Attack on Titan
L'Attaque des Titans
Dans un monde ravagé par des titans mangeurs d’homme depuis plus d’un siècle, les rares survivants de l’Humanité n’ont d’autre choix pour survivre que de se barricader dans une cité-forteresse. Le jeune Eren, témoin de la mort de sa mère dévorée par un titan, n’a qu’un rêve : entrer dans le corps ...
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Terminée | Japonaise, JP | Pas de durée |
Action, Aventure, Animation, Anime, Drama, Fantasy, Science-Fiction & Fantastique, Action & Adventure | MBS, NHK, NHK G, Tokyo MX | 2013 |
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Avis sur l'épisode 4.25
Avis favorable | Déposé le 28 septembre 2022 à 19:14 |
C’est l’épisode le plus sobre de la série, le plus repectueux d’une unité de temps, de lieu et de personnages, et clairement qui a été le moins cher à produire aussi : on sent qu’on est toujours dans le creux de l’arc en termes d’investissement, mais le choix du minimalisme ici est très malin. Les plans sur la forêt sont certes clairement prolongés, mais forment une composition assez belle et qui font écho finalement à la métaphore des “enfants de la forêt” répétée tout au long de la saison, à savoir, nos personnages piégés dans un monde cruel, qui tentent d’en sortir. A l’issue de la discussion, ils n’y en sont pas encore, mais ils s’y sont, pour la première fois en 5 ans, rapprochés. Finalement, c’est donc là que tout vient de se gagner. Les plans viennent toujours nous rappeler ça avec le ciel comme échappatoire (symbole évident de liberté) qui est plus ou moins tenu éloigné des arbres et des dialogues autour du feu selon les propos tenus. Quand les personnages retombent au plus bas (comme quand Jean tabasse Reiner puis Gabi par erreur), on retourne à la terre et à la réalité des horreurs. C’est l’épisode qu’on attend depuis 83 épisodes. C’est une discussion, une pause, et pourtant sûrement le passage le plus intéressant et le plus tourné sur le futur. On est débarrassé d’absolument toutes les fioritures de la série. Flashbacks, temporalité, séquences d’action, lore. L’histoire est dépouillée de tout artifice. Même le carton de pause de l’épisode fait un focus sur… le ragoût d’Hanze. C’est le degré zéro du divertissement pour que ne ressorte que le discours et les dialogues. Et ça fait vraiment du bien de voir ce calme avant (et après)(et pendant, en fait) la tempête. Il faut dire qu'on est en présence de personnages qui - ils le disent eux-mêmes - n'ont fait que se battre, à mort, sans cesse, depuis des années. Les dialogues soulignent l'évidence, certes, mais permettent aussi d'aborder des conflits intérieurs et des animosités dans cette équipe de sauvetage de l’humanité hautement improbable. La discussion part d’un malaise palpable, que Hanze (toujours mon personnage préféré) tente de détendre à base d’humour jovial, avant de s’emporter car elle se doit de rappeler les bases : en toute circonstance, peu importe la finalité, le génocide n’est jamais une option. Ce n’est évidemment pas anodin que l’enjeu de la fin de cette oeuvre soit de stopper une arme de destruction massive, et que cette oeuvre soit japonaise. L’auteur semble s’exprimer à travers Hanze. La séquence où elle imagine les “fantômes” de ses camarades tombés au combat, est d’ailleurs magnifique. Car de ce postulat tient tout le reste des enjeux : du coup, si on refuse cette option, il faut faire des choix. Il faut stopper Eren. Comment ? En le tuant ? En se mettant à dos toute l’île de Paradis ? Il faut préparer l’avenir aussi, si ce plan (qui n’existe même pas encore) fonctionne. Et il faut tenter de comprendre pourquoi on en est arrivé là. A ce titre, les paroles de Jean ("vous nous punissez pour des crimes commis il y a 2000 ans") et de Hanze ("Arrêtons de polémiquer sur des événements que personne n'a connu") sont extrêmement libératrices. On constate le chemin parcouru et l'évolution des mentalités des personnages, tous devant vivre avec un trauma personnel, y compris les plus jeunes Falco et Gabi, les seuls plus ou moins encore “innocents” (de grosses guillemets pour Gabi quand même) dans l’histoire, les vrais enfants de la forêt. Ce qui est assez magnifique c’est qu’en un dialogue (de vingt minutes quand même), l’anime raccroche tous ses wagons. 