Un final un poil décevant, car gâchant un peu la figure d'Eldrad qui révélait une belle complexité dans la troisième partie et un lien avec le Docteur que peu d'entités extraterrestres avaient pu avoir jusqu'à présent (tout du moins dans les Classics que j'ai vus). On revient ici à une conclusion beaucoup plus classique, avec son lot de pièges à éviter et une résolution vraiment trop facile. Mais The hand of Fear reste un épisode marquant, tout d'abord car il est officialise clairement que les Time Lords peuvent changer de genre en se régénérant, n'en déplaise à ceux qui n'ont toujours pas accepté cette idée presque 50 ans plus tard. Ensuite, pour cette scène de séparation, très étrange, légèrement sous-écrite, mais terriblement touchante de simplicité et d'authenticité. Je regrette que Sarah Jane ait été un peu plus passive dans ses dernières aventures (2 aventures où elle est victime de possession à la suite), mais le charme de son duo avec Tom Baker aura clairement participé à rendre cette époque particulièrement mémorable.

ELDRAD MUST LIVE !!! Une Sarah-Jane étrangement plus enfantine terrorise une centrale nucléaire, et un autre monstre condamné à l’oubli surgit de temps immémoriaux pour accomplir sa vengeance sur son monde dévasté. Et malgré un rythme assez étrange, la puissance mystique d’Eldrad reste séduisante et les adieux de Sarah-Jane sont touchants.

13/20

SARAH: Argh!
DOCTOR: Come on, Sarah. Stop making a fuss, Sarah. You're from South Croydon.
SARAH: ... eh?
DOCTOR: You're a carbon-based lifeform. The gas is only effective against silicon structures.
SARAH: Oh.

Goodbye Sarah Jane !

La conclusion sur Kastria était sympathique, même si pas tout à fait à la hauteur de la troisième partie. Les plans sur une mystérieuse voix qui surveille l'avancée des trois protagonistes durent un peu longtemps. La forme mâle d'Eldrad n'est malheureusement pas aussi bonne que la femelle et j'ai été un peu déçu sur ce point. Comme dit Sarah, ma première réaction a été "Why is she a he?!". Cependant vu la réponse d'Eldrad à savoir que cela revient au même qu'une régénération d'un Time Lord, on a l'une des premières marques canoniques qu'un changement de sexe est possible pour le Docteur, avant que The Doctor's Wife en saison 6 ne l'officialise pour de bon. Et ouais ! Assez impressionnant tout de même.

DOCTOR: I never met a door that couldn't be opened somehow.

La manière de se débarrasser d'Eldrad est un peu facile, l'écharpe de Tom Baker est décidément magique ! Oubliez le sonic screwdriver, l'écharpe lui permet d'assommer les ennemis, de se sauver de ses bourreaux et maintenant même de faire tomber des aliens dans des gouffres ! De plus l'effet de la chute était particulièrement mal fait. La remarque du Docteur était en revanche savoureusement ironique :

DOCTOR: Well, the gravity of the law finally caught up with him.

C'est vraiment ce genre de répliques disséminées tout au long des épisodes de cette ère qui les rendent si appréciables. Il n'y a pas vraiment ça ailleurs ou en tout cas pas dans les ères moins réputées de la série.

SARAH: Well, I quite liked her, but I couldn't stand him.

Malgré ce petit couac de la chute dans le gouffre, le background et les twists derrière étaient assez bien amenés. Le fait qu'Eldrad n'ait pas été aussi gentil qu'il/elle le laissait sous-entendre, c'est peut-être moins original que ce que faisait la troisième partie mais malgré tout une conclusion logique offrant un beau message et une belle réinterprétation du roi déchu. Le fait que la civilisation tout entière ait préféré mourir que de prendre le risque d'être utilisée par Eldrad est également une révélation forte, et contribue à une certaine violence (comme d'hab dans cette ère) de cet épisode, justifiant la planète très hostile, et les cadavres des Kastrians étant de la poussière sur laquelle nos héros marchent...

ROKON: Hail, Eldrad, King of nothing.

