. C'est une invention des médias et de Bill Gates pour implanter la 5G dans les vaccins via de petits robots lutins, le tout servant à éliminer les personnes âgées et aussi nous obliger à consommer et à acheter des produits dispensables de manière impulsive et irresponsable, ce que, à l'évidence, nous ne faisions pas du tout jusqu'à présent.

Néanmoins, depuis les mesures mises en place par les gouvernements, nos rapports à l'autre ont changé, voire nos relations. Les gestes sont devenus barrières, la distanciation demandée n'est pas que physique, mais elle est sociale. Nous voilà presque obligés de vivre par procuration. Ça tombe bien, car les séries sont là pour nous épauler. Et en effet, nos rapports avec celles-ci sont souvent déraisonnés, comme lors d'une relation amoureuse ou amicale. Alors quel genre de relations ai-je eues avec les séries de cette année ? Réponse après ce logo ? Pourquoi ai-je mis un point d'interrogation à la phrase précédente ?

 

Logo bilan 2020 Nick (merci Galax)

 

La vie à deux

Une série, c’est parfois une relation de longue durée qui s'étend sur plusieurs années, qu’on quitte à la fin d’une saison et qu’on est content de retrouver une année plus tard. Il faut donc un début, comme toute chose. Imaginez. Vous avez vécu une bonne première saison ensemble, vous vous êtes quittés plein d'images ou d’émotions en tête, et enfin ce sont les retrouvailles un an plus tard.

Parfois, lors de celles-ci, vous la trouvez changée, plus mature, moins éparpillée et encore plus intéressante, telle Kingdom qui a offert une suite réussie à ces zombies asiatiques médiévales. Parfois, au contraire, c'est la même, mais la magie a un peu disparu, comme pour Mindhunter qui, si elle est toujours très bien dans ses thématiques et sa volonté de montrer une enquête réaliste, donc fastidieuse et semée d'embûches administratives, a été beaucoup moins inspirée lorsqu’il a fallu raconter la vie privée des protagonistes, et le temps a semblé parfois long. After Life est revenue aussi et représente le mieux la thématique de ce paragraphe, car chaque épisode est une chronique du quotidien, une sorte de Jour Sans Fin, où les mêmes événements se reproduisent dans le même ordre. Mais Rick Gervais a du talent, il arrive à ne jamais se répéter et propose avec cette variation sur le même thème quasi systématiquement des moments drôles ou mordants.

Dans la catégorie des séries en train de s’installer dans mon cœur, il y a In The Long Run, toujours aussi naïve (quoique, ce n'est peut-être qu'une façade) et enthousiaste, ou Platane qui, malgré toujours les défauts d’écriture d’Éric Judor (les personnages féminins faire-valoir notamment), a été souvent bien drôle.

Puis, il y a les relations qui débutent, celle dont on attend le retour avec fébrilité, exemple The Boys et ses super-héros psychopathes ou Mythic Quest sur laquelle je parie pour devenir la nouvelle sitcom avec qui l'on se lie sur plusieurs années comme on avait fait avec The Office ou Parks & Recreations. Il y a aussi les relations qui interrogent : ai-je envie d'y revenir ou pas ? Exemple The Mandalorian, qui serait un divertissement plutôt sympathique s’il osait quitter son pré de confort (les références étouffantes à la première trilogie Star Wars sortie en salle) pour de vraies aventures.

Il y a encore les relations de très longues dates, celles qu’on suit sans qu’on ne sache plus trop pourquoi, un peu par habitude. Là, je pense à la saison 12 de Doctor Who. Comme un vieux couple, il y a entre elle et moi beaucoup de prises de tête, d’incompréhensions et de soupirs d'exaspération. J’ai même le sentiment que nos chemins se sont irrémédiablement séparés, mais cela ne m’empêchera pas d’y revenir pour une saison 13. Plus complexe fut le cas de Rick and Morty dont j’attendais tellement, mais qui a avoué qu’elle ne serait jamais qu’un cartoon de qualité inégale, bête, méchant, mais superficiel et non pas LA série existentialiste (en quoi suis-je unique ? Y a-t-il un autre moi dans un univers parallèle ?) que j’espérais.

