L'ère Hartnell poursuit son cours dans une troisième année mouvementée, à la fois plus sombre, plus homogène tant dans son format que le niveau global qui comme la saison 2 à quelques exceptions près est quasi-constant (et elle l'est même surement plus que la saison 2), et aussi plus détentrice d'événements importants dans l'histoire du personnage comme de celui de la série par rapport aux deux précédentes. Elle reste malgré cela, pour moi, clairement la moins bonne saison du 1er Docteur.

Alors certes, je ne nie absolument pas que le fait qu'elle soit de très loin la saison de One la plus endommagée par la junking policy de la BBC ait un rôle certain dans son appréciation. C'est quelque chose qui nuit au plaisir de regarder cette saison et qui ne vas pas influer dans le bon sens pour elle c'est certain. Tout comme si jamais elle venait par miracle un jour à être retrouvée ou reconstituée dans son intégralité, une réévaluation en fonction de cela s'imposera.

Mais ce n'est pas tout et si ça a gâché certains épisodes (The Celestial Toymaker étant probablement celui qui en souffre le plus), on apprend quand même à faire avec à la longue et on peut malgré tout en discerner les bons comme mauvais points d'un épisode. Et donc, de la saison ...

C'est pas une mauvaise saison en soi (le niveau de la plupart de ses épisodes est très correct, le niveau global est bon et la plupart des épisodes tournent à environ 13), mais, en 10 histoires (jamais aucune autre saison n'en a eu autant ... d'ailleurs, en nombre de parties, elle reste la plus longue saison de l'histoire de Doctor Who) quasiment aucun des épisodes ne sort positivement du lot (The Myrh Makers et The Ark sont les seuls à se distinguer comme de loin les meilleurs de la saison, mais ramenés à l'échelle de la totalité de l'ère Hartnell, ils ne méritent que le titre de très bons épisodes. Pas de chef d'oeuvre ni même d'excellents épisodes en cette saison 3), et ce qui reste pour moi de très très loin les 2 pires daubes de toutes l'ère Hartnell (Galaxy 4 et The Celestial Toymaker) en font partie. On est loin du niveau et de la virtuosité de la saison 2, et même la saison 1, de par son côté assez extrémiste (ou au contraire de la 3, il n'y a quasiment AUCUN épisode juste moyen ou bon, c'est souvent soit du très bon, soit du très moyen), est au final plus marquante.

Je pense que c'est ça qui pêche le plus sur cette saison : elle n'est pas marquante en elle même. Elle met pourtant en scène des évènements qui le sont (on a jamais eu, et on n'aura jamais autant d'arrivées et de départs de compagnons que dans cette saison, et vis à vis de l'histoire du Docteur et de ces derniers, il se passe des choses bien marquantes qui furent souvent en plus des premières dans l'histoire de la série), mais elle peine à former un véritable ensemble de ses 10 histoires.

La saison 2 y était magnifiquement parvenu de par l'aspect plus expérimental global de ses épisodes et dans son ton plus comique / léger et la dynamique entre les compagnons et notamment l'alors nouvelle arrivée Vicky. Même la 1ère saison qui avait pourtant la dure tâche de roder la dynamique de la série y était mieux parvenue et restait fidèle à son ton sérieux / aventurier alternant les historics et les sci-fi episodes quasiment tout le temps l'un à la suite de l'autre, et proposant une évolution sur la durée de toute la saison de la relation entre le Docteur et ses compagnons.

