Doctor Who
Les aventures du Docteur, un extraterrestre, un Seigneur du Temps originaire de la planète Gallifrey, qui voyage à bord d'un TARDIS (Temps À Relativité Dimensionnelle Inter-Spatiale), une machine pouvant voyager dans l'espace et dans le temps. Le TARDIS a l'apparence d'une cabine de police (construction typiquement ...
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Terminée | Anglaise, GB | 25 minutes |
Science-Fiction, Fantastique, Historique, Action, Adventure, Action & Adventure, Drame, Science-Fiction & Fantastique | BBC One, Youtube, BBC, Global, ABC (AU) | 1963 |
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Le légendaire chef d’oeuvre du Cinquième Docteur. Très franchement le seul classique “incontournable” qu’il me manquait. La pression est immense…
Et oui, c’est plutôt pas mal. C’est même bien. Le Cinquième Docteur est un tout autre homme entre les mains d’un scénariste qui écrit de superbes dialogues. Robert Holmes est à peu de choses près inégalé dans la série classique et il livre ici non seulement plein de lignes très efficaces, qui apportent de l'humour à la capture du Docteur et de Péri, ou un ton piquant lors de l’intrigue politique. Robert Holmes nous livre en fait un best-of de son parcours avec deux planètes jumelles, un antagoniste humanoïde intéressant, un gros monstre de caverne qu’on ne voit que furtivement, un peuple en guerre civile, une histoire de trafic de drogues, une exécution sanglante et morbide en guise de cliffhanger, de la politique corrompue ; bref, tout ce qu’on peut s’attendre d’une histoire mature et bien écrite de Doctor Who.
Globalement, ça fonctionne. On voit énormément de personnages secondaires, la plupart pas nommés ou avec des noms si étranges qu’on ne s’en rappellera pas. Il y a plein de lieux similaires et même deux planètes pour le prix d’une ! Et pourtant on n’est pas perdu une seconde grâce à un montage dynamique : contrairement à certains autres épisodes qui figurent une colonie humaine développée qu’on présente extensivement, Robert Holmes cut d’un dialogue à l’autre avec une vitesse assez dingue. La discussion la plus longue entre deux personnages - le CEO de la société des énergies et le président de la planète - doit durer maximum une minute. Un pari osé car franchement, il y a 1000 façons où l’épisode aurait pu se planter là-dessus. Ça restera une constante pour tout le sérial.
C’est que mine de rien, on voit peu le Docteur et Peri. Mais Robert Holmes est malin et contrairement à 80% des épisodes classiques, il ne débute pas son récit par les humains inconnus mais bien par une scène à deux entre Peri et le Doc qui découvrent la planète d’Androzani Minor, ce qui permet de démontrer la très bonne alchimie entre les deux acteurs. Péri est toujours assez cool d’ailleurs, j’aime beaucoup ses remarques et son positivisme, une compagne sous-estimée actuellement. Leurs interactions portent vachement tout l’épisode, notamment dans le passage face au major militaire où ils complètent les phrases de l’autre en ajoutant “Sir!”.
Il y a un gros souci dans l’épisode cela dit : bon sang que c’est HIDEUX. Graheme Harper signe ici sa seconde réalisation pour la série et il deviendra un vétéran notamment en revenant entre 2005 et 2008 pour Russell T. Davies. Il y a quelques beaux plans, notamment ce grand shot large qui ouvre l’épisode sur la planète, les zooms sur les visages des militaires, quelques fondus. C’est loin d’être statique et ennuyant comme parfois. Mais. Que. C’est. Moche. Ce n'est pas vraiment sa faute, le budget est probablement écoulé. La lumière est quasi-absente de certaines scènes dans les caves. Extrêmement dommage alors que pour une fois un scénario faisait l’effort d’expliquer pourquoi il y a un peu de lumière dans les souterrains (des pierres phosphorescentes, d’après le Doc) : il fallait se lâcher et bien éclairer le tout !