13 personnages autour du feu, 13 trajectoires, et ils ont tous leur rôle à jouer, leurs points de vue et leurs bonnes et mauvaises actions. Je suis particulièrement impressionné par la cohérence thématique de l’anime qui fait notamment appel à la mort de Marco, vraiment le personnage qui aurait pu être un détail dans l’histoire, qui était le premier à avoir dit aux traîtres “on n’a même pas essayé d’en parler”, ce qui revient avec de gros sabots ici quand Jean parle à Annie et Reiner. Il y a quand même quelques gros twists balancés au détour de la conversation : on nous révèle que Yelena est une fausse-émigrée et en fait une Marleyienne juste illuminée suite à sa rencontre avec Zeke, ce qui ajoute de la noirceur à son tableau. Et surtout, Hanze évoque qu’elle aurait vécu “des mois” sur le continent, ce qui motive justement tout son angle d’approche de combattre Eren même si ça va contre leurs intérêts. C’est un poil dommage qu’on n’ait pas vu leurs moments sur le continent avant de voir l’épisode, car ça aurait donné du poids à l’opinion d’Hanzi. Mais après tout, il n’y en a pas besoin : le spectateur ne peut que la rejoindre, il n’y a littéralement que le nazisme (et tous les modes de pensée affilié) qui peut rejoindre la vision des Jaegeristes. C’est à nouveau sans doute une morale positive que pourra prendre la fin de l’oeuvre : voyager et rencontrer qui existe de l’autre côté de la barrière (mur, océan ou frontière), ça donne un visage sur des “démons”, ça amène une nouvelle perspective, et ça amène l’humanité ensemble vers un semblant de progrès. Car finalement, le dialogue marche : Annie accepte que Mikasa tente de raisonner Eren si ça peut lui éviter plus de meurtre, et Jean, qui à ce stade agit vraiment comme le “Eren positif” de l’anime, le protagoniste alternatif, s’excuse auprès de Gabi, dont la “transformation” déteint sur lui. Mikasa, Jean, Hanze, Pieck, Annie, Reiner, Gabi, Falco, Theo Magath, Livai, Yelena, Onyankopon, Connie, Armin : qu’on ne vienne pas me dire que l’anime ne sait pas faire de ses personnages une force, car on peut comprendre chaque trajectoire de ces personnages en quoi ils ont pu être dans le faux et dans le vrai, et comment en parlant un peu entre eux, ils voient une échappatoire à cette forêt… du moins, si on oublie que les arbres, à court terme, ça reste totalement impassible et aussi fixe que les plans de l’épisode. Est-ce qu’ils vont vraiment réussir à transcender leur nature, et donc la nature ? Réponse très bientôt : premier test avec… une mission infiltration et récupération d’une cible gardée par des escouades, le tout avec sans doute plein de victimes à venir mais dans le but glorieux de sauver le monde sans pouvoir le dire aux futures victimes. Hum, j’ai comme qui dirait un air de déjà vu, 83 épisodes plus tôt, avec un mur à détruire à la place. Pas sûr que le cycle soit tout à fait brisé, finalement, mais avec cette discussion autour du feu, on a envie d’y croire. |
Le meilleur épisode de la série.
Il y a un truc que je déteste tout particulièrement dans une série / film : ce moment où les personnages disent des évidences, déjà connues par le spectateur, à voix haute. C'est complètement le cas ici. Chacun énonce des éléments qu'on avait tous déjà compris depuis longtemps... Et c'est précisément ça qui est génial. Parce qu'ils ne le se sont jamais dit entre eux. La série a même l'intelligence de renvoyer à la mort de Marco, qui a tout déclencher "On aurait pu quand même se parler". Tout SNK est là, dans cette phrase. Avec Reiner qui avait hésité devant l'absurdité de la situation qui est renvoyé face à ce même Reiner qui se souvient (dans l'épisode suivant) d'une phrase prononcée par Eren.
Avant même que la série ait commencé, les dés étaient pipés. Les personnages étaient pris dans un cercle de vengeance et jamais même, ils n'ont pris le temps de discuter. Et pour une série qui parle beaucoup, c'est un comble. On en a eu des monologues sur les stratégies militaires, sur les atermoiements des personnages, sur la situation globales, etc. Mais il n'y a pas eu de moments de pardon. De calme. De repenti.
Placés tous à égalité en cercle autour du feu de la violence, chacun des personnages est à la fois coupable et non coupable dans le même mouvement. Et la série probablement par soucis d'économie (comme l'indique Galax), mais en même temps, avec une extrême intelligence, de renvoyer cette furia humaine à l'intangibilité de la nature. Comme si l'impassibilité des arbres et du ciel venaient renforcer l'absurdité de la situation. J'ai rarement vu, avec une telle force, montré dans une œuvre de fiction, la vacuité des passions humaines. C'était vraiment sublime.
Bel avis ! Envie de revoir l'épisode avec tout ça