Ici, la saison 3 paie le fait d'avoir eu 3 dirigeants successifs à sa tête, conservant tout d'abord le ton et l'ambiance de la seconde mais en bien moins soigné car Verity Lambert était plus concentré sur son départ imminent que sur la série (et ça a donné le pire épisode d'Hartnell), puis d'un coup nettement plus sombre et violente sous la coupe de John Wiles avant de revenir à quelque chose de plus classique et léger sous celle de Innes Lloyd mais avec toutefois un ton plus sérieux / formel que la saison 2. Et elle paie aussi le fait d'avoir eu autant de compagnons, d'arrivées et de départs de ces derniers en si peu de temps : impossible de vraiment s'attacher à eux pour nous et de vraiment développer quelque chose sur la durée pour les scénaristes. Surement à cause de cette précarité de casting, The Massacre mis à part, les scénaristes n'auront jamais rien tenté pour développer sur la durée le seul compagnon constant de la saison, Steven. Et là où Dodo aurait pu s'inscrire sur la durée et pour le coup peut être bénéficier de cela en continuant en saison 4, son développement est avorté net au beau milieu du dernier épisode de la saison, qui nous introduit dans le même temps les 2 suivants ... Impossible, dès lors, de retrouver la dynamique et les axes scénaristiques et d'évolutions des personnages qu'on avait pu avoir avec Ian et Barbara ou même Susan et Vicky. D'ailleurs, si le Docteur évolue en cette saison, c'est cette fois bien plus souvent le fruit d'évènement propres aux épisodes que par sa relation avec ses compagnons, contrairement aux 2 saisons précédentes ...

On a donc pour résumer une saison qui n'est pas constante dans sa direction, qui ne peut plus se reposer sur ses personnages pour représenter un tout défini et dont en plus très peu d'épisodes se démarquent vraiment du lot en bien quand certains autres se placent instantanément là en termes de médiocrité. Fatalement, on ne pouvait avec ça avoir une saison aussi réussie que les deux précédentes.

Bon, en même temps, quand tu vois les conditions de tournage et la crise profonde qu'à connue la série en cette saison (3 showrunners ET 7 compagnons pour 5 arrivées et 5 départs (dont 3 de personnages introduits au cours de la saison), en l'espace d'UNE SEULE SAISON quoi ...), c'est limite un miracle qu'elle soit déjà à un tel niveau. Il est clair qu'elle a des circonstances atténuantes, et que ça reste tout de même d'un certain niveau qui l'empêche d'acquérir le titre de mauvaise saison, ni même de saison moyenne; quand bien même dans une ère de la qualité de celle d'Hartnell ça suffise à en faire la moins bonne du lot.

Bref, malgré quelques beau moments de bravoures en cette saison 3 (notamment le titanesque projet Dalek Master Plan et de l'arc narratif qu'il forme avec ses prédécesseurs Mission to the Unknown et The Myth Makers, qui reste une entreprsie colossalle (et, dans les faits, probablement le meilleur épisode après The Ark & The Myth Makers)), la série commençait clairement à aller sur le déclin, et il était nécessaire qu'elle opère des changements drastiques pour pouvoir aller de l'avant et continuer à survivre (The War Machines va clairement dans cette voie là d'ailleurs). Et à partir de là, bien que One ait dans les faits survécu à cette tumultueuse saison (ce sera au final moins vrai au regard de la série dans sa globalité), même sans renseignements sur le nombre de saisons et d'épisodes auquel il a participé, le spectateur contemporain connaissant le concept de régénération comprendra à la vision de cette saison que le temps de William Hartnell à bord du TARDIS est désormais compté ...

Moyenne de saison = 12,43/20

Top Saison 3 :

1) The Myth Makers

2) The Ark

3) The Daleks' Master Plan

4) The Gunfighters

5) The War Machines

6) Mission to the Unknown

7) The Massacre

8) The Savages

9) The Celestial Toymaker

10) Galaxy 4

Top William Hartnell so far :

1) The Time Meddler

2) The Romans

3) The Aztecs

4) The Dalek Invasion of Earth

5) The Myth Makers

6) The Space Museum

7) The Edge of Destruction

8) The Ark

9) The Daleks' Master Plan

10) Planet of Giants

11) Marco Polo

12) The Gunfighters

13) The Rescue

14) The Reign of Terror

15) The War Machines

16) The Chase

17) The Keys of Marinus

18) An Unearthly Child

19) The Sensorites

20) Mission to the Unknown

21) The Massacre

22) The Daleks

23) The Savages

24) The Crusade

25) The Web Planet

26) The Celestial Toymaker

27) Galaxy 4