Avis sur les séries
Avis sur les saisons
Une très bonne saison ! Sans doute la meilleure de Tennant, du moins celle qui aligne les meilleurs épisodes sans aucun doute.
La nouvelle compagne, Donna, est vraiment exceptionnelle, que ce soit son caractère, l’actrice, son duo avec le Docteur, tout. L’alchimie des deux porte vraiment tous les épisodes (et en sauve même certains).
L’image ne fait que s’améliorer, on voit que la série a eu plus de moyens. En conséquence, la saison est aussi moins avare en science-fiction, avec beaucoup plus de planètes et d’autres mondes. C'est sans doute encore aujourd'hui une des saisons les plus diverses, colorées, intéressantes à explorer.
La seconde partie est vraiment une des meilleures du show et enchaîne 6 épisodes fantastiques.
Les spéciaux sont plus en demi-teinte, les épisodes de Noël sont tous assez mauvais (et cette "saison + spéciaux" en compte 3, de 2007 à 2009), mais les deux différents finaux que Ten a eu, à savoir Journey's End (la fin de la saison 4 elle-même et la fin de l'ère du Dixième Docteur) et The End of Time 2 (pour le personnage de Ten en lui-même), sont tous les deux dans la même veine : bourrés de qualités malgré quelques faux-pas, ils font tout le charme de la saison et lui donnent son importance, mais montrent aussi ses limites.
La beauté de la saison, c'est que TOUS les épisodes contiennent au moins 2 ou 3 petites références étranges qui trouveront finalement leur explication sur la fin. Entre les multiples retours de personnages, de monstres et de lieux, la saison possède l'une des meilleures continuités du show et approfondit beaucoup la mythologie.
Bref, entre Donna, le fanservice, la conclusion de l'ère du Dizième Docteur et les scénarios globalement de haute volée, c’est du très bon Doctor Who !
Mon classement :
- Forest of the Dead - 18
- Silence in Library - 18
- The Waters of Mars - 18
- Turn Left - 17
- Midnight - 17
- The Stolen Earth - 17
- Journey's End - 16
- The End of Time Part Two - 16
- The Fires of Pompeii - 16
- Partners in Crime - 16
- Planet of the Ood - 15
- The Unicorn and the Wasp - 14
- The Doctor's Daughter - 14
- Planet of the Dead - 13
- The End of Time Part One - 10
- The Next Doctor - 9
- Voyage of the Damned - 9
- The Sontaran Stratagem - 9
- The Poison Sky - 8
"La saison 1, c'est un peu le brouillon de la série : le docteur et sa compagne, qui voyagent à travers l'espace, un mélange d'ambiances, d'époques, de genres et d'émotions. Il faudra attendre quelques années pour un peu plus de folie et de maturité."
Voilà l'avis que j'avais écrit il y a quelques années à propos de la série. Mon avis a depuis pas mal changé.
Cette saison 1 n'est pas que le "brouillon" de la nouvelle série, elle est aussi son socle et son modèle qui finalement a inspiré énormément la suite. Un acteur méconnu du grand public mais à la très bonne réputation dans le milieu, une actrice au contraire très mainstream pour attirer les téléspectateurs, une continuité avec l'ancienne série donnant l'impression d'entrer dans un monde au background immense mais aux possibilités encore plus grandes... Cette saison 1 a brillé dans beaucoup d'aspects, et sans elle, le show n'aurait jamais fonctionné et grandi pour être le show que l'on connait maintenant.
Et elle n'est pas qu'une saison servant de base où l'on "pardonne ses défauts car c'était la première", comme bien des œuvres surestimées sous prétexte de nostalgie, non non. Elle a aussi de très nombreuses qualités en soi. Aucun épisode ne brille particulièrement ni est au-dessus des autres, mais le niveau général est plutôt bon. Les histoires sont variées, différentes dans les tons, et la dynamique entre le Neuvième Docteur et Rose Tyler reste à ce jour l'une des meilleures.
Une chose qui explique selon moi le fait que la saison soit aussi réussie, c'est que Russel T. Davies avait convaincu la BBC de lui laisser reprendre le show afin que cette saison devienne le retour triomphant d'une légende, certes, mais à la base le show a également été conçu pour raconter une histoire avec un début et une fin, dans l'optique d'une annulation... Autrement dit en plus de voir plus large, elle raconte tout de même une histoire d'un point A à un point B et possède un vrai développement et une conclusion. C'est ce qui rend les personnages de Rose et du Docteur si attachants. La grande force de la saison 1 c'est le fait de les voir évoluer ensemble depuis le pilot jusqu'au season-finale. Toute la saison repose sur la spontanéité de Rose qui se mêle au monde à la fois tourmenté et merveilleux du Docteur, permettant à ces deux personnages de s'aider mutuellement à devenir de meilleures personnes. Très peu d'épisodes ne servent aucun propos dans la trame, ce qui donne cette atmosphère générale de confiance et de maîtrise dans toute l'histoire.
C'est cette réussite d'avoir réussi à réintroduire doucement mais sûrement toutes les bases pré-existantes d'une série culte, tout en y ajoutant des touches modernes dans les personnages et d'avoir réussi à écrire et boucler une histoire complète en 13 épisodes seulement, sans pour autant nuire de quelconque façon à une potentielle suite, qui fait de cette première saison une vraie réussite.
Et la suite nous réserve encore les meilleures choses !
Une citation pour résumer la saison :
You could stay here, fill your life with work and food and sleep, or you could go anywhere.
