DOCTOR: Well, I told you. I'm from Galactic.
RIGG: Galactic went out of business twenty years ago.
DOCTOR: ... I wondered why I hadn't been paid!

Je ne sais pas si lire cette réplique sur papier lui fait honneur, en tout cas cela ne fait sûrement vraiment pas honneur à la façon dont Tom Baker délivre ses dialogues. J'ai vraiment pouffé de rire sur cet échange. La série a beau être moins excellente que dans l'ère Holmes des saisons 12 à 14 avec Sarah Jane et Leela, Four est toujours autant excellent, et je trouve, plus drôle qu'avant.

Tom Baker est un bon acteur mais il excelle surtout quand les scénarios lui laissent faire son clown, car il a le don de toujours savoir quand re-basculer sur un ton grave. C'est vraiment en cela qu'il incarne parfaitement le Docteur, là où des Docteurs comme Matt Smith tombent un peu trop dans les extrêmes. Donc même si je préfère le ton sérieux et les scénarios sombres de ses débuts, sa personnalité est juste parfaitement mise en valeur sous la plume de Douglas Adams et de cette saison 17 à mes yeux.

Nightmare of Eden démarre par une première partie tout ce qu’il y a de plus solide. En seulement un épisode le serial avance plusieurs bonnes idées, et les idées ça fait tout.

On a tout d'abord ce concept du crash d'un vaisseau croisière dans un autre engin spatial, les deux se dématérialisant et re-matérialisant au même endroit au même moment. L'un des deux est issu d'un potentiel sabotage. C'est un très bon pitch qui nous met immédiatement feu de l’action. On parle immédiatement d'assurance comme si on avait affaire à un carambolage entre deux voitures, une mini satire parodique sympa qui offre au Doc un prétexte de choix pour intervenir et une bonne position dans l'histoire. C'est un pitch tout de même original et pour un classique, c'est plutôt bien illustré et réalisé : on a droit à plusieurs plans "maquettes dans l'espace" pour illustrer la situation, ou un plan dans le vaisseau de croisière au début avec au moins une trentaine de figurants passagers. C'est suffisamment rare pour être souligné. L'épisode n'est pas particulièrement beau mais on sent que le budget toujours restreint de la série, est ici bien employé. Notamment après l'épisode précédent, qui tombait dans le syndrome d'une "nouvelle planète se résumant à un village" très présent dans les classics, on trouve ici beaucoup de figurants et des lieux relativement variés pour un vaisseau, ce qui fait plaisir.

Un autre concept assez dingue, c'est celui du zoologiste du futur, qui capture des créatures issues de la faune de différentes planètes et les stocke dans sa cage virtuelle, à travers des "fenêtres" qui projettent le contenu de la planète. Le scientifique et sa machine font l'objet en début d'épisode de beaucoup trop d’exposition pour qu'on ne comprenne pas qu'ils auront de l'importance. On nous donne la confirmation une fois que le nom d’une planète jungle “Eden” apparaît sur la machine… Et là, tout prend tout son sens, vu que c'est le titre. On s’attend à ce qu’une bête s’échappe, ce qui est effectivement ce qu’il semble se passer, mais on sent qu’il y a plus : le visage qui observe Romana (de façon très creepy d’ailleurs) à travers Eden, lui envoie un “rayon”... une créature piégée dans un tuyau à l'origine d'un possible sabotage et de la mort d'un des pilotes. Un ancien scientifique mort sur la fameuse planète Eden, sa copine encore traumatisée par l'événement. Et le tout avec une histoire de passation de drogues !

On devine donc vite qu’Eden a laissé s’échapper quelque chose, mais tout est plutôt bien amené avec l’histoire de la toxine. Toute l'histoire est vraiment assez bien écrite et n'est jamais manichéenne, que ce soit dans la collision des vaisseaux, le rôle des scientifiques ou les bêtes. J'aime aussi tout ce qui est sous-entendu sur les zoos :

TRYST: I am helping to conserve endangered species.
DOCTOR: By putting them in this machine?
TRYST: Oh, yes.
DOCTOR: Ah, yes, of course. Just in the same way a jam maker conserves raspberries.

Les personnages sont tous plutôt bien définis malgré leur nombre, Romana est toujours aussi convaincante et j'aime son ton assez sûre d'elle et condescendant face au scientifique fier de sa machine primitive. Le Docteur est, bien sûr, génial. Et le rythme est vraiment bon, en 25 minutes l'épisode balance tout plein de concepts et ne nous perd pas une seconde.

Il est encore un peu difficile de le voir, avec tant de sujets lancés (le crash spatial, le zoo virtuel, la drogue clandestine...) mais tout le propos de l'histoire sera vraiment plus centré sur la drogue et ses effets, ce qui est ma foi assez original dans Doctor Who.

Bref, Nightmare of Eden nous amène vers une route dont on connaît un peu déjà les dos d’âne, mais prend des détours ma foi créatifs et agréables qui nous permettent d’admirer le paysage… sans que ça ne prenne trop de temps, au contraire… bon, ma métaphore a vite ses limites... mais cette intro est définitivement de belle qualité !

ROMANA: I don't think we should interfere.
DOCTOR: Interfere? Of course we should interfere. Always do what you're best at, that's what I say. Now, come on.