Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Une très bonne saison ! Sans doute la meilleure de Tennant, du moins celle qui aligne les meilleurs épisodes sans aucun doute.
La nouvelle compagne, Donna, est vraiment exceptionnelle, que ce soit son caractère, l’actrice, son duo avec le Docteur, tout. L’alchimie des deux porte vraiment tous les épisodes (et en sauve même certains).
L’image ne fait que s’améliorer, on voit que la série a eu plus de moyens. En conséquence, la saison est aussi moins avare en science-fiction, avec beaucoup plus de planètes et d’autres mondes. C'est sans doute encore aujourd'hui une des saisons les plus diverses, colorées, intéressantes à explorer.
La seconde partie est vraiment une des meilleures du show et enchaîne 6 épisodes fantastiques.
Les spéciaux sont plus en demi-teinte, les épisodes de Noël sont tous assez mauvais (et cette "saison + spéciaux" en compte 3, de 2007 à 2009), mais les deux différents finaux que Ten a eu, à savoir Journey's End (la fin de la saison 4 elle-même et la fin de l'ère du Dixième Docteur) et The End of Time 2 (pour le personnage de Ten en lui-même), sont tous les deux dans la même veine : bourrés de qualités malgré quelques faux-pas, ils font tout le charme de la saison et lui donnent son importance, mais montrent aussi ses limites.
La beauté de la saison, c'est que TOUS les épisodes contiennent au moins 2 ou 3 petites références étranges qui trouveront finalement leur explication sur la fin. Entre les multiples retours de personnages, de monstres et de lieux, la saison possède l'une des meilleures continuités du show et approfondit beaucoup la mythologie.
Bref, entre Donna, le fanservice, la conclusion de l'ère du Dizième Docteur et les scénarios globalement de haute volée, c’est du très bon Doctor Who !
Mon classement :
- Forest of the Dead - 18
- Silence in Library - 18
- The Waters of Mars - 18
- Turn Left - 17
- Midnight - 17
- The Stolen Earth - 17
- Journey's End - 16
- The End of Time Part Two - 16
- The Fires of Pompeii - 16
- Partners in Crime - 16
- Planet of the Ood - 15
- The Unicorn and the Wasp - 14
- The Doctor's Daughter - 14
- Planet of the Dead - 13
- The End of Time Part One - 10
- The Next Doctor - 9
- Voyage of the Damned - 9
- The Sontaran Stratagem - 9
- The Poison Sky - 8
"La saison 1, c'est un peu le brouillon de la série : le docteur et sa compagne, qui voyagent à travers l'espace, un mélange d'ambiances, d'époques, de genres et d'émotions. Il faudra attendre quelques années pour un peu plus de folie et de maturité."
Voilà l'avis que j'avais écrit il y a quelques années à propos de la série. Mon avis a depuis pas mal changé.
Cette saison 1 n'est pas que le "brouillon" de la nouvelle série, elle est aussi son socle et son modèle qui finalement a inspiré énormément la suite. Un acteur méconnu du grand public mais à la très bonne réputation dans le milieu, une actrice au contraire très mainstream pour attirer les téléspectateurs, une continuité avec l'ancienne série donnant l'impression d'entrer dans un monde au background immense mais aux possibilités encore plus grandes... Cette saison 1 a brillé dans beaucoup d'aspects, et sans elle, le show n'aurait jamais fonctionné et grandi pour être le show que l'on connait maintenant.
Et elle n'est pas qu'une saison servant de base où l'on "pardonne ses défauts car c'était la première", comme bien des œuvres surestimées sous prétexte de nostalgie, non non. Elle a aussi de très nombreuses qualités en soi. Aucun épisode ne brille particulièrement ni est au-dessus des autres, mais le niveau général est plutôt bon. Les histoires sont variées, différentes dans les tons, et la dynamique entre le Neuvième Docteur et Rose Tyler reste à ce jour l'une des meilleures.
Une chose qui explique selon moi le fait que la saison soit aussi réussie, c'est que Russel T. Davies avait convaincu la BBC de lui laisser reprendre le show afin que cette saison devienne le retour triomphant d'une légende, certes, mais à la base le show a également été conçu pour raconter une histoire avec un début et une fin, dans l'optique d'une annulation... Autrement dit en plus de voir plus large, elle raconte tout de même une histoire d'un point A à un point B et possède un vrai développement et une conclusion. C'est ce qui rend les personnages de Rose et du Docteur si attachants. La grande force de la saison 1 c'est le fait de les voir évoluer ensemble depuis le pilot jusqu'au season-finale. Toute la saison repose sur la spontanéité de Rose qui se mêle au monde à la fois tourmenté et merveilleux du Docteur, permettant à ces deux personnages de s'aider mutuellement à devenir de meilleures personnes. Très peu d'épisodes ne servent aucun propos dans la trame, ce qui donne cette atmosphère générale de confiance et de maîtrise dans toute l'histoire.
