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Un épisode difficile à jauger. Il est incompréhensible d’autant jouer la montre à quelques heures de la fin. C’est la saison finale, pardi ! Ou alors, il faut qu’il y ait une raison valable et pour juger de cela, il faudrait attendre de voir le reste des épisodes.
Mais, toujours est-il que cet épisode ne fait pas avancer grand-chose. Pire c’est une répétition de ce que nous savions déjà. Que Gus et Kim ont la frousse de leur vie, on avait compris. Il y a aussi ce petit quelque chose dans la réalisation qui fait tache par rapport au standard de qualité habituel. Je pense en particulier à la manière dont sont filmées la scène de boxe et la scène en Allemagne (la CGI était trop frappante).
Il m’apparaît aussi qu’un problème fondamental de cette saison est la manière dont l’information est distillée. On ne sait toujours rien du fameux plan de Kim et Jimmy et nager dans le flou perpétuel peut commencer à lasser. Parfois, aussi, la série se veut trop subtile. Quand un client demande à Gus des nuggets épicés, Gus fait le rapprochement avec Lalo et le labo ; dans la S5, il avait présenté pour la première fois à Peter Schuler de Madrigal cette nouvelle recette. Dans la suite de l’épisode, Gus va planter son pistolet sous un tracteur dans le chantier du labo comme s’il prévoyait de piéger plus tard Lalo. Mais, il est facile de passer à côté de ces petits détails ; les différentes analyses sur le net sont utiles.
La partie de Lalo en Allemagne me pose problème. C’était un peu surréaliste ; jamais je n’aurais imaginé que les scénaristes nous fassent une fanfiction de James Bond… Je ne sais pas, mais la ficelle est grosse pour moi et en inadéquation avec l’esprit de la série. Toujours une fois, cela peut être justifié par l’intrigue : Lalo a théoriquement retrouvé la trace de la veuve de Ziegler en utilisant les informations trouvées lorsqu’il a assassiné l’employée de TravelWire (le bureau de transfert d’argent) en fin de S4. De même, en début de saison 5, il n’est pas satisfait de l’explication de Gus qui prétend que Ziegler travaillait sur le projet d’un refroidisseur industriel. Donc, ça fait plutôt sens a priori qu’il enquête sur le sujet ; mais je pense que ça aurait pu être mieux amené en montrant les différentes étapes de l’expédition de Lalo par un montage.
Conclusion : j’ai des réserves quant à cet épisode et espère que les scénaristes sauront vite redresser la barre.
Déjà le sixième épisode. Ce que le temps peut défiler vite. À mesure que Better Call Saul s’approche de sa fin, chez beaucoup de téléspectateurs, l’espoir d’un feu d’artifice a cédé la place à l’inquiétude. L’inquiétude que l’on se joue peut-être un peu trop de notre patience. La sentence est tombée : il faudra encore attendre une prochaine fois. Mais, il serait sacrilège d’omettre les multiples réussites de cet épisode.
« Axe and Grind » réussit là où échouait l’épisode 5 « Black and Blue », à savoir ne pas tomber dans la redite. C’est avec un grand soulagement que nous sont épargnés les longs plans fixes montrant Gus en panique. Mieux l’épisode nous offre un éclairage inédit sur la personnalité de deux protagonistes : Kim et Howard.
L’autre réussite de cet épisode et de la série en général est son imprévisibilité, défi qui semblait fort compliqué au vu de son statut de spin-off. Better Call Saul a toujours joué avec la gratification différée, retardant la transformation de Jimmy en Saul, construisant brique par brique ce moment attendu depuis longtemps. Ce même principe est repris dans la construction de cette mi-saison. C’est une réussite en soi qu’un spin-off puisse autant frustrer par sa capacité à brouiller si habilement les pistes. Mais, l’effort serait vain si la concrétisation de cette tension est décevante. Le mystère reste entier. La question : faites-vous partie de ceux qui croient au sursaut ou non ?