Moyenne de la saison 1 : 14.46
Classement :
- The Empty Child - 17
- The Doctor Dances - 17
- Dalek - 17
- The Parting of the Ways - 16
- Father's Day - 16
- The Long Game - 15
- The End of the World - 15
- The Unquiet Dead - 15
- Bad Wolf - 14
- Rose - 13
- Boom Town - 13
- World War Three - 11
- Aliens of London - 9
Le diptyque de Steven Moffat se place dans le haut du classement, clairement l'épisode le plus moderne et mémorable de la saison, même si finalement il ne représente pas vraiment cette dernière, avec son aspect très romantique, absurde et horrifique. Il est accompagné par le très bon one-shot de Robert Sherman, Dalek, qui complète le podium. Le series-finale et Father's Day complète les "16/20" et pour le coup représentent, eux, très bien cette première saison.
The Long Game a longtemps été un vilain petit canard pour ma part mais son commentaire "politique" sur l'humanité du futur, un gros gros thème de la saison qui se retrouve d'ailleurs dans The End of the World, donne vraiment des thèmes directeurs à cette saison 1. Ces deux épisodes sont très bons et dans le haut niveau de la saison. The Unquiet Dead est vraiment un historical sympa à mes yeux et est un nouvel exemple d'épisode qui s'inscrit très bien dans la saison, servant plusieurs rôles et dans lequel Rose et Nine brillent.
Bad Wolf est une première partie de finale perfectible mais très fun, tout comme Rose, un pilote encore plus perfectible et kitch mais très efficace.
Ne reste donc que le trio des épisodes Slitheen, lourdement en fin de classement. Boom Town ne s'en sort pas trop mal. A noter surtout deux ratés dans la saison : les deux parties de l'attaque des Slitheens à Downing Street. Aliens of London, est un pas en arrière après les trois premiers épisodes de la saison, mais est heureusement rattrapé par une deuxième partie plus réussie, mais pas fameuse non plus au contraire. Ils témoignent de l'aspect cheap souvent reproché à cette saison et à raison, et sont beaucoup plus lents et mal écrits que le reste.
Malheureusement l'une des plus mauvaises saisons du show, bien qu'elle reste suffisamment décente pour qu'on n'ait aucun mal à imaginer une saison moins réussie si cela devait se produire un jour - pour l'instant après 9 saisons, cela n'a toujours pas été le cas, espérons que cela continue.
EDIT de 2019 : lolilol la saison 11 existe donc oubliez, la 2 n'est clairement pas
La grande cause de cette saison 2 plus molassonne c'est que la qualité des standalones n'est pas au rendez-vous. Au cours de mon revisionnage, il n'y a pour ainsi dire qu'UN seul épisode que j'ai un peu plus aimé davantage que le précédent visionnage : School Reunion. TOUS les autres épisodes m'ont apparu comme, parfois, identiques, mais le plus souvent, moins bien que dans mes souvenirs par rapport aux autres saisons (la saison 1 comprise). Mis à part le season-finale, le two-parter du diable, School Reunion donc et ce petit bijou de The Girl in the Fireplace, le reste de la saison est souvent juste "pas mal".
J'aborde toujours chaque saison avec deux angles : la qualité intrinsèque de chaque histoire, grosso modo que l'on peut résumer comme étant la "qualité des standalones", ainsi que fil rouge, que ce soit un arc, une intrigue mystérieuse, l'évolution des personnages ou l'agencement et l'ambiance générale, bref l'objet de la saison. Le fond compte autant que la forme en somme.
J'en ai un peu parlé dans mon avis sur Army of Ghosts, mais Ten convaint moins que Nine en tant que Docteur. Je n'ai absolument rien contre Tennant, il est pour le moment bien dans le rôle, sauf qu'il n'a malheureusement pas encore eu beaucoup de palettes d'émotion à démontrer car l'écriture ne lui rend souvent que peu honneur (cela dépend des épisodes en fait, on en revient à la qualité des standalones, cette dernière ayant un rôle à jouer dans mon appréciation du fil rouge, ces deux blocs ne sont pas distincts). Pas de fausse note particulière pour Tennant donc, mais pas de réel moment emblématique non plus.
Le principal problème, c'est que la transition par Rose est très mal gérée. Elle est trop rapidement balayée dans The Christmas Invasion, ce qui laisse juste une saison où l'on est censé voir deux meilleurs amis vivre les meilleures des aventures possibles... et c'est tout ! Ce que la saison 1 avait soigneusement construit : un Docteur moralement complexe, une compagne humaine et attachante à ses côtés, une relation avec un apport mutuel, un point A et un point B... toute la saison 2 ne fait pas vraiment bouger les choses.
Le pitch est surtout : "donnons à Ten et à Rose une romance naissante", c'est assez bien fait mais ça donne une saison sans grand dynamisme.
A part ça le personnage du Doc n'est pas archi intéressant et se dévoile peu, puisqu'il est "humanisé" à l'extrême par Rose. Sauf rares exceptions (School Reunion par le biais de Sarah Jane Smith et de l'écriture de Toby Withouse qui lui rend honneur même face à des scènes triviales comme face aux Krilitaines, et The Satan Pit dans son échange face au Diable et sa croyance sur le temps), le Dixième Docteur n'est pas un Seigneur du Temps de 900 ans qui a fait une Guerre du Temps. Non, le Dixième Docteur est un alien qui a pour meilleure amie une londonnienne et qui a pris goût à la vie humaine. Pour de vrai. On ne retrouve pas le personnage du Docteur dans son ensemble mais seulement par certains endroits, c'est ce qui me gêne avec cette incarnation. Tous les autres Docteurs sont souvent impliqués et posent leur marque, ce qui créé bien sûr des aspects que l'on aime pas, mais Ten est juste... normal ? La saison s'occupe juste de lui trouver des aventures et du bon temps et ce n'est pas l'approche que je préfère chez Doctor Who.