Pour finir, qui de mieux pour représenter le concept de Vie à Deux que Better Call Saul, qui, tout en étant imparfaite et parfois frustrante, a montré qu’elle était encore une fois l'une des séries de l’année. Mais gare à elle, j’ai peur que si jamais sa conclusion prévue pour la prochaine saison n'est pas à la hauteur des attentes qu’elle a créées en nous faisant languir depuis des années, son aura en soit touchée et notre relation mise à mal. Car rien n’est pire que la déception en amour (allez, la violence et l'infidélité, je vous l'accorde, mais là n'est pas le propos)...

 

Image de la saison 5 de Better Call Saul : Jimmy perdu dans le désert.

Non, Jimmy. Le masque, c'est sur le nez et la bouche, pas sur le crâne !

 

Jusqu’à ce qu’on se quitte

Car toutes choses ont une fin et toutes les séries sont amenées à s’arrêter un jour (encore que j’aie un doute pour Grey's Anatomy), et quelques séries se sont un peu vautrées sur leur final, laissant un goût amer en bouche. BoJack Horseman a refusé de terminer dans les ténèbres, préférant finir sur un plan où BoJack et Diane restent à côté sans se parler durant plusieurs minutes, comme l’aveu d’une série qui se termine car elle n’a plus rien à raconter. N’empêche, je fus déçu de ne pas avoir eu ma dose finale de noirceur.

Pour des fins plus réussies, regardons The Good Place qui est partie avec un dernier épisode modeste et touchant. Même The Affair, après trois saisons d’errance totale, s’est rattrapée in-extremis sur ses deux derniers épisodes assez beaux. Mais que ce fut difficile d’arriver jusqu'à ce final.

The Deuce nous a quittés avec les honneurs et une dernière saison aussi tourbillonnante de vie et parfois de morts que les précédentes. Normalement, l’Histoire des Séries retiendra cette magnifique fresque humaniste (et féministe) et The Deuce sera citée dans les tops des meilleures séries du monde dans les années à venir. Sinon, je ne sais pas si Westworld est finie ou s’il y aura une saison 4, mais si c’est le cas, ce sera sans moi. Pourtant bien partie, après deux saisons ampoulés et ennuyeuses comme la mort, cette troisième saison a fini par quitter la route et tomber dans le fossé des intrigues poussives dignes du pire téléfilm d’action passant sur le câble.

Et enfin, alors qu’on croit que tout est fini depuis des lustres, des séries reviennent des morts, sans explication, telle Breaking Bad avec cet El Camino dont je cherche encore l’intérêt.

 

Les aventures d’un soir

Et parfois, d’entrée, on sait que nous sommes engagés dans une relation pas faite pour durer, que ce soit une amourette de vacances ou un sex-friend. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas profiter de cette courte expérience. Watchmen fut un grand moment de plaisir, y compris pour quelqu’un comme moi qui ne connaissait pas la BD. Je fus chahuté, violenté et projeté dans les airs avec bonheur. Le plan cul idéal.

Mais tout n’est pas toujours aussi renversant, c’est parfois maladroit ou un peu gênant, malgré une bonne volonté de part et d'autre, telles Mytho ou Amour Fou, ces deux fictions françaises qui ne sont pas allées au bout des choses. Il y a aussi les plaisirs plus communs, à qui on ne demande pas grand-chose, juste passer de bons moments, comme Creepshow et ses histoires d’horreur tendance comics ou Dracula de Moffat que je n'aurais pas pu supporter plus longtemps que ces trois épisodes, tellement elle devenait soûlante à force de jouer les malignes.

Sinon, tendance sado-masochisme, il y a eu la friction de la chaleur des images et la froideur du ton de ZeroZeroZero et son organisation mondiale du trafic de drogues avec tous ces hommes (et cette femme) sans scrupule, prêts à tout, y compris tuer des innocents pour gagner le plus d'argent possible. Cela peut-être être vu comme une métaphore de notre société, société qui d'ailleurs s'est écroulée dans l’Effondrement, chouette mini-série française au format dynamique (des épisodes d’un quart d’heure d’un plan séquence avec, à chaque fois, un lieu et des protagonistes différents), mais qui donne un peu envie de se pendre à un arbre.

Enfin, il y a The Plot Agaisnt America qui possédait tout pour que cela matche entre nous (le retour de la collaboration des auteurs de The Wire, une adaptation d’un livre de Philip Roth), mais je suis resté sur ma réserve, encore trop sous le charme de The Deuce pour reprendre une relation aussi forte avec sa cousine.

