Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Une très bonne saison ! Sans doute la meilleure de Tennant, du moins celle qui aligne les meilleurs épisodes sans aucun doute.
La nouvelle compagne, Donna, est vraiment exceptionnelle, que ce soit son caractère, l’actrice, son duo avec le Docteur, tout. L’alchimie des deux porte vraiment tous les épisodes (et en sauve même certains).
L’image ne fait que s’améliorer, on voit que la série a eu plus de moyens. En conséquence, la saison est aussi moins avare en science-fiction, avec beaucoup plus de planètes et d’autres mondes. C'est sans doute encore aujourd'hui une des saisons les plus diverses, colorées, intéressantes à explorer.
La seconde partie est vraiment une des meilleures du show et enchaîne 6 épisodes fantastiques.
Les spéciaux sont plus en demi-teinte, les épisodes de Noël sont tous assez mauvais (et cette "saison + spéciaux" en compte 3, de 2007 à 2009), mais les deux différents finaux que Ten a eu, à savoir Journey's End (la fin de la saison 4 elle-même et la fin de l'ère du Dixième Docteur) et The End of Time 2 (pour le personnage de Ten en lui-même), sont tous les deux dans la même veine : bourrés de qualités malgré quelques faux-pas, ils font tout le charme de la saison et lui donnent son importance, mais montrent aussi ses limites.
La beauté de la saison, c'est que TOUS les épisodes contiennent au moins 2 ou 3 petites références étranges qui trouveront finalement leur explication sur la fin. Entre les multiples retours de personnages, de monstres et de lieux, la saison possède l'une des meilleures continuités du show et approfondit beaucoup la mythologie.
Bref, entre Donna, le fanservice, la conclusion de l'ère du Dizième Docteur et les scénarios globalement de haute volée, c’est du très bon Doctor Who !
Mon classement :
- Forest of the Dead - 18
- Silence in Library - 18
- The Waters of Mars - 18
- Turn Left - 17
- Midnight - 17
- The Stolen Earth - 17
- Journey's End - 16
- The End of Time Part Two - 16
- The Fires of Pompeii - 16
- Partners in Crime - 16
- Planet of the Ood - 15
- The Unicorn and the Wasp - 14
- The Doctor's Daughter - 14
- Planet of the Dead - 13
- The End of Time Part One - 10
- The Next Doctor - 9
- Voyage of the Damned - 9
- The Sontaran Stratagem - 9
- The Poison Sky - 8
"La saison 1, c'est un peu le brouillon de la série : le docteur et sa compagne, qui voyagent à travers l'espace, un mélange d'ambiances, d'époques, de genres et d'émotions. Il faudra attendre quelques années pour un peu plus de folie et de maturité."
Voilà l'avis que j'avais écrit il y a quelques années à propos de la série. Mon avis a depuis pas mal changé.
Cette saison 1 n'est pas que le "brouillon" de la nouvelle série, elle est aussi son socle et son modèle qui finalement a inspiré énormément la suite. Un acteur méconnu du grand public mais à la très bonne réputation dans le milieu, une actrice au contraire très mainstream pour attirer les téléspectateurs, une continuité avec l'ancienne série donnant l'impression d'entrer dans un monde au background immense mais aux possibilités encore plus grandes... Cette saison 1 a brillé dans beaucoup d'aspects, et sans elle, le show n'aurait jamais fonctionné et grandi pour être le show que l'on connait maintenant.
Et elle n'est pas qu'une saison servant de base où l'on "pardonne ses défauts car c'était la première", comme bien des œuvres surestimées sous prétexte de nostalgie, non non. Elle a aussi de très nombreuses qualités en soi. Aucun épisode ne brille particulièrement ni est au-dessus des autres, mais le niveau général est plutôt bon. Les histoires sont variées, différentes dans les tons, et la dynamique entre le Neuvième Docteur et Rose Tyler reste à ce jour l'une des meilleures.
