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Daleks in Manhattan/Evolution of the Daleks fait partie de cette catégorie d'épisode que tout le monde déteste mais que je vais chercher à défendre car il s'agit pour moi d'une réelle pépite beaucoup trop sous-évaluée.
Commençons par ce qui me plaît le plus : l'ambiance de l'épisode. L'esthétique New York des années 1930 est totalement réussie, et j'aime beaucoup le fait que l'Empire State Building est au centre de l'épisode et ça me fait penser qu'on n'a toujours pas eu d'épisode sur la Tour Eiffel et qu'il faudrait remédier ça (alors qu'on en a eu 2 avec la Joconde). La différence de colorimétrie et de jeux de lumière entre le Central Park pauvre et lugubre et le théâtre coloré de Tallulah fait son taff, surtout avec sa superbe musique "My Angel Put The Devil In Me". Mention spéciale à l'Empire State Building en chantier qui arrive à être assez menaçant de l'intérieur.
J'aime également beaucoup les personnages, entre un Solomon courageux qui a fait la guerre et qui apprend aux hommes du quartier à se départager et à ne pas être égoïste, une Tallulah un peu cruche initialement mais également très empathique et qui recèle en elle un vrai courage, un Laszlo transformé en cochon et qui deviendra un réel paria qui habitera la ville-tente de Central Park à la fin et démontrant un réel message de paix anti-racisme et un Frank un peu oubliable mais quand même assez attachant. C'est un épisode qui trouve une partie de sa force dans son cast.
Mais c'est également un épisode qui trouve sa force dans sa façon d'exploiter les Daleks : il est question ici d'abandonner leur objectif premier pour faire survivre leur race. Une expérience finale qui aura pour but de fusionner les Daleks en humain, donnant lieu à une nouvelle race de Daleks mais également en abandonnant leur pureté qui leur est propre. Et je sais que beaucoup n'aiment pas le costume du Dalek humain, mais personnellement je le trouve assez convaincant même si pas exceptionnel. Mais j'aime beaucoup comment Dalek Sec passe d'un Dalek qui convoitait l'esprit humain pour leur volonté de guerre et d'orgueil à un Dalek qui se retrouve fasciné par l'existence des émotions humaines. En réalité, le dilemme entre la pureté et la survie de leur race est au centre de l'épisode, puisque bien que la solution de Dalek Sec semble une solution viable pour sauver les Daleks de la destruction, elle en détruit leur but initial et ça mène à une réelle trahison inter-Daleks, qui mène inévitablement à un (presque) génocide. Et ça mène à un parallèle Dalek devenu humain et humains devenus Dalek inédit dans la série.
Je vais éviter de parler des esclaves cochon, parce que comme beaucoup de monde je ne les aime pas et je trouve qu'ils ne rajoutent rien à l'histoire. Mais je pense que Daleks in Manhattan/Evolution of the Daleks est un épisode qui mérite bien plus de reconnaissance qu'il en a actuellement. Bien qu'imparfait, c'est l'un des rares épisodes à bien exploiter la thématique du fascisme des Daleks et le tout dans un univers cohérent et attachant. Ce n'est pas non plus le meilleur épisode de la saison, mais il reste néanmoins un épisode que beaucoup devraient reconsidérer.
The Lazarus Experiment est lui aussi souvent considéré comme étant un point noir de la saison 3. De mon point de vue, je trouve cet épisode globalement réussi sans en être non plus super intéressant. C'est selon moi la version supérieure de Tooth and Claw, avec une course-poursuite (contre un CGI assez moche) menant une bonne tension au sein de l'épisode. C'est un épisode qui aborde le sujet de la vieillesse et de pourquoi il ne faut pas chercher à la fuir d'une façon pas forcément très intéressante mais qui est soutenu par des assez bons dialogues "certains vivent plus en 20 ans que d'autres en 80". Revoir la famille de Martha est également assez satisfaisant, et c'est cool qu'elle reste dans le TARDIS au final mais ça n'explique toujours pas les motivations du Docteur dans Smith & Jones.
En résumé, The Lazarus Experiment est un épisode très basique (c'est pour ça que j'ai rien à raconter dessus) et qui n'est pas particulièrement bon mais qui est totalement regardable et c'est cool de voir Mark Gatiss en temps qu'acteur (parce que c'est clairement un bien meilleur acteur que scénariste). C'est un épisode qui ne marquera pas particulièrement les esprits (même si j'aime beaucoup la scène dans l'église) mais qui permet de souffler après un double épisode assez riche.
42 est un épisode qui est connu pour être la toute première apparition du plus grand antagoniste qu'ai connu la série : Chris Chibnall.
