Un épisode globalement placé sous le signe de l’humour sur quelques scènes, ce qui aide à re-dynamiser le récit au contraire de le laisser s’enliser.

Certaines parties de l’histoire sont certes un peu répétitives car elles rappellent les bases essentielles pour la fin de l’aventure, notamment les enjeux autour de la caravane TARDIS pour Marco. Mais il faut se rappeler qu’à l’époque, les épisodes étaient diffusés chaque semaine et la série était d’assez grande envergure : même si moi je me souvenais très bien des raisons de Marco de s’intéresser au TARDIS, ce n’était peut-être pas le cas de l’anglais moyen qui a attendu 6 semaines depuis la première partie (et qui n’a aucune visibilité sur la durée totale du serial).

Toujours est-il qu'à part ça, le script est toujours écrit aux petits oignons, avec un échange entre Ian et Marco qui donne le ton à l’acte final du serial : commencer à faire croire à Marco l’impossible, à savoir la vérité sur le TARDIS.

POLO: Travel into the past and the future?
IAN: Yes. I know it's difficult to believe, but it's the truth.
POLO: On my travels to Cathay, Ian, I have come to believe many things which I previously doubted. For instance, when I was a boy in Venice, they told me that in Cathay there was a stone which burned. I did not believe them, but there is such a stone. I have seen it.
IAN: It's black, isn't it.
POLO: Yes.
IAN: Coal.
POLO: In Cathay, we call it the burning stone. And if a stone burns, why not a caravan that flies?

C’est à nouveau une superbe ouverture d'esprit de Marco. Cela marque la morale de l’histoire : le fait que voyager, même à son échelle à savoir d’un continent à l’autre pour Marco, ça ouvre l'esprit sur plein de choses. Exactement comme la série le fait avec nous.

Et c'est d'autant plus génial car avec cette tournure des choses, l’épisode met à nouveau en perspective l'histoire de notre monde avec le futur. Nous sommes en effet tellement choqués de voir que Marco ne savait même pas ce qu’était le charbon il y a peu, que par mimétisme, on se dit qu’il faut absolument qu'il croit également à l'existence du TARDIS... Et donc instinctivement on admet ainsi que le TARDIS est vrai nous aussi.

C’est donc toujours la vision de ce Doctor Who éducatif et porteur d’un beau message d’ouverture d’esprit sur le passé et le futur qui est entre les lignes ici.

Et à nouveau, le serial évite les clichés : Marco est ouvert à l’idée, mais n’y adhère pas tout de suite. Il comprend notamment Ian souhaite protéger Ping-Cho et l’imagine de bonne foi. Mais bien sûr, Tegana est toujours malin et susurre à l’oreille de Marco qu’il est étrange que Ian insiste pour ramener Ping-Cho alors qu’il est fermement contre à son mariage forcé - donc qu’il a dû insister pour faire demi-tour pour chercher le TARDIS. C’est sans doute faux car Ian est juste ce héros qui aime juste foncer et aider les autres, mais ce que dit Tegana fait sens, et dans les faits une fois que Ian retrouve Ping-Cho, il s’intéresse en effet au TARDIS…

Même si certains schémas du serial sont répétitif (le groupe de protagonistes ment à Marco, mais restent de bonne foi, Marco a tendance à les croire, Tegana refait des siennes pour mettre le doute, et une péripétie s’ensuit), cela reste toujours fait avec naturel et on sent que le scénario avance juste de façon logique et organique, au rythme où il est censé avancer. Le serial ne joue pas la montre et ne rush rien non plus, et même ce qui est littéralement un demi-tour dans le voyage (puisque Ian et Ping-Cho reviennent dans la ville précédente) permet finalement de faire avancer les choses.

Ian (et l’audience) apprend notamment des infos sur le TARDIS du coup, grâce à Ping-Cho et au marchand de la ville (qu’on avait déjà vu et qui, au passage, a une super voix et un bon jeu d’acteur, assez exhubérant et marquant). Le TARDIS a sans doute été transporté par une ancienne route vers Karakorum, route qui n'est plus utilisée depuis que les Mongoles ont bougé, étant un peuple nomade.

