C’est une finale extrêmement lente, sans doute la plus lente de toutes, car ils ne sont plus que 3, le final Two étant même obvious à ce stade, et il faut pourtant que ça tienne 1h30.

Le point fort de l’épisode réside dans sa réalisation. A ce stade, c’est un documentaire assez sublime où on voit 3 personnes qui se sont surpassées, qui n’ont rien à faire pendant 3 jours et reflètent donc sur leur aventure extraordinaire et humainement changeante.

C’est bien monté, les plans sont beaux, et entendre les trois personnes parler de leur voyage c’est bien fait. A nouveau en revanche, c’est très pauvre en termes stratégiques, sociologiques, ou même dynamique de groupe. C’est plus une aventure qu’un jeu. Le “previously” est d’ailleurs long, les plans animaliers sont longs, etc.

Le format du final est à part ça le même que la saison 1 : une épreuve ultime basée sur un questionnaire sur les autres aventuriers, un “Rites of Passage” avec flashback de chaque éliminé très spectaculaire à travers un dernier trek dans l’Outback, des mots du jury sur leurs attentes avant le dernier conseil, puis le règlement de compte.

Ce qui est frappant cela dit, c’est que par rapport en saison 1 où littéralement plusieurs personnes du jury disaient qu’ils n’ont envie de voter pour aucun des deux, ici, tout le monde respecte à fond Colby et Tina (sauf Jerri sans doute). C’est le jour et la nuit, c’est vraiment un pays d’amour et de solidarité.

Le Final Tribal Council vient donc à peine relever le niveau de drama et de jeu de la saison. Sur ce point il peut être un poil décevant. En même temps, difficile de passer après le speech du snake & rat.

En revanche, le conseil met tout de même en lumière les quelques crasses de Tina et Colby, leur stratégie remontant à l’époque de l’éviction entre Keith & Mitchell. On constate surtout à quel point Tina a géré d’une main de maître la situation pour que, comme Jerri le dit, elle ait même instauré une alliance avec Colby si forte que ce dernier ne se pose pas la question deux fois avant de la choisir (d’ailleurs c’est pour ça qu’on ne nous montre aucune phase de son choix en amont : son choix était fait depuis longtemps).

JERRI: Your greatest strategy of all was getting Colby to pick you over Keith to be sitting where you're sitting right now

Jerri résume tout là-dedans, c’est ce que les 5/6 précédents épisodes (depuis Kucha dépassé en fait) tendaient à montrer : un choix final de Colby qui peut, ou non, faire gagner Tina.

Elle fonde ainsi tout son speech sur la stratégie, là où Colby ne semble pas avoir de ligne directrice claire. Il ne fait pas une mauvaise performance, et récupère tout de même les votes de Rodger, Nick et Amber. Mais peut-être paraît-il un peu trop confiant.

C’est vraiment un template classique, quasi banal d’une finale de Survivor. C’est 3 crans en-dessous de la première : il n’y a ni la pression, ni le drama, ni les règlements de compte, ni le chaos, ni l’humour. C’est doux, nostalgique, bienveillant, presque plat (même Keith est montré positivement ici, à part le passage où Colby dit qu’il ne voulait pas de lui à la fin), mais bien fichu.

Tina l’emporte 4-3 dans un dénouement très serré qui aurait franchement pu basculer d’un côté comme de l’autre en deux secondes. Quelque part, je trouve ça très juste que Colby ne remporte pas le pactole, car vu son montage idyllique de Captain America héroïque alors qu’il a eu un comportement parfois puant, j’aurais peu aimé le symbole. Tina est amplement méritante et a vraiment su jouer son jeu d’une main de maître avec le coup de pouce du feu de Michael qui l’a catapultée vers le sommet.

Comparé à la saison 1, l’ampleur visuelle et le budget était démesuré, comme ce début de final live où Probst ramène l’urne de l’Australie aux US (détail très cool, les survivors portent leurs vêtements d’aventure pour certains, ce qui aide à la transition).

Tina remporte donc le million, le titre, et surtout le drapeau de la tribu Barramundi, symbole qu’elle et Colby ont, sportivement et en bienveillance, parié sur la fin. Tout un symbole qui résume bien cette saison, qu’on pourrait qualifier de “la plus culte” et la plus importante de l’histoire (avec un nombre record de candidats qui reviendront !), mais qui est loin d’être ma préférée, pour sa banalité et son manque de profondeur.