C'est cette réussite d'avoir réussi à réintroduire doucement mais sûrement toutes les bases pré-existantes d'une série culte, tout en y ajoutant des touches modernes dans les personnages et d'avoir réussi à écrire et boucler une histoire complète en 13 épisodes seulement, sans pour autant nuire de quelconque façon à une potentielle suite, qui fait de cette première saison une vraie réussite.
Et la suite nous réserve encore les meilleures choses !
Une citation pour résumer la saison :
You could stay here, fill your life with work and food and sleep, or you could go anywhere.
Moyenne de la saison 1 : 14.46
Classement :
- The Empty Child - 17
- The Doctor Dances - 17
- Dalek - 17
- The Parting of the Ways - 16
- Father's Day - 16
- The Long Game - 15
- The End of the World - 15
- The Unquiet Dead - 15
- Bad Wolf - 14
- Rose - 13
- Boom Town - 13
- World War Three - 11
- Aliens of London - 9
Le diptyque de Steven Moffat se place dans le haut du classement, clairement l'épisode le plus moderne et mémorable de la saison, même si finalement il ne représente pas vraiment cette dernière, avec son aspect très romantique, absurde et horrifique. Il est accompagné par le très bon one-shot de Robert Sherman, Dalek, qui complète le podium. Le series-finale et Father's Day complète les "16/20" et pour le coup représentent, eux, très bien cette première saison.
The Long Game a longtemps été un vilain petit canard pour ma part mais son commentaire "politique" sur l'humanité du futur, un gros gros thème de la saison qui se retrouve d'ailleurs dans The End of the World, donne vraiment des thèmes directeurs à cette saison 1. Ces deux épisodes sont très bons et dans le haut niveau de la saison. The Unquiet Dead est vraiment un historical sympa à mes yeux et est un nouvel exemple d'épisode qui s'inscrit très bien dans la saison, servant plusieurs rôles et dans lequel Rose et Nine brillent.
Bad Wolf est une première partie de finale perfectible mais très fun, tout comme Rose, un pilote encore plus perfectible et kitch mais très efficace.
Ne reste donc que le trio des épisodes Slitheen, lourdement en fin de classement. Boom Town ne s'en sort pas trop mal. A noter surtout deux ratés dans la saison : les deux parties de l'attaque des Slitheens à Downing Street. Aliens of London, est un pas en arrière après les trois premiers épisodes de la saison, mais est heureusement rattrapé par une deuxième partie plus réussie, mais pas fameuse non plus au contraire. Ils témoignent de l'aspect cheap souvent reproché à cette saison et à raison, et sont beaucoup plus lents et mal écrits que le reste.
Malheureusement l'une des plus mauvaises saisons du show, bien qu'elle reste suffisamment décente pour qu'on n'ait aucun mal à imaginer une saison moins réussie si cela devait se produire un jour - pour l'instant après 9 saisons, cela n'a toujours pas été le cas, espérons que cela continue.
EDIT de 2019 : lolilol la saison 11 existe donc oubliez, la 2 n'est clairement pas
La grande cause de cette saison 2 plus molassonne c'est que la qualité des standalones n'est pas au rendez-vous. Au cours de mon revisionnage, il n'y a pour ainsi dire qu'UN seul épisode que j'ai un peu plus aimé davantage que le précédent visionnage : School Reunion. TOUS les autres épisodes m'ont apparu comme, parfois, identiques, mais le plus souvent, moins bien que dans mes souvenirs par rapport aux autres saisons (la saison 1 comprise). Mis à part le season-finale, le two-parter du diable, School Reunion donc et ce petit bijou de The Girl in the Fireplace, le reste de la saison est souvent juste "pas mal".
J'aborde toujours chaque saison avec deux angles : la qualité intrinsèque de chaque histoire, grosso modo que l'on peut résumer comme étant la "qualité des standalones", ainsi que fil rouge, que ce soit un arc, une intrigue mystérieuse, l'évolution des personnages ou l'agencement et l'ambiance générale, bref l'objet de la saison. Le fond compte autant que la forme en somme.
