Doctor Who
Dernier représentant des Seigneurs du temps et âgé de plus de 900 ans, Le Docteur parcourt l'espace et le temps dans son TARDIS. Amoureux de la race humaine, il se fait régulièrement accompagner par des compagnons d'aventure. Partagé entre folie et génie, insouciant mais conscient de ses responsabilités, il ...
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En cours | GB | 45 minutes |
Science-Fiction, Aventure, Drame, Fantastique | BBC One, France 4, Disney+ | 2005 |
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Avis sur l'épisode 9.01
Avis favorable | Déposé le 20 septembre 2015 à 01:51 |
Spoiler
Il y a très exactement 40 ans, le Docteur se retrouvait face à un dilemme : faire exploser une salle d'incubation dans laquelle se trouvaient les embryons allant devenir les premiers modèles de la race la plus destructrice que l'univers n'aura jamais connu... ou ne rien faire. Je pense qu'avoir ces éléments en mémoire en regardant The Magician's Apprentice rend l'expérience de visionnage complètement différente. Dès la première scène, où nous sommes happés dans le récit par un contexte de guerre militaire dans une mise en scène absurde et brumeuse, on repense immédiatement à Genesis of the Daleks, l'épisode classique de Four, qui avait une première scène similaire en tout point. L'hommage est trop juste pour être une coïncidence, et plus tard dans l'épisode, la scène extraite du célèbre dilemme que j'ai décris plus haut qui apparaît sur un écran en est la preuve. Que dire donc de la révélation qui suit la première scène, concernant l'identité de l'enfant ? Qu'on l'ait deviné ou pas avant de voir la saison à cause des rumeurs, cette scène pré-générique mystique restera à jamais une des intro les plus fascinantes et énormes de l'histoire. A partir de ce moment, l'épisode se la joue tantôt "The Pandorica Opens" en faisant apparaître de très nombreux lieux dans l'espace et le temps et en faisant pleuvoir le fan service (les Oods, les Haths, les Sycorax, Karn, la Proclamation de l'Ombre), tantôt "A Good Man Goes to War" en choisissant de baser toute une grosse moitié de son épisode sans faire apparaître le personnage du Docteur - un comble vu l'intro sans précédent qui débutait l'histoire. L'occasion de passer sur un concept ingénieux - les avions gelés dans le temps, ce qui aurait pu faire l'objet d'un épisode d'ailleurs - afin de réintroduire Missy, qui va s'occuper de prendre toute la place du deuxième acte. Retour cinglant, répliques destinées aux fans excellentes , gags hilarants (quand elle fait bouger l'avion pour donner un peu d'ombre <3), Michelle Gomez est juste au top de sa forme. Bref, Missy revient, plus "bananas" que jamais, et elle a clairement les meilleures répliques. Qu'elles soient drôles (sa remarque sur Clara étant le toutou d'elle et du Docteur), provocantes (la référenc à Danny Pink), méta ("Never seen THAT before" après que le Doc dit qu'il voyage sans sonic) ou juste trollesque à souhait histoire d'embrouiller ce que les fans savent de la mythologie du show ("the Doctor was a little girl"), elle a tellement de bonnes lignes qu'elles sont trop nombreuses pour les citer. Vient ensuite le ventre mou de l'épisode. Celui que je redoutais en construisant toutes les histoires de cette saison comme des two-parters "juste histoire de faire des two-parters". Ce moment où Steven Moffat se laisse trop aller dans le fanservice et dans l'exposition, oubliant au passage de développer une histoire. Oui, au bout de 25 minutes post-générique, le scénario n'a toujours pas véritablement commencé et l'ensemble ne reste à ce stade qu'un enchaînement de scènes à une autre... Cela dit, c'est toujours hautement appréciable et les idées pleuvent, notamment cette quête de l'anachronisme. Le Docteur et sa guitare, c'était un passage tout de même un peu surréaliste par rapport au reste de l'épisode, un poil longuet. Je vois bien la tentative méta de Moffat dans la scène de la foule en délire (avec un petit "coucou" de Clara ou Capaldi qui fait son show comme pour nous souhaiter la bienvenue après 9 mois d'absence), mais l'ensemble ne semble pas pertinent dans l'histoire. Seules quelques instants (le câlin du Docteur, la mention du mot "magician" qui nous donne un indice sur la signification du titre) semblent vraiment reliés d'une quelconque façon à l'intrigue. Par-dessus le marché, le lieu est moche comme pas possible. Les "tribunes" sont tellement peu nombreuses qu'il est impossible de se sentir impliqué dans une arène circulaire - ça pue le décor démontable à plein nez. Il est dommage que le budget trop serré, empêchant l'équipe de production de se déplacer dans un vrai stade, limite l'histoire. Heureusement, l'épisode bénéficie d'une mise en scène autrement assez réussie, par la réal' de Blink. Bref, sans nous endormir complètement, ce passage ne fonctionne pas et nous fait un peu sortir de l'épisode. Cela dit, la dynamique de trio Missy/Clara/Docteur est géniale. Le concept de Colony Sarff est aussi assez visuellement saisissant (et la décomposition de son visage est fabuleusement bien mise en scène) pour divertir. Et les choses commencent à devenir véritablement intéressantes quand le Docteur explique le B.A-BA à savoir concernant Davros pour les nouveaux fans (c'est pas comme si Journey's End est l'épisode le plus vu en live de l'histoire du NuWho, mais bon) et qu'il pose la question que s'est posée Moffat en écrivant l'épisode :
The Magician's Apprentice racontera donc la genèse de la genèse. La création du créateur. Le Docteur est un magicien, et l'être le plus abominable (?) de toute l'histoire se révèle être son apprenti.
