Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Une très bonne saison ! Sans doute la meilleure de Tennant, du moins celle qui aligne les meilleurs épisodes sans aucun doute.
La nouvelle compagne, Donna, est vraiment exceptionnelle, que ce soit son caractère, l’actrice, son duo avec le Docteur, tout. L’alchimie des deux porte vraiment tous les épisodes (et en sauve même certains).
L’image ne fait que s’améliorer, on voit que la série a eu plus de moyens. En conséquence, la saison est aussi moins avare en science-fiction, avec beaucoup plus de planètes et d’autres mondes. C'est sans doute encore aujourd'hui une des saisons les plus diverses, colorées, intéressantes à explorer.
La seconde partie est vraiment une des meilleures du show et enchaîne 6 épisodes fantastiques.
Les spéciaux sont plus en demi-teinte, les épisodes de Noël sont tous assez mauvais (et cette "saison + spéciaux" en compte 3, de 2007 à 2009), mais les deux différents finaux que Ten a eu, à savoir Journey's End (la fin de la saison 4 elle-même et la fin de l'ère du Dixième Docteur) et The End of Time 2 (pour le personnage de Ten en lui-même), sont tous les deux dans la même veine : bourrés de qualités malgré quelques faux-pas, ils font tout le charme de la saison et lui donnent son importance, mais montrent aussi ses limites.
La beauté de la saison, c'est que TOUS les épisodes contiennent au moins 2 ou 3 petites références étranges qui trouveront finalement leur explication sur la fin. Entre les multiples retours de personnages, de monstres et de lieux, la saison possède l'une des meilleures continuités du show et approfondit beaucoup la mythologie.
Bref, entre Donna, le fanservice, la conclusion de l'ère du Dizième Docteur et les scénarios globalement de haute volée, c’est du très bon Doctor Who !
Mon classement :
- Forest of the Dead - 18
- Silence in Library - 18
- The Waters of Mars - 18
- Turn Left - 17
- Midnight - 17
- The Stolen Earth - 17
- Journey's End - 16
- The End of Time Part Two - 16
- The Fires of Pompeii - 16
- Partners in Crime - 16
- Planet of the Ood - 15
- The Unicorn and the Wasp - 14
- The Doctor's Daughter - 14
- Planet of the Dead - 13
- The End of Time Part One - 10
- The Next Doctor - 9
- Voyage of the Damned - 9
- The Sontaran Stratagem - 9
- The Poison Sky - 8
"La saison 1, c'est un peu le brouillon de la série : le docteur et sa compagne, qui voyagent à travers l'espace, un mélange d'ambiances, d'époques, de genres et d'émotions. Il faudra attendre quelques années pour un peu plus de folie et de maturité."
Voilà l'avis que j'avais écrit il y a quelques années à propos de la série. Mon avis a depuis pas mal changé.
Cette saison 1 n'est pas que le "brouillon" de la nouvelle série, elle est aussi son socle et son modèle qui finalement a inspiré énormément la suite. Un acteur méconnu du grand public mais à la très bonne réputation dans le milieu, une actrice au contraire très mainstream pour attirer les téléspectateurs, une continuité avec l'ancienne série donnant l'impression d'entrer dans un monde au background immense mais aux possibilités encore plus grandes... Cette saison 1 a brillé dans beaucoup d'aspects, et sans elle, le show n'aurait jamais fonctionné et grandi pour être le show que l'on connait maintenant.
Et elle n'est pas qu'une saison servant de base où l'on "pardonne ses défauts car c'était la première", comme bien des œuvres surestimées sous prétexte de nostalgie, non non. Elle a aussi de très nombreuses qualités en soi. Aucun épisode ne brille particulièrement ni est au-dessus des autres, mais le niveau général est plutôt bon. Les histoires sont variées, différentes dans les tons, et la dynamique entre le Neuvième Docteur et Rose Tyler reste à ce jour l'une des meilleures.
Une chose qui explique selon moi le fait que la saison soit aussi réussie, c'est que Russel T. Davies avait convaincu la BBC de lui laisser reprendre le show afin que cette saison devienne le retour triomphant d'une légende, certes, mais à la base le show a également été conçu pour raconter une histoire avec un début et une fin, dans l'optique d'une annulation... Autrement dit en plus de voir plus large, elle raconte tout de même une histoire d'un point A à un point B et possède un vrai développement et une conclusion. C'est ce qui rend les personnages de Rose et du Docteur si attachants. La grande force de la saison 1 c'est le fait de les voir évoluer ensemble depuis le pilot jusqu'au season-finale. Toute la saison repose sur la spontanéité de Rose qui se mêle au monde à la fois tourmenté et merveilleux du Docteur, permettant à ces deux personnages de s'aider mutuellement à devenir de meilleures personnes. Très peu d'épisodes ne servent aucun propos dans la trame, ce qui donne cette atmosphère générale de confiance et de maîtrise dans toute l'histoire.