Une chose qui explique selon moi le fait que la saison soit aussi réussie, c'est que Russel T. Davies avait convaincu la BBC de lui laisser reprendre le show afin que cette saison devienne le retour triomphant d'une légende, certes, mais à la base le show a également été conçu pour raconter une histoire avec un début et une fin, dans l'optique d'une annulation... Autrement dit en plus de voir plus large, elle raconte tout de même une histoire d'un point A à un point B et possède un vrai développement et une conclusion. C'est ce qui rend les personnages de Rose et du Docteur si attachants. La grande force de la saison 1 c'est le fait de les voir évoluer ensemble depuis le pilot jusqu'au season-finale. Toute la saison repose sur la spontanéité de Rose qui se mêle au monde à la fois tourmenté et merveilleux du Docteur, permettant à ces deux personnages de s'aider mutuellement à devenir de meilleures personnes. Très peu d'épisodes ne servent aucun propos dans la trame, ce qui donne cette atmosphère générale de confiance et de maîtrise dans toute l'histoire.
C'est cette réussite d'avoir réussi à réintroduire doucement mais sûrement toutes les bases pré-existantes d'une série culte, tout en y ajoutant des touches modernes dans les personnages et d'avoir réussi à écrire et boucler une histoire complète en 13 épisodes seulement, sans pour autant nuire de quelconque façon à une potentielle suite, qui fait de cette première saison une vraie réussite.
Et la suite nous réserve encore les meilleures choses !
Une citation pour résumer la saison :
You could stay here, fill your life with work and food and sleep, or you could go anywhere.
Moyenne de la saison 1 : 14.46
Classement :
- The Empty Child - 17
- The Doctor Dances - 17
- Dalek - 17
- The Parting of the Ways - 16
- Father's Day - 16
- The Long Game - 15
- The End of the World - 15
- The Unquiet Dead - 15
- Bad Wolf - 14
- Rose - 13
- Boom Town - 13
- World War Three - 11
- Aliens of London - 9
Le diptyque de Steven Moffat se place dans le haut du classement, clairement l'épisode le plus moderne et mémorable de la saison, même si finalement il ne représente pas vraiment cette dernière, avec son aspect très romantique, absurde et horrifique. Il est accompagné par le très bon one-shot de Robert Sherman, Dalek, qui complète le podium. Le series-finale et Father's Day complète les "16/20" et pour le coup représentent, eux, très bien cette première saison.
The Long Game a longtemps été un vilain petit canard pour ma part mais son commentaire "politique" sur l'humanité du futur, un gros gros thème de la saison qui se retrouve d'ailleurs dans The End of the World, donne vraiment des thèmes directeurs à cette saison 1. Ces deux épisodes sont très bons et dans le haut niveau de la saison. The Unquiet Dead est vraiment un historical sympa à mes yeux et est un nouvel exemple d'épisode qui s'inscrit très bien dans la saison, servant plusieurs rôles et dans lequel Rose et Nine brillent.
Bad Wolf est une première partie de finale perfectible mais très fun, tout comme Rose, un pilote encore plus perfectible et kitch mais très efficace.
Ne reste donc que le trio des épisodes Slitheen, lourdement en fin de classement. Boom Town ne s'en sort pas trop mal. A noter surtout deux ratés dans la saison : les deux parties de l'attaque des Slitheens à Downing Street. Aliens of London, est un pas en arrière après les trois premiers épisodes de la saison, mais est heureusement rattrapé par une deuxième partie plus réussie, mais pas fameuse non plus au contraire. Ils témoignent de l'aspect cheap souvent reproché à cette saison et à raison, et sont beaucoup plus lents et mal écrits que le reste.
Malheureusement l'une des plus mauvaises saisons du show, bien qu'elle reste suffisamment décente pour qu'on n'ait aucun mal à imaginer une saison moins réussie si cela devait se produire un jour - pour l'instant après 9 saisons, cela n'a toujours pas été le cas, espérons que cela continue.
EDIT de 2019 : lolilol la saison 11 existe donc oubliez, la 2 n'est clairement pas
La grande cause de cette saison 2 plus molassonne c'est que la qualité des standalones n'est pas au rendez-vous. Au cours de mon revisionnage, il n'y a pour ainsi dire qu'UN seul épisode que j'ai un peu plus aimé davantage que le précédent visionnage : School Reunion. TOUS les autres épisodes m'ont apparu comme, parfois, identiques, mais le plus souvent, moins bien que dans mes souvenirs par rapport aux autres saisons (la saison 1 comprise). Mis à part le season-finale, le two-parter du diable, School Reunion donc et ce petit bijou de The Girl in the Fireplace, le reste de la saison est souvent juste "pas mal".
