Doctor Who
Les aventures du Docteur, un extraterrestre, un Seigneur du Temps originaire de la planète Gallifrey, qui voyage à bord d'un TARDIS (Temps À Relativité Dimensionnelle Inter-Spatiale), une machine pouvant voyager dans l'espace et dans le temps. Le TARDIS a l'apparence d'une cabine de police (construction typiquement ...
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Terminée | Anglaise, GB | 25 minutes |
Science-Fiction, Fantastique, Historique, Action, Adventure, Action & Adventure, Drame, Science-Fiction & Fantastique | BBC One, Youtube, BBC, Global, ABC (AU) | 1963 |
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Evacuons tout de suite l'éléphant dans la pièce : argh, ce white-washing de la mort... Li H'sen Chang le magicien est joué par John Benett... Si les acteurs d'origine asiatique ne couraient peut-être pas les rues à l'époque de cet épisode en 1978, ce n’est pas une excuse - il y a d’ailleurs plein de figurants dans ce sérial. Je n'avais même pas remarqué le white-washing quand j'ai vu pour la première fois cet épisode, du haut de mes 15 ans, je ne connaissais même pas bien le concept.
A l’origine, le personnage de Li H’sen est une reprise (assumée ?) de Fu Manchu, personnage de fiction qui a contribué à l'image maléfique des chinois, un phénomène appelé le “yellow peril”. Mais en reprenant cette idée, peut-être dans une logique de diversifier les ambiances et avoir des emprunts plus internationaux à la série, l’histoire reproduit ces clichés racistes probablement sans le vouloir. On pourrait reprocher la même chose à Pyramids of Mars par exemple, mais reste qu’il est bien plus facile de s’abstraire de quelques faux pas d’excution quand l’épisode ne comporte pas un white washing immonde qui est très mal fait de surcroit.
L'épisode cite aussi le quartrier assez chinois de Limehouse, où il s’avère également que la criminalité est élevée (sans qu’il ait été prouvé une corrélation). Terreau idéal pour des disparitions mystérieuses liées à une cause surnaturelle, probablement alienne… Bref, tout cela aurait pu faire de bonnes idées pas si gênantes que cela dans un épisode historique à l'époque victorienne... sans ce satané white-washing immonde. Coup dur de se rendre compte petit à petit du racisme de l'épisode, que je considérais sans aucun doute comme mon préféré lors de mon premier visionnage des classiques.
En 2020, c'est un peu plus dur de clamer cela. Clairement, tu regardes ça maintenant, tu as des moments un peu gênants.
Maintenant, The Talons of Weng-Chiang appartient à une autre époque... Franchement, c'est un terrain glissant ce débat. Robert Holmes était déjà à l’origine du fameux Pyramids of Mars, qui s’inspirait d’une culture étrangère mais ne brillait clairement pas pour sa diversité, alors qu'il était centré sur les mythes égyptiens... Malgré cela, c'est Robert Holmes qui est à l'origine du désir de sortir du cadre Londonien pour la série. Or, vouloir représenter plus de cultures que le folklore anglais part probablement d'une bonne intention. L'épisode n'apparaît fondamentalement pas très politisé, mais au fond, il subit tout de même un sens de lecture dérangeant, et même si ça ne transparaît pas encore dans cette partie, il y a quand même des réfs à l'empire colonialiste anglais. Qui est loin d'être toléré par l'épisode d'ailleurs, mais ça ne retire pas la façon dont sont montrés les chinois anglais.
Bref, découvrir totalement cet épisode en 2020+ peut faire hérisser les poils et c'est bien normal. Malgré cela, si cet épisode reste toujours retenu comme l'un des meilleurs de l'histoire de la série, c'est qu'il y a quand même un paquet de bonnes raisons à cela.
Dire que l'épisode est complètement nul et irregardable serait sans doute une exagération, à moins d'avoir vraiment tout détesté ou d’être particulièrement touché par le problème du white washing ce qui est entendable. Mais dire que l'épisode est nuancé dans sa représentation est aussi totalement faux. Je peux donc comprendre qu'on déteste l'épisode, ou qu'on l'adore, tant qu'on reconnait bien là qu'il est quand même raciste. C'est aussi un peu mon point de vue : au fond j'adore ce sérial, je suis juste plus gêné qu'autre chose vis-à-vis de cet aspect indéniable. Ça me fait donc vraiment plus chier qu'autre chose car sans ce white-washing en particulier, cette histoire serait juste incontestablement ma préférée. Là, c'est un peu plus délicat, mais je ne peux m'empêcher d'adorer tout de même l'épisode.