C'est cette réussite d'avoir réussi à réintroduire doucement mais sûrement toutes les bases pré-existantes d'une série culte, tout en y ajoutant des touches modernes dans les personnages et d'avoir réussi à écrire et boucler une histoire complète en 13 épisodes seulement, sans pour autant nuire de quelconque façon à une potentielle suite, qui fait de cette première saison une vraie réussite.
Et la suite nous réserve encore les meilleures choses !
Une citation pour résumer la saison :
You could stay here, fill your life with work and food and sleep, or you could go anywhere.
Moyenne de la saison 1 : 14.46
Classement :
- The Empty Child - 17
- The Doctor Dances - 17
- Dalek - 17
- The Parting of the Ways - 16
- Father's Day - 16
- The Long Game - 15
- The End of the World - 15
- The Unquiet Dead - 15
- Bad Wolf - 14
- Rose - 13
- Boom Town - 13
- World War Three - 11
- Aliens of London - 9
Le diptyque de Steven Moffat se place dans le haut du classement, clairement l'épisode le plus moderne et mémorable de la saison, même si finalement il ne représente pas vraiment cette dernière, avec son aspect très romantique, absurde et horrifique. Il est accompagné par le très bon one-shot de Robert Sherman, Dalek, qui complète le podium. Le series-finale et Father's Day complète les "16/20" et pour le coup représentent, eux, très bien cette première saison.
The Long Game a longtemps été un vilain petit canard pour ma part mais son commentaire "politique" sur l'humanité du futur, un gros gros thème de la saison qui se retrouve d'ailleurs dans The End of the World, donne vraiment des thèmes directeurs à cette saison 1. Ces deux épisodes sont très bons et dans le haut niveau de la saison. The Unquiet Dead est vraiment un historical sympa à mes yeux et est un nouvel exemple d'épisode qui s'inscrit très bien dans la saison, servant plusieurs rôles et dans lequel Rose et Nine brillent.
Bad Wolf est une première partie de finale perfectible mais très fun, tout comme Rose, un pilote encore plus perfectible et kitch mais très efficace.
Ne reste donc que le trio des épisodes Slitheen, lourdement en fin de classement. Boom Town ne s'en sort pas trop mal. A noter surtout deux ratés dans la saison : les deux parties de l'attaque des Slitheens à Downing Street. Aliens of London, est un pas en arrière après les trois premiers épisodes de la saison, mais est heureusement rattrapé par une deuxième partie plus réussie, mais pas fameuse non plus au contraire. Ils témoignent de l'aspect cheap souvent reproché à cette saison et à raison, et sont beaucoup plus lents et mal écrits que le reste.
Malheureusement l'une des plus mauvaises saisons du show, bien qu'elle reste suffisamment décente pour qu'on n'ait aucun mal à imaginer une saison moins réussie si cela devait se produire un jour - pour l'instant après 9 saisons, cela n'a toujours pas été le cas, espérons que cela continue.
EDIT de 2019 : lolilol la saison 11 existe donc oubliez, la 2 n'est clairement pas
La grande cause de cette saison 2 plus molassonne c'est que la qualité des standalones n'est pas au rendez-vous. Au cours de mon revisionnage, il n'y a pour ainsi dire qu'UN seul épisode que j'ai un peu plus aimé davantage que le précédent visionnage : School Reunion. TOUS les autres épisodes m'ont apparu comme, parfois, identiques, mais le plus souvent, moins bien que dans mes souvenirs par rapport aux autres saisons (la saison 1 comprise). Mis à part le season-finale, le two-parter du diable, School Reunion donc et ce petit bijou de The Girl in the Fireplace, le reste de la saison est souvent juste "pas mal".
J'aborde toujours chaque saison avec deux angles : la qualité intrinsèque de chaque histoire, grosso modo que l'on peut résumer comme étant la "qualité des standalones", ainsi que fil rouge, que ce soit un arc, une intrigue mystérieuse, l'évolution des personnages ou l'agencement et l'ambiance générale, bref l'objet de la saison. Le fond compte autant que la forme en somme.
