Hé Susan, c'est pas une vraie tête à claque??

Sinon très bon deuxième épisode, avec les Daleeeks, qui ne se contentent pas de se reposer sur le postulat de départ, mais enrichie le background (les Thals).

Ce qu’il faut savoir avant d’aller plus loin dans le serial, c’est que les Daleks ont sauvé la série. Celle-ci coûtant très cher et ne rapportant que des audiences et des critiques correctes au mieux, la BBC avait considéré à l’arrêter net dans l’oeuf. Verity Lambert était persuadée qu’ils tenaient quelque chose avec les Daleks et a forcé Sydney Newman a imposé à sa direction de continuer au moins jusqu’à la fin de ce serial.

Les Daleks sont indéniablement des monstres assez géniaux et emblématiques, et ils sont les premiers aliens/ennemis/monstres de la série. Ici, ils ne sont pas forcément des plus menaçants, mais on sent déjà l’influence colossale qu’ils peuvent avoir. Leur backstory autour d’une guerre avec les mutants de la planète appelés Thals donne de la profondeur à ce qui pourrait autrement n’être que des robots tueurs. C’est essentiel car Sydney Newman refusait catégoriquement de faire une série de SF clichée avec des robots tueurs : les Daleks sont plus que ça, et au-delà de leur design marquant, le serial réussit surtout à nous interroger sur leurs origines.

BARBARA: Ian, do you think they really are just machines?
IAN: What do you mean?
BARBARA: Well, I was going to say, do you think there's someone inside them?
(Susan laughs)
IAN: That's a point. We haven't any idea what's inside them.

C’est important d’établir rapidement que ce ne sont pas que des machines. Cela aide à se demander qui ils sont. Il est d’ailleurs presque choquant de se dire qu’en se basant uniquement sur ce serial, ce sont les Thals qui ont l’air d’être les antagonistes : des ennemis des Daleks mutants qui survivent et ont forcé les Daleks à se terrer dans une ville souterraine après une guerre…

Et visuellement, si le côté ventouse, fouet de cuisine et sphères en plastique peut évidemment prêter à moqueries, quelque chose dans leur design fonctionne juste parfaitement. Leur voix monotone, leurs déplacements, leur aspect uncanny à mi-chemin entre le kitch et le futuriste : ce n’est pas pour rien que ces ennemis ont été retenus comme les plus emblématiques. Leur design explique aussi pourquoi les couloirs sont aussi lisses, plats et les portes ovales, un élément de cohérence graphique appréciable. L’épisode sait d’ailleurs faire preuve d’auto-dérision concernant son budget, avec cet échange entre Ian et Barbara assez typique de l’humour anglais :

IAN: Barbara, did you notice anything? I mean, when they were moving you about. Any little thing may help us.
BARBARA: They moved me from floor to floor, always in lifts. Where we are now must be miles underground. Well, there wasn't any furniture now I come to think about it.
IAN: I'm afraid that's not very much help.

Cet épisode contient quelques éléments inattendus pour un fan de la série, comme la présence d’un rayon paralysant pour les Daleks, qu’on ne revoit jamais (ils deviennent en fait beaucoup plus mortels). Cela dit globalement, tout ce qui fait d’un Dalek un Dalek est déjà là. Leur look, l’effet visuel négatif lors de leurs tirs… Même le bruit “tum tum” dans leurs salles de communication, bruitage assez solennel et marquant, est déjà présent. Mais dans l’ensemble, ils font moins robotique qu’on ne l’imagine, rien que dans leurs conversations assez organiques. Cela colle bien avec l’idée de leur première rencontre avec le Docteur.

Le serial communique très bien la notion de danger issu d’une menace implacable planant sur le groupe - à travers les Daleks, mais pas seulement. L’idée de radiations au début qui contamine tout ce qui n’est pas organique est simple et efficace, cela explique pourquoi tout est métallique sur cette planète.

One est plus que jamais montré comme vicieux, sournois et assez faible : il admet avoir menti ce qui entraîne une réaction appropriée pour Ian, et il est même prêt à abandonner Barbara sur la planète, ce qui est presque choquant. J’ai dû mal à voir comment les enfants ont pu le trouver comme role model pour l’instant - à voir d’ici la fin du serial s’il a des actes plus héroïques.

Susan a droit à son focus en fin d’épisode. Et c’est vrai que les scènes dans la jungle sont assez anxiogènes, montées avec des plans où les trois adultes se sentent mal et fiévreux, qui sont assez crédibles (je me demande limite si William Hartnell était vraiment mal en point tellement ses sueurs font réalistes). J’aime aussi bien la justification de pourquoi Susan doit y aller, avec l’idée d’une serrure multi-dimensionnelle qui protège le TARDIS.