« Axe and Grind » semble préparer le terrain à une fin de mi-saison que l’on espère cataclysmique. L’épisode réussit à redonner du souffle à la série après l’impaire de la semaine dernière. La tension est filmée impeccablement par Giancarlo Esposito ; les protagonistes sont poussés dans leurs derniers retranchements. Vivement la suite ! (Plus de détails dans ma critique)
Il fallait que Better Call Saul frappe fort pour clore cette mi-saison placée sous le signe de l’anticipation. Les scénaristes ont-ils réussi leur coup ? Sans plus de suspense, j’ai envie de répondre un grand oui, car cataclysmique aura été ce dernier épisode intitulé Plan and Execution. Nous voilà désormais pris au piège dans l’engrenage de la tragédie dans tout ce qu’elle a de plus noir, de plus lugubre, de plus révulsant…
Et si l’un des objectifs non avoués (le génie, diront certains) de cette mi-saison n’était pas finalement de changer notre perspective sur les personnages ? Nous qui soutenions Jimmy et Kim dans leurs manigances au cours des saisons précédentes, ne devient-il pas difficile pour nous de justifier leurs actions ? Ils ont franchi la ligne rouge depuis le début de saison au point de devenir méconnaissables. Où est passée la Kim empreinte de justice et de bonnes intentions ? Où est passé le Jimmy maladroit, mais au bon cœur ? Et si Howard disait la vérité quand ils traitent Jimmy et Kim de sociopathes.
Avec cette lecture, le visionnage de tout l’épisode devient à la limite du soutenable. À mesure que les pièces du puzzle s’agencent, on espère qu’Howard s’en sortira, que le plan de Jimmy et Kim ne fonctionnera pas comme prévu. Mais, c’est peine perdue : Howard passe pour un illuminé auprès de ses confrères. L’intelligence ou le machiavélisme du plan de Kim et de Jimmy, c’est de faire en sorte qu’Howard les soupçonne, mais sans qu’il puisse le prouver. En particulier, la révélation que le détective privé était depuis tout ce temps de mèche avec les deux tourtereaux rajoute une compréhension nouvelle.
Pris individuellement, Plan and Execution est donc un très bon épisode qui met un gros coup d’accélérateur à l’intrigue et qui arrive à mêler humour, tension et tragique. Néanmoins, d’un point de vue global, cette première moitié de saison laisse pour l’instant un goût doux-amer ; elle a été déconcertante par moments, parfois trop confiante en ses effets (avec l’impression que c’est n’est qu’une longue mise en bouche). La seconde partie de saison saura-t-elle rectifier le tir ? Rendez-vous le 11 juillet pour le découvrir. (Plus de détails dans ma critique à paraître)
Le dernier plan sur le visage souriant de Lalo devrait en hanter plus d’un. Dans l’ensemble, « Point and Shoot » est un épisode solide, haletant, rythmé et qui ne sacrifie pas l’action à la profondeur psychologique des personnages. La série s’en sort très bien malgré son statut de spin-off, même si la mort de Lalo arrive peut-être un peu tôt ou de manière expéditive. (On se doute bien que les scénaristes étaient limités par la chronologie). Les cinquante minutes sont passées à une vitesse éclair. Et que dire du jeu des acteurs qui magnifient l’ensemble ? Un tour de force surtout lorsqu’on sait que c’est dans cet épisode que Bob Odenkirk (l’interprète de Jimmy) a eu un incident cardiaque et qu’une partie des scènes a été tournée bien plus tard en essayant de coller au mieux à ce qui avait été déjà filmé.
Il reste la question de savoir ce qui peut bien se passer dans les cinq prochains épisodes, maintenant que la partie cartel semble avoir trouvé une résolution (j’ai l’impression de répéter constamment cette question tant la série réussit à brouiller les pistes). L’un des scénaristes promet un neuvième épisode « plus grand, plus terrible et plus bouleversant ».
À la question de savoir ce qui nous attend dans les prochains épisodes, la réponse de Peter Gould reste terriblement mystérieuse : « Oh mon Dieu. Tout ce que je peux vous dire, c’est que je ne pense pas que la suite est comparable à Breaking Bad ou Better Call Saul. Il y a des choses qui seront très différentes. Je pense que cela fait sens par rapport à la nature de la série et des personnages, mais vous allez voir des tons différents, des environnements différents, des personnages différents. » Que doit-on comprendre ? (Plus de détails dans ma critique à paraître)