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Le neuvième épisode de Better Call Saul se recentre sur ce qui fait la force de la série : ses personnages et leurs imperfections qui les rendent si profondément humains. Dans cet épisode, nul sang n’aura été versé, nul animal n’aura été maltraité, nulle explosion n’aura eu lieu. Pourtant, la puissance émotionnelle que nous assènent les scénaristes est de tout autre ordre que celles des précédents épisodes. Cet épisode, c’est Better Call Saul en version brute, sans écrin, sans artifice : la tragédie à l’état pur !
Cet épisode s’apprécie différemment si l’on suppose que ces cinquante minutes ne sont pas une conclusion définitive à l’arc de Kim. Oui, sa rupture avec Jimmy est abrupte, mais c’est sans doute l’effet recherché. On vit de la même manière cette déchirure que Jimmy avec ce goût incroyablement amer. Mais, je suis presque certain qu’on reverra bien Kim, peut-être pas pour tout de suite, mais on la reverra. De nouvelles questions tarauderont les fans les plus forcenés. Où est Kim ? Vit-elle toujours à Albuquerque pendant Breaking Bad ? Ou ne serait-elle pas plutôt retournée à son État natal du Nebraska, là où Gene habite également ?
« Fun and Games » répond à plusieurs questions fondamentales de la série que l’on se pose depuis 2015. L’épisode est un retour aux sources à ce que Better Call Saul sait faire de mieux : montrer le tragique et les contradictions de ses personnages. Il y aura certainement des déçus ; car la série ne recourt pas à l’emphase qui avait fait le succès de Breaking Bad (musique, ralenti). Cet épisode doit être apprécié comme un drame intimiste comme l’a toujours été Better Call Saul. Déjà dans ma critique de 2017 de Lantern, j’affirmais : « Si Breaking Bad étudiait le macroscopique (ce qui est observable à l’œil nu), Better Call Saul aborde des changements d’ordre microscopique. » Ici, cette expression prend tout son sens. Par ailleurs, il reste encore quatre épisodes pour montrer la transition entre Jimmy et Saul (je l’espère) et conclure ce récit ambitieux.
Plus de détails dans ma critique
J’ai adoré cet épisode. Il y a un aspect un peu expérimental que de filmer en noir et blanc l’entièreté des scènes et un charme indéniable à cette atmosphère qui rappelle celle des films noirs. Mais, le manque de couleurs n’empêche pas les protagonistes d’être eux hauts en couleur. La musique (notamment celle jouée quand Jeff sort du magasin après avoir réussi le cambriolage), les montages de plus fous en fous (pour montrer que Saul se rapproche des gardes) et le jeu d’acteurs rendent cet épisode spécial et particulièrement délicieux pour peu qu’on adhère au principe de départ.
D’ailleurs, Peter Gould affirmera que c’est son épisode préféré de toute la série. J’ai lu une analyse très intéressante qui affirmait que « Nippy » aurait été conçu comme une sorte de court-métrage qui pouvait être enseigné en école de cinéma. L’épisode en lui-même est très classique dans sa structure et ses procédés (la manière de construire le suspense et de détourner les attentes), mais fichtrement efficace.
Pour conclure, « Nippy » est un épisode qui divisera. Son placement dans la saison ne plaira pas à tout le monde. Mais, je pense qu’il faut saluer la proposition. Cet épisode est un pur concentré de ce qui fait le charme de Better Call Saul avec son humour parfois absurde et les plans loufoques fomentés par Jimmy. Par ailleurs, ces cinquante minutes nous instruisent beaucoup sur ce que devient Gene. Slippin’ Jimmy n’est pas mort… Il est aussi presque certain que ce n’est pas la dernière fois qu’on verra Jeff et sa mère Marion (campée par la célèbre Carol Burnett) qui donne l’impression d’en savoir plus qu’elle ne le montre. Bien sûr, il n’aura échappé à personne qu’il reste beaucoup de questions en suspens sur la transition de Jimmy à Saul et on attend des réponses de pied ferme. Vite la suite ! (Plus de détails dans ma critique)
Enfin ! Oui ! Oui ! Ce onzième épisode intitulé « Breaking Bad » réalise un tour de force inédit dans l’histoire télévisuelle. Et tous ceux qui se sont pleinement investis dans cet univers, certains depuis quinze années, seront infiniment récompensés par le cadeau offert par les scénaristes. Mesdames, messieurs, c’est le moment où les poils se hérissent dans votre nuque et qu’un petit frisson vous traverse l’échine…
Dans ma critique de l’épisode « Lantern » de 2017, j’avais écrit : « Loin de moi l’idée de cracher sur l’héritage laissé par Breaking Bad, l’une des meilleures séries de tous les temps, mais ce que Better Call Saul perd en termes de rythme et d’action, elle le gagne en réflexions philosophiques et en fond, bref, en réflexivité. Le résultat sera sûrement au-delà des attentes de la plupart des spectateurs ; à l’inverse il ne correspondra peut-être pas à ce que d’autres espéraient, mais la moindre des choses est d’aller jusqu’au bout pour se faire sa propre opinion. Car j’ai l’intime conviction que Better Call Saul tient le bon bout et qu’il y a cette étincelle prête à jaillir. La série touche du doigt quelque chose d’authentique en rapport avec la condition humaine qui vaut la peine d’y investir du temps. »
Et aujourd’hui, je me réjouis que cette intuition ait trouvé un écho dans ce que la série nous propose dans cet épisode. Débarrassés des intrigues du présent dont la conclusion était actée dès le départ (la défaite de Lalo ou la survie de tel ou tel personnage) et le défi de la continuité narrative, les créateurs ont carte blanche pour nous raconter le reste de leur histoire. Ils en profitent pour faire voler en éclat toutes nos prédictions.
L’antépénultième épisode rebat les cartes du possible. Toutes nos convictions volent en éclat. Et si, finalement, Jimmy était irrécupérable ? Tout semble laisser penser que la série se dirige vers une fin tragique. La maîtrise technique et la nouvelle lecture qui nous est offerte des évènements de Breaking Bad permettent à cette heure de télévision de tutoyer les étoiles. Il reste aussi à résoudre l’énigme Kim. Un excitant programme en perspective !
Plus d'informations dans ma critique
Il y a quelque chose de très poétique à regarder cet épisode intitulé « Waterworks ». Il est écrit et réalisé par Vince Gilligan (c’est son dernier épisode, Peter Gould ayant la charge du prochain). Lui qui s’est consacré pendant près de quinze ans à cet univers signe ici son chant de cygne. « Waterworks » est la culmination des intrigues longuement pensées et construites, de personnages savamment développés, des leçons apprises. Comme un dernier tour de magie, nous, spectateurs, sommes dans l’expectative, si bien que cela rajoute une dimension supplémentaire au visionnage.
Sans plus de détours, disons-le d’emblée : « Waterworks » est un chef-d’œuvre. C’est ce que la télévision peut offrir de mieux et cet épisode rejoint le panthéon des meilleurs épisodes de tous les temps à mon avis. La tragédie est d’un niveau shakespearien ; cette heure de télévision est une des plus sombres et déprimantes qu’il m’ait été donné de voir. Il y a une tristesse qui plane sur toutes les scènes. L’entrain des débuts est bien loin et on sent que nous nous approchons inexorablement de la chute de Gene et de… Kim.
La question qui se pose désormais est : quel type de fin nous réserve la série ? Jimmy aura-t-il droit à une forme de rédemption ? Ou doit-on se préparer à une fin très sombre ? Reverra-t-on Kim ? À vos pronostics !
Plus de détails dans ma critique à paraître