On passe d'un épisode sensationnel, à un pitch méga classique du Docteur et sa compagne débarquant sur une planète sauvage et se faisant capturer par le peuple autochtone en conflit avec un autre groupe. Je pense qu'ils ne feront jamais mieux que The Face of Evil niveau scénario, ou Planet of Evil niveau jungle. Malgré tout, ça reste un format d'épisode prisé donc bon, voilà qu’on se retrouve avec The Creature from the Pit.

Cette première partie ne démérite pas mais ne casse pas trois pattes à un canard. La jungle est somme toute convaincante, le côté amazone avec les femmes en charge de la tribu, c'est l'élément le plus original. Romana a de bons passages : moi qui avait très peur lorsqu'elle est capturée presque immédiatement, la voir s'en tirer elle-même en blablatant, en retournant les sauvegeons avec elle et en appelant K9 : on aurait dit le Docteur !

L'épisode lance deux-trois idées pour la suite, dont le concept d'une coquille semi-métallique géante et ce fameux gouffre qui doit sans doute renfermer une bête. C'est modérément intrigant, ça fait le taffe.

Point noir pour K9 modèle III : la voix du doubleur est horrible, infiniment inférieure à celle de son prédécesseur, beaucoup trop humaine. Je déteste vraiment ses intonations. Et sa "mort" (je doute qu’elle soit vraie) est de plus assez ridicule, les chiens de garde "boules de plante" étant sans aucun doute la partie la plus cheap de l'épisode (ils sont même appelés "Wolfweeds", la créativité à son paroxysme...). Avec les cris de Romana en prime ("Oh K9 no, K9"...), très très mal joués de la part de Lalla Ward. Il s'agit du premier épisode de cette dernière, et on sent qu'elle se cherche. Pas crédible durant cette scène, et imitant beaucoup trop le côté Ice Queen de Mary Tamm lors de son speech pour se libérer des sauvageons. Le personnage est toujours cool mais je ne suis pas fan de l'actrice. Enfin, le scénario a quelques trous tout de même : l'attaque des bandits qui laisse quasiment tout le monde indemne mais capture comme par hasard Romana, ou le fait que la reine Adrasta est prête à écouter l'avis du Docteur qui semble fantaisiste, mais jette au puits (et donc condamne à mort) l'un de leurs deux ingénieurs renommés ?... Bref.

Clairement pas mal de choses à reprocher à cette introduction, bien qu'elle reste convenable.

Pour le reste, Tom Baker assure avec le peu qu’il a, la Reine Adrasta est relativement stylée et sa quête pour le métal est aussi un enjeu un peu comme un autre mais qui peut aller dans n'importe quelle direction.

Il faut tout de même souligner que cette saison, la grande force est l'humour. Cela sauve ici pas mal de points de l'épisode et aide beaucoup à divertir. L'approche "full humour, balek des plaintes" du showrunner Douglas Adams est selon moi un excellent parti-pris typiquement dans ce genre d'histoires, qui auraient sûrement été bien plus ennuyeuses et à l'aspect déjà-vu encore plus renforcé si on était dans une saison précédente.

Le running-gag sur les noms notamment, m'a bien fait rire :

KARELA: What are you doing in the Place of Death?
DOCTOR: Oh, just pottering around. I have this insatiable curiosity, you see. Why do you call it the Place of Death?
KARELA: Because anyone found here is automatically condemned to death.
DOCTOR: Ah. Is that so? You know, I've always been fascinated by place names and I trust you'll make an exception in my case.

ADRASTA: And you're the fellow who was found in the Place of Death.
DOCTOR: Yes! Do you know, I'll tell you something fascinating about that.
ADRASTA: Anyone found there is put to death.
DOCTOR: Oh, you knew. Well, don't you think you could at least put up a notice?

DOCTOR: What's this?
ADRASTA: We call it the Pit.
DOCTOR: Ah. You have such a way with words.

Forcément après City of Death, la chute est rude, mais ce n'est pas déplaisant pour le moment. Trop convenu certes, mais typiquement le meilleur cas possible d'une histoire pas idéal que Tom Baker élève largement, quand on lui donne l'outil nécessaire, en l'occurrence de bons dialogues décalés (ou en tout cas, quand on lui donne la liberté de les jouer à fond comme il l'entend, voire sans doute parfois de les improviser dans des délires dont lui seul a le secret).

DOCTOR: Well, somewhere, somewhere. It stands to reason.
ROMANA: Stands to reason.
DOCTOR: Yes. Stands to reason. Stupid expression, stands to reason. Why doesn't it lie down to reason? Much easier to reason lying down. Relaxes the cerebellum.

Reste à voir si les parties suivantes sauront renouveler les idées du sérial, ou si l'on se retrouvera avec des séquences interminables dans le puits avec une créature que le titre nous spoile déjà...