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"Judoon platoon upon the moon"
Smith and Jones est un épisode d'introduction de compagne, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a (presque) réussi à comprendre l'essence de comment introduire simplement une compagne.
On est présentés ici à Martha Jones, étudiante en médecine. Martha est une compagne que je trouve vraiment intéressante parce qu'elle a justement des connaissances en médecine qui rendent le personnage bien plus émancipé qu'avant, et spoiler d'ici la fin de la saison je pense qu'on pourra clairement considérer qu'elle est la plus courageuse de toutes. Mais elle a un défaut qui rendra cette saison particulièrement crispante à son niveau et qui détruit en partie le personnage et c'est celui de sa relation avec le Docteur. J'en reparlerai d'ici la fin de la saison, mais je trouve que le Docteur se comporte particulièrement mal avec elle, et même si j'apprécie la morale de pas se servir d'une nouvelle compagne pour faire le deuil de l'ancienne, le fait qu'ici il insiste pour que Martha ne fasse qu'un voyage alors que pour Donna il était totalement positif à l'idée d'en faire une compagne régulière est un gros point noir de l'épisode. Martha est de son côté assez intéressante, et on voit sa famille qui sera au final assez sous-exploitée dans la série contrairement à celle de Rose.
L'autre force de l'épisode, c'est les Judoons. Des espèces de rhinocéros de l'espace qui sont en réalité une caricature de la police et de tout ce qui va avec (bavures policières, transgression de la loi pour l'appliquer bref AJAB), des antagonistes que je trouve assez intéressant puisque réutilisable par la suite. On les reverra d'ailleurs plusieurs fois en caméo et reviendront dans la saison 12 avec "Fugitive of the Judoons" et vu le nombre assez faible de monstres de la nouvelle série réexploités intelligemment (nombre faible à savoir les Oods et les Slitheens, non les Anges Pleureurs ne sont pas réexploités intelligemment) ça fait plaisir. En revanche l'autre monstre de l'épisode, le Plasmavore, ne sera jamais revenu par la suite et c'est un peu dommage.
Enfin je trouve que dans cet épisode la performance de David Tennant se démarque bien d'avant, son côté sérieux et son côté jovial sont tous les deux représentés à l'extrême et c'est vraiment un plaisir à voir. C'est un épisode qui n'a pas grand chose à raconter globalement, mais qui le fait bien et qui est très divertissant. Pas le point fort de la saison, mais cet épisode sait comment introduire une compagne et ça fait plaisir.
The Shakespeare Code c'est l'épisode historique et sympathique mais oubliable de la saison, et ça se traduit par un épisode assez mal rythmé dans des décors assez sombres et avec un scénario assez bancal. Pourtant le concept est original, puisque l'on a affaire à des aliens qui sont des sorcières pratiquant la magie vaudoue et qui utilisent le pouvoir des mots pour essayer d'en conquérir le monde. Et dans l'exécution c'est plutôt réussi, puisque les Carionnites arrivent à se diversifier.
Mais le point central de l'épisode c'est la présence de William Shakespeare, et contrairement à Charles Dickens dans The Unquiet Dead il sert actuellement à quelque chose dans cet épisode. En effet, non seulement on en apprend plus sur son histoire (via la fameuse pièce disparue Peine d'Amour Gagnée), mais en plus sa faculté à se servir des mots est mise à l'épreuve. Shakespeare est bien exploité et c'est agréable, c'est pas parfait (et il faudra attendre la saison 5 pour que ça le soit), mais ça a le mérite de rendre hommage à ce personnage historique. Et beaucoup de références sont faites, c'est un peu lourd à force mais on s'y fait.
En revanche j'aime beaucoup moins le traitement infligé à Martha Jones. Le Docteur est vraiment irresponsable de le laisser dans une époque où elle peut être esclavagisée pour sa couleur de peau et à plusieurs reprises il se comporte come si il n'avait rien à faire d'elle et c'est assez horrible de voir ça. C'est certes une morale de la saison, mais dans cet épisode c'est particulièrement exagéré et Martha est juste maltraitée sans raison.
Pour finir, c'est de loin l'épisode le moins bon de la saison (et c'est pour dire à quel point cette saison est géniale), l'épisode est rattrapé par comment est géré Shakespeare mais si on l'enlève ça donne un épisode assez oubliable avec des références forcées à Harry Potter et Retour vers le Futur. Et aussi une blague transphobe parce que Gareth Roberts !