J'en ai un peu parlé dans mon avis sur Army of Ghosts, mais Ten convaint moins que Nine en tant que Docteur. Je n'ai absolument rien contre Tennant, il est pour le moment bien dans le rôle, sauf qu'il n'a malheureusement pas encore eu beaucoup de palettes d'émotion à démontrer car l'écriture ne lui rend souvent que peu honneur (cela dépend des épisodes en fait, on en revient à la qualité des standalones, cette dernière ayant un rôle à jouer dans mon appréciation du fil rouge, ces deux blocs ne sont pas distincts). Pas de fausse note particulière pour Tennant donc, mais pas de réel moment emblématique non plus.
Le principal problème, c'est que la transition par Rose est très mal gérée. Elle est trop rapidement balayée dans The Christmas Invasion, ce qui laisse juste une saison où l'on est censé voir deux meilleurs amis vivre les meilleures des aventures possibles... et c'est tout ! Ce que la saison 1 avait soigneusement construit : un Docteur moralement complexe, une compagne humaine et attachante à ses côtés, une relation avec un apport mutuel, un point A et un point B... toute la saison 2 ne fait pas vraiment bouger les choses.
Le pitch est surtout : "donnons à Ten et à Rose une romance naissante", c'est assez bien fait mais ça donne une saison sans grand dynamisme.
A part ça le personnage du Doc n'est pas archi intéressant et se dévoile peu, puisqu'il est "humanisé" à l'extrême par Rose. Sauf rares exceptions (School Reunion par le biais de Sarah Jane Smith et de l'écriture de Toby Withouse qui lui rend honneur même face à des scènes triviales comme face aux Krilitaines, et The Satan Pit dans son échange face au Diable et sa croyance sur le temps), le Dixième Docteur n'est pas un Seigneur du Temps de 900 ans qui a fait une Guerre du Temps. Non, le Dixième Docteur est un alien qui a pour meilleure amie une londonnienne et qui a pris goût à la vie humaine. Pour de vrai. On ne retrouve pas le personnage du Docteur dans son ensemble mais seulement par certains endroits, c'est ce qui me gêne avec cette incarnation. Tous les autres Docteurs sont souvent impliqués et posent leur marque, ce qui créé bien sûr des aspects que l'on aime pas, mais Ten est juste... normal ? La saison s'occupe juste de lui trouver des aventures et du bon temps et ce n'est pas l'approche que je préfère chez Doctor Who.
Le Neuvième Docteur avait un égo surdimensionné concernant son importance par rapport à celles des autres races, le Dixième Docteur est à l'inverse le plus proche possible des humains qu'on pourrait l'être. Le contraste est intéressant, et donne lieu à de très belles choses, notamment son émerveillement face à l'humanité et aux agissements des humains (un thème que l'on retrouve même dans The Age of Steel ou The Impossible Planet, ce genre de petits détails très sympathiques). Je n'ai rien contre un Docteur plus "humain", "charmeur", "drôle" et finalement, plus à même à parler à l'audience mainstream, et je trouve le contexte intéressant car cela permettra une descente aux enfers progressive (dans les saisons suivantes). Le problème est que vu que la descente aux enfers ne peut commencer QUE à partir du départ de Rose, c'est-à-dire dans le dernier épisode de la saison, on a donc toute une saison avec un Docteur qui ne bouge pas d'un pouce.
Il aurait été beaucoup plus judicieux d'intégrer des nuances plus subtiles à son personnage plus souvent. Comme je l'ai dit c'est tout de même en grande partie lié à la faible qualité des loners, il suffit de voir The Idiot's Lantern, Fear Her, Love and Monsters ou même New Earth et le two-parter Cyberman pour voir que le Docteur n'est pas à son meilleur jour. Sur une saison de 14 épisodes en incluant le Noël, c'est beaucoup.
Ce n'est pas la seule chose pour laquelle la saison a pris un tournant opposé à la une. Il n'y a pas de mention de la Time War avant très longtemps, une mythologie très peu poussée, un Docteur très peu intéressant d'un point de vue de son passé... mais aussi une Rose beaucoup plus controversée, à raison.
Si je n'ai aucun mal à dire que la relation Nine/Rose est l'une des meilleures du show, Rose Tyler dans la saison 2 est parfois agaçante sur les bords. Dans le Noël, sa réaction avec le Docteur est un peu disproportionnée. Dans la saison elle est hyper dure avec Mickey ou sa mère sans raison valable, parfois jalouse à l'extrême.