Le Neuvième Docteur avait un égo surdimensionné concernant son importance par rapport à celles des autres races, le Dixième Docteur est à l'inverse le plus proche possible des humains qu'on pourrait l'être. Le contraste est intéressant, et donne lieu à de très belles choses, notamment son émerveillement face à l'humanité et aux agissements des humains (un thème que l'on retrouve même dans The Age of Steel ou The Impossible Planet, ce genre de petits détails très sympathiques). Je n'ai rien contre un Docteur plus "humain", "charmeur", "drôle" et finalement, plus à même à parler à l'audience mainstream, et je trouve le contexte intéressant car cela permettra une descente aux enfers progressive (dans les saisons suivantes). Le problème est que vu que la descente aux enfers ne peut commencer QUE à partir du départ de Rose, c'est-à-dire dans le dernier épisode de la saison, on a donc toute une saison avec un Docteur qui ne bouge pas d'un pouce.
Il aurait été beaucoup plus judicieux d'intégrer des nuances plus subtiles à son personnage plus souvent. Comme je l'ai dit c'est tout de même en grande partie lié à la faible qualité des loners, il suffit de voir The Idiot's Lantern, Fear Her, Love and Monsters ou même New Earth et le two-parter Cyberman pour voir que le Docteur n'est pas à son meilleur jour. Sur une saison de 14 épisodes en incluant le Noël, c'est beaucoup.
Ce n'est pas la seule chose pour laquelle la saison a pris un tournant opposé à la une. Il n'y a pas de mention de la Time War avant très longtemps, une mythologie très peu poussée, un Docteur très peu intéressant d'un point de vue de son passé... mais aussi une Rose beaucoup plus controversée, à raison.
Si je n'ai aucun mal à dire que la relation Nine/Rose est l'une des meilleures du show, Rose Tyler dans la saison 2 est parfois agaçante sur les bords. Dans le Noël, sa réaction avec le Docteur est un peu disproportionnée. Dans la saison elle est hyper dure avec Mickey ou sa mère sans raison valable, parfois jalouse à l'extrême.
Elle n'a pas que de mauvais aspects cela dit, j'aime beaucoup l'assurance dont elle fait preuve dans certains épisodes comme Tooth and Claw, The Idiot's Lantern, Fear Her ou The Satan Pit, où elle n'hésite pas à prendre la situation en main. Mais où est la Rose Tyler qui était prête à se mettre entre un Dalek et le Docteur pour affirmer son opinion ? Où est la Rose Tyler qui a ouvert le coeur du TARDIS pour sauver le Docteur ? Où est la Rose Tyler qui a brisé toutes les lois du temps pour sauver son père ?
Oui, l'aspect téméraire est toujours là, mais il y a bien un facteur qui manque : le cœur, l'affection, l'humanité, la sensibilité de Rose de la saison 1.
En même temps, avec un Docteur aussi bon-copain, ce n'est pas étonnant. Il déborde tellement d'amour, de joie et d'émotions, qu'elle ne passe plus pour la jeune fille qui découvre l'univers et y apporte son humanité dans les pires situations même les plus négatives... non, maintenant en saison 2, Rose Tyler est plutôt la gamine capricieuse qui a eu la chance d'être dans le TARDIS et qui le prend pour acquis. Je grossis les traits car il y a des épisodes où elle est très bien. Et encore une fois, je n'ai rien contre cette évolution, qui est très joliment adressée par Jackie dans Army of Ghosts, quand elle lui dit qu'elle ne reconnaît plus sa fille... mais ça c'était l'épisode 12 ! Durant toute la majorité de la saison, j'aurais aimé avoir plus de nuances de ce type. En saison 1, on voyait déjà les mauvais traits de la personnalité de Rose, elle était déjà ennuyante avec Mickey, elle était déjà jalouse (de Lynda par exemple), mais puisqu'elle offrait beaucoup d'autres choses à côté, ces aspects ne semblaient pas dominer sa personnalité. Rose en saison 2 est toujours aussi attachante, et elle gagne en confiance, mais on perd ce côté si sensible qui faisait tout son charme et qui était pourtant - je le croyais - inscrit dans son personnage (rien que par son nom - fragile comme une Rose).
Forcément, si on associe dynamique de personnages statique et personnages en eux-mêmes attachants mais pas toujours montrés sous leur meilleur profil, et que l'on y ajoute un arc pas tip top ("Torchwood" étant beaucoup moins subtilement amené que Bad Wolf - c'est parfois mentionné deux fois par épisode - et moins mystérieux aussi), le fil rouge de la saison 2 n'est juste pas bon. La succession quasi-constante de loner est agaçante, il n'y a jamais aucune continuité hormis le départ de Mickey et son retour (une moitié de saison donc, au milieu tout est interchangeable). Pour que la continuité de la saison repose sur un personnage aussi médiocre (il faut voir la transition de Mickey entre School Reunion et The Girl in the Fireplace, elle est nulissime), c'est qu'il y a un problème.
Pour résumer tous mes problèmes avec cette saison 2 :
- Un Docteur limite trop puéril, ou qui ne possède pas assez de moments pour briller malgré Tennant qui pouvait pourtant faire "so much more !" (si vous avez capté la référence, bien joué).
- Une compagne qui perd l'un de ses principaux traits pour devenir parfois agaçante, même si paradoxalement elle est quasiment plus mise au centre que son Docteur dans la saison.
- Un arc qui n'en est pas un, ne laissant qu'une continuité branlante entre les épisodes
- Des standalones trop faibles (l'opener, le double sur les Cybermen, celui avec la télé qui bouffe les gens, celui avec la môme...)
