Doctor Who
Les aventures du Docteur, un extraterrestre, un Seigneur du Temps originaire de la planète Gallifrey, qui voyage à bord d'un TARDIS (Temps À Relativité Dimensionnelle Inter-Spatiale), une machine pouvant voyager dans l'espace et dans le temps. Le TARDIS a l'apparence d'une cabine de police (construction typiquement ...
Lire le résumé complet >
Terminée | Anglaise, GB | 25 minutes |
Science-Fiction, Fantastique, Historique, Action, Adventure, Action & Adventure, Drame, Science-Fiction & Fantastique | BBC One, Youtube, BBC, Global, ABC (AU) | 1963 |
0 avis favorable
0 avis neutre
0 avis défavorable
Une sublime saison. Pour moi l'apogée de l'ère de Holmes et Hinchcliffe, et donc celle de Tom Baker, et donc celle de la série classique.
C'est bien simple : pas une histoire n'est faible. Toutes sont au moins impressionnantes sur un ou plusieurs aspects, et elles ont forgé l'image de la série idéale.
La saison se divise grosso modo en trois parties.
Il y a tout d'abord la partie la plus faible, et pourtant d'un bon niveau dans la continuité de la saison 13 : le départ de Sarah Jane Smith. The Masque of Mandragora est un épisode historique extrêmement beau et intéressant, au pitch saisissant, aux personnages secondaires travaillés et au contexte parfaitement exploité, malgré quelques longueurs dommageables. C'est l'histoire qui sur le papier a donné envie à Elisabeth Sladen de rester dans la série plus longtemps, et on ne peut que la comprendre. Vient ensuite sa véritable histoire finale : The Hand of Fear. Si les premières parties sont les plus lentes et les épisodes les moins bons de la saison, le sérial nous subjugue avec l'un des aliens les mieux réussis des classiques dans une troisième partie saisissante, et une dernière partie qui vaut le détour rien que pour le départ émouvant et emblématique de Sarah Jane Smith, toujours la compagne la plus pure, la plus naturelle et la plus emblématique de la série toute entière. J'en ai toujours un énorme pincement au coeur.
La deuxième partie de la saison n'est constituée que d'un épisode : mais quel épisode ! The Deadly Assassin est probablement le sérial le plus ambitieux réalisé sous l'ère H&H. C'est un épisode déconcertant, qui prend des risques inouïs dans la série et même au sein de son récit, ce qui donne certes certaines séquences plus faibles que le reste, mais c'est un épisode qui est bien plus que la somme de ses parties. Il définit la grande majorité de tout le lore le plus fondamental de Doctor Who aujourd'hui, et l'a fait avec tout un propos méta sur la fabrication de légendes autour du canon que je trouve personnellement être un véritable coup de génie. Un outrage à l'époque, mais probablement le meilleur héritage qu'a laissé Robert Holmes derrière lui aujourd'hui. Le dernier épisode en date où je poste cet avis se fonde entièrement sur cet épisode. C'est absolument dingue la portée que revêt l'histoire et cela illustre la beauté d'une série à la mythologie à la fois flexible et généreuse de Doctor Who.
La dernière partie de la saison consiste à introduire une nouvelle compagne et parvenir à démarrer une sorte de nouvelle ère tout en en clôturant une autre, le producteur Hinchcliffe quittant la série en fin d'année. Nous retrouvons donc deux épisodes permettant d'introduire la nouvelle compagne, Leela, sans aucun doute la plus originale à ce stade et probablement ma préférée à ce stade également. En très peu de temps, elle s'impose comme l'une des meilleures idées que la série ait eu. En dépit d'une relation épineuse avec Tom Baker en coulisse, la dynamique entre Leela et Four est à la fois unique, attachante et intéressante, tant les acteurs et l'écriture sont solides. Ces deux histoires sont de très bonnes factures ; écrites par le même scénariste, elles permettent à donner un début remarquablement convaincant à Leela qui est écrite uniformément sur les deux épisodes, qui partagent également un thème commun autour de la robotique, avec des prismes très différents : dérives de la technologie elle-même d'une part, dans The Face of Evil, une histoire très sous-estimée qui prend des tournants inattendus, et étude sur l'uncanny valley dans le second épisode du scénariste, The Robots of Death, un classique au contraire très sur-estimé qui bafoue toute règle de cohérence dans un Whodunnit, et pourtant totalement saisissant, avec des antagonistes à nouveau marquants.