J'en ai un peu parlé dans mon avis sur Army of Ghosts, mais Ten convaint moins que Nine en tant que Docteur. Je n'ai absolument rien contre Tennant, il est pour le moment bien dans le rôle, sauf qu'il n'a malheureusement pas encore eu beaucoup de palettes d'émotion à démontrer car l'écriture ne lui rend souvent que peu honneur (cela dépend des épisodes en fait, on en revient à la qualité des standalones, cette dernière ayant un rôle à jouer dans mon appréciation du fil rouge, ces deux blocs ne sont pas distincts). Pas de fausse note particulière pour Tennant donc, mais pas de réel moment emblématique non plus.
Le principal problème, c'est que la transition par Rose est très mal gérée. Elle est trop rapidement balayée dans The Christmas Invasion, ce qui laisse juste une saison où l'on est censé voir deux meilleurs amis vivre les meilleures des aventures possibles... et c'est tout ! Ce que la saison 1 avait soigneusement construit : un Docteur moralement complexe, une compagne humaine et attachante à ses côtés, une relation avec un apport mutuel, un point A et un point B... toute la saison 2 ne fait pas vraiment bouger les choses.
Le pitch est surtout : "donnons à Ten et à Rose une romance naissante", c'est assez bien fait mais ça donne une saison sans grand dynamisme.
A part ça le personnage du Doc n'est pas archi intéressant et se dévoile peu, puisqu'il est "humanisé" à l'extrême par Rose. Sauf rares exceptions (School Reunion par le biais de Sarah Jane Smith et de l'écriture de Toby Withouse qui lui rend honneur même face à des scènes triviales comme face aux Krilitaines, et The Satan Pit dans son échange face au Diable et sa croyance sur le temps), le Dixième Docteur n'est pas un Seigneur du Temps de 900 ans qui a fait une Guerre du Temps. Non, le Dixième Docteur est un alien qui a pour meilleure amie une londonnienne et qui a pris goût à la vie humaine. Pour de vrai. On ne retrouve pas le personnage du Docteur dans son ensemble mais seulement par certains endroits, c'est ce qui me gêne avec cette incarnation. Tous les autres Docteurs sont souvent impliqués et posent leur marque, ce qui créé bien sûr des aspects que l'on aime pas, mais Ten est juste... normal ? La saison s'occupe juste de lui trouver des aventures et du bon temps et ce n'est pas l'approche que je préfère chez Doctor Who.
Le Neuvième Docteur avait un égo surdimensionné concernant son importance par rapport à celles des autres races, le Dixième Docteur est à l'inverse le plus proche possible des humains qu'on pourrait l'être. Le contraste est intéressant, et donne lieu à de très belles choses, notamment son émerveillement face à l'humanité et aux agissements des humains (un thème que l'on retrouve même dans The Age of Steel ou The Impossible Planet, ce genre de petits détails très sympathiques). Je n'ai rien contre un Docteur plus "humain", "charmeur", "drôle" et finalement, plus à même à parler à l'audience mainstream, et je trouve le contexte intéressant car cela permettra une descente aux enfers progressive (dans les saisons suivantes). Le problème est que vu que la descente aux enfers ne peut commencer QUE à partir du départ de Rose, c'est-à-dire dans le dernier épisode de la saison, on a donc toute une saison avec un Docteur qui ne bouge pas d'un pouce.
Il aurait été beaucoup plus judicieux d'intégrer des nuances plus subtiles à son personnage plus souvent. Comme je l'ai dit c'est tout de même en grande partie lié à la faible qualité des loners, il suffit de voir The Idiot's Lantern, Fear Her, Love and Monsters ou même New Earth et le two-parter Cyberman pour voir que le Docteur n'est pas à son meilleur jour. Sur une saison de 14 épisodes en incluant le Noël, c'est beaucoup.
Ce n'est pas la seule chose pour laquelle la saison a pris un tournant opposé à la une. Il n'y a pas de mention de la Time War avant très longtemps, une mythologie très peu poussée, un Docteur très peu intéressant d'un point de vue de son passé... mais aussi une Rose beaucoup plus controversée, à raison.
Si je n'ai aucun mal à dire que la relation Nine/Rose est l'une des meilleures du show, Rose Tyler dans la saison 2 est parfois agaçante sur les bords. Dans le Noël, sa réaction avec le Docteur est un peu disproportionnée. Dans la saison elle est hyper dure avec Mickey ou sa mère sans raison valable, parfois jalouse à l'extrême.