On peut trouver de qualités à cette saison dans l'ensemble. Chaque point positif que je peux trouver ne résulte pas QUE de la performance d'un épisode individuel seulement. La relation Ten/Rose, j'ai beau objectivement trouvé les deux personnages un peu faibles, mon petit coeur de fan encore ébranlé par le premier visionnage de Doomsday ne peut s'empêcher des les aimer ! Ils sont charmants. La saison a aussi tenté de nouvelles choses (certains épisodes expérimentent des genres, comme The Girl in the Fireplace ou Love and Monsters, et la saison créé la notion de Christmas Special).
Oui mais voilà, il faut être réaliste, si le seul but de la saison après The Girl in the Fireplace est d'offrir une belle porte de sortie à Rose, il y avait beaucoup, beaucoup mieux à faire.
Mais au moins maintenant, la voie est libre pour que notre Docteur reprenne du pep's et s'affirme, en espérant que la saison 3 saura plus revenir à ce qui avait fait la très bonne qualité de la première saison : une compagne intéressante, une mythologie et un personnage principal complexes et une meilleure balance entre légèreté/kitsh et sérieux. Ce qu'elle réussira à peu près.
Moyenne de la Saison 2 - 13.85 (tout de même pas mal pour la "pire" saison d'un show)
Classement :
- The Girl in the Fireplace - 19
- Doomsday - 17
- The Satan Pit - 17
- School Reunion - 16
- The Impossible Planet - 16
- Tooth and Claw - 15
- Army of Ghosts - 14
- Love & Monsters - 13
- The Christmas Invasion - 13
- The Age of Steel - 12
- New Earth - 12
- The Idiot's Lantern - 11
- Rise of the Cybermen - 11
- Fear Her - 8
Avis sur les épisodes
MON <3
Vraiment cool que la série, diffusée juste après Andor, et pourtant si loin dans la chrono, relie les points à travers les trilogies, pour continuer à faire de Star Wars un tout cohérent thématiquement.
Mon Mothma est une figure héroïque en temps de guerre... mais elle était sans doute la moins extrême des rebelles (face à un Saw Guerera ou un Luthen par exemple). Ce qui était utile en temps d'oppression où les courbettes politiques la sauvaient et lui permettaient de conserver son réseau d'influence, et de lente infiltration, car elle savait que faire tomber l'Empire serait un travail de fond.
Sauf qu'ici... c'est tout l'inverse. On est en temps de paie et l'Empire peut reprendre le pouvoir en un claquement de doigt (ou presque). La diplomatie exacerbée de Mon, qui serait unilatéralement sûrement d'accord avec Hera Syndulla sur le danger de leur rumeur, l'oblige néanmoins à suivre l'avis majoritaire d'un conseil. C'est aussi ça la démocratie. Or l'Empire n'existe plus, tout va bien dans le meilleur des mondes (sinon c'est que la République est un échec, et ce n'est pas tolérable, d'ailleurs "ils ont juré allégeance donc c'est bon" -> petite phrase anodine qui montre bien, même si on le savait déjà, qu'une République aussi jeune et aussi précaire a juste laissé le fascisme monter tranquillement).
Hera apparaît alors juste émotive face à la perte de son ami (ce qui est vrai, elle a d'ailleurs très mal vendu les raisons de s'inquiéter puisque ses motivations sont troubles). Ironiquement, si Mon était sous un Empire, elle aurait sûrement envoyé clandestinement quelqu'un aider Hera, mais ne veut sans doute pas prendre ce risque ici étant de toute façon Chancelier.
Chancelier Mothma, ça a quand même de la gueule, et même si cette scène est rapide je l'ai beaucoup aimée. Il ne faut pas oublier que les plans de Lucas de la postlogie originalement, c'était non pas "re-faire tomber un Etat totalitaire jeune" mais plutôt "empêcher la re-naissance de l'Etat totalitaire", ce qui est plus cohérent d'ailleurs. Donc finalement c'est comme si on voyait enfin un peu la vraie suite à la trilogie originale, avec la postlogie qui agit plutôt comme combat final déjà connu.
C'est top et si tout ça débouche sur un film où Mon rencontrera/coexistera avec Thrawn, Hux, ou encore pourquoi pas, Snoke, Leïla ou même Kylo, ça serait du petit lait.
A part ça, l'épisode comporte grosso modo 3 autres scènes :
- une ouverture sur un entraînement Jedi très old school, classique mais intéressant
Là-dessus, l'épisode relie intelligemment l'entraînement peu orthodoxe d'Ahsoka et ses dissidences avec les échecs du conseil Jedi, trop buté à voir le potentiel de personnes comme Sabine sous prétexte qu'elle est moins manipulable. J'ai aussi apprécié que Sabine n'arrive pas encore à maîtriser la Force. Et la petite démonstration d'Ahsoka qui se termine par "la haine te donne du pouvoir mais aussi de l'imbalance", ok phrase un peu cucul, mais phrase qui résume un peu tout le crédo de la saga donc c'est plutôt stylé.
- Une scène finale qui ne sert globalement qu'à teaser la suite avec quelques éléments de lore
On a donc des retours (les baleines stellaires de Doctor Who Star Wars Rebels super sympa qui font même décrocher un sourire à Rosario Dawson, ou l'annonce que les Jedi de l'ancien temps auraient déjà répertorié ces nouvelles galaxies...). Et de nouveaux trucs : le coup de l'anneau pour voyager à travers les galaxies, toujours sympa, très The Expanse. On nous donne des miettes de pain à chaque épisode (y compris pour Mon et la politique d'ailleurs, j'ai pas mal extrapolé) mais c'est tellement cool sur le papier que je suis dedans. Et connaissant Filoni je pense que les prochains épisodes n'hésiteront pas à verser à fond dans le mystique quand il le faudra (d'après le trailer ça devrait pas tarder ?).