Mais 42 est également un épisode de type "base under siege" assez basique avec des messages d'écologie, et même si il n'est pas sans rappeler The Impossible Planet/The Satan Pit je trouve les décors très réussi et la surabondance de rouge permet au téléspectateur de bien comprendre le danger imminent de l'épisode. Car tout l'épisode se centre sur un danger : le vaisseau spatial dans lequel sont le Docteur et Martha est en train de s'écraser sur le soleil. Et le soleil a pris aussi possession de plusieurs membres de l'équipage car c'est une étoile vivante. C'est un peu stupide mais j'apprécie l'idée, j'aimerais bien qu'il soit même réexploité par la suite.
D'ailleurs 42 est une référence au fameux guide du voyageur galactique de Douglas Adams, qui a également travaillé sur Doctor Who dans l'ancienne série (avec l'excellent City of Death), mais saviez-vous aussi que cet épisode s'appelle comme ça car il est le 7ème épisode de la 3ème saison de la 2ème série et que 7x3x2 = 42 ?
Enfin, j'aime particulièrement les passages avec Francine Jones et le fait que le fil rouge avec Harold Saxon continue même dans le futur. L'épisode n'a pas grand chose à raconter mais reste particulièrement sympathique à regarder et est clairement un des meilleurs épisodes de Chibnall, bien qu'un peu oubliable.
Human Nature/The Family of Blood est une adaptation du roman du même nom écrit par Paul Cornell et est incontestablement une réelle pépite de la série. Le concept de l'épisode en lui-même est absolument génial : le Docteur qui est transformé en humain et mène une vie humaine pour semer des aliens qui veulent sa peau de Seigneur du Temps. Et c'est absolument génial, parce que l'épisode arrive à créer un vrai dilemme avec le personnage de John Smith : doit-il abandonner sa vie normale en redevenant le Docteur ou doit-il abandonner sa vie à voyager dans l'univers et à sauver des mondes en restant John Smith.
Et cet épisode c'est la quintescence-même de l'humanité du 10ème Docteur : en présentant un personnage qui mène une réelle vie professionnelle et amoureuse, on y voit une facette de personnalité qui n'est pas compatible avec celle du Docteur. C'est un épisode qui va donc jouer avec le jeu d'acteur de David Tennant et de ce côté-là c'est totalement réussi : on croit totalement au personnage de John Smith qui n'est pas exactement celui du Docteur mais qui en garde quand même certaines de ses facultés (chameleon arch oblige). C'est un épisode où on voit John Smith se construire mais également voir sa vie totalement détruite en se rendant compte qu'il est en réalité la personne qu'il voit dans ses rêves. C'est un épisode qui traite de l'humanité de la façon la plus pure qui soit en montrant un protagoniste alien être totalement humain et se débrouiller avec des émotions humaines.
Et cette dissonance entre le John Smith humain et le Docteur alien se voit encore plus dans la conclusion de l'épisode : la fureur du Seigneur du Temps. La Famille de Sang est emprisonnée pour l'éternité et on y voit le Docteur agir comme un réel demi-dieu. C'est l'acte le moins humain qu'il ai effectué au sein de l'épisode mais également l'un des actes les moins humains de la série. Et ça rend l'épisode encore plus poétique qu'il ne l'est déjà. Et c'est nuancé par Martha Jones qui a le travail assez laborieux d'aider John Smith à rester camouflé pendant un an et demi. La détermination de Martha réussi à rendre cet épisode encore plus humain qu'il ne l'est déjà, et peu de compagne ont pu se vanter d'avoir fait autant pour le Docteur en un seul épisode. Même ses sentiments à l'égard du Docteur ne m'ont pas dérangé pour une fois, puisque sa jalousie à l'égard de l'infirmière permet de rajouter un triangle amoureux qui rend cet épisode encore plus humain en confrontant John Smith à un dilemme à la fin de la première partie.
La Famille de Sang, parlons-en. C'est un antagoniste particulièrement intéressant au sein de cet épisode et le fait que l'on ne voit jamais à quoi elle ressemble mais qu'elle arrive quand même à en effrayer un adolescent, couplé avec des mouvements de caméra et des jeux d'acteur assez étranges pour chaque personnage possédé par la Famille de Sang (dont un enfant quand même) en fait un excellent exemple de comment rendre un ennemi effrayant sans jamais montrer son visage. J'ai assez peu de connaissance en réalisation, mais l'aspect "uncanny valley" de ces antagonistes sont particulièrement exagérés et tranchent totalement avec la vie humaine qu'essaye d'avoir le Docteur.
J'ai peu de choses à reprocher à l'épisode, si ce n'est que je ne comprends pas pourquoi Timothy possède des visions (mais ça peut s'expliquer par le fait que la montre a pu avoir un effet de résonnance dans son passé et dans son futur) et pour son originalité poussé dans l'extrême cet épisode ne mérite absolument pas d'être négligé. Et j'aime énormément le setting pré-première guerre mondiale. Il s'agit là de l'un des meilleurs épisodes de la série, l'un des mieux écrits et mieux réalisés, l'un des plus originaux mais surtout l'un des plus humains.