J'aborde toujours chaque saison avec deux angles : la qualité intrinsèque de chaque histoire, grosso modo que l'on peut résumer comme étant la "qualité des standalones", ainsi que fil rouge, que ce soit un arc, une intrigue mystérieuse, l'évolution des personnages ou l'agencement et l'ambiance générale, bref l'objet de la saison. Le fond compte autant que la forme en somme.
J'en ai un peu parlé dans mon avis sur Army of Ghosts, mais Ten convaint moins que Nine en tant que Docteur. Je n'ai absolument rien contre Tennant, il est pour le moment bien dans le rôle, sauf qu'il n'a malheureusement pas encore eu beaucoup de palettes d'émotion à démontrer car l'écriture ne lui rend souvent que peu honneur (cela dépend des épisodes en fait, on en revient à la qualité des standalones, cette dernière ayant un rôle à jouer dans mon appréciation du fil rouge, ces deux blocs ne sont pas distincts). Pas de fausse note particulière pour Tennant donc, mais pas de réel moment emblématique non plus.
Le principal problème, c'est que la transition par Rose est très mal gérée. Elle est trop rapidement balayée dans The Christmas Invasion, ce qui laisse juste une saison où l'on est censé voir deux meilleurs amis vivre les meilleures des aventures possibles... et c'est tout ! Ce que la saison 1 avait soigneusement construit : un Docteur moralement complexe, une compagne humaine et attachante à ses côtés, une relation avec un apport mutuel, un point A et un point B... toute la saison 2 ne fait pas vraiment bouger les choses.
Le pitch est surtout : "donnons à Ten et à Rose une romance naissante", c'est assez bien fait mais ça donne une saison sans grand dynamisme.
A part ça le personnage du Doc n'est pas archi intéressant et se dévoile peu, puisqu'il est "humanisé" à l'extrême par Rose. Sauf rares exceptions (School Reunion par le biais de Sarah Jane Smith et de l'écriture de Toby Withouse qui lui rend honneur même face à des scènes triviales comme face aux Krilitaines, et The Satan Pit dans son échange face au Diable et sa croyance sur le temps), le Dixième Docteur n'est pas un Seigneur du Temps de 900 ans qui a fait une Guerre du Temps. Non, le Dixième Docteur est un alien qui a pour meilleure amie une londonnienne et qui a pris goût à la vie humaine. Pour de vrai. On ne retrouve pas le personnage du Docteur dans son ensemble mais seulement par certains endroits, c'est ce qui me gêne avec cette incarnation. Tous les autres Docteurs sont souvent impliqués et posent leur marque, ce qui créé bien sûr des aspects que l'on aime pas, mais Ten est juste... normal ? La saison s'occupe juste de lui trouver des aventures et du bon temps et ce n'est pas l'approche que je préfère chez Doctor Who.
Le Neuvième Docteur avait un égo surdimensionné concernant son importance par rapport à celles des autres races, le Dixième Docteur est à l'inverse le plus proche possible des humains qu'on pourrait l'être. Le contraste est intéressant, et donne lieu à de très belles choses, notamment son émerveillement face à l'humanité et aux agissements des humains (un thème que l'on retrouve même dans The Age of Steel ou The Impossible Planet, ce genre de petits détails très sympathiques). Je n'ai rien contre un Docteur plus "humain", "charmeur", "drôle" et finalement, plus à même à parler à l'audience mainstream, et je trouve le contexte intéressant car cela permettra une descente aux enfers progressive (dans les saisons suivantes). Le problème est que vu que la descente aux enfers ne peut commencer QUE à partir du départ de Rose, c'est-à-dire dans le dernier épisode de la saison, on a donc toute une saison avec un Docteur qui ne bouge pas d'un pouce.
Il aurait été beaucoup plus judicieux d'intégrer des nuances plus subtiles à son personnage plus souvent. Comme je l'ai dit c'est tout de même en grande partie lié à la faible qualité des loners, il suffit de voir The Idiot's Lantern, Fear Her, Love and Monsters ou même New Earth et le two-parter Cyberman pour voir que le Docteur n'est pas à son meilleur jour. Sur une saison de 14 épisodes en incluant le Noël, c'est beaucoup.