Elle n'a pas que de mauvais aspects cela dit, j'aime beaucoup l'assurance dont elle fait preuve dans certains épisodes comme Tooth and Claw, The Idiot's Lantern, Fear Her ou The Satan Pit, où elle n'hésite pas à prendre la situation en main. Mais où est la Rose Tyler qui était prête à se mettre entre un Dalek et le Docteur pour affirmer son opinion ? Où est la Rose Tyler qui a ouvert le coeur du TARDIS pour sauver le Docteur ? Où est la Rose Tyler qui a brisé toutes les lois du temps pour sauver son père ?
Oui, l'aspect téméraire est toujours là, mais il y a bien un facteur qui manque : le cœur, l'affection, l'humanité, la sensibilité de Rose de la saison 1.
En même temps, avec un Docteur aussi bon-copain, ce n'est pas étonnant. Il déborde tellement d'amour, de joie et d'émotions, qu'elle ne passe plus pour la jeune fille qui découvre l'univers et y apporte son humanité dans les pires situations même les plus négatives... non, maintenant en saison 2, Rose Tyler est plutôt la gamine capricieuse qui a eu la chance d'être dans le TARDIS et qui le prend pour acquis. Je grossis les traits car il y a des épisodes où elle est très bien. Et encore une fois, je n'ai rien contre cette évolution, qui est très joliment adressée par Jackie dans Army of Ghosts, quand elle lui dit qu'elle ne reconnaît plus sa fille... mais ça c'était l'épisode 12 ! Durant toute la majorité de la saison, j'aurais aimé avoir plus de nuances de ce type. En saison 1, on voyait déjà les mauvais traits de la personnalité de Rose, elle était déjà ennuyante avec Mickey, elle était déjà jalouse (de Lynda par exemple), mais puisqu'elle offrait beaucoup d'autres choses à côté, ces aspects ne semblaient pas dominer sa personnalité. Rose en saison 2 est toujours aussi attachante, et elle gagne en confiance, mais on perd ce côté si sensible qui faisait tout son charme et qui était pourtant - je le croyais - inscrit dans son personnage (rien que par son nom - fragile comme une Rose).
Forcément, si on associe dynamique de personnages statique et personnages en eux-mêmes attachants mais pas toujours montrés sous leur meilleur profil, et que l'on y ajoute un arc pas tip top ("Torchwood" étant beaucoup moins subtilement amené que Bad Wolf - c'est parfois mentionné deux fois par épisode - et moins mystérieux aussi), le fil rouge de la saison 2 n'est juste pas bon. La succession quasi-constante de loner est agaçante, il n'y a jamais aucune continuité hormis le départ de Mickey et son retour (une moitié de saison donc, au milieu tout est interchangeable). Pour que la continuité de la saison repose sur un personnage aussi médiocre (il faut voir la transition de Mickey entre School Reunion et The Girl in the Fireplace, elle est nulissime), c'est qu'il y a un problème.
Pour résumer tous mes problèmes avec cette saison 2 :
- Un Docteur limite trop puéril, ou qui ne possède pas assez de moments pour briller malgré Tennant qui pouvait pourtant faire "so much more !" (si vous avez capté la référence, bien joué).
- Une compagne qui perd l'un de ses principaux traits pour devenir parfois agaçante, même si paradoxalement elle est quasiment plus mise au centre que son Docteur dans la saison.
- Un arc qui n'en est pas un, ne laissant qu'une continuité branlante entre les épisodes
- Des standalones trop faibles (l'opener, le double sur les Cybermen, celui avec la télé qui bouffe les gens, celui avec la môme...)
On peut trouver de qualités à cette saison dans l'ensemble. Chaque point positif que je peux trouver ne résulte pas QUE de la performance d'un épisode individuel seulement. La relation Ten/Rose, j'ai beau objectivement trouvé les deux personnages un peu faibles, mon petit coeur de fan encore ébranlé par le premier visionnage de Doomsday ne peut s'empêcher des les aimer ! Ils sont charmants. La saison a aussi tenté de nouvelles choses (certains épisodes expérimentent des genres, comme The Girl in the Fireplace ou Love and Monsters, et la saison créé la notion de Christmas Special).
Oui mais voilà, il faut être réaliste, si le seul but de la saison après The Girl in the Fireplace est d'offrir une belle porte de sortie à Rose, il y avait beaucoup, beaucoup mieux à faire.
Mais au moins maintenant, la voie est libre pour que notre Docteur reprenne du pep's et s'affirme, en espérant que la saison 3 saura plus revenir à ce qui avait fait la très bonne qualité de la première saison : une compagne intéressante, une mythologie et un personnage principal complexes et une meilleure balance entre légèreté/kitsh et sérieux. Ce qu'elle réussira à peu près.