Gridlock en revanche, c'est l'acheminement de la satire politique menée par Rusell T Davies dans les deux précédentes saisons, mais cette fois-ci centré autour du concept absolument génial d'un embouteillage infini. C'est un épisode épisode qui rappelle que Doctor Who, c'est aussi parfois des épisodes où on prend des problèmes du quotidien pour en faire un épisode entier. Et c'est absolument génial, tant dans ses décors futuristes et pessimistes que dans son esthétique de space opéra assumé.
C'est un épisode qui parle de l'addiction aux drogues, de la foi à l'autorité et évidemment de la pollution. Et c'est une satire tellement évoluée que ça mène à un épisode d'action intensif qui ne perd jamais de son intérêt. C'est également le retour de Face de Boe et c'est selon moi sa meilleure apparition, celle où il est le plus personnel avec le Docteur et qui assure donc la continuité de la saison. Le Docteur en a également enfin quelque chose à foutre de Marta Jones et c'est satisfaisant de lui voir parler de Gallifrey.
Et c'est à peu près tout ce que j'ai à dire pour cet épisode, c'est un peu l'anti-Tooth and Claw. C'est un épisode tellement bon qu'il y a au final peu de chose à en retenir tellement tout est millimétré et des fois c'est pas plus mal.
Daleks in Manhattan/Evolution of the Daleks fait partie de cette catégorie d'épisode que tout le monde déteste mais que je vais chercher à défendre car il s'agit pour moi d'une réelle pépite beaucoup trop sous-évaluée.
Commençons par ce qui me plaît le plus : l'ambiance de l'épisode. L'esthétique New York des années 1930 est totalement réussie, et j'aime beaucoup le fait que l'Empire State Building est au centre de l'épisode et ça me fait penser qu'on n'a toujours pas eu d'épisode sur la Tour Eiffel et qu'il faudrait remédier ça (alors qu'on en a eu 2 avec la Joconde). La différence de colorimétrie et de jeux de lumière entre le Central Park pauvre et lugubre et le théâtre coloré de Tallulah fait son taff, surtout avec sa superbe musique "My Angel Put The Devil In Me". Mention spéciale à l'Empire State Building en chantier qui arrive à être assez menaçant de l'intérieur.
J'aime également beaucoup les personnages, entre un Solomon courageux qui a fait la guerre et qui apprend aux hommes du quartier à se départager et à ne pas être égoïste, une Tallulah un peu cruche initialement mais également très empathique et qui recèle en elle un vrai courage, un Laszlo transformé en cochon et qui deviendra un réel paria qui habitera la ville-tente de Central Park à la fin et démontrant un réel message de paix anti-racisme et un Frank un peu oubliable mais quand même assez attachant. C'est un épisode qui trouve une partie de sa force dans son cast.
Mais c'est également un épisode qui trouve sa force dans sa façon d'exploiter les Daleks : il est question ici d'abandonner leur objectif premier pour faire survivre leur race. Une expérience finale qui aura pour but de fusionner les Daleks en humain, donnant lieu à une nouvelle race de Daleks mais également en abandonnant leur pureté qui leur est propre. Et je sais que beaucoup n'aiment pas le costume du Dalek humain, mais personnellement je le trouve assez convaincant même si pas exceptionnel. Mais j'aime beaucoup comment Dalek Sec passe d'un Dalek qui convoitait l'esprit humain pour leur volonté de guerre et d'orgueil à un Dalek qui se retrouve fasciné par l'existence des émotions humaines. En réalité, le dilemme entre la pureté et la survie de leur race est au centre de l'épisode, puisque bien que la solution de Dalek Sec semble une solution viable pour sauver les Daleks de la destruction, elle en détruit leur but initial et ça mène à une réelle trahison inter-Daleks, qui mène inévitablement à un (presque) génocide. Et ça mène à un parallèle Dalek devenu humain et humains devenus Dalek inédit dans la série.
Je vais éviter de parler des esclaves cochon, parce que comme beaucoup de monde je ne les aime pas et je trouve qu'ils ne rajoutent rien à l'histoire. Mais je pense que Daleks in Manhattan/Evolution of the Daleks est un épisode qui mérite bien plus de reconnaissance qu'il en a actuellement. Bien qu'imparfait, c'est l'un des rares épisodes à bien exploiter la thématique du fascisme des Daleks et le tout dans un univers cohérent et attachant. Ce n'est pas non plus le meilleur épisode de la saison, mais il reste néanmoins un épisode que beaucoup devraient reconsidérer.