Il y a, enfin, un certain second degré malgré tout dans l'épisode autour de cette histoire, avec notamment un passage où Chang cite le pire stéréotype à ce sujet ("nous nous ressemblons tous") de façon assez blasée mais aussi sournoise pour garder sa couverture. Ce à quoi on nous fait comprendre que le Docteur n'avait même pas remarqué jusqu'alors qu'il était asiatique. Ça vaut ce que ça vaut en termes d'humour, mais c'est un petit rappel qu'aux yeux du Docteur, sa couleur de peau n'a aucune espèce d'importance, par contraste avec les moqueries évidemment racistes du policier précédemment. C'est... déjà ça ?
(petite référence à Marco Polo au passage, que le Premier Docteur a rencontré)
Je clos là le chapitre. Passons donc à cet épisode tant réputé (pour ses qualités). J'ai appris à me méfier, maintenant, des histoires classiques universellement acclamées. Mais encore une fois je ne peux m'empêcher de faire péter la note dès le premier épisode de The Talons of Weng-Chiang. Comment résister ?
Les six-parters de l'ère de Four sont peu nombreux, et quasiment toujours réservées aux fins de saisons, de Genesis of the Daleks à Shada en passant par The Seeds of Doom. C'est selon moi sans doute la meilleure formule, le blockbuster en season finale ! Et la qualité est souvent au rendez-vous. Les deux premiers des saisons précédentes sont de très haute facture et fort heureusement The Talons of Weng-Chiang ne va pas déroger à la règle, loin de là.
Qu'y a-t-il à ne pas aimer ? Encore une fois, le talent de Hinchcliffe et Holmes parle pour lui-même dans cette première partie à couper le souffle. L'ère victorienne, le Docteur et Leela en costumes d'époque, un mystérieux magicien en lien avec une mafia locale, un pantin démoniaque, des disparitions dans les ruelles et des corps retrouvés flottant sur l'eau, un rat géant dans les égouts et l'organisation des Griffes de Weng-Chiang, un ancien dieu chinois ! Tout est posé pour former une histoire absolument mémorable.
Le tandem Hinchcliffe/Holmes qui a fait des merveilles pendant 3 saisons signe ici sa dernière contribution et c'est du très bon. Les dialogues ingénieux parviennent toujours à retranscrire à quel point le Docteur est un alien, et pour la première fois, c'est aussi le cas de sa compagne. Confronter Leela à la culture victorienne donne des passages très drôles où elle tente de se faire à la culture humaine, et lui permet aussi de continuer à se détacher des autres compagnes en étant beaucoup plus active : elle sauve la vie du Docteur en assassinant un homme qui s'apprêtait à le tuer, elle combat des gangsters et parvient même à en capturer un !
L'ambiance du sérial est très noire et se veut être un hommage (comme souvent dans cette ère) à un genre particulier, ici, le policier/thriller noir britannique classique. C'est basiquement du Sherlock Holmes sans l'être. Les environnements sont sombres mais jamais illisibles et déjà les scènes creepy s’enchaînent sans faiblir. Il faut dire qu'avec David Maloney, réalisateur déjà derrière les caméras pour Genesis of the Daleks, The Deadly Assassin ou encore Planet of Evil, ayant en plus eu un budget généreux comme l'a exigé Hinchcliffe pour sa toute dernière histoire (ce qui aura valu au tournage d'être fortement retardé), le résultat ne pouvait qu'être magnifique.
Il n'est pas difficile de voir pourquoi cette époque est chérie par la nouvelle série. L'époque victorienne est probablement la plus reprise, la plus marquée Doctor Who dans la série, et c'est en grande partie grâce à l'influence de Talons. De The Unquiet Dead à The Snowmen, en passant par The Crimson Horror, The Snowmen ou A Christmas Carol, de nombreux épisodes la revisiteront par la suite. L'épisode permet logiquement de citer allègrement des éléments du folklore anglais de l'époque, parfois un clin d'oeil évident et ingénieux à Holmes ou à Jack l'éventreur, parfois les réfs sont si précises que nous ne pouvons tout simplement pas les saisir.
Russell T Davies a cité cet épisode spécifiquement - cette partie spécifiquement - comme étant "the best dialogue ever written". Si je n'irai pas jusque là, c'est indéniablement très bien écrit. Les personnages sont attachants, et pour le coup comme quasiment tout est stéréotypé, y compris les anglais et leur accent "cockney" (j'ai beaucoup pensé au meme "it's chewsday innit"). L'humour désamorce le kitsch avec une histoire qui sait impressionner et se prendre au sérieux tout en amusant. C'est du très bon.
Hormis le fameux elephant in the room, c'est une introduction quasi-parfaite à l'un des meilleurs épisodes de Doctor Who. Inspiré, malin, très atmosphérique.