Mais bon, franchement, c’est trop longuet, et la réalisation est trop juste. Surtout quand le premier serial faisait déjà figurer des courses-poursuites dans un endroit dense en végétation, et c’était mieux fait. Tout ce passage est vachement trop long (5 minutes de trop je pense), les plans sont répétés et assez moche, et on n’a que trop peu d’explications sur ce que les antidotes dans la boîte en métal faisaient au beau milieu de la forêt, même si on se doute qu’un Thal a dû les poser là et qu’on aura l’explication plus tard. L’arrivée au TARDIS est un peu une libération, mais à nouveau ce n’est rien que le premier serial ne faisait pas déjà. En revanche, j’aime assez la fin où Susan doit se remotiver à sortir et à affronter de nouveau ses peurs.

Dans l’ensemble c’est pas mal, mais j’ai toujours trouvé cet épisode un poil surcoté juste car il fait figurer les Daleks. C’est un peu trop juste en dialogues et en rythme pour que je sois trop à fond, même s’il est vrai que les Daleks ont indéniablement leur charme.

Tout comme l'exposition de la première partie, le background expliqué dans cette seconde partie est nettement supérieur à celui de An Unearthly Child, tout comme l'intrigue qui se tisse entre les héros et les Daleks. Par ailleurs, les personnages sont toujours intéressants et semblent moins sacrifiés au déroulement de l'intrigue que dans An Unearthly Child. Le Docteur est ici encore plus stupide, salaud et égoïste qu'il n'avait pu l'être auparavant tout en étant un peu paumé et rejetant ironiquement la faute sur le manque de maturité de Susan qui semble pourtant plus lucide que lui. Cependant, Ian n'est pas non plus un héros parfait et il semble avoir justement pour défaut de trop souvent chercher à l'être.

P.S : +1 pour les séquences dans la forêt avec Susan, un vrai plus opressant pour l'épisode.

1x06 – The Survivors

Le Docteur est pris à son propre jeu lorsqu'il se voit obliger de révéler son mensonge à Susan et Ian, tout en découvrant qu'il s'est exposé, avec ses compagnons, à des radiations. Le péril dans lequel se trouver les personnages est vraiment perceptible. Mais le meilleur moment de l'épisode provient assurément de cette apparition à la fois terrifiante et grotesque des Daleks au détour d'une porte. Et je dois avouer que je suis agréablement surpris, car finalement, ils n'ont pas tellement changé dans leur design par rapport à ceux qu'on connaît dans la nouvelle série.

Le background de cet arc reprend les bases d'une dystopie traditionnelle que H.G. Wells n'aurait pas renié. La division entre les Daleks, créatures de métal, et les Thals, mutants laissés pour compte, est intéressante, d'autant plus que le Docteur ne sait pas quel rôle jouer dans cette confrontation. Le voir aussi démuni, ainsi que ses compagnons, est réellement inquiétant. Le désespoir de Susan dans la dernière partie est contagieux, et la situation semble en apparence sans issue. Pour la première fois, la série instaure vraiment une ambiance oppressante, et seule l'apparition du Tardis fournit un peu d'espoir (une très belle idée qui reviendra souvent dans la série, y compris pour les 50 ans).

Le fonctionnement du Tardis continue d'être développé, avec cette histoire de clé qui ne peut ouvrir la porte que d'une seule façon. C'est assez original et intelligent, tout en établissant bien que seuls le Docteur et Susan sont en mesure d'ouvrir l'appareil. L'esprit d'équipe est toujours équilibré, puisque Susan part cette fois à l'aventure, tandis que le Docteur (une fois de plus) est trop épuisé pour agir. Je suis surpris par l'inactivité du personnage. Bien que la série porte son nom, il est davantage un poids qu'un élément porteur de la troupe pour le moment.

"The Daleks" continue sur la lancée de sa belle introduction avec une seconde partie qui a la lourde tâche de présenter les fameux pires ennemis du Docteur.

Ce qui est assez drôle en fait, c'est de constater qu'à leur première apparition, les Daleks ressemblent déjà beaucoup à ce qu'ils sont aujourd'hui ... pour s'en éloigner assez radicalement dans les dernières parties de l'épisode. Mais chut, spoilers !

En attendant, on profite d'une intrigue bien intéressante d'emprisonnement rythmée par la présentation de ces ennemis surpuissants et agressif, mais surtout du récit de leurs origines et de ce qui s'est passé sur Skaro (même le nom de la planète est déjà là) pour qu'elle en arrive là, le tout enrobé dans une ambiance étouffante, claustrophobe, et mortelle assez insoutenable (nos héros étant alors plus en danger qu'ils ne l'avaient jamais été, avec véritablement aucune issue visible) qui permettra en plus une belle avancée dans l'évolution des personnages (pour la première fois, nos héros forment un groupe uni, et le Docteur se calme un peu). Le tout s'achevant sur un cliffhanger tout aussi dantesque que le dernier, et presque plus inquiétant tant tout semble désespéré et que cette ultime scène semble vouloir en rajouter une couche ...

Bref, cette seconde partie riche en explications prolonge à merveille une première partie déjà réussie, en montant encore d'un cran. Contrairement à "An Unearthly Child", "The Daleks" commence très bien.