- Et enfin la plus grosse scène, le milieu constitué de la bataille dans l'espace, qui prend finalement pas mal de place dans l'épisode. Malgré le rythme de 30 minutes hypra court, je n'ai pas trouvé le rythme si rapide, la durée ne m'a pas choqué. Espérons tout de même que le format ne soit pas systématiquement si inégal...
Pour la scène en elle-même, plein de trucs ne tiennent pas debout en termes de logique (l'anneau qui ne peut tirer que d'un côté, les chasseurs qui sont ultra quiches pour viser et/ou les protections du vaisseau d'Ahsoka qui sont hyper solides, quelques aspects de timing...). Mais quelque part on s'en fout un peu tant que le spectacle est réussi, et d'une part visuellement et en termes d'angles de caméra j'ai trouvé ça vachement propre et léché. Et surtout, j'ai trouvé que la sortie spacewalk d'Ahsoka avait vachement de gueule. C'est un peu une idée originale dans un contexte vu et revu, donc toujours à encourager. Avec ça, Filoni réussit à donner du dynamisme à ce sous-genre de scènes présentes 259 fois depuis le début de la saga. En plus, comme absolument tous les moindres trucs de Filoni, c'est une réf (en l'occurrence à Clone Wars où Ahsoka était déjà sorti dans l'espace en pleine bataille comme ça). Mais comme beaucoup de trucs de cette série, dont les baleines de cet épisode, c'est une réf qui n'a pas vraiment à se comprendre et qui se justifie seule (alors que ce n'est pas toujours le cas), donc sympa !
Ce petit effet "wow" joue pour beaucoup dans mon appréciation de la scène, mais je reconnais que le ton global assez humoristique empêche de prendre au sérieux la menace représenée par la Jedi chasseuse. C'est sans doute le but en même temps, c'est probablement une des rares scènes d'action de la saison où on sait qu'il y a vraiment zéro de chez zéro danger pour nos protagonistes, puisque si elles n'arrivent pas à destination, la série ne continue pas. Donc, sans se permettre trop de gags, ils s'autorisent du pew pew gratuit pas très réfléchi, et pas mal de blagues de Huyang, qui font certes mouche (Tennant joue super bien même juste avec une voix). Mais une série vraiment mieux écrite saurait tout simplement ne pas se positionner elle-même dans de pareil cul-de-sac, pour maintenir un peu plus de suspens et avoir un script moins linéaire dans son déroulé.
Tout ceci n'a que peu d'importance pour moi car c'est compensé par l'univers et le lore que se construit la série que j'aime toujours autant.
Bon épisode que j'ai sans doute overhypé. Ça m'apprendra ! Mais un bien bon épisode néanmoins.
C'est plein de petits détails sympas, et je suis vraiment fan de l'ambiance visuelle de la série, toute ocre, très calme et donc ultra pesante. On le sent dans la scène finale avec le fils d'Hera qui reprend la phrase surfaite de la saga mais pour une fois, ce n'est pas dit pour la rigolade, et de la bouche d'un innocent, le "mauvais présentiment" est solennel. Le choix de Sabine a en effet sans doute propulsé la chute de la Nouvelle République (entre autres : si la flotte d'Hera était arrivée à temps et plus nombreuse, ça l'aurait fait aussi, ainsi que si Ahsoka n'avait pas tourné le dos à ses principes). Quand on décortique ce qu'il se passe en imaginant la fin (qui débouche sur le retour de Thrawn j'imagine), c'est assez chouette.
Mais dans les grandes lignes, ou devrais-je dire dans la grande ligne, parce qu'il n'y en a qu'une, cet épisode est constitué en très grande majorité de pew pew combat sabre laser sur 20 minutes, sans que les méchants ne perdent tout de suite sinon il n'y a plus d'enjeux. Le personnage de l'apprentie de Baylan est un peu naze et ce dernier est très classe mais j'aimerais vraiment comprendre mieux son background pour m'y intéresser.
Dans l'ensemble c'était un poil trop prévisible, même si ce n'est pas non plus mal écrit : j'aime bien le développement de Sabine et tout le conflit sur la quête d'Ezra qui est réussi. Ainsi que, comme le souligne Koss, la relation Sabine/Ahsoka qui fonctionne et qui résulte en une fin méritée pour toutes les parties. J'adore quand des personnages représentant le bon dans Star Wars sont vraiment montrés comme faillibles, et ici on est en plein dedans, avec une Ahsoka qui semble avoir oublié ses enseignements d'Anakin et qui s'exprime comme le conseil Jedi qu'elle méprisait ("pas de sentiments pour Ezra, la sécurité avant tout").
A noter que Sabine qui baisse les bras et donne vraiment au méchant ce qu'elle souhaite sans "essayer de le piéger" ou autre, c'est un détournement assez habile d'une ficelle surusée dans la fiction, notamment par Star Wars, de l'antagoniste qui dit "join me" et le gentil qui fait mine d'hésiter avant de dire "jamais !". Entre ça et Ahsoka qui perd juste à plate couture conter Baylon, et Hera qui mène juste des soldats en une mission suicide, les héroïnes en prennent un coup, elles sont super faillibles, mais leurs personnages restent attachants et appréciables. Un joli tour de force de faire perdre tous les gentils sans nous frustrer par une écriture faible, car comme le souligne Koss, tout résule de leurs choix, et si Sabine et Ahsoka avaient affronté les deux ennemis ensemble, elles n'auraient peut-être pas été là à temps pour arrêter le portail, mais elles auraient triomphé ensemble (et leurs deux ennemis n'auraient pas été en position de force vers Thrawn).
Les combats en soi étaient bien chorégraphiés, juste rien d'exceptionnels, et avoir uniquement de l'action ou presque ce n'est juste pas mon genre de prédilection. Heureusement le cliffhanger vient largement donner envie de se plonger dans la suite, si on oublie le de-aging très uncanny, ça promet du lourd... pour l'épisode suivant.