Moyenne de la Saison 2 - 13.85 (tout de même pas mal pour la "pire" saison d'un show)
Classement :
- The Girl in the Fireplace - 19
- Doomsday - 17
- The Satan Pit - 17
- School Reunion - 16
- The Impossible Planet - 16
- Tooth and Claw - 15
- Army of Ghosts - 14
- Love & Monsters - 13
- The Christmas Invasion - 13
- The Age of Steel - 12
- New Earth - 12
- The Idiot's Lantern - 11
- Rise of the Cybermen - 11
- Fear Her - 8
Avis sur les épisodes
Aucun problème à revenir dans le vif du sujet de Gilead pour ma part, après le bottle-episode précédent qui suffisait largement à boucler toute la partie accouchement. Cela dit, je suis d'accord que les explications après coup mériteraient un peu plus de détails. On se doute bien que June a un totem d'immunité vu qu'elle a réussi à enfanter, mais tout de même.
Un épisode assez bon en ce qu'il met à l'honneur le personnage d'Eden que per-sonne n'avait vu venir. De protégée du système prête à tout pour devenir la meilleure épouse et mère, danger pour Nick et naïve comme jamais, le parcours d'Eden prend une tournure brillante. Tout en restant très enclavée dans la foi qu'on lui a enseigné et dans les codes du système (elle a conscience de son pêché et ne cherche pas à se sauver à la fin), elle fait ses propres choix et choisit… la rébellion. Bien sûr elle a été influencée par autrui, notamment par ce que June lui dit, mais on comprend également qu'elle a su faire ses propres choix à partir de ce qu'elle a vu tout au long de la saison en arrière-plan.
Car elle était bien là : en arrière-plan. Alors que tout le monde est scotché par June, ne sait jamais quoi penser de Serena et n'attend que de voir un épisode sur Lydia, c'est Eden, le personnage vraiment osef par excellence, qui pourrait bien justifier le re-visionnage de toute la saison pour mieux comprendre son évolution.
C'est très fort. Et Eden reste un personnage secondaire, c'est-à-dire qu'on n'a pas accès à son point de vue, que ses personnages "proches" comme Isaac ne sont pas développés, mais ça ne fait rien. La fin nous laisse malgré tout sous le choc, pas forcément ému aux larmes, au contraire. Avec son geste, elle montre que même les soldats les plus formatés (en apparence) de la dictature ont leur libre-arbitre. Sa fin est tragique mais surtout belle pour le message qu'elle envoie.
A côté de ça, la série surprend également dans l'intrigue d'Emily, avec un nouveau duo Commandant/Femme qui étend vraiment le champ des perspectives de la série et qui nous font comprendre finalement d'à quel point la saison 1 avait un scope réduit. Le personnage du commandant Joseph s'annonce très prometteur, et plus d'Emily et de Lydia, c'est plus de qualité.
Vraiment un épisode que j'ai beaucoup aimé à nouveau. La qualité d'ensemble de la série ne faiblit pas.
Je dirais que par rapport à d'autres épisodes similaires de la série, celui-ci est, il est vrai, un poil plus "décousu" et avec moins d'événements choquants ou marquants, mais il n'en reste pas moins très réussi en particulier pour tout l'acte final avec Eden.
Sans surprise j'ai pour ma part adoré ce final du début à la fin. De façon extrêmement cohérente et belle, il est axé sur l'instinct de survie et de rébellion. Tout dans ce final est spontané voire irréfléchi. Et vu la situation dans laquelle les précédents épisodes nous laissaient (càd : absolument rien qui ne présage une révolte à venir), on aurait pu paradoxalement la sentir arriver, cette spontanéité.
Premier acte d'épisode absolument brillant avec cette idée de Bible cachée qui transforme Eden en martyr, une étincelle qui ravive la flemme révolutionnaire de Serena et de June et témoigne une fois de plus de l'hypocrisie de Gilead (j'ai halluciné quand j'ai compris qu'elles ne peuvent même pas lire leur Bible !).
Deuxième excellente idée : faire intervenir le futur de Nichole et de toutes les petites filles pour gagner le soutien des Femmes. Je ne m'était jamais penché sur la question et c'est pourtant implacable. Cela donne lieu à une magnifique scène où Serena, porte-parole de toutes les épouses, plaident devant les hommes. Je ne m'attendais pas à ce que les autres épouses, dont la pseudo-mère de Charlotte(/Angela, l'enfant de Jeanine), rejoigne Serena.