Ce n'est pas la seule chose pour laquelle la saison a pris un tournant opposé à la une. Il n'y a pas de mention de la Time War avant très longtemps, une mythologie très peu poussée, un Docteur très peu intéressant d'un point de vue de son passé... mais aussi une Rose beaucoup plus controversée, à raison.
Si je n'ai aucun mal à dire que la relation Nine/Rose est l'une des meilleures du show, Rose Tyler dans la saison 2 est parfois agaçante sur les bords. Dans le Noël, sa réaction avec le Docteur est un peu disproportionnée. Dans la saison elle est hyper dure avec Mickey ou sa mère sans raison valable, parfois jalouse à l'extrême.
Elle n'a pas que de mauvais aspects cela dit, j'aime beaucoup l'assurance dont elle fait preuve dans certains épisodes comme Tooth and Claw, The Idiot's Lantern, Fear Her ou The Satan Pit, où elle n'hésite pas à prendre la situation en main. Mais où est la Rose Tyler qui était prête à se mettre entre un Dalek et le Docteur pour affirmer son opinion ? Où est la Rose Tyler qui a ouvert le coeur du TARDIS pour sauver le Docteur ? Où est la Rose Tyler qui a brisé toutes les lois du temps pour sauver son père ?
Oui, l'aspect téméraire est toujours là, mais il y a bien un facteur qui manque : le cœur, l'affection, l'humanité, la sensibilité de Rose de la saison 1.
En même temps, avec un Docteur aussi bon-copain, ce n'est pas étonnant. Il déborde tellement d'amour, de joie et d'émotions, qu'elle ne passe plus pour la jeune fille qui découvre l'univers et y apporte son humanité dans les pires situations même les plus négatives... non, maintenant en saison 2, Rose Tyler est plutôt la gamine capricieuse qui a eu la chance d'être dans le TARDIS et qui le prend pour acquis. Je grossis les traits car il y a des épisodes où elle est très bien. Et encore une fois, je n'ai rien contre cette évolution, qui est très joliment adressée par Jackie dans Army of Ghosts, quand elle lui dit qu'elle ne reconnaît plus sa fille... mais ça c'était l'épisode 12 ! Durant toute la majorité de la saison, j'aurais aimé avoir plus de nuances de ce type. En saison 1, on voyait déjà les mauvais traits de la personnalité de Rose, elle était déjà ennuyante avec Mickey, elle était déjà jalouse (de Lynda par exemple), mais puisqu'elle offrait beaucoup d'autres choses à côté, ces aspects ne semblaient pas dominer sa personnalité. Rose en saison 2 est toujours aussi attachante, et elle gagne en confiance, mais on perd ce côté si sensible qui faisait tout son charme et qui était pourtant - je le croyais - inscrit dans son personnage (rien que par son nom - fragile comme une Rose).
Forcément, si on associe dynamique de personnages statique et personnages en eux-mêmes attachants mais pas toujours montrés sous leur meilleur profil, et que l'on y ajoute un arc pas tip top ("Torchwood" étant beaucoup moins subtilement amené que Bad Wolf - c'est parfois mentionné deux fois par épisode - et moins mystérieux aussi), le fil rouge de la saison 2 n'est juste pas bon. La succession quasi-constante de loner est agaçante, il n'y a jamais aucune continuité hormis le départ de Mickey et son retour (une moitié de saison donc, au milieu tout est interchangeable). Pour que la continuité de la saison repose sur un personnage aussi médiocre (il faut voir la transition de Mickey entre School Reunion et The Girl in the Fireplace, elle est nulissime), c'est qu'il y a un problème.
Pour résumer tous mes problèmes avec cette saison 2 :
- Un Docteur limite trop puéril, ou qui ne possède pas assez de moments pour briller malgré Tennant qui pouvait pourtant faire "so much more !" (si vous avez capté la référence, bien joué).
- Une compagne qui perd l'un de ses principaux traits pour devenir parfois agaçante, même si paradoxalement elle est quasiment plus mise au centre que son Docteur dans la saison.
- Un arc qui n'en est pas un, ne laissant qu'une continuité branlante entre les épisodes
- Des standalones trop faibles (l'opener, le double sur les Cybermen, celui avec la télé qui bouffe les gens, celui avec la môme...)