Enorme épisode qui place la relation entre Ahsoka et Anakin au centre de toute la série, et même de tout Star Wars !
En effet d'une part, l'épisode éclaire le personnage d'Ahsoka d'une lumière nouvelle -- une lumière blanche, à en juger par son changement de tenue et son changement d'attitude finale. Elle passe la seconde moitié d'épisode plus apaisée, enfin émotive et optimiste, se laissant littéralement guidée par l'espoir (par les baleines), et suffisamment en paix avec son maître pour être elle-même en phase avec sa padawan à travers le temps, grâce à sa démonstration de "force écho" en revenant sur les lieux de la disparition de Sabine. Au passage, j'apprécie toujours quand la saga intègre de nouveaux pouvoirs de la Force dans l'audiovisuel, d'autant plus quand c'est si bien incorpéré et justifié ici. Cela devrait donner le ton à toute la fin de la série lors des futures retrouvailles entre Ahsoka et Sabine, qui devraient j'imagine donner suite à ce qu'Ahsoka retient de l'apprentissage d'Anakin.
D'autre part, la rencontre entre Ahsoka et son maître justement prend la forme d'une leçon où le personnage d'Ahsoka se livre enfin au conflit qui doit forcément la ronger : comment vivre en tant que Jedi si l'on est l'apprentie d'Anakin Skywalker, à la fois l'élu qui a sauvé la galaxie et le Sith qui a contribué à tout détruire ? Cette personne lui a pourtant tout appris et il faut composer à la fois avec les bons enseignements comme les mauvais. L'épisode aborde ce point dans des scènes brumeuses assez sublimes où tous les personnages en arrière-plan sont dans une fuite constante vers l'arrière, en pleine guerre, sans s'interroger sur leurs actions et leurs conséquences. Seule Ahsoka le fait, ce qui est une excellente synthèse de tout son personnage dans Clone Wars, et plus spécifiquement, c'est ce qui la distingue d'Anakin.
L'épisode donne donc une réponse au dilemme d'Ahsoka en l'inscrivant dans une sorte de passation permanente entre maître et padawan. Le moment où Anakin décrit cette transmission de savoir de génération en génération est incroyable puisque ce ne sont pas seulement les mots d'Anakin. Ce sont aussi ceux d'un fan et d'un auteur, Dave Filoni, qui parle : ce dialogue résume tout le but de Star Wars, à savoir une oeuvre commune où le maître Lucas transmet tout ce qu'il sait à son apprenti Filoni, qui fera de même par la suite, avec toute la difficulté de gérer entre un passé parfois compliqué et brumeux (toute l'idée des séries animées comme source de lore pour compléter les préquels, un problème dont la saga continue de payer le prix en ne pouvant pas tout couvrir dans une série live-action courte comme Ahsoka) et un futur où il faut rebâtir l'espoir (en redorant le blason des séquels, on note ici une apparition de Mon qu'on ne refuse jamais et qui continue de préparer le tissu politique pré-épisode 7).
Ahsoka choisit in fine "le bien", l'espoir, motivé par ne pas reproduire la violence qu'elle a reçue d'Anakin ou... ou peut-être au contraire en reconnaissant tout le bien qu'il lui a aussi apporté ? On ne sait pas vraiment en fait, si elle a vraiment changé d'avis et qu'elle accepte désormais tout l'apprentissage de son maître, ou si elle a rejoint le camp du bien par opposition à celui-ci. Sans doute car il n'y a pas de bonne ou mauvaise réponse : l'important, c'est qu'elle avance avec conviction et qu'elle accepte son héritage.
A nouveau c'est la vision de Filoni qui parle, puisque ce dernier a toujours défendu l'idée d'un Star Wars positif. Assez manichéen toujours, assez simple et peut-être même trop subtil dans ses développements, mais hypra intéressant néanmoins, avec une volonté de toujours tout unir, de garder la cohérence à travers les ères et de toujours faire de la place pour raconter des histoires. Ce mec arrive vraiment à me convaincre que même dans une timeline fermée de 9 films sur une cinquentaine d'années, les possibilités de lore et d'histoires seront à jamais infinies et qu'on pourra toujours trouver de nouvelles choses à raconter et à explorer.
Le tout donne une introspection abstraite mais très magnétique, qui comme je l'ai dit donne de l'intérêt assez monstre à la série Ahsoka maintenant vu qu'on verra en Sabine la même chose qu'on voyait en Ahsoka à travers les yeux d'Anakin (soit une apprentie et son maître). Et le tout s'accompagne toujours très bien au côté mystique et fantastique de la série : on conclut quand même l'épisode par un saut en hyper-espace dans une baleine intergalactique et tout le monde trouve ça normal ! C'est génial, on a fait du chemin depuis les gros vers de terre des astéroïdes de la trilogie originale en guise de marque la plus "fantaisiste" alien.
On est bien loin d'un fanservice vain et précis qu'auraient pu imaginer certains fans d'une ultime rencontre Ahsoka/Anakin. Fanservice qu'on retrouve pourtant dans des touches agréables pour la cohérence : les baleines évidemment, avec une symbolique très forte et une poésie vraiment atypique dans la saga. Mais aussi un caméo de Rex utilisé pour rappeler la violence à laquelle avait été confrontée Ahsoka, ou encore une mention de Kanan, qui s'inscrit dans la thématique maître/apprenti de l'épisode et dans la passation avec son fils Jacen.