Elle n'a pas que de mauvais aspects cela dit, j'aime beaucoup l'assurance dont elle fait preuve dans certains épisodes comme Tooth and Claw, The Idiot's Lantern, Fear Her ou The Satan Pit, où elle n'hésite pas à prendre la situation en main. Mais où est la Rose Tyler qui était prête à se mettre entre un Dalek et le Docteur pour affirmer son opinion ? Où est la Rose Tyler qui a ouvert le coeur du TARDIS pour sauver le Docteur ? Où est la Rose Tyler qui a brisé toutes les lois du temps pour sauver son père ?
Oui, l'aspect téméraire est toujours là, mais il y a bien un facteur qui manque : le cœur, l'affection, l'humanité, la sensibilité de Rose de la saison 1.
En même temps, avec un Docteur aussi bon-copain, ce n'est pas étonnant. Il déborde tellement d'amour, de joie et d'émotions, qu'elle ne passe plus pour la jeune fille qui découvre l'univers et y apporte son humanité dans les pires situations même les plus négatives... non, maintenant en saison 2, Rose Tyler est plutôt la gamine capricieuse qui a eu la chance d'être dans le TARDIS et qui le prend pour acquis. Je grossis les traits car il y a des épisodes où elle est très bien. Et encore une fois, je n'ai rien contre cette évolution, qui est très joliment adressée par Jackie dans Army of Ghosts, quand elle lui dit qu'elle ne reconnaît plus sa fille... mais ça c'était l'épisode 12 ! Durant toute la majorité de la saison, j'aurais aimé avoir plus de nuances de ce type. En saison 1, on voyait déjà les mauvais traits de la personnalité de Rose, elle était déjà ennuyante avec Mickey, elle était déjà jalouse (de Lynda par exemple), mais puisqu'elle offrait beaucoup d'autres choses à côté, ces aspects ne semblaient pas dominer sa personnalité. Rose en saison 2 est toujours aussi attachante, et elle gagne en confiance, mais on perd ce côté si sensible qui faisait tout son charme et qui était pourtant - je le croyais - inscrit dans son personnage (rien que par son nom - fragile comme une Rose).
Forcément, si on associe dynamique de personnages statique et personnages en eux-mêmes attachants mais pas toujours montrés sous leur meilleur profil, et que l'on y ajoute un arc pas tip top ("Torchwood" étant beaucoup moins subtilement amené que Bad Wolf - c'est parfois mentionné deux fois par épisode - et moins mystérieux aussi), le fil rouge de la saison 2 n'est juste pas bon. La succession quasi-constante de loner est agaçante, il n'y a jamais aucune continuité hormis le départ de Mickey et son retour (une moitié de saison donc, au milieu tout est interchangeable). Pour que la continuité de la saison repose sur un personnage aussi médiocre (il faut voir la transition de Mickey entre School Reunion et The Girl in the Fireplace, elle est nulissime), c'est qu'il y a un problème.
Pour résumer tous mes problèmes avec cette saison 2 :
- Un Docteur limite trop puéril, ou qui ne possède pas assez de moments pour briller malgré Tennant qui pouvait pourtant faire "so much more !" (si vous avez capté la référence, bien joué).
- Une compagne qui perd l'un de ses principaux traits pour devenir parfois agaçante, même si paradoxalement elle est quasiment plus mise au centre que son Docteur dans la saison.
- Un arc qui n'en est pas un, ne laissant qu'une continuité branlante entre les épisodes
- Des standalones trop faibles (l'opener, le double sur les Cybermen, celui avec la télé qui bouffe les gens, celui avec la môme...)
On peut trouver de qualités à cette saison dans l'ensemble. Chaque point positif que je peux trouver ne résulte pas QUE de la performance d'un épisode individuel seulement. La relation Ten/Rose, j'ai beau objectivement trouvé les deux personnages un peu faibles, mon petit coeur de fan encore ébranlé par le premier visionnage de Doomsday ne peut s'empêcher des les aimer ! Ils sont charmants. La saison a aussi tenté de nouvelles choses (certains épisodes expérimentent des genres, comme The Girl in the Fireplace ou Love and Monsters, et la saison créé la notion de Christmas Special).
Oui mais voilà, il faut être réaliste, si le seul but de la saison après The Girl in the Fireplace est d'offrir une belle porte de sortie à Rose, il y avait beaucoup, beaucoup mieux à faire.