Les tunnels font studio et se ressemblent tous, les costumes sont typiquement Star Trekiens et dépassés, les boutons et salles de contrôle sont aussi crédibles que le laboratoire de Jamie dans le camion de C’est pas sorcier (mention spéciale à la télécommade du PDG, une zappette pour télé des années 60). Le fond violet pour représenter les bâtiments derrière le fenêtres du bureau du chef est... spécial et assez marquant, mais pas glorieux. Et les murs/barreaux des pièces dans lesquelles le Doc et Peri se font enfermer semblent tout droit sortis d’une pièce de théâtre d’élèves de primaire.
Mais osef ! Ya de bons dialogues Holmesiens :
C'est vraiment moche, mais pas mal réalisé en soi. Heureusement l’ambiance de l’ensemble est suffisamment sombre et glauque pour fonctionner. La petitesse des décors fonctionne pour donner un sentiment claustro, et le chara-design de l’ennemi en latex noir et blanc (le fameux Sharaz Jek ?) est assez dingue. Le design seul t’annonce directement que tu auras affaire à un personnage tourmenté et pas si manichéen. Il est tout droit issu d’un cauchemar sadique - et il semble s’intéresser au Docteur, ce qui peut promettre un bel affrontement. Idem, derrière le pitch suuuuper classique du Doc et de Péri qui se font capturer immédiatement, il y a quand même une tournure assez nouvelle dans le fait que ce n’est pas vraiment à cause d’un quiproquo qui les accuse d’être coupables de quelque chose - le militaire se doute de leur innocence, d’ailleurs. C’est juste, comme le dit Péri, des boucs émissaires faciles en temps de guerre. Il y a cette phrase notamment encore assez sombre :
On sent que le Doc et Peri débarquent dans un truc qui les dépassent totalement. Ce n'est pas nouveau mais c'est très marquant et réussi ici. Ce sera d'ailleurs le cas tout au long du sérial : le Doc et la compagne sont presque intégralement spectateurs de tout ce qui se trame.
Par contre, autant je vante à fond les dialogues, autant l’écriture de l’histoire n’est pas foncièrement incroyable : il y a de la surexposition évidente, notamment lors de la scène où le président reçoit sa dose de drogue, le Spectrox, qui permet de prolonger la durée de vie. C’est peu gênant car le reste de la scène est très bien écrit, mais tout de même. Idem, d’une part Péri qui trébuche dans une plante-herbe-champignon (difficile de dire vu l’éclairage et le hors-champ…), d’autre part les multiples mentions des “tsunamis de boue” de l’épisode, sont deux éléments certes “fun”, mais sont clairement des fusils de Tchekov qui crèvent les yeux : le poison va jouer un rôle clé, et la vague de boue finira par arriver.
A noter tout de même que j’ai bien aimé la raison du pourquoi le Docteur porte un céleri constamment, ce qui a ajouté du second degré à son costume :
C’est du bon, mais c’est quand même loin d’être la meilleure introduction que j’ai vue. Derrière les bons dialogues se cache quand même une complexité de scénario qui rend difficile l’implication du spectateur, je trouve, entre les militaires, les politiciens, la drogue, les robots, la guerre, le fait qu’il y ait deux planètes… C’est quelque chose qui annonce les parties suivantes : il ne s'agit pas d’une simple exploration de la noirceur de l’histoire, il y aura un vrai aspect multi-genre un peu pot-pourri de plein de concepts. Cela en fait un épisode riche mais assez fouilli. De quoi permettre à Five de conclure son run de la façon qu’il faut après une saison 21 aussi dark. Pour le moment le Docteur est aussi passif qu’à son habitude, il est totalement résigné à mourir et à emporter Peri avec lui, quand bien même il est “désolé”. Super... Peter Davison y est tout de même assez bon ici, mais il devient difficile de trouver des excuses à l'acteur.
Pour les dialogues bien foutus et la noirceur de l’intrigue politique qui s'annonce assez riche, ainsi qu’une bonne dose de suspens, je met donc une plutôt bonne note, mais je m’attendais à être subjugué au vu de la réputation de l’histoire. Je m’attendais donc à plus.