D'ailleurs, comme Koss, j'ai absolument adoré le passage où Jacen utilise la Force "simplement" comme un enfant le ferait, pour écouter la mer et retrouver la présence d'Ahsoka. Cela évoque fortement tous les passages où Luke expliquait la force à Rey sur l'île dans The Last Jedi (avec les superbes plans sur la nature pour expliquer ce qu'est la Force). De plus, j'adore l'idée que ça donnera envie à des enfants qui regarderont l'épisode, d'écouter la mer et d'entendre des bruits de sabre laser, laissant l'imagination prendre le dessus. Après tout, c'est bien ça la vraie "force" de Star Wars.
Au passage, très joli foreshadowing des pouvoirs de Jacen puisque, décidément, son "I've got a bad feeling" de l'épisode précédent (repris dans le récap de celui-ci, ce qui n'est pas anodin) n'avait vraiment rien à voir avec un fanservice d'une réplique facile, mais était bien un avant-goût de ses capacités vues dans cet épisode. Un peu comme toute la série donc, qui est remarquablement bien construite d'un chapitre sur l'autre. Ici encore avec Huyang, qui donne suite à son conseil à Sabine & Ahsoka de rester ensemble qui n'a pas été suivi. Huyang agit toujours comme la source de savoirs sur les entraînements des padawans ou d'Ahsoka à l'époque, ce qui est très pertinent dans une série dont la thématique principale semble devenir celle de l'enseignement, soit pile la fonction primaire d'Huyang (à laquelle il est renvoyée quand il parle avec Jacen). Moi qui pensais que ce droïde avait été ramené de façon random pour s'épargner un nouveau droïde remplaçable...
Enfin il faut noter un coucou de la musique qui était jusqu'ici très discrète, qui est bien plus présente ici, ainsi que de la réalisation assez sublime de tout l'épisode. C'est très calme et posé surtout sur la fin, pour laisser s'imprégner les personnages qui finissent par se laisser littéralement guider. Très jolie façon pour Filoni de ne pas s'embêter avec des contraintes scénaristiques avec lesquelles la saga est en général très mauvaise : il en est littéralement rendu à faire dire à sa protagoniste "let's go anywhere, it's better than nowhere", sachant que forcément quelque chose d'intéressant pour la saga les attend au bout du chemin... C'est assez génial !
En termes de réalisation, c'est donc top, que ce soit la gestion des mouvements, le rythme et le montage avec des plans qui respirent, la chorégraphie de tout le passage dans le Worlds Between Worlds... J'ai notamment adoré la représentation de Hayden Christensen, très convaincant ici dans un rôle qui fait la synthèse (en images... de synthèse aussi !) de ses personnages d'Anakin Skywalker et de Darth Vador, ce qui fait sens puisqu'on a affaire ici à la projection de sa conscience dans un monde qui transcende plus ou moins le temps. Les plans où il alterne entre Vador et Anakin, entre sabre rouge et vert, entre cicatrice et yeux de Sith ou visage bienveillant, sont tous très efficaces et donnent le ton à la confrontation avec Ahsoka, ce qui donne vraiment du poids à toutes ces scènes.
Il y a aussi un détail de réalisation génial, où les couleurs du sabre et de la scène se reflètent dans les yeux d'Ahsoka lors du combat contre son maître, ce qui cause ses iris à devenir légèrement couleur "Sith". Les yeux sont une symbolique super importante dans le lore Lucasien évidemment, et dans cet épisode y compris, et représente aussi la tentation que représente Anakin pour Ahsoka, qui choisit de ne pas y succomber et au contraire, d'en tirer un enseignement bienveillant pour l'appliquer ensuite. Chose que ni Anakin, ni Luke n'auront vraiment su faire sur toute la ligne.
Bref, un épisode qui parle si joliment d'héritage, aussi bien pour l'univers que pour la saga, c'est vraiment ce que Star Wars peut proposer de mieux !
Encore un épisode incroyable qui tient en une seule phrase:
A long time ago, in a galaxy far, far away...
Evidemment cette blague anodine située en début d'épisode, seule scène avec Ahsoka tandis qu'elle se dirige vers l'inconnu, est absolument géniale car elle peut inscrire toute la saga comme un simple compte. Comme le dit très bien Koss, Star Wars est ramenée ici à son essence même, depuis ses débuts en quasi heroic-(sy)-fantasy, jusqu'à ses conclusions également sous forme de fable. En effet, on revient finalement aux mêmes idées qui ont ouvert pratiquement chaque saga : quand le jeune Luc était happé dans une aventure folle dont il n'avait eu que les récits, quand Ani l'élu subissait aussi un destin extraordinaire du jour au lendemain, ou même quand Rey mettait une relique d'un vieux casque de pilote rebelle et s'imaginait partir loin. Cela vaut aussi pour les conclusions de chaque saga, notamment C3PO qui transmet toute l'histoire des héros dans le Retour du Jedi, ce même C3PO qui aura sa mémoire censurée par la prélogie avant d'être au coeur de la résolution finale du dernier film en date. Cette fois, c'est Huyang qui s'y colle, à croire que les droïdes sont toujours au coeur des récits dans Star Wars, peut-être que ce n'est pas anodin que le nouveau "jingle" d'intro depuis Disney+ (que j'ai toujours trouvé un peu cheap et confus) défile entre différents droïdes...
Bref, je me suis demandé longtemps à quoi pourrait ressembler, moi aussi, la nouvelle galaxie. Et si finalement les décors ne sont pas si exotiques que cela, la réalité est un enchaînement de claques d'idées : d'abord, le cimetière des baleines stellaires, avec un plan frissonnant qui donne tout le ton à ce nouvel univers, puis l'introduction des Sorcières de la Nuit dans le live action, qui permet de relier la sorcière Morgan à tout le canon du Filoni-verse, en plus de légitimer les pouvoirs très mystiques des sorcières puisqu'on nous révèle qu'elles les tirent de ce nouvel univers. C'est brillant, pour justifier sans aucun problème qu'on n'entende parler de cette autre galaxie que maintenant, de prendre une petite bulle de lore jusque maintenant inexplorée et en faire quelque chose de grand.