Mais au moins maintenant, la voie est libre pour que notre Docteur reprenne du pep's et s'affirme, en espérant que la saison 3 saura plus revenir à ce qui avait fait la très bonne qualité de la première saison : une compagne intéressante, une mythologie et un personnage principal complexes et une meilleure balance entre légèreté/kitsh et sérieux. Ce qu'elle réussira à peu près.
Moyenne de la Saison 2 - 13.85 (tout de même pas mal pour la "pire" saison d'un show)
Classement :
- The Girl in the Fireplace - 19
- Doomsday - 17
- The Satan Pit - 17
- School Reunion - 16
- The Impossible Planet - 16
- Tooth and Claw - 15
- Army of Ghosts - 14
- Love & Monsters - 13
- The Christmas Invasion - 13
- The Age of Steel - 12
- New Earth - 12
- The Idiot's Lantern - 11
- Rise of the Cybermen - 11
- Fear Her - 8
Avis sur les épisodes
Un épisode pas aussi émotionnellement intense que beaucoup d'autres pour ma part. Cependant il avance de belles idées et je l'ai beaucoup apprécié.
Serena est sublime, ça, ça ne change pas, même si son intrigue est statique. Il faut saluer à quel point la filmographie de la série est ouf en ce moment, avec ce plan de Serena dans l'eau qui opère une forme de renaissance positive, par opposition au plan à la fin du premier épisode avec le lit en feu (l'élément opposé) où elle était dans l'émotion brute et toxique. S’il y a bien une constante qualitative à la série, c’est vraiment qu’elle est sublime en termes de symbole et de réalisation !
See? Women can be useful.
Lawrence est vraiment un gros con ! A moins que non. Sauf qu’un peu quand même, dans les faits. Bref, c’est clairement un allié, mais quel connard malgré tout. Joue-t-il vraiment un rôle lorsqu’il agit comme le marionettiste de June ? Je pense que c’est avant tout un intellectuel, un philosophe/sociologue qui aime regarder des gens inférieurs s’agiter dans le monde qu’il a créé, conçu comme une expérience. Ce qui fait de lui un sadique, comme lorsqu’il met à l’épreuve les convictions morales de June en lui demandant de choisir les 5 femmes dans un dilemme du tramway inversé (soit elle ne sauve personne, soit elle en sauve cinq mais cela revient à jouer un rôle dans la condamnation des autres).
J’aime quand même énormément ce que ce personnage apporte à la série, notamment lorsqu’il tacle l'incompétence de Fred Waterford, une petite pique de la série vis-à-vis de son passé. On sent que la série donne de la cohérence à son univers et essaye de reproduire cette sensation très particulière en saison 1 de "chaque dialogue a son double-sens".
Quant à June retrouvant Nick, difficile de savoir si c'est sincèrement touchant ou si elle se sert juste de lui pour avoir un futur allié Commandant... cette saison 3 place June sous le signe de la révolutionnaire, et la voir confronter si vite à ses idéaux est assez intéressant.
J'aime beaucoup l'aspect économique et "expérimental" qu'apporte le point de vue du Commandant Lawrence, et le fait que les tricks habituels de June (et de la série, du coup) ne marcheront pas sur lui, ni sur le spectateur : c'est le signe que la série évolue et grandit, et doit se renouveler autrement. Toute la relation June/Joseph se base d’ailleurs sur l’intelligence. L’émotif Fred qui se laissait avoir par des jeux de dupes et de séduction, n’est plus qu’un lointain souvenir).
Fred est d’ailleurs clairement coincé, comme le démontre son speech où il confesse son amour tordu à Serena en hors-champ… sauf qu’il récitait seulement un dialogue à une prostituée. Toute l’hypocrisie involontaire du personnage, qui est ridiculement tragique et à la fois méprisable mais pitoyable, se voit ici.
Un épisode un peu lent au début mais ensuite la dynamique annoncée est toujours aussi intéressante. June prépare tous ses pions tout en étant confrontée à la réalité de son entreprise, c’est du solide !
Un épisodes très bon à nouveau, rempli de moments forts qui montrent toutes les subtilités du système.
