un certain manque de subtilité (June qui a une écharpe devant la bouche et Serena un voile devant les yeux)
C'était ouf ^^ Utiliser un élément aussi trivial que le costume pour faire ressortir l'état des deux héroïnes au centre de la série par rapport à leur société, sans jamais faire un plan spécifique dessus... que faut-il encore à une série pour dire tant de choses avec si peu pour être considérée comme subtile ? Un nain qui parle à l'envers ? (bon okay celle-là elle était gratuite)
Encore un épisode qu'on peut qualifier de taré.
Le background de Nick est une bombe qui vient vraiment anéantir les espoirsde June. Alors oui, on retombe à nouveau dans une dynamique où June doit être obéissante et perd petit à petit espoir, constate Serena s'éloigner et le monde faire machine arrière. Mais tout ça à travers un twist assez renversant que peu de gens ont dû imaginer, et le tout découlant comme toujours d'une suite archi logiques d'événements cause-conséquence, où tous les personnages sont motivés pour des raisons qui leur est propres.
L'épisode est de plus absolument magnifique, avec des plans fixes et des montages géniaux pour souligner beaucoup de choses (les deux Waterfords enfermés dans une cage comme les oiseaux, June et les ailes d'ange, Lincoln, les costumes, les miroirs...). C'est millimétré et génial. Et oui c'est aussi, parfois, assez souligné question symbole (les ailes d'ange surtout), un peu in-your-face, et c'est très calculatoire et froid, presque propagande extrêmiste... et n'est-ce pas un peu tout le but ? Ce que Gilead est en train de mener ?
Je trouve donc qu'il y a tout un sous-entendu de la série qui sait très bien que tout le monde l'attend au tournant sur son esthétisme, ses gros plans centrés sur les visages. Et ça pose un problème de taille (que connaissent toutes les séries feuilletonnantes un peu "esthétiques") parce qu'en faire trop, c'est risquer l'overdose et la critique de la routine, mais ne plus en faire c'est briser tout un code de la série. Difficile de satisfaire tout le monde et la série choisit plutôt de réduire tout ça (en vrai, ya beaucoup moins de gros plans de visage que les années précédentes, et pourtant les gens s'en plaignent de plus en plus, preuve qu'il ne faut pas en abuser) et de s'amuser sur sa composition avec son idée de propagande pour le monde.
Et c'est un peu le même problème avec le scénar : on suit si peu de personnages, et le monde de la série est tellement binaire à tous les niveaux (la révolution ou l'obéissance, le tabou et les dialogues marquants ou les échanges préfaits, Gilead ou le Canada, le rouge et le vert, June ou Serena, le chaos ou l'ordre, les sons stridents ou le silence...). Sachant cela, tout le but de la série ce n'est que de varier de l'un à l'autre et forcément faire des allers-retours constants. Mais si on n'a pas conscience de ça (ou si on s'attend à plus, en mode une vraie série politiques par exemple qui explorerait à fond l'économie de Gilead et les relations internationales, ce qui n'est pas le but de la série, mais bon je peux comprendre que ce soit une attente/critique compréhensible), la série se met un peu dans un piège toute seule où lors de ses moments décisifs, tout devient à nouveau binaire avec deux chemins, à gauche et à droite. Par exemple, Serena qui ne peut que continuer sa démarche, ou revenir entièrement sur sa décision. Pas d'entre deux, c'est le système qui l'impose. Ou encore, June qui à la fin doit s'agenouiller ou péter un câble et pousser Serena dans les marches en direct. J'y ai pensé. On y a tous pensé, je suppose. Mais c'est toujours un 0 ou un 1, lors des grandes décisions (bien sûr, les moments privés sont beaucoup plus ambigus, comme le sublime échange Lydia/June ou le rôle de Nick). June a le choix mais la série ne l'a pas : si elle se rebelle, on s'y attend, et en plus on se dirait "c'est encore trop gros qu'elle s'en sorte", et si elle ne se rebelle pas, on s'y attendait aussi, et en plus on se dirait "super toujours la même chose on revient à la fermeté".
Cette neutralité, cette potentielle "troisième voie", June fait tout pour la faire ressentir (le regard avec l'autre servante, le fait qu'elle attende quand même un peu avant de s'agenouiller/force Fred à répéter), mais ultimement elle doit plier, et la série rejette même un peu elle-même cette voie neutre avec l'échec complet de l'intervention de la Suisse (symbole de la neutralité à l'extrême par excellence, j'ai un peu souri quand j'ai vu qu'ils étaient choisis comme tiers). Jusqu'au jour où un acte démarrera vraiment la machine révolutionnaire. Jusqu'au jour où, on l'espère, June tirera une flèche de trop (pour reprendre le lore de Katniss et de Hunger Games comme cités par Manoune, un très bon parallèle ici : du symbole de la Capitale à l'idée de propagande et de martyrs).
Et puis je n'ai même pas encore mentionné l'hypocrisie oufissime du système avec la famille de 6 enfants chez le super-Commandant (preuve que même les inégalités existent encore à Gilead)(sans déconner c'était pas archi flippant comme vision ? ça me rappelle un peu les familles protestantes américaines qui poussent l'idéologie de la famille parfaite à l'extrême), et l'anguille sous roche énorme du toucher du commandant sur Fred (un gay refoulé ? est-ce pour cela que la servante a les lèvres cousues ?).
Tout l'épisode est globalement scotchant, j'étais parti pour mettre 16 mais en écrivant et vu la qualité globale des 3 derniers épis je monte d'un cran. En plus l'épisode recentre vraiment toute la série sur la relation Serena et June (évident avec cette fin devant Lincoln, très symmétrique), ce que je n'avais pas réalisé jusqu'à encore maintenant (je considérais la série comme vraiment centrée sur June uniquement alors que les signes étaient là depuis le début de la saison). C'est du bonheur en barre.
Ton avis m'a donné des frissons.
Quelle série <3