Et puis, même si la recherche d'Ezra a quelque chose d'un peu facile (Sabine le retrouve très vite), on se prend très vite au jeu de Sabine de se plonger dans l'inconnu, d'utiliser un bidule chouette qui fait "ding" pour la guider, de se familiariser avec une monture étrangement attachante, de rencontrer un peuple totalement étranger qui parle gloubi glouba mais qui, petit à petit, l'amène vers Ezra, leur nouvel ami. C'est vraiment Star Wars 101, à savoir la réinterprétation des aventures de R2D2 et C3PO qui ont débuté la saga, et ça a quelque chose de vraiment magique quand c'est fait en territoires inconnus, pour terminer par nous faire rencontrer le fameux Ezra dont on entend parler depuis le début. L'acteur est d'ailleurs super bien choisi et l'alchimie avec Sabine est très réussie.
Il reste encore des tas de questions quant à sa survie, pourquoi Thrawn considère qu'une menace plus grande plane encore, etc. Mais déjà, l'idée d'une telle intrigue qui annonce en fait un renouveau complet (puisque le retour de Thrawn dans l'univers, va sûrement précipiter d'une manière ou d'une autre la future chute de la Nouvelle République, donc le début du Premier Ordre et donc de l'histoire qui se répète), est encore une idée de génie pour inscrire Star Wars dans une boucle. Ca aide encore à donner à la postlogie une aura de nouveau cycle inévitable qui aurait pu être empêche sans des décisions venant de personnes du côté du "bien" (Luke face à Ben, Sabine face à Ahsoka...) cohérentes mais individualistes, ici la volonté de Sabine de retrouver Ezra. Et ça revient, bien sûr, à l'introduction où Star Wars est renvoyé à un état de conte.
Il y a donc vraiment une pureté qui se dégage de l'épisode, pureté qui se rapproche vraiment des introductions de chaque saga. D'ailleurs, contrairement à Koss, je pense que si Ahsoka préfère le "premier chapitre", elle ne parle pas forcément de la prélogie dans la saga en trois volumes, mais bien de l'épisode 1 au sein de cette prélogie, qui doit avoir une place particulière pour le jeune Filoni. Tout reste ouvert à l'interprétation, j'imagine.
Sinon, on note que Lars Mikkelsen est saisissant en tant que General Thrawn, et nous fait oublier tout doute concernant le design ou le choix de direction du personnage. Son charisme est sans doute le plus imposant pour un méchant en live action, depuis, je crois bien Palpatine. Sa voix en particulier est assez dingue - c'était déjà ce qui le caractérisait le plus dans Rebels, et le passage en live action a eu le bon goût de reprendre l'acteur.
Et enfin, il y a ce dialogue génial aussi au milieu, de Baylan qui regrette le temps des Jedi non pas pour la réalité, mais pour l'idée. C'est encore une fois la même chose que le discours Rey/Luke de la postlogie ou la désillusion qu'a eu Ahsoka lors de la guerre des clones. Baylan est un personnage qui ne cesse de gagner en profondeur et en charisme, et ses motivations sont simples et pourtant assez originales : il remarque que l'ordre et les Jedi ne peut jamais tenir, que le mal est toujours destiné à le renverser (au passage sous-entendant quand même qu'imaginer un univers où le happy-ending suite à la fin de Palpatine c'est une utopie, ce qu'il est toujours bon de rappeler), et qu'il est temps pour les Jedi comme lui d'assumer les positions de pouvoir. Pourquoi pas, c'est plus ou moins une logique de Sith sans le devenir, et en se désengageant de la lutte éternelle Jedi/Sith, un entre-deux permis par le contexte de la série post-episode 6.
Ce que j'ai surtout aimé aussi dans cet échange, c'est que pour la première fois, son apprentie Shin Hati a un semblant de développement. C'était vraiment la seule chose que je n'aimais pas sur tous ces premiers épisodes : son personnage me paraissait inutile et sous-exploité, et l'actrice compensait par un regard vitreux assez cliché. Ici, elle est clairement présentée comme le miroir d'Ezra en ce sens qu'elle appartient à une génération de nouveaux Jedi qui n'en sont pas vraiment, puisqu'ils n'ont pas connu le temple et qu'ils évoluent donc avec un héritage idéal rêvé en tête, loin d'une réalité. Baylan appelle ça un "Bokken Jedi", première fois qu'un terme est utilisé pour séparer la nouvelle génération de l'ancienne. J'imagine que vu la mort tragique de Ray Stevenson, acteur qui incarne Baylan, sa padawan devrait reprendre l'éventuel flambeau (si elle survit à la série), et pour le coup je suis prêt à voir où cette méchante peut bien aller ensuite. Ca serait certainement intéressant de la confronter à Ezra ou Sabine, deux padawans dans le même dilemme qu'elle, qui ont des maîtres et des principes différents.
En tout cas, c'est toujours super quand la saga parle de tous ces sujets d'héritage Jedi, puisque c'est aussi ce qui motivera Luke à faire tout son parcours dans la trilogie originale : être motivé par un idéal imaginé (épisode IV), se prendre une grosse désillusion face à la réalité (épisode V), composer avec son passé et trouver une façon de façonner le futur malgré tout (épisode VI et suites). Encore une fois, on renvoie au fait que l'histoire se répète, en créant de nouveaux personnages "transverses" en arrière-plan qui ont tout connu (comme Baylan, Mon Motma, ou bien évidemment, Ahsoka), ce qui est très bien vu dans un épisode qui te révèle qu'une galaxie parallèle a toujours existé, celle de Star Wars n'étant qu'une parmi d'autres...