Superbe conclusion à ce niveau-là en général, avec un dernier échange June/Serena à couper le souffle où les deux actrices sont sublimes, et une Serena qui semble enfin se ranger du côté de June (en tout cas au moment crucial, elle n'a pas flanché). Ce final nous ramène d'ailleurs à plein de scènes de la saison, notamment le speech de Serena, et montre pour moi la solidité de celle-ci.
Deuxième instance de rébellion avec Emily dans un acte encore moins structuré, moins logique et plus fougueux. La scène est d'une telle spontanéité qu'elle paraît presque incohérente dans la série mais c'est à mon avis tout l'objectif. Les réactions d'Emily par la suite avec cette euphorie se transformant en satisfaction légère avant de sombrer dans l'angoisse extrême à l'idée de ce qu'elle a fait... c'était vraiment fort, et encore une fois la scène est portée par une superbe actrice, vraiment.
Et enfin la troisième étincelle de ce final venant, à nouveau, de nulle part, avec une Rita impériale comme tout au long de l'épisode ("Your girlfriend's a badass") qui n'a presque jamais rien fait dans la série... mais qui pourtant a énormément évolué depuis les premiers épisodes. A la manière d'Eden, les Marthas étaient toujours dans l'ombre et pourtant ce sont elles qui enclenchent la vraie révolte.
Bref, ce final est un vrai festival de fin de saison, avec un concours de circonstances voire un heureux hasard qui fait détonner plusieurs bombes dans Gilead de façon synchronisée contrairement à l'assaut isolé du milieu de saison. Les épouses, les Marthas, les servantes, tout le monde est impliqué. Que ce soit par d'excellents dialogues ou des plans univoques, la série nous fait comprendre pourquoi les personnages prennent telle ou telle décision quand bien même le timing paraît presque aléatoire. Il n'est en rien gênant vu comment la série a construit des bases solides depuis ses débuts pour motiver les personnages.
Bon, si tout le monde est d'accord je pense sur les trois premiers quarts de l'épisode, c'est bien sûr la fin semble être ce qui divise le plus. Mais déjà pour moi elle met le doigt sur un gros non-dit de la série : la double-vie que mène June qui est extrêmement bancale moralement et qui devait se révéler tôt ou tard impossible à gérer. On est en plein dedans, désormais. Cela fait plusieurs épisodes qu'on ne voit ni Luke, ni Moïra, ni le Canada, très peu de flashbacks cruciaux, du Gilead seulement et petit à petit les choses qui changent. Cela fait également depuis bien longtemps maintenant - mais jamais autant que dans ce final - qu'on insiste sur l'amour sincère de June/Nick. Et l'image des deux parents et de Holly comme famille comblée est même ce qui pousse Rita à faire de cette simple image une réalité.
Et du coup pour moi June s'est laissée facilement embarquée dans cet idéal et par instinct a bien évidemment pris la fuite, mais dès cet instant où elle se retrouve seule dans ce champ, on passe d'un "peut-être que tu verras ta sœur", à un flashback sur Hannah et Luke (dont la présence est presque bizarre), à un "tu vas la revoir" convaincu. Sauf que la seule garantie de ce qu'elle dit, c'est bien de sauver elle-même Hannah. Pour moi le point de bascule s'opère à ce moment et il est compréhensible.
Il n'y a pas de bon choix à faire dans cette situation. June a deux enfants désormais. Si elle sauve (potentiellement) l'un, elle abandonne (la possibilité de sauver) l'autre. Sachant que tout reste incertain dans tous les cas.
Tu ne peux pas être rationnelle à ce moment. Tout comme la giffle de June à Fred était stupide. Tout comme l'agression de Lydia par Emily n'avait aucun intérêt. Tout comme Rita a spontanément décidé d'activer son réseau et de cesser d'être passive. Tout comme Serena a franchi stupidement la ligne en lisant la Bible. Oui c'est stupide, mais c'est humain en fait.
Qu'aurait donné l'inverse, si aucune de ces décisions n'avait été prise ?
Une Emily qui laisse nonchalamment partir Lydia et reste emprisonnée avant sa prochaine pulsion qu'elle devra contrôler ?
Serena qui se voit refuser sa proposition et retour à la maison pour s'inquiéter?
Rita qui imagine de belles images tout en préparant le plat du Commandant ?
Et June qui arrive au Canada et qui ne peut absolument plus rien faire pour aider non seulement Hannah, mais aussi Nick, et Serena et toutes les autres femmes qui l'ont aidé ?