Pour une fois, c'est Tante Lydia qui est incomprise, qui sait qu’elle est détestée. On la découvre plus pragmatique, plus fragile aussi. Ce que j'aime particulièrement avec la série c'est que tout est tellement fébril que chaque scène en devient ambigüe. Alors certes, cela donne un peu les pleins pouvoirs aux scénaristes qui peuvent décider de quand tel ou telle personnage basculera hors des limites, mais je ne trouve pas qu'ils en abusent, et globalement cela fait quand même tout le charme de la série. Essayer de dire "X ou Y aurait / n'aurait jamais pu faire ça", c'est essayer d'appliquer des critères classiques dans les séries à des personnages qui y échappent, pour moi c'est hors sujet, même si cela peut être énervant pour certains.
Lors de la scène finale par exemple, quand June apprend que les Waterford voient Luke, je n'avais aucune idée de si June allait fondre en larmes ou éclater de joie. Parce que finalement les deux sont possibles et en vrai, c'est un peu comme ça dans la vie aussi. C'est là où la série est à la fois forte et énervante du coup : on n'a pas vraiment accès une "règle" pour chaque personnage permettant de jauger ce qui rentre ou pas dans son champ de réaction, on ne peut que contempler et subire.
Même chose pour l'intrigue d'Emily : elle et sa famille aurait pu se retrouver et éclater en sanglots, ou au contraire être le malaise absolu. C'est finalement un peu des deux, et même si je ne comprends pas pourquoi elle ne peut pas "simplement" ré-emménager avec eux, c'est justement parce que la situation n'est pas simple. Comme Gilead le cadre est beaucoup trop exceptionnel : qui peut vraiment dire comment une brillante femme déportée dans une dictature, excisée, incarcérée puis libérée d'un camp de concentration, en fuite et émigrant dans un autre pays pour retrouver les siens après des mois/années de séparation, va réagir ?
Et puis malgré les quelques "sauts d'humeur" des personnages qui nous inquiètent toujours, 90% du temps les personnages ont quand même une ligne de conduite respectant un certain code. Serena qui recommence à vanter le système, oui ça fait peur et c'est un peu "n'importe quoi", mais la minute d'après elle donne des informations à June sur Hannah. C'est normal, elle a évolué depuis le début mais on ne peut pas exiger d'une personne qu'elle change de comportement du tout au tout, qu'elle change limite toute son éducation/lavage de cerveau sur plusieurs années, après trois-quatre moments marquants en l'espace de quelques semaines. J'ai l'impression que ces raccourcis, c'est plutôt ce à quoi toutes les fictions de l'histoire nous ont habitué...
Idem, si les Épouses ne réagissent pas face à June, c'est aussi parce que la violence de Lydia était totalement disproportionnée et qu'elles n'ont sûrement jamais l'habitude d'assister aux punitions en live. Tout est question de contexte et ça ne veut pas dire que du jour au lendemain les Épouses seront du côté des servantes et que June peut tout faire impunément. J'aime beaucoup tout cet univers gris de la série, jamais tout blanc ou tout noir, à l'instar des sentiments de June pour Waterford, ou même de la religion avec les deux séquences baptêmes juxtaposées n'ayant rien à voir (bien que cela soit un poil redondant avec un épisode en saison 2, et que j'ai trouvé que comme souvent les flashbacks de l'épisode étaient la partie la plus faible). Cela permet néanmoins d’étoffer le lore des pratiques de Gilead.
June continue donc ses moves, elle rapproche les Waterfords ensemble, reprend du contrôle. Malgré quelques facilités (la tablette qui donne un gros zoom long sur Luke et Nicole dans la manif), l’ensemble est toujours terriblement prenant.
Grâce à tout ça, la suite de la série est totalement imprévisible sans semblée improvisée, j'ai hâte de voir ça.
Pour moi la série, c'est toujours autant un dessert. Je suis aux anges que Serena y occupe actuellement une place centrale après avoir été absente lors des deux premiers épisodes. Trois moments forts bien sûr : l'appel de June à Luke, où l’on écoute le tout la gorge serrée. La rencontre Serena/Luke, très difficile à écrire, à imaginer, mais très bien exécutée. Enfin, le message de la cassette finale.
La rencontre au Canada est particulièrement déchirante pour Serena même si je comprends le point de vue de Luke. Et il faut avouer que même si une rechute de Serena, sur le papier c'est agaçant, c'était forcément le meilleur moment et la justification la plus cohérente pour cela.