On peut trouver de qualités à cette saison dans l'ensemble. Chaque point positif que je peux trouver ne résulte pas QUE de la performance d'un épisode individuel seulement. La relation Ten/Rose, j'ai beau objectivement trouvé les deux personnages un peu faibles, mon petit coeur de fan encore ébranlé par le premier visionnage de Doomsday ne peut s'empêcher des les aimer ! Ils sont charmants. La saison a aussi tenté de nouvelles choses (certains épisodes expérimentent des genres, comme The Girl in the Fireplace ou Love and Monsters, et la saison créé la notion de Christmas Special).
Oui mais voilà, il faut être réaliste, si le seul but de la saison après The Girl in the Fireplace est d'offrir une belle porte de sortie à Rose, il y avait beaucoup, beaucoup mieux à faire.
Mais au moins maintenant, la voie est libre pour que notre Docteur reprenne du pep's et s'affirme, en espérant que la saison 3 saura plus revenir à ce qui avait fait la très bonne qualité de la première saison : une compagne intéressante, une mythologie et un personnage principal complexes et une meilleure balance entre légèreté/kitsh et sérieux. Ce qu'elle réussira à peu près.
Moyenne de la Saison 2 - 13.85 (tout de même pas mal pour la "pire" saison d'un show)
Classement :
- The Girl in the Fireplace - 19
- Doomsday - 17
- The Satan Pit - 17
- School Reunion - 16
- The Impossible Planet - 16
- Tooth and Claw - 15
- Army of Ghosts - 14
- Love & Monsters - 13
- The Christmas Invasion - 13
- The Age of Steel - 12
- New Earth - 12
- The Idiot's Lantern - 11
- Rise of the Cybermen - 11
- Fear Her - 8
Avis sur les épisodes
On peut dire que la seconde partie de saison commence avec cet épisode !
June désormais, n’en a plus rien à foutre. Elle speedrun à travers l’étiquette : pas le temps pour le bullshit habituel des saluts, révérences et récitations de vers. C’est assez top de se rendre compte de la différence par rapport aux débuts de la série quand on se binge celle-ci.
La nouvelle partenaire de courses de June est une vraie teigne insupportable. J’avais d’ailleurs beaucoup aimé dans une scène de fin d’un épisode en début de saison, le moment où June sous-entend qu’elle peut craquer et la pousser sous un camion. Mais comme souvent, difficile de ne pas non plus la prendre en pitié, parce qu’elle reste une victime du système également.
Côté diplomatie, je dois dire que c’est assez inattendu que le chef de Fred aimerait que Nicole reste au Canada en tant que moyen de pression politique. Je trouve l’idée crédible et intéressante.
Le gros de l’épisode se concentre ensuite sur le duo June/Mrs. Lawrence. Le fait que cette épouse soit atteinte de démence donne une dynamique incertaine assez réussi tout en rendant le personnage vraiment attachant. Quand elle parle à Mrs. Putnam et lui dire “oh votre bébé n’est pas mort” et que June s’impatiente, c’est presque cocasse.
Bon ensuite, je n'ai jamais trouvé les scènes avec Hannah paaaaarticulièrement touchantes ou larmoyantes (je m'étais un poil ennuyé dans le fameux épisode dans la neige de la saison 2, je préfère les moments plus liés à la révolution, la politique, le foyer, etc.). Attention c'est quand même touchant cette histoire avec Hannah. Tout ça pour dire que pour ma part les scènes de cet épisode où June se rapproche d'Hannah sans pouvoir la toucher ni la voir ne m'ont pas paru trop forcées ou redondantes. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié le parti pris de la caméra qui filme vraiment le mur de l'enceinte de la prison l'école occupant toujours une moitié de l'écran, montrant une June dos au mur sur tous les angles mais quand même ravie de n'avoir jamais été aussi proche de son but. En tout cas impunément.
Un épisode dans l'ensemble "en-dessous" tout simplement parce que les personnages principaux n'intéragissent pas tant que ça. Mais il en faut parfois pour faire resortir justement le reste. Pour ma part je trouve qu'on s'est déjà beaucoup concentré sur les servantes dans les deux premières saisons et je suis ravi que la série a élargi son scope en cette saison 3, en donnant un vrai intérêt au Canada, aux épouses, etc. Même si je trouve toujours que Lydia a un potentiel fou et que j'espère qu'on en apprendra un peu plus un jour. Cet épisode, en plus d’être visuellement toujours génial, m'a donc largement suffi et comblé, avec notamment cette servante extrêmement dévouée au système qui dénonça la gentille Martha d'Hannah et qui permet à Elizabeth Moss en effet de montrer qu'elle sait tout faire et pas que rester silencieusement déterminée en gros plan.