(dans cette deuxième réplique de dialogue entre les deux, la comparaison est explicitement déjà faite) C'est absolument jouissif de voir une telle idée, que quasiment seule une série ayant un passé aussi dense et complexe que Doctor Who peut offrir, portée à l'écran. C'est à ma connaissance, complètement inédit dans la série, une histoire qui fait autant ouvertement office de séquel à une autre, à autant de temps d'intervalle, dans un contexte totalement différent. La révélation de la planète Skaro n'est plus qu'une formalité, mais elle est sacrément bien fichue. Et par la suite, on comprend de suite que le coeur de l'épisode se déroulera dans les conversations entre Davros et le Docteur. Ce que l'épisode ne manquera pas de faire remarquer tout de suite, à travers une autre réplique à double-sens pour les téléspectateurs (tout en gardant sa signification dans le récit) :
Leur entrevue dans cet épisode ne dure pas longtemps, mais déjà, les grands mots débarquent. Julian Bleach reprend son rôle de Davros et parvient toujours à délivrer ses répliques phares avec finesse et dureté.
Ces deux-là semblent, d'après le trailer, destinés à rester dans la même pièce un bon bout de temps, et damn, je suis impatient de voir enfin une incarnation comme celle de Capaldi confrontée à Davros. En espérant que la rencontre de leurs idéaux provoquera des discours aussi intéressants qu'elle l'a toujours fait, avec Tennant, McCoy, Davison ou Baker. En parallèle, Missy nous offre un speech tellement classique et prévisible que même les Daleks en ont marre et l'exterminent net, mais il est intéressant de voir l'incarnation de Missy se prêter au rôle de maîtresse du mal qui complote avec les Daleks (une idée assez inédite pour deux ennemis qui vont rarement de pair)... avant de la voir échouer dès le début, comme si le show expliquait en quoi un Maître qui tergiverse et les Daleks ne font pas bon ménage. Au passage, cet épisode nous confirme que l'utilisation de Daleks de la série classique parmi les Daleks "figurants" servent à créer une sorte de diversité visuelle au sein de leur race, comme le faisait assez bien Asylum of the Daleks. Ce sont des ennemis ayant évolués et ayant connus différentes périodes au cours du temps (ce que les deux épisodes, Magician et Asylum, démontrent assez bien). Ramener Skaro à ce stade de la chronologie des Daleks leur offre un certain renouveau qui arrive à point nommé. Quand vient l'heure de Clara, malgré le fait qu'on sache pertinemment qu'elle s'en sortira d'une manière ou d'une autre puisqu'elle est dans le reste de la saison, on ne peut s'empêcher d'être saisi par la tension de la scène. Le speech de Davros décrivant ce que ressentent les Daleks à ce moment, leur frisson, leur faim d'extermination (pouvant expliquer au passage tous ces moments gênants dans la série où les Daleks ont trop tarder à exterminer des gens en préférant se vanter - super idée), accompagné par les plans sur les gestes désynchronisés et j'ai envie de dire "vivants" des membres des Daleks, les regards apeurés de Clara, ceux désespérés du Docteur, le tout sur la musique magnifique (reprise d'Asylum justement) de Gold... pfioou, c'était très, très puissant. Un grand moment de maîtrise où dialogues, mises en scène et acting sont parfaitement en phase.
Qui mieux que le créateur des Daleks peut nous faire ressentir aussi bien la façon dont les Daleks pensent et fonctionnent ? Davros a su capter le côté "humain", ou plutôt "être vivant" des Daleks, en caractérisant leur haine sous une forme assez originale : un besoin, un plaisir, une chasse. J'ai été plongé dans la psyché des Daleks au moment d'exterminer une personne et je ne m'y attendais pas. Après Into the Dalek qui nous faisait voir leur corps, peut-être que The Witch's Familiar nous plongera encore un peu plus dans leur esprit... La réaction du Docteur est sans équivoque "Why have I ever let you live ?" et la suite coule de source. Le cliffhanger est, sans qu'on le sache sur le coup (à moins de s'être assez ennuyé pour guetter constamment le chrono) déjà entamé quand la scène finale vient nous asséner le coup de grâce et, en fait, justifier un peut tout ce qu'on vient de voir : le Docteur ne refait plus la même erreur que sa Quatrième information et retourne dans le passé pour tuer Davros tant qu'il le peut. On le voit aller là où il n'aurait jamais dû aller. En dépit de l'aspect "bien sûr qu'ils ne sont pas morts", si on s'arrête deux minutes sur ce cliffhanger, il est vraiment excellent. Il peut nous faire considérer que le Docteur prendra des mesures drastiques pour changer l'histoire des Daleks, afin de sauver Clara par exemple. Au final, on se pose beaucoup de questions tout au long de l'épisode. Peut-être un peu trop ? L'épisode ne se tient pas par lui-même et, étant moins linéaire que The Impossible Astronaut (pour citer un élément similaire), il nous perd et met en doute notre confiance sur la maîtrise de tous les éléments. Par exemple, avec cette idée de testament du Docteur, qui peut vite être bancale et inutilisée. Cela dit, quel plaisir de retrouver comme en saison 6, une ouverture de saison si "fin de saison", épique dans ses proportions ? The Magician's Apprentice m'a l'air d’être la première partie d'un vrai two-parter à l'ancienne, où la première est plus de l'exposition et où la deuxième sera plus de l'approfondissement des thématiques. Enfin, dans l'ensemble, The Magician's Apprentice reste une excellente introduction, pas exempt de petits défauts mais extrêmement prometteuse et à la hauteur de ce qu'elle pose comme postulat. |
Excellent, du début à la fin (Sauf l'arène)
Dommage que les rumeurs et les trailers spoilent Skaro et Davros... Ces derniers temps c'est pas terrible la com (Dark Water / Heaven...)