Mes "moments forts" cités plus haut diviseront, car il s'agit, certes, toujours du même registre, et qu'on peut critiquer la cohérence de l'ensemble (je ne rejoins pas les critiques cela dit, et je ne constate pas vraiment les facilités de l'épisode que certains décrivent ensuite). Plus que ces moments forts, cet épisode brille vraiment dans le souci des détails, que ce soit la bienveillance de Mrs. Lawrence, l'évolution de Fred Waterford vis à vis de sa femme, la servante lèche-botte partenaire de courses de June que l’on détestait depuis le début de la saison, qui est en réalité traumatisée par sa quatrième grossesse, ou encore le moment Rita/Serena (Rita <3).
Et le plan final c'était quand même un sacré beau tableau !
En effet on s'éloigne un peu de Gilead au sens large et de la politique de la série. Mais nul doute qu'on y reviendra, la série se reposant énormément sur ses 5/6 personnages principaux, mais ne pouvant pas jongler qu'avec ça sur 13 épisodes. June va sans doute préparer sa revanche par le système. C'est donc pour moi loin d'être un défaut, de se centrer depuis 1/2 épisodes sur le cercle des Waterfords, ça signifie que la série en a encore TELLEMENT sous le pied, c'est dingue !
Encore un épisode qu'on peut qualifier de taré ! Le meilleur de la saison à ce stade, sans aucun doute, celle-ci étant pour l’instant bonne mais assez constante. Là, ça décolle !
Le background de Nick est une bombe qui vient vraiment anéantir les espoirs de June. Ca arrive à un timing si parfait ! Alors oui, on retombe à nouveau dans une dynamique où June doit être obéissante et perd petit à petit espoir, constate Serena s'éloigner et le monde faire machine arrière. Mais tout ça à travers un twist assez renversant que peu de gens ont dû imaginer, et le tout découlant comme toujours d'une suite archi logiques d'événements cause-conséquence, où tous les personnages sont motivés pour des raisons qui leur est propres. Nick a toujours été un personnage assez brumeux, oserai-je dire sous-développé et trop inexpressif. La série semble intégrer cette faille en la justifiant dans l’histoire, puisqu’elle lui créé un passé dont il ne voulait pas parler. La série exploite vraiment le moindre élément de son lore à des moments inattendus et poignants.
L'épisode est, de plus, absolument magnifique, avec des plans fixes et des montages géniaux pour souligner beaucoup de choses (les deux Waterfords enfermés dans une cage comme les oiseaux, June et les ailes d'ange, Lincoln, les costumes, les miroirs...). C'est millimétré et génial. Et oui c'est aussi, parfois, assez souligné question symbole (les ailes d'ange surtout), un peu in-your-face, et c'est très calculatoire et froid, presque propagande extrêmiste... et n'est-ce pas un peu tout le but ? Ce que Gilead est en train de mener ?
Je trouve donc qu'il y a tout un degré de lecture de la série sur son imagerie. Elle sait très bien que tout le monde l'attend au tournant sur son esthétisme, ses gros plans centrés sur les visages. Et ça pose un problème de taille (que connaissent toutes les séries feuilletonnantes un peu "esthétiques") parce qu'en faire trop, c'est risquer l'overdose et la critique de la routine, mais ne plus en faire c'est briser tout un code de la série. Difficile de satisfaire tout le monde et la série choisit plutôt de réduire tout ça (en vrai, ya beaucoup moins de gros plans de visage que les années précédentes je trouve, et pourtant les gens s'en plaignent de plus en plus, preuve qu'il ne faut pas en abuser) et de s'amuser sur sa composition avec son idée de propagande pour le monde. Quoi de plus normal dans un épisode qui met en scène une dictature sous le feu de projecteurs qui enjolivent la réalité.
Et c'est un peu le même problème avec le scénar : on suit si peu de personnages, et le monde de la série est tellement binaire à tous les niveaux (la révolution ou l'obéissance, le tabou et les dialogues marquants ou les échanges préfaits, Gilead ou le Canada, le rouge et le vert, June ou Serena, le chaos ou l'ordre, les sons stridents ou le silence...). Sachant cela, tout le but de la série ce n'est que de varier de l'un à l'autre et forcément faire des allers-retours constants. Mais si on n'a pas conscience de ça (ou si on s'attend à plus, en mode une vraie série politique par exemple qui explorerait à fond l'économie de Gilead et les relations internationales, ce qui n'est pas le but de la série, mais bon je peux comprendre que ce soit une attente/critique compréhensible), la série se met un peu dans un piège toute seule où lors de ses moments décisifs, tout devient à nouveau binaire avec deux chemins, à gauche et à droite.
Par exemple, Serena qui ne peut que continuer sa démarche, ou revenir entièrement sur sa décision. Pas d'entre deux, c'est le système qui l'impose.
