Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Avis sur les épisodes
Après un trio d'épisode d'introduction se déroulant respectivement dans le présent, dans le futur et dans le passé, le retour au présent est une démarche évidente. Sauf qu'il ne s'agit pas de revenir juste après le premier épisode, mais plus d'un an après, Rose ayant été portée disparue. Il s'agit également du premier double épisode de la série, je vais essayer d'être concise et de parler des parties en même temps (étant donné qu'elles sont très similaires), mais je noterai les deux épisodes indépendamment. Un double épisode se traduit généralement par un épisode de setup, basé sur le suspens et apportant les questions et par un épisode de payoff, basé sur l'action et apportant les réponses.
Aliens in London/World War Three est célèbre pour avoir l'un des pires antagonistes de la série en terme de design : les Slitheens, et malgré tout ce que je peux apprécier dans l'épisode je dois admettre que même plus jeune j'ai jamais trouvé ça drôle d'avoir en guise d'antagoniste des aliens qui pètent et qui, derrière leur déguisement, sont les pire CGI du monde. Et ne me sortez pas l'excuse du "c'est une critique de la société, démontrant que même dans les situations dangereuses le gouvernement se ridicule", je n'y crois pas une seule seconde et pour moi c'est juste du mauvais goût (par contre j'aime bien l'Axorbaloff donc je suis pas si exigeante). En revanche, je peux apprécier que les Slitheens ne sont pas des aliens qui veulent envahir la Terre : ils veulent déclencher une guerre mondiale afin d'en détruire la population et d'en tirer profit en vendant la planète morceau par morceau.
Et pour exécuter ce plan, ils utilisent une méthode assez réfléchie : au lieu d'envahir la Terre dans l'ombre, ils font un leurre en simulant un crash de vaisseau spatial extraterrestre (détruisant Big Ben au passage, très sûrement une pique sur le terrorisme exploitant un certain évènement de la vie réelle arrivé 4 ans plus tôt à New York) afin de plonger la planète dans le chaos et de pouvoir la diriger depuis 10, Downing Street. C'est un double épisode qui est au final assez intéressant malgré les Slitheens, la seconde partie se passant intégralement dans la résidence britannique.
Mais le point fort de l'épisode reste Jackie Tyler et Mickey Smith : contrairement au premier épisode où ils étaient dispensable, ils ont ici une réelle valeur et sont bien plus que des simples proches de Rose : ce sont des véritables personnages secondaires à part entière. Et mine de rien, voir Jackie s'inquiéter pour sa fille ou Mickey se disputer avec le Docteur est probablement la chose la plus intéressante à retenir de ce double épisode. Ça et le retour d'UNIT !
Par contre il va sérieusement falloir m'expliquer pourquoi le mot de passe d'un des sites les plus sécurisés de la planète est "Buffalo".
"You would make a good Dalek"
Je vais aller droit au but : Dalek est la meilleure histoire de Dalek ayant jamais été créée, et je parle au nom des presque 57 ans de la série. Je ne pense pas que sa qualité soit surpassable, et même si ce n'est pas forcément la meilleure histoire mettant en scène des Daleks, c'est au moins celle qui l'exploite le mieux.
Dalek est plus ou moins une adaptation de l'épisode audio de Big Finish "Jubilee", dans lequel le 6ème Docteur est dans un univers alternatif où une énorme guerre s'est déroulée et dont un seul Dalek en est survivant, retenu captif par le gouvernement britannique. Dans l'épisode télévisé, le Dalek est le seul survivant de la Guerre du Temps avec le Docteur, et se retrouve captif dans un musée tenu par le possesseur d'internet.
Jamais autant que dans cet épisode les Daleks ont été aussi menaçant, et pourtant il ne s'agit que d'un seul Dalek. Un seul Dalek capable de tuer plus de 200 personnes armées dans une base souterraine protégée jusqu'aux dents, et pouvant potentiellement décimer la population d'une ville voisine de plus d'un million d'habitant, voire l'humanité entière à lui tout seul. Et pour la raison la plus simple : un Dalek doit tuer tout ce qui n'est pas Dalek, c'est l'idéologie raciste meurtrière à l'état la plus pure, il vit sans aucune émotion exceptée la haine. Et un Dalek est armé lui aussi : il a non seulement la possibilité d'envoyer des décharges électriques mortelles à l'aide d'un rayon laser mais il peut également utiliser sa ventouse (qui n'est normalement rien de plus que sa main) comme d'un moyen d'asphyxier son adversaire au corps-à-corps. Il a également la possibilité de léviter, afin de pouvoir surmonter son pire ennemi : les escaliers (même si ils pouvaient déjà le faire dans Remembrance of the Daleks). On est passé bien loin de la série classique où il suffisait juste de jeter un Dalek par la fenêtre pour l'éliminer !