Absolument rien ne se serait passé. A part plus d'attente. Attendre "que l'heure vienne", comme s'il y avait un bon moment à choisir pour mener une révolution. Au contraire, chacune de ces femmes en prenant sa décision sur le coup, apporte sa pierre à l'édifice. L'épisode nous le fait comprendre par sa construction quand on le voit comme un tout, et c'est franchement superbe, même si c'est un coup de tête et que c'est irrationnel.
Alors je ne suis pas naïf, je sais très bien que ce choix a été d'abord motivé parce que ça reste une série et que les scénaristes voulaient une saison 3 avec une June à Gilead. Oui, évidemment. On aurait pu tout aussi bien expliquer que June parte. Seulement je trouve que la série ne fait pas qu'expliquer ce choix, elle l'assume pleinement et surtout construit tout son final voire même une bonne partie de la saison de façon à lui donner un propos et une cohérence. Parce qu'au final, malgré ses trois tentatives de s'échapper qui se soldent toujours par un échec cette saison, aucune des trois n'était similaire, n'avait la même portée ni les mêmes enjeux et ça en dit long sur l'évolution de la série tout au long des 13 épisodes.
Le résultat, c'est certes en apparence une conclusion teintée d'héroïsme irréaliste (quoique June est motivée en grande partie par des motivations égoïstes malgré tout, donc le terme héroïque ne colle pas tout à fait, même s'il est vrai qu'avoir une preuve que Serena et les Marthas sont prêtes à réagir ça change pas mal la donne). Mais dans le fond c'est surtout un appel à continuer à ne pas capituler. Et dans une série comme The Handmaid's Tale, et surtout dans un final comme celui-ci qui n'a jamais autant souligné de façon évidente les inégalités hommes/femmes dans son régime, avec une alliance des épouses, c'est quand même très cohérent. La fuite aurait été plus cohérente, mais finalement, n'envoie pas le même message.
La série a certes cédé à la facilité, mais June, c'est tout l'inverse. Et en termes de message, qu'est-ce qui est le plus important ? (la réponse dépend surtout de l'implication de chacun·e dans la série, à mon avis)
Vu comment la série a su se surpasser cette année alors même que la première saison était déjà excellente, je peux en tout cas au moins accorder largement le bénéfice du doute aux créateurs. La première saison se finissait d'ailleurs sur une June totalement incertaine de là où elle va, tout comme le public. Après cette deuxième saison, la série est toujours autant dans le flou et ne sait probablement pas encore quoi faire par la suite, mais cette fois June a pris une décision et semble au moins moins dans le brouillard que nous. C'est bien une petite amélioration, au fond ! On risque d'avoir donc une saison 3 où elle aura vraiment confiance en sa mission.
(oui c'est un sacré long avis pour dire "j'aime tellement la série que je cherche à tout comprendre et à tout expliquer dans tous les sens, laissez-moi en paix", et alors quoi, si j'ai envie ? <3)
Je me restreins un poil sur la note malgré mon avis dithyrambique car j'ai trouvé la durée de l'épisode juste trop longue, certains plans auraient pu être accélérés notamment à la fin, mais j'étais quand même à fond.
Une reprise qui répond aux critiques de la saison 2 : la série était trop statique ? Allez, brûlons enfin la maison étouffante des Waterford (avec une cinématographie à couper le souffle). June retourne toujours se jeter dans la gueule du loup ? "Faites avec, je ne partirai jamais sans ma fille". Serena retombant toujours dans ses travers ? Elle semble avoir enfin choisi son camp. June constamment punie et réunie avec les Waterford ? June gagne ici en confiance, n'a jamais eu autant d'espoir et de conviction, et le noyau de personnages de la série se sépare enfin - Nick et Fred d'un côté, Serena et Rita pas loin derrière, June rejoignant finalement le traître le plus habile de Gilhead : Lawrene.
L'épisode offre en fait un vrai nouveau point de départ quand June monte dans le fourgon, ce que la fin de saison 1 n'avait, il est vrai, su faire qu'à moitié. Cette reprise est un second souffle pour la série, et partage d'ailleurs le même titre que le final de la première saison ("Night"), pas un hasard je suppose.
J'attends beaucoup Lawrence au tournant. En espérant malgré tout que les Waterford et surtout Serena soient toujours bien employés dans l'histoire et la rébellion qui s'annonce.