Ou encore, June qui à la fin doit s'agenouiller ou péter un câble et pousser Serena dans les marches en direct. J'y ai pensé. On y a tous pensé, je suppose. Mais c'est toujours un 0 ou un 1, lors des grandes décisions. Car bien sûr, les moments privés sont beaucoup plus ambigus, comme le sublime échange Lydia/June, où Lydia laisse vraiment transparaître son amour sincère (qui s’exprime mal) pour ses filles.
June a le choix mais la série ne l'a pas : si elle se rebelle, on s'y attend, et en plus on se dirait "c'est encore trop gros qu'elle s'en sorte", et si elle ne se rebelle pas, on s'y attendait aussi, et en plus on se dirait "super toujours la même chose on revient à la fermeté".
Cette neutralité, cette potentielle "troisième voie", June fait tout pour la faire ressentir (le regard avec l'autre servante, le fait qu'elle attende quand même un peu avant de s'agenouiller/force Fred à répéter), mais ultimement elle doit plier, et la série rejette même un peu elle-même cette voie neutre avec l'échec complet de l'intervention de la Suisse (symbole de la neutralité à l'extrême par excellence, j'ai un peu souri quand j'ai vu qu'ils étaient choisis comme tiers). Jusqu'au jour où un acte démarrera vraiment la machine révolutionnaire. Jusqu'au jour où, on l'espère, June tirera une flèche de trop (pour reprendre le lore de Katniss et de Hunger Games comme cités par Manoune, un très bon parallèle ici : du symbole de la Capitale à l'idée de propagande par l’image et de martyrs fabriqués pour une cause nationale).
Et puis je n'ai même pas encore mentionné l'hypocrisie oufissime du système avec la famille de 6 enfants chez le super-Commandant (preuve que même les inégalités existent encore à Gilead). Sans déconner c'était pas archi flippant comme vision ? J’ai cringé comme pas possible, quel enfer, et quel enfer que les personnages voient cette famille avec bienveillance (même June et Rita !). Rassurez-moi, on a conscience que ces 6 enfants “miraculeux” impliquent donc au grand minimum 6 viols, personne ne l’a oublié ? June l’a-t-elle oublié ?
Cette image me rappelle un peu les familles protestantes américaines qui poussent l'idéologie de la famille parfaite à l'extrême. Il y a clairement anguille sous roche, et ça se ressent avec ce subtil toucher de l’épaule du commandant sur Fred (refoule-t-il sa sexuaité ? est-ce juste une technique d’emprise ? Fred lui-même doit s’interroger là-dessus).
Tout l'épisode est globalement scotchant. Et il gère son rythme vers le climax d’une façon géniale. L’épisode recentre vraiment toute la série sur la relation Serena et June (évident avec cette fin devant Lincoln, très symétrique), ce que je n'avais pas réalisé jusqu'à encore maintenant : je considérais la série comme vraiment centrée sur June uniquement alors que les signes étaient là depuis le début de la saison. C'est du bonheur en barre.
Et puis la qualité de la mise en scène, les costumes pardi ! Toujours au service du fond. J’était d’abord très heureux de voir qu’on quitte la petite bourgade des Waterfords et qu’on débarque à Washington. Alors oui le lore a progressé à vitesse grand V. Mais qu’est-ce que j’ai déchanté quand on découvre que toutes les servantes là-bas ont un col qui les prive de toute parole… On en vient à se dire que June est chanceuse, mais rendons-nous compte !
Et quand on découvre que certaines de ces servantes ont la bouche cousue, mais quelle HORREUR. On est ici à la frontière du thriller horrifique, les lèvres cousues étant une image de body horror très marquante à la limite du gore.
Plus subtil, le costume de June à la fin qui rappelle que sa voix ne compte plus, face à celui de Serena qui n’a qu’un voile, rappelant qu’elle se met des oeillères et refuse de voir la vérité en face, est vraiment une synthèse parfaite de la série à ce stade, qui semble avoir atteint son point de chute intermédiaire (on se situe en effet environ à la moitié de la série dans son entièreté).
Il ne me reste qu’à vanter une ultime fois le jeu phénoménal d’Elisabeth et Yvonne pendant cette scène, qui vend entièrement le climax.
SERENA: I should have put a ring in your mouth the day that we met. JUNE: I should have let you burn when I had the chance.
Fin de cet incroyable premier acte. Place à la suite.