De l'autre côté, le 9ème Docteur est plus menaçant que jamais : il torture consciemment le Dalek dès leur rencontre, après avoir été effrayé. Le Docteur vit encore de ses traumatismes de la guerre et il affronte le dernier survivant de l'espèce qui a décimé la sienne. Et jamais le Docteur n'aura été aussi déterminé à vouloir exterminer un Dalek, jamais sa haine envers ce peuple n'aura autant été montré que dans cet épisode (ce qui est logique, puisqu'il ressort de la Guerre du Temps). Et sa volonté d'extinction de la race des Daleks se traduit par l'une des phrases les plus cultes de toute la série, le Dalek qui lui rétorque "Vous auriez fait un bon Dalek".
Cette phrase est juste symbolique de l'épisode et de la relation entre les Daleks et le Docteur. D'ordinaire, c'est les Daleks qui sont déterminés à exterminer le Docteur, plus humain, qui ne cherche qu'un moyen de se défendre. Dans cet épisode c'est l'inverse : on a d'un côté un Dalek qui a muté grâce à l'ADN humain de Rose et devient une machine à tuer avec des émotions, finissant par un suicide amené à son propre dégoût, menant donc à l'extinction du dernier représentant de son espèce, ce qui peut être qualifié de génocide et de l'autre on a un Docteur obnubilé par la volonté de vouloir supprimer ce dernier représentant, de vouloir génocider les Daleks. Et cette inversion des rôles est un résultat de la Guerre du Temps, il n'est pas amené du jour au lendemain et ne sera pas effacé du jour au lendemain.
Cet épisode est un chef-d'oeuvre, et seuls quelques petits problèmes viennent gâcher mon plaisir de visionnage, comme les décors que je trouve peu inspiré même pour une base souterraine ou quelques facilités scénaristiques comme le verrou de la cage qui possède des milliards de combinaisons mais aucun système de temporisation. Mais ce sont des choses tellement petites à reprocher que le résultat en est là, aucun épisode n'a donné et ne donnera jamais la conclusion suivante : jamais un Dalek n'aura été montré aussi menaçant que dans cet épisode, et pourtant c'est le Docteur qui finit par en être l'antagoniste. Et rien que pour ça, cet épisode est impossible à descendre.
Et non seulement je viens de me rendre compte que Russell s'écrit avec deux L, mais en plus je viens de me rendre compte que c'est RTD qui a écrit cet épisode que je trouve vraiment inintéressant. Même assez décevant quand on voit de quoi est capable et sera capable RTD.
The Long Game est un épisode dont j'ai beaucoup de sympathie pour ses décors que je trouve comme étant les décors futuristes les plus réussis de la saison 1, mais ça s'arrête là.
Car ce n'est ni le Jagrafess fait dans un CGI d'une mauvaise qualité pouvant rendre jaloux les Slitheen, ni le jeu d'acteur du rédacteur tellement surjoué qu'on pourrait presque l'entendre "t'as de quoi marchander ?" dans le même style que les marchands de légume du jeu Excalibur 2555 AD qui viendront sauver l'effroyable simplicité du scénario, qui n'est pas mauvais pour autant mais qui peine à sortir de l'ordinaire. Et comme l'épisode peine à sortir de l'ordinaire, je peine aussi à trouver quoi dire sur cet épisode. Ce n'est pas le seul épisode sur lequel je vais finir bloquée, mais je préfère prévenir que pour ces raisons précises certaines critiques seront beaucoup plus courtes que toute (surtout quand on arrivera dans les saisons 7 et 11, que je considère comme étant le summum de l'inintérêt).
En revanche si il y a une chose sur lequel j'ai envie de parler, c'est bien le personnage d'Adam Mitchell : le nouveau petit ami de Rose (qui est présenté comme ça dès le début de l'épisode) tellement oubliable qu'il ne reviendra jamais hormis dans un comic où pour se venger il enfermera toutes les régénérations du Docteur. Et pourtant dieu sait que je ne pourrais pas en parler pour une raison simple : à part faire n'importe quoi (comme récupérer la clé du TARDIS et se balader librement sur un vaisseau spatial avec) il n'a juste rien apporté à la saison, ni au personnage de Rose. C'est dommage quand on sait que les deux autres personnages ayant eu ce statut similaire font parti de mes personnages préférés de la série (Mickey Smith et Jack Harkness). Ah et il a un petit air de ressemblance avec Kirby-54 mais c'est juste mon avis personnel !