C'est d'ailleurs une constante dans cette saison voire cette ère : la volonté de rendre les antagonistes du décor plus complexes, fouillés, ou déjà moins "bricolage" et "alien vert". Ces deux épisodes ont également la particularité d'être de véritables mash-up de genres, d'ambiances et de tons, ce qui donne une identité si particulière à la série et qui a ravivé la définition de Doctor Who à mon sens.
La saison s'achève enfin par The Talons of Weng-Chiang, un épisode historique qui en apparence paraît anodin et qui est en réalité un festival de tout ce qui fait la réussite de la série à son époque. C'est mon histoire classique préférée à ce stade, constituée par mon épisode préféré (la quatrième partie), et contenant lui-même mon passage préféré de la série, où le scénariste et la réalisation livre selon moi la plus belle prestation de ce qu'est Doctor Who dans une scène simple et pourtant, si riche. J'ai déjà écrit des tartines sur la plupart des épisodes de ce sérial, qui reste tout à fait imparfait, mais tellement jouissif et tellement important. Pas dans la mythologie (il y a déjà The Deadly Assassin pour cela), pas dans l'émotion (il y a déjà The Hand of Fear) ou dans l'ambition, mais un épisode tellement important dans tout ce que peut être Doctor Who et qui en reprend toute sa magie, avec une mise en abyme explicite à ce sujet.
Une grande saison qui inspirera probablement toute la suite de la série sur ce qu'il faut faire, sur ce qu'il ne faut pas reproduire également car elle est loin d'être sans défauts. Une saison qui offre tout de même deux compagnes, un Docteur, des scénaristes nouveaux comme anciens à leurs paroxysmes respectifs. Une saison qui mélange tous les tons d'une main de Maître et qui reste ambitieuse à chaque instant, sur pourtant tant de niveaux différents.
Certes, cela reste 1977. Les effets visuels ne sont pas du niveau spectaculaire moderne, les personnages sont bien souvent plus caractérisés par la performance des acteurs et actrices ou par le scénario, et non par des speechs grandiloquents, et les histoires sont globalement indépendantes et ne se répondent pas toujours forcément entre elles.
Pourtant à peu de choses près, c'est la saison de Doctor Who parfaite, où chaque épisode apporte quelque chose de distinct et de nécessaire.
Tout, depuis Robot, The Ark in Space et la saison 12, conduit vers ces moments, où un peu moins de la moitié du run de Tom Baker vient de s'écouler et où la série a progressivement gagné en qualité jusqu'à atteindre des sommets. Et comme bien souvent avec les Docteurs ou la série, pour citer River : atteindre aussi haut le sommet signifie qu'on chutera également plus bas que jamais très bientôt. C'est peut-être au fond un dommage irréparable à court terme, qui a pu à terme enterrer toute la série : la violence, la maturité, l'originalité et les décisions prises dans cette saison ont conduit à un effet inverse violent qui a infantilisé la série, créé un effet de lassitude et un trop grand culte autour d'une nostalgie d'une ère "dont la grandeur n'est plus jamais atteinte". C'est ce qui a causé l'existence du Cinquième Docteur, puis du Sixième, puis de l'arrêt de mort de la série... avant que celle-ci ne revienne toujours plus forte que jamais, et puise finalement beaucoup de son inspiration dans cette saison.
LA saison de Doctor Who, avec un grand "la".
Mon classement :
Moyenne de la saison (par histoires/par épisodes) : 14.93 / 15.04