J’ai aussi beaucoup aimé le passage où June parle à la femme Mackenzie (mère adoptive forcée d’Hannah/Agnes), qui semble sincère. L’épisode brille par les moments d’échange entre June et d’autres femmes, comme avec Serena une nouvelle fois. La réaction de celle-ci quand elle apprend que June est revenue et n’a pas accompagné Nicole est logique mais nuancée. Forcément c’est quelque chose qui va séparer les deux femmes et servir de prétexte à relancer une rancoeur entre les deux, mais pour l’heure ce qui est intéressant c’est que Nicole reste un élément qui les rapproche, et leur foi également (”God will keep her safe” dit June, qui mentionne sa foi avec bienveillance, hors-contexte de Gilead).
Fred continue d’être un fils de chien :
God has made me master of an incredible woman.
et les conséquences pour June sont de retomber pris au piège de Gilead comme elle le souhaitait. Heureusement, Emily parvient bel et bien à s’échapper et son arrivée au Canada est très salvatrice !
Je n'ai pas non plus adoré la reprise car elle était assez mollassonne en termes de dialogues, c'était assez contemplatif comme très souvent vous me direz, mais la série en a plus sous le pied que cela. Elle s'est ici un peu contenté de conclure vraiment la saison 2, même si elle l'a fait à travers des plans magnifiques.
Burn, motherfucker, burn.
Comme Manoune, je trouve que l'accélération de l'action mimique le coup de boost que possède June et est totalement voulu. En effet, June veut désormais s’impliquer vraiment dans le réseau de la résistance mené par les Marthas. Même sans tout savoir, elle fait mine de bien maîtriser la révolution et d’être en confiance, jusqu’à prendre des risques (et finalement la Martha qui meurt en paie les prix).
Il ne fait pour moi aucun doute que la suite va calmer le jeu et revenir dans une forme de jeux de manipulation.
En attendant c'était bien de découvrir enfin plus l'univers des Marthas très teasé lors du final de saison précédent. Visiblement, les fans se plaignent que maintenant "ça va trop vite"... mais malgré tout, on a vraiment vu pire comme accélération. La série a toujours eu des moments de tension intenses et le plan séquence dans le sous-sol est vraiment pas mal haletant (même si un peu trop sombre). D’ailleurs, la fin où June doit assumer ses conséquences et enterrer le corps, est très longue, très répétitive, et je pense qu’elle est bien là pour nous rappeler la dure réalité et la contrepartie d’une prise de risque qui a foiré.
J’aime toujours beaucoup le commandant Lawrence, que j'ai du mal à cerner. Il semble être vraiment une ordure, mais avec plus d’intelligence et de bienveillance s’il accepte d’en céder - après tout, il a aidé Emily à partir et ça, ça reste quelque chose que le spectateur ne peut pas oublier.
Je trouve très intéressant également le fait que la série ait lâché son format flashback pour alterner plutôt avec le Canada. En parlant du Canada, c'est bien de voir Moïra évoluer et avancer, mais où le personnage peut-il aller ensuite ? Le fait qu’elle devienne mentor vers les nouvelles femmes réfugiées est clairement la bonne idée pour donner du sens à la suite de son personnage.
Emily était en revanche très touchante et c’est clairement la meilleure partie de l’épisode. Le fait qu’elle n’ose pas encore reprendre contact avec sa femme et son enfant c’est quelque chose que je n’attendais pas et pourtant ça paraît réaliste et très juste dans une situation aussi anormale.
Luke est plus banal mais ses sentiments ambigus sur le bébé sont intéressants, j'espère que ça sera exploité.
Je n'ai aussi aucun souvenir de la blonde aux cheveux courts qui vit avec eux par contre, à chaque fois j'oublie que Luke vit avec un meuf (pour moi elle ne sert qu’à rappeler qu’on a eu un épisode inutile en saison 1 sur Luke qui s’échappe).
Il faudrait cela dit injecter de la politique dans l'intrigue de Canada (un nouveau personnage n'aurait pas été de refus) et faire que les personnages établissent un vrai plan d'attaque. Mais les scénaristes sont encore trop timides sur le fonctionnement de leur univers je pense, et n'osent pas. On entend cela dit des mentions de Chicago "repris par les américains", par exemple, ce qui est toujours les signes que la série va développer un peu plus son tissu politique à l’avenir.
Et comme Manoune à nouveau, Serena m'a manqué. J'ai hâte qu'on revoit les Waterfords. Le retour de Tante Lydia et de la sublime Ann Dowd permet de patienter un peu cela dit, j'adore toujours autant la détester (quelle connasse quand elle électrifie June - elle a sans doute vécu l’agression d’Emily comme une vraie trahison).