Son pétage de câble final m’a en effet… soufflé. Franchement une énorme performance, ses mots raisonnent encore en moi ! Peut-être sa performance la plus impressionnante, certainement la plus vocale. A deux doigts de mettre un point de plus pour ça.
What did you do? Do you have any idea what you did? Do you? You fucking bitch! Do you??
C'est dingue, j'en parlais dans mon avis précédent en mode blazé qu'on n'en saura jamais plus sur Lydia, et voilà qu'on nous lâche enfin LE truc qu'on attend tous depuis le début : un centric sur Lydia !
Et comme prévu, c'est du bon. Ce n’est pas génial, sans doute car ce n’est pas si surprenant. Ce qui est cool justement, c'est que la Lydia du passé est strictement la même personne que celle du présent, la seule différence étant son environnement : elle passe clairement de victime et marginale du système, à personne influente au pouvoir. Dans les deux mondes elle est seule, incomprise, malaimée, réac, pleine de jugement et de faible estime de soi, imposant ses valeurs aux autres. Et ce qui est tragique et ce qui rend ce personnage si attachant malgré les horreurs qu'elle défend, c'est qu'elle est toujours persuadée de faire ce qui est juste et qu'elle reste profondément bienveillante dans son erreur. Alors que c’est juste une connasse.
Et encore une fois la série arrive avec brio à montrer à quel point Gilead n'est pas si loin de notre potentiel futur : des personnes comme Lydia doivent exister un peu partout et ne sont que des bombes à retardement. Certaines de ses phrases laissaient entrevoir vraiment tout son jugement/mépris envers le mode de vie pas facile de la mère du petit ("vous devriez mieux utiliser votre argent" "un garçon a besoin de plus que de burgers"...), et étaient vraiment dégueulasses quand on les mettait en perspective avec ce que l'on sait de la "Tante Lydia" de Gilead, mais sont assez anodines en contexte. Et des gens toxiques comme ça, il y en a partout.
Backstory donc diaboliquement réussie dans sa banalité.
Et puis le reste de l'épisode vraiment, je trouve ça toujours autant caviar. Comme je le disais un peu plus tôt dans la saison, les comportements sont toujours imprévisibles dans cette série, et pas parce que c'est mal écrit à mon sens, mais parce que les personnages sont vraiment quasi toujours ambigus et à raison. Ici par exemple, le commandant Lawrence agit vraiment comme un Commandant (après les critiques du style "c'est n'importe quoi qu'un commandant aide June", pas foncièrement fausses pour le moment). C'est en fait... June, qui est odieuse avec tout le monde. Je ne peux m'empêcher d'avoir de la peine pour Ofmatthew, aussi insupportable et soit-elle.
Et c'est là que l'épisode est très fort j'ai trouvé, car entre Lydia, Lawrence et Offmathew, l'épisode met vraiment mal à l'aise car il nous fait éprouver de l'empathie. Le plaisir extrême avec lequel June humilie Offmathew et à quel point elle challenge constamment Lydia de façon insolente, est bien dérangeant. Son chantage sur le fait qu’elle est intouchable car elle passe à la TV pour Nicole est une explication crédible pour qu’elle reste protégée par le scénario. Elle est plus décontractée, rebelle, presque détestable mais il faut ce qu’il faut pour avancer contre le régime, de toute évidence !
De même, la solidarité des servantes est à la fois très satisfaisant à voir, à la fois assez triste vis-à-vis de Ofmatthew, même si Jeanine rappelle qu’elle est la pureté incarnée.
La scène finale dans le supermarché est super inattendue et vraiment incroyable, elle structure tout l’épisode. J'ai trouvé la caméra ultra immersive pour ma part, juste excellente. Les réactions de June et de Lydia sont parfaites : June à peine effrayée, juste heureuse de voir que même les soldats les plus fermes de Gilead peuvent craquer, tandis que Lydia est légitimement dégoutée pour Nathalie… Nathalie, dont on apprend le prénom qu’à la fin. Les sourires de June, son petit regard, Nathalie qui pointe petit à petit son pistolet vers Lydia… pour nous rappeler qui est le vrai ennemi. Un super climax !
