Doctor Who
Les aventures du Docteur, un extraterrestre, un Seigneur du Temps originaire de la planète Gallifrey, qui voyage à bord d'un TARDIS (Temps À Relativité Dimensionnelle Inter-Spatiale), une machine pouvant voyager dans l'espace et dans le temps. Le TARDIS a l'apparence d'une cabine de police (construction typiquement ...
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Terminée | Anglaise, GB | 25 minutes |
Science-Fiction, Fantastique, Historique, Action, Adventure, Action & Adventure, Drame, Science-Fiction & Fantastique | BBC One, Youtube, BBC, Global, ABC (AU) | 1963 |
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Avis sur l'épisode 1.27
Avis favorable | Déposé le 22 décembre 2014 à 00:43 |
Quel plaisir de retrouver un autre épisode historique ! Pour l’instant ils ont été les meilleurs de la saison, et à en juger par sa première partie, The Aztecs ne fait pas exception. L’épisode est d’une cohérence impeccable et d’un rythme idéal. Dès la première scène, tu sens que le script de John Lucarotti sait parfaitement où il va : un premier plan sur Barbara, une mise en contexte de sa spécialité historique - les Aztecs du XVème siècle, et un discours qui nuance déjà la vision coloniale clichée d’un peuple primitif.
Tout est question de dualité entre le bon et le mauvais dans ce peuple, ce qui est exacerbé par les deux prêtres opposés de l’épisode : le Grand Prêtre Autloc assez mesuré, et le Prêtre des Sacrifices Tlotoxl, beaucoup plus sournois et méfiant.
John Lucarotti était fasciné par cette idée d'un peuple aussi avancé sur le plan culturel, médical, scientifique, qui continuait pourtant de pratiquer des sacrifices, et cela se ressent à chaque instant. On semble être constamment rappelé des belles avancées des aztèques, à travers la visite de la partie “jardin maison de retraite” de la ville dans lequel le Docteur est placé… mais aussi des moins bons côtés, avec cette scène du sacrifice final assez intense à regarder.
Et cette dualité constante donne une atmosphère d’imprévisibilité à l’épisode. Sans aucun monstre ou alien, nous sommes constamment en train de prendre conscience que les personnages sont en situation très périlleuse, au contact de gens parfois fermés d’esprit ou pouvant basculer avec très peu de choses. Tout repose sur Barbara qui est prise par les prêtres pour la réincarnation du dieu Yetaxa, une superbe idée qui subvertit immédiatement le début de l’épisode où j’étais préparé à pester qu’elle se fasse capturée. Au lieu de ça, le scénario nous happe directement et les scènes où la team TARDIS doit jouer le jeu d’être les servants de la Déesse sont très divertissantes. La réalisation est aussi au rendez-vous, les décors sont crédibles et le hors-champ est utilisé à bon escient : j’avais notamment peur qu’ils ne montrent jamais un seul plan d’ensemble de la ville, mais ils le font très vite (bien que comme toujours, nous ne voyons jamais de figurants jouant le peuple, trop cher à rassembler). Les costumes et accessoires sont assez réussis en considérant leur budget et leur accès limite à l'information, et l’ensemble donne une sensation assez stylisée. La caméra est un peu hasardeuse comme souvent, avec un duel à l’épée peu convaincant et des cadrages de personnages parfois flous, mais ce n’est pas bien grave. Et comme toujours, je trouve que le format de film très “théâtral” qui était la norme à l’époque, donne un côté rétro charmant à l’ensemble, et est approprié pour les scénarios historiques où on semble assister à une plongée dans l’histoire. Et puis il y a tout de même de vrais bons passages : le plan final sur le sacrifice est, comme je l’ai déjà dit, assez sombre, et le ton très solennel de la scène, utilisé en guise de cliffhanger, fonctionne très bien. C’est peut-être ce qui explique que les péripéties sont crédibles, alors que les ficelles sont pourtant très visibles afin de démarrer le conflit. Je pense à cettee idée pas très originale de “retournons au TARDIS après l’avoir laissé dans une pièce inaccessible”. Pourtant, le concept d’un tombeau avec une porte à sens unique pour prévoir qu’une réincarnation sorte de la pièce tout en empêchant les profanateurs d’entrer, cela a du sens. Idem, le scénario est créatif sur ce simple enjeu, et ne perd pas de temps en besogne avec le Docteur qui se rapproche immédiatement de Cameca, femme érudite pleine de sagesse, pour comprendre comment est faite l’architecture du temple. Et puis, alors que l’épisode aurait déjà pu se contenter de tout ce qu’il fait déjà, la fin se met à vraiment plonger les héros dans l’événement d’un sacrifice humain, ce qui ajoute tout l’enjeu de génie de l’épisode : la modification de l’histoire.
Après un An Unearthly Child se déroulant supposément dans le passé où les héros voulaient plus ou moins juste se barrer, après un Marco Polo où ils étaient déjà plus proactifs dans la tribu de Marco et se sont plongés dans les traditions, The Aztecs amène les choses un cran plus loin en évoquant pour la première fois le fait que les actions du passé dans le voyage dans le temps ne doivent pas modifier le cours des choses. Ce n’est ni plus ni moins que l’épisode précurseur de tous les épisodes à dilemme historique qui ont suivi, et ça le rend extrêmement important. Il y a notamment cette réplique tellement avant-gardiste, culte et frissonnante du Docteur à Barbara :
Les enjeux montent donc tous d’un cran, et si Barbara semble avoir un peu trop pris ses aises à vouloir imposer sa vision des choses, son point de vue reste bienveillant d’une part, et surtout, compréhensible pour son personnage, notamment face à un Docteur dont la passivité et la volonté de l’inaction au profit d’une enquête sournoise, collent totalement au trait de l’incarnation de William Hartnell. Pour autant, est-ce que sa volonté de changer la culture du peuple qui la déifie, est légitime ? En quoi son comportement est-il différent de celui de Cortez, l’explorateur colon qui est déjà cité deux fois dans l’épisode ? Après tout, le “méchant” prêtre Tlotoxl n’a pas tort dans le fond : c’est une fausse déesse qui est en train de les arnaquer et de les manipuler pour mieux imposer sa vision, et on devine déjà que cela va avoir des conséquences. Ce sous-texte sur le colonialisme, à une époque où la Grande-Bretagne était encore une puissance coloniale active, est brillant et très osé. Enfin, il faut souligner à quel point Jacqueline Hill est véritablement superbe dans cet épisode, notamment lors de ses prises de décision et quand elle tient tête à Tlotoxl. L’actrice a cité cet épisode comme étant son préféré, et cela se ressent. Une introduction précieuse, importante pour Who, politiquement et culturellement riche, et terriblement efficace ! |
Avis complet à venir dans la partie finale. Cet avis ne sert qu'à justifier une note supérieure à 16 ou inférieure à 10.