 

Image de Watchmen. Angela à l'enterrement

« Bah dis donc, tu ne viens plus aux soirées ? »

 

Les rendez-vous manqués

C’est ainsi, parfois cela ne colle pas. Ce n’est pas vraiment la faute de qui que ce soit, mais cela ne prend pas. Enfin pour Space Force, c’est tout de même pas mal de la faute de la série. Fatiguante à vouloir être drôle alors qu'elle ne l'est pas, elle a été incapable de trouver son ton et a fini par devenir réellement irritante.

Sinon, je n’ai pas réussi à passer dans le second wagon de Snowpiercer, l’enquête policière uniquement présente pour permettre à la première saison de tenir dix épisodes m’a refroidi. J’ai abandonné aussi les fantômes japonais de Ju-On : Origins, série qui a voulu jouer à Westworld en mélangeant trop les timelines au point de me perdre. J’ai aussi rompu, à regret presque, avec Giri/Hiji, malgré un sujet que j'aime beaucoup (le polar asiatique et mélancolique), mais j’y retournais à chaque fois en traînant les pieds, un poids sur les épaules. Idem pour Miracle Workers. Déjà la première saison était loin d’être parfaite, mais ce changement d’époque et de personnages, et surtout l’absence totale d’enjeu dramatique, ont eu raison de moi (les nombreux gags sur le caca n'ont pas aidé, loin de là). J’ai terminé Kidding en souffrance, le mélange de niaiserie et de vulgarité, ne marchant plus du tout, a donné une série schizophrène et assez antipathique. Sinon Mortel, la fiction française qui mixait vaudou et banlieue, a trop sombré dans la crétinerie pour être convaincante. Pour finir, je lutte toujours énormément pour ne pas abandonner Dark, qui malgré de très bonnes idées me fait du mal avec son ton austère et ses multiples personnages que je ne remets jamais.

 

Les relations atypiques

Souvent, on cherche dans une relation un certain confort, mais parfois on a besoin de rencontres atypiques, de se mettre en danger, au risque de ne pas savoir, au final, si on a aimé ou pas. Comme On Becoming a God In Central Florida qui, malgré un démarrage sur les chapeaux de roues et une Kirsten Dunst pleine d’énergie, a eu du mal à terminer sa course. Au final, une série que j’ai appréciée, mais que je ne conseillerai pas. Soit l’inverse de The Witcher, série qui m’a un peu fatigué avec ses différentes timelines hyper compliquées à suivre et son héros monolithique accompagné d’un crétin chantant, caution "comique" de la série, mais qui a finalement été mon guilty pleasure de l'année.

Je suis aussi divisé vis-à-vis d'Undone, à la forme expérimentale et avec son personnage féminin perdue dans sa vie et dans le temps. J’ai beaucoup aimé, mais sans aimer beaucoup, si cette phrase a un sens, comme un rêve agréable, mais dont le souvenir s’estompe avec le temps. Puis il y a Tales From The Loops. Me suis-je plus ennuyé cette année que lors du visionnage de certains épisodes de cette série ? Ce n’est pas certain (allez, si, en regardant Dark). Mais y-a-t-il une série plus imaginative, plus atypique, plus poétique, plus belle à regarder ou plus renversante qu’elle ? Je ne le pense pas. Je ne saurais trop conseiller cette série que je décrirais comme une Amazing Stories épurée saupoudrée d'un Black Mirror aérien et d'un zeste de la sus-nommée Dark allégée.

 

Image de Space Force, l'équipe contente d'elle

L'équipe fière d'elle ! Enfin un gag réussi dans Space Force

 

La romance

Une série, pour résumer, c’est une histoire d’amour. Et mise en abyme, certaines séries parlent d’histoires d’amour. (Si ça, ce n'est pas une belle transition.) Parfois, elles le font plutôt bien comme Upload, ce traitement palliatif pour ceux à qui The Good Place manque, avec les mêmes défauts (une légèreté d’écriture, un humour parfois badaboum pouêt pouêt, tandis que pour les nostalgiques de Janet, sachez qu’il y a un personnage d’IA qui est aussi drôle), mais la série reste agréable grâce à son amourette centrale trop choupinette.