June est loin d'être un ange sur toute la ligne et je trouve que l'épisode nous montre qu'elle peut parfois même être détestable et égoïste. Je pense que ce n'est pas un hasard si on ressent beaucoup plus ça dans un épisode qui est consacré à un autre point de vue que le sien pour la première fois depuis assez longtemps.
Concernant le fait qu'elle ne soit pas impunie : pour moi l'épisode fournit deux explications très solides, premièrement le fait qu'elle représente l'image de Gilead en politique actuellement pour Nichole, une situation temporaire certes mais qui lui permet largement d'en abuser. Deuxièmement on l'oublie un peu mais ya quand même tout le contexte de crise de natalité derrière (parenthèse entendre le mot "Birthmobile" m'a fait rire) et qu'une servante fertile qui donne naissance sans encombre ça vaut quand même de l'or.
Lydia nous le rappelle bien lorsqu'elle échange avec les autres tantes, dans une super scène de conseil qui donne vraiment un point de vue inattendu. Lydia déplore le fait que de gentilles servantes donnent naissance à des enfant morts-nés alors que des rebelles existent et sont nécessaires. Effectivement, on entrevoit un instant la pensée de June : si leur système ne marche plus, Gilead n'a plus de raison d'être, donc quel soulagement au fond qu'un enfant de moins nait dans ce monde... Et puis cette scène comporte aussi une scène glaçante qui brise un peu l’image idéalisée que la série faisait de Gilead, avec cette phrase :
They don't want a Handmaid of color.
C’est con hein mais ça rappelle le racisme fait partie intégrante des réacs malgré les apparences qu’ils aiment revêtir… Il faut croire que tous les bébés ne se “valent” pas pour les racistes et qu’en étant au pouvoir en puissance, ils font ce qui leur plait.
Bref comme souvent je m'éparpille parce qu'il y a beaucoup à dire. L'épisode vaut le détour pour plein de choses et la série continue de m'impressionner. Que vont-ils nous faire ensuite ?
Un épisode qui ne m'a pas trop parlé et qui m'a ennuyé.
Clairement l'épisode est loin d'être inutile puisqu'il insiste sur les défauts de June. Problème : elle semble "réparée" à la fin de l'épisode (pour au moins jusqu'à la fin de saison). Or, j'aimais bien l'idée d'une June vraiment antipathique.
C’est, de plus, assez mal écrit. Lent et peu généreux en avancées, avec pas mal de deus ex machina à des timings improbables, comme Jeanine qui interrompt June à un moment critique alors qu’elle ne faisait rien pendant un mois.
La scène avec Serena ne me suffit pas (même si savoir qu’elle a couvert June m’a rassuré sur son développement).
On ne pouvait pas enchaîner les chefs d'oeuvre... allez, passons à la suite.
Un épisode centré sur la cérémonie chez les Lawrence, à laquelle June avait échappé depuis longtemps… Voir le commandant Joseph reprendre en pleine face sa création a quelque chose d’à la fois horrible et satisfaisant. La résolution de June est impressionnante. J’ai apprécié la pudeur de ne pas nous montrer la scène, car ici la gêne n’est pas dans la réalisation de l’acte, presque “une formalité”, mais dans la dureté de la décision. Et la réplique que June balance à Fred Waterford à la fin est, bien évidemment, excellente :
I mean, at least it wasn't you.
“Daaaaamn” ai-je lâché après ça.
June met en marche un plan vers un objectif clair : évacuer le plus d’enfants possibles pour priver Gilead de sa réussite. C’est une très bonne idée et assez crédible d’après tout ce qu’on sait de la série pour l’instant (le réseau des Marthas, les enfants assez dociles, la complicité de quelques commandants qui peut suffire, etc.)
On en apprend enfin sur le passé de Gilead - c’est, il me semble, la première fois de la série qu'on donne enfin une chronologie aux événements, avec les dates des enfants des servantes. J’ai particulièrement apprécié le mini-twist sur l’enfant de Jeanine, mort, que June cache à celle-ci dans une scène très bien réalisée au supermarché (filmée à travers un aquarium avec deux poissons).
Un nouveau mensonge de June pour manipuler quelqu’un et arriver à ses fins. Mais cette fin justifie probablement ce moyen.
Un bien bon épisode !