C'est sincèrement dommage que cet épisode soit si oubliable et gâché par des antagonistes aussi mauvais et des personnages creux, car l'idée même d'un futur sur une planète Terre remplie de plus d'une centaine de milliards d'humains qui ont tous fini esclave d'un système qui les oppresse via les médias est une bonne idée et un bon parallèle sur la situation actuelle, mais cette ambition s'arrête aux idées et n'ira jamais plus loin.
Father's Day est potentiellement l'épisode divisant le plus de toute la nouvelle série : d'un côté on a l'école de ceux qui trouvent cet épisode vraiment très mauvais, apportant son lot d'incohérence pour pas grand chose et de l'autre côté on a l'école de ceux qui trouvent qu'il s'agit d'une réelle pépite.
J'ai longtemps été dans la première école, lorsque j'ai vu cet épisode pour la première fois en 2014 j'ai absolument détesté cet épisode à cause de ses antagonistes, les Reapers, qui sont des ennemis se nourrissant des paradoxes temporels. En effet, on n'a jamais vu ces ennemis avant et on ne les reverra jamais par la suite, alors pourquoi ces ennemis aussi dangereux n'apparaissent que dans cet épisode au vu du nombre de paradoxe de la série ? En réalité, on ne sait pas grand chose sur eux. On sait qu'ils n'apparaissaient pas avant car les Time Lords empêchaient ça, mais on ne sait toujours pas si ces ennemis apparaissent à chaque paradoxe temporel ou même si ils sont éteints après cet épisode. C'est l'un des plus grands mystères de la série, mais je pense qu'on ne devrait pas descendre cet épisode sur ça et ses quelques autres incohérences (comme le Docteur qui est capable de recroiser sa propre ligne temporelle, ce qui a toujours été interdit par le TARDIS avant et je trouve ça bien plus gênant que les Reapers à titre personnel), principalement car ces monstres ne sont pas au coeur de l'épisode : il ne s'agit que d'un élément scénaristique qui n'est là que pour donner de la substance au coeur de l'épisode.
Car, si il y a bien un mot pour définir Father's Day, c'est "humain". C'est un épisode où Rose essaye de sauver la vie de son propre père, où on apprend que c'est sa faiblesse et qu'elle est prête à sacrifier les lois du temps pour sauver son propre père. C'est une prémisce que je trouve très touchante, mais l'épisode en entier est touchant et humain. L'épisode commence par Jackie qui explique que Pete Tyler était un être humain formidable, mais durant tout le long de l'épisode Jackie n'arrête pas de descendre Pete, et quand ce dernier comprend qu'il faut se sacrifier, elle se met à regretter toutes ses actions. En parlant de Pete, il s'agit en réalité d'un homme banal, il se trompe même sur le prénom de sa propre femme. Pourtant, il arrive à deviner que Rose est sa fille du futur et surtout que dans son futur Pete est mort, et qu'il doit se sacrifier pour sauver l'humanité.
Et c'est très touchant : Pete accepte qu'il doit mourir, et il le comprend par lui-même. C'est un acte de courage qui est totalement dans l'ADN du personnage : il préfère se sacrifier et se rend conscience de la chance qu'il a eu d'avoir eu plusieurs heures de vie en plus, et de les avoir passé avec une fille adulte qu'il n'a jamais eu la chance de connaître. La scène de sa "seconde mort" est clairement l'un des moments les plus forts de la saison et cet épisode se centre très clairement sur l'acceptation du deuil via deux perspectives : soi-même et sa fille.
Enfin, petite note personnelle mais je trouve l'ambiance "petite bourgade des années 80" très bien retranscrite : entre Never Gonna Give You Up de Rick Astley qui passe à la radio avant que ça ne devienne un meme et toutes les affiches "no third term for thatcher", un tout petit travail de reconstitution historique d'à peine 20 ans a été fait pour rendre cet épisode crédible.
Pour finir, je pense qu'il s'agit d'une réelle pépite, tant dans les interactions entre Rose et Pete qu'entre le Docteur et Rose où ils finissent par se disputer pour des raisons graves, c'est un épisode qui parle d'humanité à travers l'acceptation de son propre deuil et celui du deuil des autres. C'est clairement un des épisodes les plus originaux de toute la nouvelle série, et je pense qu'il faudra bien plus qu'un ou deux Reapers pour rendre cet épisode si immonde qu'on essaye de le dire !