Dans le genre "réussite sympa mais avec des grumeaux, on va pas sauter au plafond, mais bon ça passe quand même", je vais citer High Fidelity et sa disquaire perdue dans ses histoires d’amour ou Living with Yourself avec deux Paul Rudd pour le prix d’un. Mais parfois, c’est catastrophique comme Run et cette promesse faite par deux ex-amoureux de tout laisser tomber pour se retrouver dès que l'un envoie le message "Run" à l'autre. L’idée est bonne, mais les personnages sont vraiment insupportables à se prendre la tête constamment pour se réconcilier derrière, puis se rechercher des poux, au point que la série finisse par devenir détestable. Aussi têtes à claque furent les amoureux indécis de Normal People, la série romantique encensée partout ailleurs. Perso, ils m’ont donné des envies de meurtres, avec leurs indécisions permanentes et leurs « fuis moi, je te suis » interminables. Ok, les scènes de cul sont réussies, mais le côté taiseux/passif-agressif de Connell m'a agacé au plus haut point.

Romance toujours et enfin, je vais finir avec mes deux coups de foudre de cette année. Dave, sitcom basée sur le rappeur Lil Dicky (ce blaze !), qui, à force d’imagination, de petits gags très bons, de personnages touchants (notamment GaTa ou l'irrésistible Ally) et d’un vrai amour pour le hip-hop, m’a donné envie d’applaudir. Et enfin Betty, petite bulle de six épisodes d'une grosse vingtaine de minutes sur une bande de skateuses, une série d’un naturel et d’une fraîcheur (même si des sujets plus graves sont abordés) auquel il est impossible de résister. Regarder cette série est comme passer un excellent moment dans un parc à chiller avec ses meilleures copines.

 

Les anciens amis

Comme chaque année, j’ai aussi regardé des séries plus anciennes avec qui je suis pote depuis des années. Comme Seinfeld qui reste pour moi une des séries les plus drôles du monde (tout le monde ne sera pas d’accord, car la sitcom a sacrément vieilli) ou South Park dont je vais attaquer la seizième saison, toujours sans lassitude. Tout étant en plein dans l'ère de Patrick Troughton aka le deuxième Docteur dans les Doctor Who classics, j’ai poursuivi en parallèle Community (saison 2, bientôt 3, soit l'Âge d'Or de la série à ce qui se dit).

Par contre, je souffre pas mal devant Boardwalk Empire, qui, malgré de bons moments et des scènes grandioses, n’arrive pas à passionner pour ces parrains de la pègre agissant au temps de la Prohibition. Et enfin, je voulais absolument citer une série que j’ai visionnée avec une année de retard, et donc qui ne peut pas être évoquée dans mon bilan de cette année, mais qui est l'une des meilleures premières saisons que j’ai vues, à savoir Euphoria. Nihiliste, mais stylisée, avec ces ados perdus dans cette société moderne, qui ont grandi avec les sextos et les réseaux sociaux, Euphoria est une série dure et éprouvante, mais qui, justement, lorsqu’elle laisse échapper de rares moments de tendresses, étreint le cœur. Une vraie montagne russe des sentiments, irrésistible et implacable, qui m'a fait tomber amoureux comme rarement.

 

Jules dans Euphoria

Moi, éprouvé, finissant un épisode de Dark

 

Mon top classement

 

  1. Euphoria (hors-catégorie, meilleure série de l’année passée, de cette année et des années à venir)
  2. The Deuce saison 3
  3. Watchmen
  4. Tales From The Loops
  5. Betty
  6. Dave
  7. Better Call Saul saison 5
  8. ZeroZeroZero
  9. L’Effondrement
  10. The Boys
  11. After Life saison 2

 

Mon Flop classement

  1. Run
  2. Normal People
  3. Space Force
  4. Doctor Who
  5. Kidding

 

Voilà, j'espère que ce bilan vous a plu. N'hésitez pas à faire des commentaires. Et n'oubliez pas que le Covid a été créé par le lobbying Netflix/Disney/Amazon pour nous inciter à rester chez nous et regarder leurs programmes. Et aussi pour tuer les vieux (ne me demandez pas pourquoi, ça doit être leur dada).

Et un grand merci à Galax pour la création du logo et à Marie-Louise pour la relecture.

L'auteur

Commentaires

Avatar Jo_
Jo_

The Deuce... <3
Rien que de lire le nom de la série, j'ai envie d'y revenir.


Avatar Mmaginère
Mmaginère

Merci pour ce bilan de tes relations avec les séries. Et qu'en est-il de celles qu'on a larguées, mais vers lesquelles on ne peut s'empêcher de revenir ?


Avatar Manoune398
Manoune398

Euphoriaaaa <3 


Image DAVE
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