Et à côté de ça, la tête du peloton avance vers sa destination finale en rencontrant enfin le fameux Khan. Et malgré le whitewashing, toujours assez agaçant mais passons car c’est l’époque, c’est dans l’ensemble super plaisant de rencontrer enfin le "puissant Kubilai Khan". C’est notamment à ce moment que le Docteur se révèle ici, lui qui avait été encore presque entièrement absent de l’épisode. C’est somme toute très drôle, du passage où il râle car il ne veut pas se prosterner, souffre de ses problèmes de dos… et bien sûr, avec l’idée de montrer un Khan puissant et idéalisé depuis le début, comme un vieux papi qui a aussi ses problèmes de dos et apprécie contre toute attente le Docteur et son caractère aigri.

Remarquons aussi que l'épisode peut se permettre d'introduire un personnage clé à seulement 30 minutes de la conclusion et nous le faire accepter immédiatement. C’est qu’avant cela, l’épisode a méticuleusement détaillé son univers dans de bons épisodes : cela paie ici.

C’est la sixième et avant-dernière partie du serial et pourtant, on pourrait imaginer qu’il durerait encore six autres parties ! J’exagère car on sent tout de même qu’on touche au bout du voyage, mais il y a toujours autant d’idées et de vie insufflée à l’histoire qu’on a toujours autant envie de voir la suite.

Et malheureusement, les légers signes de fatigue que la 5ème partie semblait montrer semblent se confirmer ici.

Après 5 parties de bon niveau, l'épisode nous offre un avant dernier volet assez plat, de loin le moins bon qu'on ai eu jusqu'à présent. Et sans arriver au degré de catastrophe de The Daleks, loin de là d'ailleurs, les causes de cette perte de vitesse sont les mêmes que pour ce dernier : l'épisode n'a plus grand chose à raconter hormis sa résolution. Il y avait plusieurs moyens de poursuivre l'intrigue avec le cliff de la partie 4 et sa résolution dans le début de la 5ème, mais l'épisode, sans en avoir choisi une vraiment mauvaise, ne semble pas avoir pris le plus à même de vraiment relancer l'épisode pour redynamiser celui ci jusqu'à sa phase de conclusion. Du coup, cet épisode se retrouve à meubler un peu pour pouvoir tenir ses 20 minutes.

Ce qui est assez dommage, c'est que ce meublage, il le fait plutôt bien, et que ça aurait pu passer. Loin en effet des techniques honteuses auxquelles avait eu recours The Daleks pour justifier ses minutes de trop, Marco Polo recours à des pistes scénaristiques inexploitées et sur des éléments introduits en amont qui n'avaient pas connus de résolution (à défaut d'en avoir besoin d'ailleurs), et reste logique avec l'évolution de l'histoire. En effet, se servir de la fugue de Ping Cho et du retard accumulé à causes des péripéties du voyage pour justifier de laisser le T.A.R.D.I.S. à Tegana pendant que les autres avancent chez le Khan était une bonne idée ... Le problème, c'est qu'elle fait déjà vu en soi et dans la manière de l'amener dans l'épisode et que sa récurrence deviens lassante. Car au cours des 2 premiers tiers, on de nouveau une énième crise de confiance entre Marco et le Docteur pour justifier de laisser le T.A.R.D.I.S. là bas. On a encore des protagonistes qui vont chercher à la mettre à l'envers à Marco pour récupérer le T.A.R.D.I.S. et s'en aller d'ici. Et le plan va encore une fois échouer car Tegana va s'en rendre compte à la dernière minute. Bref, sur ce point là, ça commence sérieusement à tourner en rond, et on ne peut que se dire qu'il est tant que la résolution arrive.

Fort heureusement, l'arrivée dans le dernier tiers de la partie de Marco et du Docteur dans le palais de Kublaï Khan (ainsi que les hilarantes interactions entre ce dernier et le Docteur) offre une vraie fraîcheur à un épisode qui s'était bien trop enlisé dans sa routine, et montre clairement que le temps de la résolution est arrivé, ce qui aura au moins le mérite de rassurer le spectateur quand au contenu de cette ultime partie, qui aura de quoi faire pour boucler ce long épisode.

Bref, une sixième partie qui traîne des pieds vers la résolution de l'épisode, mais qui aura au moins le mérite de le faire avec suffisamment d'intelligence pour arriver à faire passer la pilule de ce brusque ralentissement en mettant soigneusement tout en place pour la résolution de l'intrigue. Fort heureusement d'ailleurs car si cette avant dernière partie aura prouvée une chose, c'est qu'il est grand temps de conclure "Marco Polo" ...