Mais bien évidemment ce pourquoi l'épisode vaut le détour et ce pourquoi ma note est justifiée, c'est aussi pour les 5 dernières minutes où Sarah Jane quitte le TARDIS. Les remarques de Sarah Jane sont très drôles et teintées de second degré  :

SARAH: Oh, I must be mad. I'm sick of being cold and wet, and hypnotised left right and centre. I'm sick of being shot at, savaged by bug-eyed monsters, never knowing if I'm coming or going or been.

Elle aura vraiment eu de quoi faire dans cette dernière aventure qui lui rend bien honneur, ce qui n'est malheureusement pas le cas de tous les compagnons.

En même temps ce départ est extrêmement inhabituel. Fondé à la base sur un quiproquo amusant, cela prend des ampleurs considérables car finalement le Docteur n'aura jamais su pourquoi elle a fait ses affaires en premier lieu. Au départ la situation est donc un peu incompréhensible voire anti-climatique. "Impossible pour ces deux meilleurs amis de se quitter sur une mauvaise blague de Sarah Jane" se dit-on... ! Et le destin les rattrape et vient en fait rendre la scène vraiment déchirante avec l'appel des Seigneurs du Temps lorsque le Docteur est seul dans la pièce. C'est, au fond, la seule chose qui aurait pu finir par les séparer, hormis la mort. Leur scène d'adieu est juste déchirante car le Docteur prend à peine le soin de la regarder et est extrêmement froid tandis qu'on sent qu'elle essaye de retarder son départ tout en connaissant très bien la finalité. Les deux ne disent rien mais nous percevons très bien l'intensité de la scène et l'émotion. C'est en effet émotionnellement très fort quand on a suivi toutes leurs aventures ensemble.

SARAH: Don't forget me.
DOCTOR: Oh, Sarah. Don't you forget me.
SARAH: Bye, Doctor. You know, travel does broaden the mind.
DOCTOR: Yes... Till we meet again, Sarah.

Le fait est en plus, et je crois que c'est unique dans l'histoire du show, que la scène de départ finale a été écrite par Sladen et Baker eux-mêmes. Ce qui fait qu'ils savaient déjà comment ils allaient jouer telle ou telle réplique et c'est selon moi pour cela que leur dernier échange est une telle réussite. C'est une preuve, à nouveau, de l'aisance des deux acteurs sur le tournage, de leur complicité hors-champ et de leur entente qui se matérialise pour nous à l'écran par l'alchimie des personnages.

L'image de fin, montrant Sarah Jane, sifflant nonchalamment alors qu'elle marche dans la rue, son Andy Pandy bien enfilé, peluche et pot de fleur à la main, veut nous faire rappeler Sarah Jane et veut adoucir le départ - le gag sur le Docteur qui se trompe ENCORE d'endroit est également là pour ça. Au final c'est un départ doux-amer, mignon sur les bords mais en vérité dramatique pour les deux personnages, extrêmement touchant pour nous. Rien qu'en repensant à ce moment, j'ai toujours un petit pincement au coeur. Pour moi c'est un départ de type "terrestre" absolument parfait pour la compagne "de base"... mais la compagne idéale.

Après tout, Sarah Jane restera un peu "LA" Compagne de l'ancienne série avec un grand "C". Celle qui est restée sur trois saisons et demi, celle qui a connu deux des docteurs les plus populaires, celle qui a connu l'ère la plus fructueuse du show. C'est aussi la toute première compagne classique que j'ai vue et ça doit jouer beaucoup, je l'avoue. Elle est emblématique, c'est le compagnon par définition. Est-ce vraiment le compagnon par excellence, cela dit ? Difficile à dire tant que je ne les ai pas encore tous vus. Cependant c'est la seule de l'histoire pendant une éternité à être apparue aussi bien dans la série classique que dans la nouvelle - dès la saison 2 du retour de Doctor Who au XXIème siècle. Et ça veut bien dire quelque chose.

A la prochaine, ma Sarah Jane Smith !

Note moyenne du sérial : 14/20